Depuis plusieurs années, les chefs militaires français pratiquent un chantage éhonté, au nom de la lutte contre le terrorisme, contre toute menace contre le budget militaire. Et sur ce terrain, ils se sont révélés, du moins jusqu’à la récente décision d’Emmanuel Macron d’amputer leur budget, autrement plus efficaces qu’au Mali et en Centrafrique où les interventions de l’armée française tournent au fiasco.
Une telle défense par l’armée de son budget est un comble quand on sait les privilèges dont bénéficient quelques milliers de généraux à la retraite. Ces économies là, l’Etat Major se garde bien de les évoquer.
540 « opérationnels » contre 5400 « retraités »
On apprend en effet, d’après une note interne et confidentielle du ministère de la Défense, que l’armée française possède des généraux dits de « la deuxième section », laquelle a été créée en 1839 par Louis Philippe. Ces galonnés se trouvent à la retraite, mais sont maintenus « à la disposition du ministre de la Défense en fonction des nécessités de l’encadrement en temps de guerre ». Or le scandale, le voici: on compte 5465 généraux « de la deuxième section » contre 540 seulement « opérationnels », c’est à dire en activité.
Une telle pyramide est juste scandaleuse. Ainsi ils sont 2166 généraux retraités dits de la « deuxième section » pour l’armée de terre, 757 pour la marine, 834 pour l’armée de l’air et …36 pour le service des essences des armées. Comprenons bien: en matière d’acheminement de carburants, il existe en France 36 généraux retraités « maintenus à la disposition du ministre » ….dans le cas d’une guerre qui ne viendra jamais.
Enfin pour la seule Direction Générale de l’Armement (DGA), une belle sinécure, 876 (!!!) généraux de deuxième section ont été nommés.
Coup de pouce financier
Pourquoi existe-t-il autant de généraux à la retraite? La raison est simple. Beaucoup d’officiers obtiennent en toute fin de carrière leurs étoiles de général, afin de bénéficier d’une confortable retraite. En d’autres termes, le grade de général est un coup de pouce au montant de la retrait plus que la sanction de bons et loyaux services sur le terrain. En période de restriction budgétaire et alors que les chefs de l’armée crient misère auprès des autorités, de tels privilèges n’ont plus de raison d’être.
Ce n’est pas tout. Ces gradés à qui il peut arriver de reprendre du service pour des durées limitées continuent de recevoir leur traitement normal (moins le montant des primes, il est vrai), du moins jusqu’à l’âge de 67 ans. Ainsi touchent-ils « une solde de réserve » égale à leur rémunération habituelle, qui bénéficie en plus d’un abattement de 10% au titre des frais professionnels. Si ce n’est pas une belle niche fiscale, cela y ressemble.
Après 67 ans, les pauvres se contentent d’une « pension militaire de retraite », moins élevée. La misère! Mais cerise sur le gâteau, tous prennent le train sans payer leur billet.
Gageons que la nouvelle ministre des armées formée à la rude école de Bercy, Florence Parly, a du transmettre de tels chiffres à l’Elysée.