La guerre numérique des généraux algériens

Le site Graphika a enquêté sur un réseau de groupes facebook et de pages originaires d’Algérie et attaquant des publics politiquement engagés. Le 8 juillet, Facebook a déclaré avoir supprimé ce réseau, qui comprenait 130 profils, 221 pages, 35  groupes et 29 comptes Instagram

L’enquête de ce site a révélé un effort multiplateforme sur plusieurs années pour faire avancer les intérêts du président algérien Abdelmadjid Tebboune, depuis sa candidature à la présidentielle de 2019, jusqu’à un référendum constitutionnel l’année dernière et des élections législatives largement boycottées en juin.  Cette activité s’est doublée d’une campagne soutenue de harcèlement et d’intimidation visant le mouvement de protestation du Hirak en Algérie, qui, au cours des deux dernières années, a rassemblé des milliers de personnes dans les rues du pays appelant à l’expulsion de l’élite dirigeante et à la fin de la corruption.  Ces tentatives combinées pour manipuler, déformer et polariser la conversation politique en ligne en Algérie doivent être considérées dans le contexte de la répression signalée par le gouvernement contre les voix de l’opposition et de l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a contraint de nombreux Algériens à déplacer leurs manifestations en ligne.

« Troll patriotique »

Le débat public sur les opérations d’information met souvent en évidence la manière dont les acteurs alignés sur l’État utilisent des comportements trompeurs sur de multiples plateformes en ligne pour promouvoir leurs propres intérêts et points de vue.  Cette affaire souligne une fois de plus qu’ils utilisent également les mêmes techniques pour attaquer et supprimer les voix critiques.  Ce phénomène de « troll patriotique » a été enregistré dans plusieurs études de cas mondiales et constitue une menace préoccupante pour la liberté d’expression mondiale.


Ce réseau orienté a promu un groupe autoproclamé «hacktiviste», qui a publié des vidéos prétendant montrer les acteurs compromettant les comptes en ligne et les appareils mobiles de personnalités de l’opposition, y compris des messages et conversations privés présumés, des informations financières, des documents d’identité et d’autres informations personnelles.  Les données.  Les efforts de collecte de renseignements peuvent ensuite être exploités pour intimider et discréditer les victimes d’un acteur.
Le réseau exploitait également plusieurs comptes se faisant passer pour des médias indépendants et même des pages se présentant comme des groupes pro-démocratie et de la société civile qu’il utilisait pour diffuser des messages alignés sur l’État.