Composée de 11 membres (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Rwanda, RDC, Sao-Tome, Tchad) et présidée par Denis Sassou Nguesso , l’organisation fait pâle figure face à ses homologues africaines, notamment la CEDEAO en Afrique de l’Ouest.
Il faut dire que la CEEAC regroupe, à l’exception notable du Rwanda, les États parmi les plus malades de la corruption, du népotisme, de la mauvaise gouvernance et de la dilapidation des richesses naturelles, particulièrement importantes dans ces pays.
La plupart des chefs de l’Etat de cet espace de 6,6 millions de km2 peuplé de près de 200 millions d’habitants se maintiennent au pouvoir en pratiquant, avec constance, les manipulations électorales et l’élimination des opposants.
Les relations entre ces États sont parfois peu amicales, comme entre le Cameroun et la Guinée équatoriale, le Rwanda, la RDC et le Burundi, le Tchad et la Centrafrique, le Gabon et le Congo. La problématique de l’intégration régionale est par ailleurs compliquée par l’appartenance de ces 11 États à plusieurs autres organisations sous-régionales (ex Cemac, Cepgl, Sadc) ainsi que par la question linguistique (anglais, français, portugais et espagnol étant parlés dans ces pays).
Même avant le Covid-19, les frontières intra-communautaires étaient plutôt hermétiques et la libre circulation des biens et des personnes restait un vœu loin d’être appliqué sur le terrain. Sur le plan politique, les rares tentatives de médiation dans les conflits sont restées peu efficaces comme en témoigne le sort de l’Accord de Khartoum entre le gouvernement centrafricain et les groupes rebelles qui contrôlent encore près des trois-quarts du pays.
Une réforme cosmétique
Le président sortant, Ali Bongo Ondimba, avait reçu pour mandat en 2015 de réformer l’institution pour la rendre davantage opérationnelle et efficace. Il lui aura fallu cinq années pour proposer une réforme, finalement adoptée en décembre 2019 et qui se présente comme une sorte de copier-coller des institutions de l’Union africaine. Il s’agira donc de remplacer le Secrétariat général par une Commission, comme cela fut fait par la CEDEAO dès 2007. Un comité Paix et Sécurité a été imaginé sur le modèle de celui de l’Union africaine. Le règlement financier incite, lui, à l’autonomie, comme le préconisait Paul Kagame pour l’Union africaine. Les Etats sont invités à collecter la taxe communautaire d’intégration pour l’affecter au budget communautaire.
Évidemment, cela restera un grand défi, puisque seulement sept pays sont actuellement à jour de leur cotisation, essentiellement en raison de l’intérêt qu’ils nourrissent pour les postes auxquels ils espèrent placer un de leurs ressortissants. Comme dans beaucoup d’autres organisations régionales, les questions du personnel, de leur nomination et leurs éventuelles retombées constituent les préoccupations principales. La réforme de l’institution n’a pas prévu de diminuer les dépenses de fonctionnement qui restent, de loin, les plus importantes.
Un Sommet de recasement
Le Traité de 1983 créant la CEEAC a été révisé, mais seulement huit États l’avaient ratifié et sont à jour de leur contribution : l’Angola, le Cameroun, le Congo, la RDC, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad et le Rwanda. » Les trois États défaillants ( Burundi, Centrafrique, SaoTome-et-Principe) n’auront pas de postes officiels. «
Le Secrétaire général, le Tchadien Ahmad Allam-Mi, est remplacé par le président de la nouvelle Commission, l’Angolais Gilberto Veressimo. Le Rwanda se voit attribuer la commission thématique chargée du marché commun ; le Tchad présidera le comité Paix et Sécurité ; le Cameroun obtient la commission chargée du développement des infrastructures et la RDC se contente de la cmmission chargée du genre. Si un consensus s’est dégagé en faveur d’une réponse communautaire à la pandémie du Covid-19, il sera beaucoup plus difficile de parvenir à une stratégie commune et de mutualiser les moyens humains et matériels pour lutter efficacement contre cette pandémie, dont les conséquences économiques et financières sont dramatiques dans un contexte où prévaut encore un certain isolationnisme.
Pour l’avenir de la CEEAC, il faut être réaliste : l’immobilisme a encore de beaux jours devant lui.