La chanteuse Souad Massi clashe la ministre algérienne de la culture

Est ce que le rôle de la femme se limite à préparer le couscous? La ministre algérienne le pense, la chanteuse Souad Massi pas vraiment

Dans sa tribune publiée dans le Huffingtonpostfrançais, la chanteuse et interprète algérienne, Souad Massi est revenue sur l’intervention de la ministre de la Culture et des Arts Malika Bendouda lors de la célébration de l’inscription du couscous sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Une intervention où il a été notamment dit que « la femme qui ne sait pas rouler le couscous est une menace pour sa famille. »

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« Depuis la nuit des temps, le combat de la femme pour ses droits s’apparente à un chemin continuel qui ne risque pas de prendre fin de sitôt. Les institutions étatiques devraient en reconnaître sa longue épreuve lui accordant la place qui lui sied au sein d’une société dont elle contribue ardemment à son essor dans tous les domaines.

Astreindre le rôle de la femme à la finition culinaire d’un bon couscous est un réductionnisme primaire. Que dire, que si elle ne perfectionne pas les phases de sa production, elle risque d’être accusée de menace pour la famille et pourquoi pas pour la société.

Au moment où le plat culinaire le plus répondu au Maghreb prend place à l’UNESCO au rang de patrimoine immatériel à l’échelle planétaire, une polémique est soulevée par la ministre algérienne de la Culture Malika Bendouda. Des propos mal placés sont venus gâcher cette consécration dans un contexte cérémonial. Au lieu d’honorer l’œuvre faisant office de victoire de la femme du Maghreb, celle-ci devient une contrevenante, qui manque de rigueur dans l’exécution de façonner un bon couscous. Son manque d’application serait une “menace pour la famille ».

La femme maghrébine, garante de la transmission de la culture ancestrale, vit la reconnaissance du plat préféré de l’Afrique du Nord comme un accomplissement. Elle le perçoit aussi comme une reconnaissance de son rôle de sentinelle des œuvres de ses devancières des temps anciens. Elle aurait aimé déployer au mieux son habileté aux autres domaines tels que le savoir, l’éducation, afin de prendre en main son destin loin du poids de la tradition.