Le Premier ministre défend à Paris « une démocratie gabonaise apaisée »

Le Premier ministre du Gabon Alain Claude Bilie By Nzé s’est discrètement déplacé en France la semaine dernière. Mondafrique décrypte cette visite à très haute teneur politique.

 

La presse proche du régime de Libreville n’arrête pas de se gausser. La première visite en France d’Alain Claude Bilié By Nze en tant que Premier ministre de la République Gabonaise est une réussite. « Une réussite brillante », « une réussite totale ». À certains égards, cette presse a raison même si cette raison n’est pas évoquée.

Communication toute

Au-delà des aspects économiques tant vantés, la visite d’Alain Claude Bilié By Nzé avait un objectif de communication. Un objectif double. Le premier objectif est de débarrasser le régime dont il est le Premier ministre de cette image persistante « de régime autoritaire » qui lui colle tant malgré ses efforts continus de présenter le Gabon comme une « démocratie, soucieuse de la préservation de la planète » (sic).

Le deuxième objectif est de montrer que le Gabon est cette démocratie où il aura « des élections apaisées » avec bien évidemment à la clé une « victoire cash » d’un Ali Bongo diminué physiquement, mais dont paradoxalement le pouvoir n’a jamais été aussi fort.

Deux objectifs qui s’inscrivent clairement dans ce qu’Ali Bongo veut : une élection sans morts visibles, sans disparus réclamés et avec – on s’en doute – des résultats moins grotesques que ceux de l’élection frauduleuse d’aout 2016.

En accord avec l’opposition 

En France, Alain Claude Bilie By Nze s’est donc voulu de bonne foi et témoin de la bonne foi d’Ali Bongo en matière démocratique. Il y a défendu la énième modification de la constitution du Gabon qui a supprimé le deuxième tour qui n’existait pas en 2016, réduit le mandat présidentiel de 7 à 5 ans tout en prenant bien soin de ne pas les limiter. Il a également justifié la décision de son gouvernement « en accord avec l’opposition » (sans Jean Ping) de ne plus accepter les observateurs de l’Union européenne dont il a dénoncé « les déclarations intempestives » lors de son interview sur France 24 et Radio France Internationale.

« Ali Bongo sait qu’il a perdu »

« Bongo sait qu’il a perdu, mais comment il va faire pour annoncer qu’il a gagné ? » s’était interrogé un observateur de l’Union européenne mis sur écoute par les services de renseignement du Gabon. « Y’a 3.000 voix d’écart qui seraient annoncées pour Bongo, alors qu’à l’origine y’avait 60.000 voix d’écart pour Ping. Comment faire avaler la couleuvre ? » avait demandé un autre observateur de l’Union européenne lui aussi sur écoute lors de leur mission au Gabon pour l’élection présidentielle d’août 2016.

On comprend mieux qu’Ali Bongo et son régime veuillent bien se passer de ce type de propos…