Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pacifiquement, le dimanche 31 janvier, sur l’une des principales places de Tripoli, la capitale du Liban-Nord
La ville de Tripoli dans le Nord du Liban avait été le théâtre entre lundi et jeudi derniers de scènes d’émeutes et de vandalisme qui ont débouché jeudi soir sur l’incendie du siège de la municipalité de Tripoli et du tribunal chérié sunnite de la ville.
Ces troubles, qui ont fait deux tués et plus de 300 blessés, dont plus d’une dizaine dans les rangs des forces de l’ordre, ont pour toile de fond une vaste colère populaire contre la dégradation de la situation socio-économique. Sur fond de prolongement jusqu’au 8 février du confinement total dû à la pandémie de coronavirus.
Mais le caractère violent de ces rassemblement n’est pas totalement le fait du hasard. Des mouvemens politiques comme le Hezbollah (chiite) sont soupçonnés d’avoir joué la politique du pire.
Des délégations de tout le Liban
Le rassemblement de dimanche après-midi à Tripoli s’est distingué par deux points essentiels : d’abord, son caractère pacifique qui contraste fortement avec les violences du début de la semaine et qui reflète ainsi la détermination des contestataires à préserver le caractère pacifique de leur mouvement de fronde ; ensuite, la participation (limitée mais importante par sa signification symbolique) de délégations représentant plusieurs régions du pays, venues exprimer leur solidarité avec les habitants de la capitale du Nord.
Les dernières vingt-quatre heures ont été en outre marquées par l’arrestation d’au moins cinq personnes – dont un Syrien – accusées d’avoir joué un rôle actif dans la mise à feu de la municipalité de Tripoli. Sur ce plan, certains réseaux sociaux de Beyrouth proches du mouvement de contestation (du 17 octobre 2019) ont explicitement pointé du doigt les services syriens et le Hezbollah pro-iranien dans les actes de violence et de vandalisme survenus ces derniers jours.
Cinq groupuscules proches du Hezbollah
Ces milieux ont notamment fait état du rôle de cinq groupuscules manipulés par le Hezbollah et financés, selon ces mêmes sources, par l’Iran. Des détails précis sur les zones d’implantation de ces groupuscules (au Liban-Nord) et sur les identités des meneurs et chefs de file ont été notamment fournis par les réseaux sociaux en question, mais ces indications n’ont pu être confirmées de sources non partisanes. En tout état de cause, le fait même que les actes de violence se soient arrêtés sans faire tâche d’huile et l’aspect pacifique du rassemblement de dimanche après-midi tendent à prouver que les dernières émeutes étaient vraisemblablement l’œuvre d’éléments infiltrés agissant pour le compte de forces à peine occultes se démarquant de la contestation mue par la crise socio-économique qui gangrène le pays depuis plus d’un an.