Egypte : les défenseurs des droits humains persécutés

Egypte : les défenseurs des droits humains persécutés, sous le rêgne du maréchal Sissi, un dictateur qui entretient les meilleures relations possibles avec Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires Etrangères

Le 7 septembre dernier, il comparaissait devant la cour criminelle du Caire pour « outrage » envers les autorités électorales et « propagation de fausses rumeurs », deux délits encourant des peines d’amende et de prison. L’audience a été finalement reportée au 2 novembre prochain, officiellement pour permettre au tribunal « d’examiner des documents ».

L’objet du délit : un message diffusé via ses comptes personnels sur Tweeter et Facebook dénonçant la fraude aux élections législatives de 2020 qui ont donné une écrasante victoire des partisans du président Al-Sissi.

Mise en garde américaine

Comme d’autres défenseurs des droits humains de premier plan, Hossam Bahgat est dans la ligne de mire de la police politique depuis plusieurs années. A l’époque, l’arrestation de plusieurs membres de l’EIPR puis son inculpation, en juillet dernier, avaient provoqué un tollé des ONG internationale, du secrétaire-général de l’ONU. Et même du département d’Etat américain qui a estimé que M. Bahgat ne devait pas être « pris pour cible pour avoir pacifiquement exprimé son opinion » Les États-Unis ont, dans la foulée, mis en garde l’Égypte contre le fait de prendre pour cible des militants des droits humains et indiqué que cela serait pris en compte lors de tractations en vue de ventes d’armes entre les deux pays alliés.

Poursuivi déjà dans une autre affaire, Hossam Bahgat est interdit de voyager  et ses avoirs bancaires ont été gelés. Des sanctions systématiques qui permettent aux autorités égyptiennes de faire disparaître les militants des droits humains de la circulation, à défaut de pouvoir les faire disparaître physiquement pour ne pas encourir de représailles. En mars 2021, 31 pays avaient exhorté le régime égyptien à cesser d’utiliser sa législation antiterroriste pour museler l’opinion et maintenir indéfiniment ses opposants en détention préventive. L’Égypte compte déjà plus de 60 000 détenus d’opinion dont Patrick Zaki, chercheur sur les questions de genre travaillant pour l’EIPR, détenu depuis début 2020 lorsqu’il avait été arrêté pour « terrorisme » à son retour d’Italie où il étudiait.

Rabha Attaf, grand reporter, auteur de « Place Tahrir, une révolution inachevée »