Trois soldats morts en Irak en dix jours

Les 18 et 20 août, le sergent Baptiste Gauchot et l’adjudant Nicolas Latourte ont perdu la vie en Irak, tous les deux dans le cadre d’une mission de formation de l’armée irakienne selon le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu. Un troisième soldat est décédé ce madi29 aoüt.

Ce drame rappelle que dans le cadre des « Opératins Extérieures » de l’armée française, la France est présente également au Moyen Orient, y compris en Irak, via l’opération Chammal. Dans quel but? Avec quels résultats? On ne le saura guère en lisant les réactions convenues des autorités françaises. Dans un communiqué, l’Élysée indique que le chef de l’État français « réaffirme son soutien au peuple et aux autorités irakiennes et la détermination de la France à continuer d’œuvrer à leurs côtés pour l’instruction de leurs forces de sécurité qui luttent contre le terrorisme ».,

Comme l’indique le site internet du ministère français des Armées, l’opération Chammal a été lancée le 19 septembre 2014. Elle représente le volet français de l’opération de la Coalition internationale « Inherent resolve » (OIR), rassemblant 80 pays et 5 organisations internationales. Son but : apporter un soutien militaire aux forces irakiennes engagées dans la lutte contre le groupe État islamique, « aujourd’hui contraint à l’insurrection ». L’opération s’étend également à la Syrie comme le montre une carte sur le site.

Toujours d’après le ministère français des Armées, près de 600 militaires français sont déployés au Levant dans le cadre de l’opération Chammal. Il indique que les forces de la Coalition internationale en Irak ne conduisent plus d’opération au sol depuis le 1er janvier 2022. « Les missions d’OIR ont évolué vers des activités de conseil, d’assistance et d’autonomisation » à travers trois mots d’ordre « ‘Advise, Assist, Enable’ (en français : ‘conseiller, assister, permettre’) », explique le ministère des Armées.

Il poursuit : « C’est dans cette dynamique que les armées françaises soutiennent les forces locales engagées » contre le groupe État islamique, « à travers deux piliers complémentaires ». Le premier pilier « appui » consiste en « un soutien militaire aérien et maritime aux Forces de sécurité irakiennes (FSI) ». Le second pilier, « conseil », consiste en « un accompagnement du commandement irakien des opérations dans sa mission de stabilisation de la région ».

Une guerre au départ américaine 

La guerre que les États-Unis ont mené en Irak sous le nom d’ « Iraqi Freedom », avait été entreprise pour empêcher l’Irak de stocker et d’utiliser des armes de destruction massive. On sait aujourd’hui que ces armes de destruction massive n’existaient pas.

La guerre a commencé par des bombardements le 19 mars 2003. Les forces américaines et alliées n’ont quitté l’Irak qu’en 2011, soit neuf ans plus tard. Mais les États-Unis ont repris d’importantes opérations militaires en Irak et en Syrie à la fin de 2014 pour chasser l’État islamique (« ISIS » ou « ISIL ») d’Irak et de Syrie. Les opérations militaires américaines se poursuivent encore aujourd’hui.

Les coûts totaux pour les Américains atteindront environ 2890 milliards de dollars du début de l’intervention à 2050.

Le Bilan humain

Des milliers de combattants locaux et internationaux – des forces armées et de la police irakiennes aux combattants des États-Unis et d’autres alliés – ont été tués et blessés. Si l’on y ajoute les civils en Irak (depuis l’invasion américaine en 2003) et en Syrie (à partir de 2014), le nombre de décès va de 550 000 à 580 000 personnes.

Ce chiffre de plus d’un demi-million de morts peut être multiplié par deux, trois ou quatre en raison de causes indirectes telles que les malnutritions liées à l’état de réfugié, le manque d’accès à l’eau potable, aux soins de santé et aux maladies évitables.

Plus de 7 millions de personnes originaires d’Irak et de Syrie ont un statut de réfugié et près de 8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur des deux pays.

La dévastation des infrastructures locales et les conséquences environnementales, y compris les émissions de gaz à effet de serre liées à la guerre et les dommages causés aux écosystèmes locaux et régionaux, dureront bien au-delà des grands combats. En effet, les coûts totaux finaux de la guerre américaine en Irak et en Syrie ne peuvent pas encore être calculés. Les forces américaines continuent de frapper l’Etat islamique depuis les airs et le sol.