En théorie, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan reste médiateur de la CEDEAO au Mali ; l’ancien chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, médiateur au Burkina Faso et l’ex-président béninois Yayi Boni, médiateur en Guinée. Mais dans la pratique, ces trois anciens présidents sont au chômage technique.
Depuis plusieurs mois, ils ne sont plus les bienvenus à Bamako, Conakry et Ouagadougou. Par prudence, aucun des trois médiateurs ne s’est rendu ces derniers mois dans le pays dont il a la charge. Tous vivent dans leurs pays respectifs désormais sans grand espoir de pouvoir mettre les pieds dans les Etats qui leur ont été confiés.
Mission impossible
Ce n’est pas tant l’accueil des médiateurs par les gouvernements burkinabé, guinéen et malien qui pose problème, mais plutôt l’hostilité grandissante des opinions publiques envers l’organisation sous-régionale basée à Abuja. Les organisations de la société civile de la sous-région l’accusent de fermer les yeux face aux modifications constitutionnelles pour le troisième mandat et aux élections truquées mais d’être, en revanche, prompte à prendre des sanctions sévères contre les Etats en cas de coup d’Etat militaire.
Dans le climat actuel d’hostilité des opinions publiques envers la CEDEAO, il n’est pas sûr que l’arrivée de Jonathan à Bamako ; Issoufou à Ouaga ou Thomas Boni à Conakry ne suscitent pas de violentes manifestations. Pour les trois anciens chefs d’Etats nigérian, nigérien et béninois la mission est même devenue impossible. La CEDEAO n’a jamais réussi à imposer une durée de transition au colonel Mamadou Doumbouya en Guinée. Tout indique désormais que le calendrier de transition qui prévoit la fin de la transition en février 2024 au Mali ne sera pas respecté. La situation est identique au Burkina Faso où le capitaine Ibrahim Traoré ne sent plus tenu de respecter l’engagement pris auprès de la CEDEAO de mettre fin à la transition en juillet 2024.