Petits arrangements entre la Francophonie et les putschistes gabonais 

Y-aurait-il de bons et de mauvais coups d’Etat ? C’est la question qu’inspire la décision de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de sanctionner le Niger après le renversement du président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023,  mais de ne rien faire après le coup d’Etat perpétré le 30 août 2023 contre Ali Bongo Ondimba. 

En application de ce double standard, le Niger a été suspendu de toutes les instances de l’OIF avec effet immédiat et la coopération francophone avec le pays gelée jusqu’à nouvel ordre.  « Le Conseil permanent de la Francophonie (CPF) a prononcé la suspension de la République du Niger de la Francophonie, avec pour effets immédiats la suspension de la participation de ses représentants de fait aux réunions des Instances de la Francophonie ainsi que la suspension de la coopération multilatérale francophone avec cet Etat membre, à l’exception des programmes bénéficiant directement aux populations civiles, et ceux concourant au rétablissement de la démocratie », précise un communiqué de l’Organisation. 

Le bureau de Libreville 

L’OIF invoque le chapitre 5 de la Déclaration de Bamako sur la démocratie pour justifier ses sanctions contre le Niger. Mais elle ne dit pas pourquoi ces mêmes dispositions ne s’appliquent pas au Gabon. A la vérité, si l’organisation francophone refuse d’appliquer le même standard au Gabon et au Niger, c’est surtout parce que son bureau régional pour Afrique centrale est établi à Libreville. La suspension du Gabon aurait de fait entraîner soit la fermeture provisoire du Bureau de l’OIF, soit son transfert vers une autre capitale d’Afrique centrale. Aucune de ces deux mesures n’arrangent les affaires de l’OIF actuellement empêtrée dans de graves problèmes de trésorerie et de fortes convulsions liées au management brutal de sa Secrétaire générale, la Rwandaise Louise Mushikiwabo. En appliquant le double standard dans l’appréciation des coups d’Etat au Gabon et au Niger l’OIF sauve son Bureau pour l’Afrique centrale mais elle s’aligne aussi derrière la position de la France qui a suspendu sa coopération au Niger mais n’a rien trouvé à redire sur le coup d’Etat au Gabon. 

 Dès le lendemain du Coup d’Etat, l’ambassadeur de France à Libreville Alexis Lamek et le chef d’antenne de la DGSE au Gabon se sont entretenus avec le général Brice Clotaire Oligui Nguema, nouvel homme fort du Gabon. Signe de la grande bienveillance envers la France, le premier geste des putschistes a été de rétablir les signaux de RFI et France 24 coupés 4 jours avant le coup d’Etat.

 

Gabon, Brice Oligui Nguema affiche ses ambitions