Ali Bongo, éternel convalescent

Depuis son AVC survenu en Arabie saoudite le 24 Octobre 2018, l’état de santé réel d’Ali Bongo intrigue. Un état de fait alimenté par la communication opaque et médiocre des autorités du Gabon. 

Par Jocksy Ondo Louemba 

C’était il y a près d’un an. Alors qu’il participe au « Davos du Désert » en Arabie Saoudite, Ali Bongo est foudroyé par un Accident Vasculaire Cérébral (AVC). Très vite l’information circule et pudiquement la presse du royaume saoudien parle d’un malaise ayant conduit à une hospitalisation du chef de l’Etat gabonais. Au Gabon la polémique enfle et les autorités se résignent à donner leur version des faits. 

 « Fatigue sévère contre AVC »

Alors que la Presse parle d’un AVC, la Présidence du Gabon préfère parler de « fatigue sévère » (Sic). Puis voulant se montrer rassurante face aux importantes fuites, la Présidence du Gabon ajoute qu’Ali Bongo est victime d’une fatigue « sévère suivie de saignements » (sic). Il faudra attendre que le Vice-Président de l’époque Pierre Claver Maganga Moussavou affirme contrairement aux préconisations qu’Ali Bongo avait été victime d’un AVC et qu’il avait une profonde empathie pour lui. 

Contradictions permanentes

La suite est une succession de contradictions. Ali Bongo se trouve « en convalescence » au Maroc mais on présente un décret qu’il aurait signé au même moment à Libreville. Le 22 Mars 2019, le gouvernement du Gabon déclare Ali Bongo totalement rétabli et on organise son retour que l’on veut triomphal. Moins de deux jours après, il est évacué sanitairement à Londres. Combien d’aller retours médicaux Ali Bongo a-t-il effectué ? Difficile de le dire.  Entre deux voyages, on tente montrer par diverses manœuvres qu’Ali Bongo est toujours aux commandes mais la communication présidentielle ne parvient pas à lever les doutes. 

Le fiasco d’Août 2019

Alors que les festivités célébrant l’accession du Gabon à la souveraineté internationale approchent et que l’opinion publique gabonaise s’interroge sur sa participation. La Présidence du Gabon annonce qu’Ali Bongo à nouveau « totalement rétabli » participera effectivement aux festivités et marquera par la meme occasion son grand retour. Mais résultat n’est pas glorieux.  Ali Bongo apparaît lourdement handicapé malgré le contrôle des images et la campagne de presse bien huilée. Et le soir même de la fête nationale du Gabon alors qu’il ne s’était pas levé une seule fois pour saluer le passage des troupes surtout de sa garde prétorienne (Garde Républicaine), il est selon l’Agence Bloomberg évacué vers Londres, pris en charge médicalement ce qui n’empêche pas sa santé de se détériorer. 

Pour répondre à l’information de l’agence de Presse américaine, Sylvia Bongo publie une photo d’Ali Bongo ne contenant aucun élément de datation et la Présidence du Gabon reconnait dans un communiqué qu’Ali Bongo se trouve « en séjour privé dans sa résidence londonienne où il a pris quelques jours de congé́ en famille », avant de poursuivre « A cette occasion, il effectue des examens médicaux de routine et poursuit normalement sa rééducation ».

Or la même présidence du Gabon n’a jamais déclaré – comme le veut pourtant les usages – qu’ Ali Bongo avait pris des congés et quitté le Gabon..