Les Transidentités dans le monde arabe, une table ronde ce jeudi à l’IMA

Chaza Charafeddine, Dame Aux Fruits (série Divine Comedy), 2010.
Ila janeb habibi (À côté de habibi), nouveau cycle thématique des Jeudis de l’IMA, a été conçu par le professeur de littérature arabe et traducteur Frédéric Lagrange en écho à l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour ». 2e de ce cycle, la table ronde intitulée « Transidentités dans le monde arabe » réunira le militant Eden Ghali, l’anthropologue Corinne Fortier et l’artiste et performeuse Khookha McQueer.

Transidentités dans le monde arabe

Si les sociétés pré-modernes de l’univers arabo-musulman semblent avoir toléré — du moins selon le témoignage de la littérature mais aussi celui des voyageurs et premiers anthropologues — des formes de transidentité et de travestissement, sous diverses appellations (khanīth, mukhannath, khawal, etc), les États et les sociétés du monde arabe contemporain laissent-elles des espaces pour les individus ne se reconnaissant pas dans les genres sociaux qui leurs sont assignés à la naissance ? Comment être ce que l’on est dans la cité arabe d’aujourd’hui ?

Eden Ghali.

Intervenants

Eden Ghali est un militant Belgo-marocain des droits des personnes transgenres. Fondateur de Moroccan Transmen Community (MTC), il a pu faire de sa plateforme un safe space pour les marocain.e.s de la communauté LGBTQ+ qui venaient de traverser une crise causée par un outing public en plein confinement. En dehors de son travail de militant, Ghali est diplômé en Psychologie et suit actuellement une formation de troisième cycle en Belgique. À travers son parcours académique et professionnel, il veille à briser les stéréotypes qui entourent les personnes transgenres en essayant d’offrir une représentation équitable à ceux-ci.

 

Corinne Fortier.

Corinne Fortier est anthropologue. Elle est chargée de Recherche au CNRS et membre du Laboratoire d’Anthropologie Sociale du Collège de France. Elle a reçu en 2005 la médaille de bronze du CNRS. Ses recherches portent sur les thématiques du corps, du genre et de la filiation en islam et dans le monde arabo-musulman ainsi qu’en France, et notamment sur les rapports de genre, l’amour, la séduction, la transidentité, l’intersexuation, les procréations médicalement assistées. Parmi ses publications récentes, on peut citer, en 2018 l’édition du livre Reinventing Love ? Gender, Intimacy and Romance in the Arab World, Berne (Peter Lang), en 2020 du double numéro (79 et 80) de la revue Droit et Cultures, Réparer les corps et les sexes (en ligne), en 2021 du numéro 16 (2) de la revue Anthropology of the Middle East, Poetised Love: Affects, Gender and Society, L’amour poétisé : affects, genre et sociétés (en ligne), en 2022 du livre Le corps de l’identité. Transformations corporelles, genre, et chirurgies sexuelles, Paris (Karthala), ainsi que de nombreux articles dont en 2017, « Intersexuation, transsexualité et homosexualité en pays d’islam », dans Homosexualité et traditions monothéistes : vers la fin d’un antagonisme ?, Genève (Labor et Fides), en 2019, « Sexualities: Transsexualities: Middle East, North Africa, West Africa », Encyclopedia of Women and Islamic Cultures (EWIC), Supplement 20 (en ligne), en 2020 « Troisième genre et transsexualité en pays d’islam », Droit et cultures 80 (en ligne), ou encore en 2022 : « Du bain turc à l’origine du monde. Femmes, barbu(e)s, imberbes, efféminés et autre troisième genre dans l’art occidental et dans le monde arabo-musulman », La Peaulogie 9 (en ligne).

Khookha McQueer, Autoportrait, 2019.

Khookha McQueer est une artiste numérique, performeuse, trans non binaire née en 1987 en Tunisie. Également chroniqueuse et militante pour les droits des LGBTQI+, elle est connue et reconnue pour ses chroniques féministes queers dès 2013, notamment sur la plateforme arabe Jeem, et pour ses performances drag et queers depuis 2017. Elle est une figure incontournable de la scène queer tunisienne. En collaboration avec les associations Damj et Avocats sans frontières, Khookha McQueer participe entre autres à la mise en place du premier guide de terminologie sur le genre adapté au contexte tunisien. Il regroupe un grand nombre de termes en rapport avec l’orientation, l’identité et le comportement sexuels, en dialecte tunisien et en arabe neutre, avec les différentes interprétations de chaque mot dans la culture locale. (en visioconférence)

Cycle conçu par Frédéric Lagrange

Frédéric Lagrange.

Professeur de littérature arabe à Sorbonne Université et traducteur. Ses travaux portent sur les représentations du genre dans les littératures et autres productions culturelles de langue arabe, médiévales et modernes. Dernières parutions : Trois saisons en enfer de Muhammad Rabie (Actes Sud) ; Culture pop en Égypte, Entre mainstream commercial et contestation (dir., avec Richard Jacquemond).

Renseignements

Institut du Monde Arabe, jeudi 8 décembre, 19h