Xi Jinping en Arabie saoudite : une présence chinoise croissante

Le président chinois, Xi Jinping est arrivé en Arabie saoudite mercredi 7 décembre pour une série de réunions réunissant des chefs d’État de tout le Moyen-Orient. Une vingtaine de contrats, d’une valeur de 28 millairds de dollars, devraient être signés entre les deux pays

Il ne s’agit pas pour le dirigeant chinois de renforcer ses liens avec la seule Arabie Saoudite, mais avec de renforcer ses relations avec tous les Etats du Golfe. Plus de 30 chefs d’Etat et dirigeants d’organisations internationales prévoient d’y assister. A la fin de la visite, il est prévu que l’Arabie saoudite et la Chine signent un « partenariat stratégique ».

La Chine n’est pas un simple acheteur de produits énergétiques. Depuis plusieurs décennies, la Chine achète certes du pétrole et du gaz, mais vend des armes, de la technologie et des grands projets d’infrastructure. Les Saoudiens commencent à acheter des voitures chinoises et les entreprises chinoises pilotent des mégaprojets en Arabie Saoudite, mettent en place des infrastructures 5G et développent des drones militaires.

Circulez, rien à voir

En termes de droits de l’homme, les deux gouvernements sont sur la même position : ils détestent qu’un Etat étranger s’ingère dans leurs affaires intérieures. L’Arabie saoudite n’a pas dénoncé les mauvais traitements infligés aux musulmans ouïghours au Xinjiang  et les responsables chinois n’ont pas critiqué le gouvernement saoudien pour le meurtre de M. Khashoggi.

Les États-Unis demeurent pour l’instant, le principal garant de la sécurité du royaume riche en pétrole, et le marché militaire saoudien est majoritairement américain.  Mais les dirigeants saoudiens se méfient aujourd’hui de l’évolution des Etats Unis et de leur désir d’amitié avec l’Iran. Les Américains de leur côté ont fait des droits de l’homme un outil anti-saoudien alors qu’ils laissent cette arme de côté quand il s’agit de l’Iran. Les relations entre le prince héritier Mohammed bin Salman, Premier ministre et dirigeant de facto du royaume, et Joe Biden sont au plus bas. Surtout depuis que l’Arabie Saoudite a refusé d’augmenter sa production avant les élections des midterms aux Etats Unis pour faire chuter les prix de l’essence à la pompe.

Un avertissement à Joe Biden

Cette visite de Xi est donc aussi un avertissement lancé à Washington. Il y a quelques semaines, l’ambassadeur de Chine en Arabie saoudite a écrit un tribune dans le grand journal saoudien, Asharq al-Awsat, expliquant que les puissances occidentales traitaient l’Arabie saoudite avec « arrogance » alors que la Chine avait le plus grand respect pour ses partenaires arabes.

Sur un strict plan géostratégique, les responsables chinois ne proposent pas d’assurer la défense militaire des Pays du Golfe. Ils le peuvent d’autant moins que la Chine entretient des relations commerciales et énergétiques avec l’Iran, le rival régional de l’Arabie saoudite.

Mais cette visite du leader chinois est à prendre comme une recherche d’alternatives à la relation autrefois privilégiée avec les Etats Unis. Il sera ainsi intéressant de voir si les accords conclus entre les pays du Golfe et la Chine concernent la défense et l’énergie nucléaire.

 

Caroline Bright