Alors que le nouveau Parlement libanais s’apprête à élire son nouveau président, donnant ainsi le coup d’envoi à la mise en place d’un gouvernement, le Hezbollah fait appel à un gouvernement d’union nationale. Histoire de masquer le recul qui a marqué, lors des législatives du 15 mai, la coalition entre le mouvement chiite et ses alliés chrétiens.
Le paradoxe libanais, le voici: le Hezbollah, la formation pro-iranienne qui divise le monde politique iranien en deux camps opposés, ne cesse d’appeler à un consensus politique qui éviterait d’être gouverné, selon ses éléments de langage, par « une seule partie ». Histoire de se dissoudre dans une coalition large où la cohésion du mouvement, son entrisme dans l’appareil sécuritaire et la menace que font planer ses milices privées permettraient au parti chiite de rester le maitre du jeu politique libanais.
Ces calculs ont été largement remis en cause, lors des législatives du 15 mai, où aucun des deus camps en présence, l’un favorable au Hezbollah et l’autre qui lui est hostile, n’ont obtenu la majorité au sein du nouveau Parlement. L’appel à une entente nationale est le subterfuge par lequel le Hezbollah tente de rester au coeur du système actuel.
« La loi de la majorité » remise en cause.
Membre du conseil central du Hezbollah, le Cheikh Nabil Kaouk a jugé d’emblée, lors d’une cérémonie funèbre dans le village de Chihine au Liban-sud, que « le pays ne peut être gouverné que par l’entente et non pas par la majorité ». Selon lui, « il s’agit d’une évidence ». « Les équilibres internes sont trop compliqués pour qu’une partie puisse marginaliser ou éliminer l’autre », a-t-il ajouté, en insistant: « Sauver le pays équivaut à réaliser une entente nationale et à coopérer ensemble ». S’adressant aux détracteurs de sa formation, il a lancé: « Maintenir la provocation et rejeter l’entente sont un crime humain, moral et national. Après les élections, le Hezbollah a tendu la main à toutes les personnalités loyales dans le pays (….) dont les nouveaux députés qui ne sont pas liés à des ambassades ».
Il devait ensuite revenir à la charge contre l’Arabie saoudite « qui finance et soutient les hommes politiques et les médias qui ne veulent pas que la priorité soit accordée au sauvetage du pays », en allusion aux parties souverainistes qui estiment que le Liban ne pourra pas en finir avec la corruption et se remettre sur pied sur base d’un plan de redressement sérieux tant que sa souveraineté est tronquée et que le Hezbollah pro-iranien exerce un contrôle sur tous les secteurs de l’Etat. Selon Nabil Kaouk, « c’est la politique saoudienne qui se pose en obstacle devant une entente nationale et qui constitue une menace pour la paix civile ».
Le mufti jaafari Ahmad Kabalan avait également appelé dans un communiqué, à la formation d’une équipe ministérielle d’union nationale. Il a invité les forces politiques à se « retrouver à cette fin autour de constantes communes », qu’il n’a pas cependant définies. Le mufti a souligné, en jouant du choc provoqué par la situation sociale, que « les divergences politiques sont un détail à côté des besoins liés à la crise » économique et financière dans le pays.
Les conditions de l’élection du Président du Parlement, mardi, indiqueront plus précisément les nouveaux équilibres en jeu dans le nouveau Parlement libanais. On en saura d’avantage en effet sur les alliances de la quinzaine d’élus indépendants qui jouent aujourd’hui un rôle charnière entre les deux grands blocs qui dominent le paysage politique libanais
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