Présidentielle, Ali Bongo refuse les observateurs de l’Union européenne.

Les autorités du Gabon ont manifesté leur volonté de ne pas avoir des observateurs de l’Union européenne lors de l’élection présidentielle qui devrait se tenir en Août 2023. Mondafrique vous explique pourquoi.

Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba

Très marqué par la mauvaise presse qu’il a eu – juste titre – à l’issue des élections présidentielles d’août 2016 et très soucieux de donner une image plus lisse de son régime et de son règne, Ali Bongo, le chef de l’exécutif du Gabon, a mandaté ses collaborateurs de prendre des mesures pour organiser des « élections aux lendemains apaisées », autrement dit des élections où il n’y aura pas une répression post-électorale à tout le moins personne pour le raconter.

Mais surtout, une élection où il n’y aura personne pour remettre en cause «la sincérité du scrutin » dans un pays où l’on fait encore « l’apprentissage de la démocratie », les autorités gabonaises ont très clairement exprimé une volonté de ne pas avoir un seul observateur de l’union européenne.

Filatures, écoutes, menaces…

En 2016, lors de la dernière élection présidentielle au Gabon, une soixantaine d’observateurs de l’Union européenne, sont déployés. Tous sont étroitement surveillés par les services de renseignement gabonais qui les placent sur écoute. En aout, certains font l’objet de pressions, l’un d’entre eux devra même quitter précipitamment le Gabon menacé par un Kompromat à la Gabonaise…

Les autorités du Gabon s’agacent aussi de leur liberté de mouvement et du fait que certains se rendent chez des personnalités politiques du Gabon.

« Bongo sait qu’il a perdu, mais comment il va faire pour annoncer qu’il a gagné ? »

À la proclamation des résultats, les observateurs de l’Union européenne sont formels : Ali Bongo a fraudé et a perdu et c’est Jean Ping qui est le vainqueur. Mis sur écoute par les services de renseignements du Gabon, un des observateurs déclare : « Bongo sait qu’il a perdu, mais comment il va faire pour annoncer qu’il a gagné ? ». Certains craignent pour leur vie et lorsque le 30 août 2016 la garde républicaine attaque le quartier Général de Jean Ping où se trouve un millier de ses partisans, l’ambassadeur de l’Union européenne au Gabon cherche à savoir s’il n’y a aucun observateur sur place et décrit clairement la situation : « Bonsoir, c’est Helmut Kulitz, l’ambassadeur de l’Union européenne. Désolé de vous déranger à cette heure… J’ai été appelé parce que le quartier général de Jean Ping est attaqué depuis une heure par un hélicoptère et des gens sont à terre avec des tirs réels. La situation est chaotique… ».

Plus tard, l’Union européenne remettra un rapport anesthésié et diplomatique, mais le scandale des écoutes contribuera à ridiculiser davantage les résultats officiels eux même très incohérents, mieux absurdes.

« Déclarations intempestives »

Interrogé sur le refus des autorités gabonaises de voir à nouveau des observateurs de l’Union européenne, le nouveau Premier ministre du Gabon Alain Claude Bilié By Nzé a dénoncé les « déclarations intempestives, peu mesurées » des observateurs de l’Union européenne qui ont selon lui contribué à jeter de l’huile sur le feu en août et septembre 2016 au Gabon.

Mais les autorités gabonaises affichent leur volonté de transparence, il y aura bien des observateurs lors de l’élection d’aout 2023 au Gabon. Certaines sources parlent même d’observateurs venus de…Chine.

Il faut pour finir, rappeler que le régime d’Ali Bongo se veut tout de même rassurant par la voix de son Premier ministre Alain Claude Bilie By Nzé : « Nous allons organiser une élection transparente, le vainqueur sera connu, nous espérons que le vaincu acceptera et félicitera le vainqueur » même si le « vainqueur » qu’on devine aisément « gagne » avec un score à la soviet…

L’opposition gabonaise coupable, forcément coupable