Madagascar, « Mamy » Ravatomanga, milliardaire, vice Roi et cible des manifestants

Homme d’affaires et deuxième fortune de Madagascar, Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », qui a caressé des ambitions présidentielles, a toujours été un conseiller officieux du président malgache, Andry Rajoelina, confronté à une mobilisation sans précédent des dizaines de milliers de jeunes dans les rues. Depuis qu’il a soutenu l’accession de l’actuel Président au pouvoir en mars 2009, l’homme d’affaires et consul de Serbie à Madagascar n’a cessé de le soutenir, y compris en mettant à son service des miliciens formés à la « Madagascar Security Academy », une société de formation professionnelle aux métiers de la sécurité. Lesquels, souvent d’origine serbe, seraient intervenus ces derniers jours contre les manifestants qui le caricaturent sur les réseaux sociaux (voir l’image ci dessus)

Un portrait signé par Olivier Vallée et Nicolas Beau

Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », est un richissime homme d’affaires, en même temps conseiller officieux et soutien du président Andry Rajoelina. Les deux hommes se sont rapprochés courant 2008 parce que leurs sociétés respectives se trouvaient en butte au fisc, dont les enquêtes avaient été initiées par l’entourage de Marc Ravalomanana, le président de l’époque. Ravatomanga a soutenu l’accession de Rajoelina au pouvoir par le coup d’Etat de 2009. Il n’a cessé d’être à ses côtés depuis lors en le soutenant par ses relations ià l’international, ses aides financières généreuses, ses avions privés ou encore les titres de journaux qu’il possède dans tout le payscomme « La Vérité », « Madagascar Matin ».

Mamy Ravatomanga, que la « Génération Z « accuse de piller le pays et dont elle réclame le jugement, traverse une phase très délicate. Le 6 octobre, au cours d’une émission spéciale de près de deux heures, retransmise sur trois chaînes privées de télévision et enregistrée au sein même de sa société Madagascar Security Academy (MSA), devant un parterre d’employés, l’entrepreneur s’est livré à « un exercice de style périlleux », d’après RFI, pour tenter de répondre aux attaques de ses détracteurs et, dit-on, pour prendre ses distances avec son ami Rajoelina qu’il sent sans une très mauvaise passe.

Une ascension fulgurante

Le succès de notre milliarsaire n’est pas une mince prouesse. Mamy, né à Morondava, n’appartient pas à la caste des fils de notables de la capitale. Une élite qu’il lui a fallu convaincre soit de s’allier avec lui, soit de lui céder les commandes.

L’enrichissement sans limites commence vraiment à partir de 2009. Cet intime du président Rajoelina nomme ses hommes dans les gouvernements de la Transition. Ainsi Hery Rajaonarimampiainina désigné en tant que ministre des Finances et du Budget de la Transition de 2009. L’influence de cet homme d’affaire dans le cercle du pouvoir n’a cessé de croître depuis. Un de ses obligés n’est autre que Christian Ntsay, qui l’a aidé lors des privatisations et qui devient, à son instigation, Premier ministre en 2018.

Aujourd’hui le ministre de l’industrie et du commerce, Edgard Razafindravahy, est quotidiennement à la manœuvre pour faire perdurer la capture des filières à devises par Mamy. Ils se voient souvent, passent les fêtes de Noel dans un golfe-hôtel de luxe du groupe Azura appartenant à Mamy et s’envoient des SMS, heure par heure. La vanille est passée sous contrôle du milliardaire et de ses alliés indiens.

Une des plus belles prises de Mamy, c’est l’actuel ministre de la décentralisation et de l’Aménagement du territoire, Naina Andriantsitohaina, fils unique du riche homme d’affaires Jean-Charles Andriantsitohaina, dont il a pris la relève à la tête des sociétés familiales. 

Plusieurs fers au feu 

Cet homme d’affaires sans états d’ame entretient d’excellentes relations aussi bien avec la Russie de Vladimir Poutine qu’ avec le Président français, Emmanuel Macron.

Malgré l’accumulation des casseroles que traine Mamy Ravatomanga, le président Macron n’a jamais hésité à le prendre au téléphone.  « Mamy » Ravatomanga est sorti blanchi, le 5 juillet 2023, de toutes les accusations dont il fait l’objet en France jusifiant le classement sans suite de l’enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) ouverte à son encontre. Cette procédure portait sur des faits de blanchiment en bande organisée, de corruption d’agent public, de fraude fiscale et de trafic de bois de rose. Le PNF justifie cette décision, datée du 25 juillet, en raison d’une  « infraction insuffisamment caractérisée». 

Mamy Ravatomonga possède plusieurs fers au feu à l’international. Consul à Madagascarde Serbie, le pion avancé de Vladimir Poutine en Europe, le milliardaire cultive des liens avec Moscou. Une rencontre a même lieu entre le « parrain » de Madagascar et Evgueni Prigojine, le patron de Wagner, un peu avant la mort du malfrat russe. Ainsi, le 17 août 2023 en pleine préparation de la Présidentielle, les deux hommes se retrouvent pour discuter de l’organisation de la sécurité personnelle du président sortant, Andry Rajoelina, afin d’assurer sa sécurité et celle de ses biens. 

La rencontre a lieu lors de la tournée africaine du patron de Wagneren août 2023, la dernière.De retour d’Afrique en Russie, le 23 août, Prigojine meurt dans un étrange accident d’avion.

Est-ce en prévoyant le pire? « Mamy » vient d’acquérir la nationalité ivoirienne. On ‘est jamais trop prudent.

 

1 COMMENTAIRE

  1. C’est un polyvalent ce « Mamy », un mec à plusieurs casquettes, un manœuvrier politique et un homme d’affaires impitoyable, mais contrairement à Trump qui est patriote et le fait savoir par ses actions, dont vous faites la comparaison, ce « Mamy » avec ce portrait que vous avez brossé ici dans cet article, n’est qu’un fils vipère (teinté de patriotisme de façade pour tromper l’opinion et gagner leur confiance vue ses ambitions politiques) de Madagascar selon mes analyses, il donnera pas la prospérité à son pays comme le pense son entourage, contrairement à Trump qui donnz cette prospérité via son empire économique privé. Cette privation des entreprises publiques malgaches dont il est avide, ne bénéficie qu’à lui et ses partenaires étrangers dont les indiens qui n’ont pas bonne réputation dans les affaires en Afrique, même s’il faut pas généraliser sur tous les hommes d’affaires indiens en Afrique. Car ces hommes d’affaires indiens me rappelent le scandale du « captage d’État » en Afrique du Sud sous Zuma.

    Comment celui (Mamy) qui prétend être patriote et œuvrer pour la prospérité de son pays avec les affaires dont il fait, peut avoir des milliards de dollars Usa d’actifs à l’extérieur de son pays, qui sont issus même entre autres de ce pays, sans vouloir les rapatrier (d’après ce que je lis ici actuellemen, à moins qu’il change d’idées plus tard), au moment où la banque centrale de ce même pays est à court d’argent? C’est pas du patriotisme ça, mais du pillage de son pays. Lamentable!!

    En Afrique, ce Mamy peut être comparé à Ruto, le président actuel kenyan, le « Hustler in Chief » (le Débrouillard en Chef, rires) comme il se surnomme auprès de ses partisans. Car à l’image de Mamy, Ruto s’est fait une personnalité et une fortune en se battant, il n’est pas issu d’une famille riche ou notable comme les Kenyatta ou Odinga, il est aussi opportuniste et d’une probité douteuse comme Mamy, et c’est l’une des sources de sa richesse d’ailleurs et de son ascension en politique et de ce qu’il est devenu actuellement.
    La seule différence avec Mamy, d’après ce que je sache sur Ruto, c’est que, Ruto est patriote, même s’il a aussi des actifs à l’étranger. À moins que ça soit juste un patriotisme de façade pour lui aussi (Ruto) comme Mamy.

    Enfin pour terminer, pour les intéressés et amoureux d’Histoire, et d’Anthropologie de la Diaspora Africaine lointaine (partie durant la Traite Négrière) ou des Afrodescendants aux Amériques, et même sur des thèmes sociologiques et anthropologiques, vous pouvez consulter la page principale de mon profil sur la plateforme academia.edu, vous trouverez des travaux scientifiques intéressants, comme l’histoire invisible des Afro-Argentins, des Afro-paraguayens, et des Afro-urugayens, l’histoire occultée des Afro-mexicains, l’histoire de la présence des Bantous originaires d’Afrique Centrale (appelés Loango là-bas du fait qu’ils ont été embarqués par le port de Loango, j’en parle aussi dans mon travail scientifique sur le royaume Loango), dans les bataillons militaires d’indépendance de Simón Bolívar, Héros et Libérateur reconnu par beaucoup, de justement de plus 4 pays hispaniques sous le joug espagnol au XIXè siècle, et bien d’autres sujets interessants dur l’Afrique politique aussi, et vous pouvez partager à vos proches intéressés aussi ce lien de profil. Voici alors le lien de la page principale de mon profil où se trouvent mes travaux sur cette plateforme academia.edu: https://ufrrj.academia.edu/SAMBAAxel

    Pour ceux intéressés à l’histoire du Royaume Loango d’Afrique Centrale, un des plus puissants q cette période, et à l’histoire de la Traite Négrière dans cette région Centrale d’Afrique Centrale, voici le lien: https://www.academia.edu/104648700/Le_Royaume_Loango_Afrique_Centrale_et_son_Organisation_Politique_Sa_Province_de_Mâ_Mpili_et_sa_Capitale_Politique_Bwali_XIVè_XIXè_Siècles_