Les Saoudiens se rapprochent d’Israel via l’Autorité palestinienne…

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La proposition saoudienne de sauver l’Autorité Palestinienne (AP) de la banqueroute est analysée comme une étape clé d’un processus de reconnaissance diplomatique d’Israel

L’Arabie Saoudite se rapprocher d’Israël et l’Autorité Palestinienne ne hurle pas à la trahison et n’accuse pas le royaume des Saoud de « poignarder (la cause palestinienne) dans le dos ». L’AP avait agi ainsi en 2020 quand, à la signature des Accords d’Abraham, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Maroc et le Soudan avaient noué des liens diplomatiques avec Jérusalem. A l’époque, Mahmoud Abbas s’était senti marginalisé et avait clamé son dépit.

En 2023, quand l’Arabie Saoudite explique à l’Autorité Palestinienne qu’elle entame un processus de reconnaissance d’Israël, cette dernière ne ditpas non, mais pose ses conditions.

Abbas à la recherche de fonds

Les exigences de Mahmoud Abbas pour ne pas ameuter la « rue arabe » sont les suivantes : l’Autorité palestinienne souhaite agrandir ses zones de contrôle direct en Judée-Samarie (Cisjordanie), elle réclame la réouverture du consulat américain à Jérusalem et exige la reprise du soutien financier saoudien.

Si l’on en croit l’agence d’information américaine Axios, « le principal conseiller d’Abbas, Hussein al-Sheikh, a envoyé la liste des revendications palestiniennes au conseiller saoudien à la sécurité nationale Musaed bin Mohammed al-Aiba, voilà trois mois ».

Cette liste des revendications palestiniennes montre qu’un tournant idéologique a eu lieu : Ramallah a compris que la normalisation saoudo-israélienne était irréversible et que mieux valait en tirer avantage plutôt que s’épuiser à la bloquer.

Riyad a mis des gants blancs, puis à nommé un ambassadeur non-résident à Ramallah. Pour le carnet de chèques, le montant de l’aide est en cours de négociation. Il sera élevé, à la hauteur des enjeux certainement.

Un financement saoudien contribuera à consolider l’économie en ruine de l’Autorité palestinienne. L’Arabie saoudite a, dans le passé, versé des milliards de dollars aux Palestiniens jusqu’à ce qu’elle coupe son financement en 2016 en raison de la corruption de l’Autorité palestinienne. L’aide est passée de 174 millions de dollars par an en 2019 à zéro en 2021.

Le royaume saoudien aurait pu se rapprocher d’Israel sans passer par la case « cause palestinienne », mais il a préféré acheter le silence de l’Autorité Palestinienne. Quel prix Abbas a-t-il demandé pour ne pas hurler à la « profanation d’al Aqsa » ? On finira sans doute par le savoir. En tous cas, les récentes émeutes qui ont eu lieu en Libye à l’idée qu’un contact avait été établi entre les ministres des affaires étrangères israélien et libyen montrent que les opinions publiques arabes demeurent inflammables sur le sujet d’Israël.

Les deux autres demandes de Mahmoud Abbas ne dépendent pas de l’Arabie Saoudite : donner plus de pouvoir à l’AP sur les zones B et C de Judée-Samarie nécessite l’accord d’Israel. Cette demande oblige à réformer les Accords d’Oslo qui divisent la Judée-Samarie en trois zones administratives. Seule la zone A est sous le contrôle civil et sécuritaire complet de l’Autorité palestinienne. Mais on ne voit pas Israël céder aux demandes sans exiger en retour de très sérieux efforts en matière de sécurité. La zone A est en pleine vague de terreur. Pas un jour ne passe sans un meurtre ou une tentative de meurtre contre un juif installé dans une implantation de Judée Samarie, pas une semaine ne passe sans un raid nocturne de l’armée israélienne à Jenine ou Naplouse.

Quant à la demande de réouverture du consulat américain à Jérusalem-est, elle a pour but de réitérer la vieille exigence palestinienne d’avoir pignon sur Jérusalem, une demande qui ne peut que faire grincer des dents le Premier ministre Benjamin Netanyahou.  Le consulat américain existait à Jérusalem-est jusqu’en mars 2019 et faisait office d’ambassade de facto auprès des Palestiniens avant que l’administration Trump ne le ferme.

Si les demandes palestiniennes qui passent par Israël n’obtiennent pas satisfaction, il faudra alors que le chèque saoudien soit très gros pour faire passer la pilule.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Le meurtre d’un juif vous dites,et les raids meurtriers sur les territoires palestiniens ne sont ils pas des assassinats de masse?
    Votre sentiment partial et votre analyse à géométrie variable voit de quel côté vous balancez.
    Journaliste ou journaleuse?

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