La semaine culturelle africaine en 6 escales exceptionnelles !

Du Bénin à l’Afrique du Sud en passant par le Burkina Faso, découvrez notre sélection d’événements incontournables : l’effervescence du festival Vodun Days, l’exposition révolutionnaire de Chuma Anagbado, les 10 ans du Soko Festival, une pièce touchante sur l’amitié au-delà des préjugés, et deux films coup de poing sur la restitution des trésors africains et la protection des rhinocéros.

 

1- Festival Vodun Days : Ouidah en transe !

La cité historique de Ouidah vibre au rythme des cultes vodun du 9 au 11 janvier 2025, avec la 2e édition du Festival Vodun Days, mêlant cérémonies, musique et spectacles traditionnels.

Après le succès retentissant de la première édition, qui avait réuni plus de 100 000 participants, Ouidah s’apprête à vivre trois jours d’une intensité rare, placés sous le signe de la spiritualité et de la transmission des savoirs ancestraux. Le festival Vodun Days revient avec une programmation encore plus riche et audacieuse, célébrant la diversité et la vitalité des traditions béninoises.

Dès le 9 janvier, la ville s’anime au rythme des manifestations culturelles, culminant avec un grand concert d’ouverture sur la plage. La rencontre au sommet entre le groupe antillais Kassav’ et les stars togolaises de Toofan promet un moment de communion musicale intense, mêlant avec bonheur les sonorités caribéennes et africaines.

Le 10 janvier marque l’apogée des festivités avec la grande cérémonie Vodun, un temps fort dédié aux divinités Kooro, Thron et Nana Yosi. Rituels sacrés, danses traditionnelles et prestations artistiques se succéderont pour une journée placée sous le signe du recueillement et de la célébration. Le ballet béninois et son homologue brésilien, le Balé Folclórico da Bahia, offriront un spectacle époustouflant, témoignant des liens indéfectibles qui unissent les deux cultures.

Pour cette édition, les organisateurs ont mis l’accent sur la dimension pédagogique de l’événement. Des guides culturels spécialement formés proposeront des visites guidées en plusieurs langues, permettant aux festivaliers de découvrir les lieux sacrés de Ouidah et de comprendre le sens profond des rituels. Des ateliers d’initiation aux danses et aux percussions traditionnelles seront également proposés, offrant une immersion complète dans l’univers fascinant des cultures vodun.

Le festival investit les lieux emblématiques de la ville, de la Place Maro à l’Esplanade du Fort Français, en passant par le Temple des Pythons et la Forêt sacrée de Kpassè. Un village dédié à l’artisanat et à la gastronomie locale permettra aux visiteurs de découvrir les savoir-faire traditionnels et de goûter aux délices culinaires du Bénin.

Soucieux de préserver l’environnement, les organisateurs ont mis en place un système de tri des déchets, favorisé l’utilisation de matériaux recyclables et sensibilisé le public aux enjeux écologiques. Des navettes gratuites relieront les différents sites du festival, encourageant ainsi les déplacements doux et limitant l’impact carbone de l’événement.

Les Vodun Days 2025 s’annoncent comme un rendez-vous incontournable. Un festival unique en son genre, célébrant avec ferveur et respect les traditions millénaires du Bénin, tout en les inscrivant résolument dans la modernité.

2 – Expo : L’art Igbo digital de Chuma Anagbado

Le Yemisi Shyllon Museum of Art de Lagos présente « Egwu Ogbo », une exposition révolutionnaire de Chuma Anagbado, où l’artiste nigérian repousse les limites de l’art en fusionnant traditions Igbo et technologies de pointe.

Jusqu’au 19 janvier 2025, le Yemisi Shyllon Museum of Art (YSMA) de Lagos accueille « Egwu Ogbo » (La danse de l’effort), une exposition qui révèle le talent visionnaire de Chuma Anagbado. Cet artiste pluridisciplinaire nigérian repousse les frontières de l’art contemporain en mariant avec brio les motifs traditionnels Igbo et les technologies numériques les plus avancées.

Diplômé de l’Université de Benin en 2005, Anagbado s’est imposé comme une figure incontournable de la scène artistique nigériane, grâce à son approche novatrice qui allie tradition et innovation technologique. Son processus créatif unique en son genre combine une recherche approfondie des motifs traditionnels, une maîtrise des outils de modélisation 3D et une matérialisation innovante de ses œuvres.

Au cœur de l’exposition, une installation monumentale réalisée sur bois de palettes recyclées témoigne de l’engagement écologique de l’artiste. Cette pièce maîtresse dialogue avec une série de créations « phygitales » avant-gardistes, où l’art Uli ancestral se pare de matériaux contemporains tels que le plexiglas et l’acrylique.

« Egwu Ogbo » se déploie à travers plusieurs espaces thématiques, invitant les visiteurs à un voyage immersif au cœur de l’art Uli traditionnel et de ses réinterprétations numériques. Des installations interactives et des dispositifs de réalité augmentée enrichissent l’expérience, tandis qu’un programme de médiations culturelles propose ateliers, conférences et visites guidées pour une compréhension approfondie du travail de l’artiste.

Pour accompagner l’exposition, le musée a développé une application mobile innovante, véritable compagnon de visite offrant des contenus exclusifs, des interviews de l’artiste et des éclairages sur les techniques utilisées. Les visiteurs pourront également participer à une chasse au trésor numérique à travers les salles du musée, rendant l’expérience encore plus ludique et immersive.

L’exposition « Egwu Ogbo » témoigne de la vitalité et de la créativité des artistes du continent, qui puisent dans leurs racines culturelles pour inventer de nouveaux langages plastiques en phase avec leur temps.

Le travail de Chuma Anagbado ouvre des perspectives passionnantes pour l’avenir de l’art traditionnel à l’ère du numérique. Une table ronde réunissant artistes, critiques et conservateurs clôturera l’exposition, offrant un espace de réflexion et de débat sur les enjeux de cette révolution artistique en marche.

3- Soko Festival 2025 : 10 ans de scène à Ouagadougou

Le Soko Festival fête ses 10 ans en janvier 2025 avec une programmation exceptionnelle mêlant spectacles, formations et échanges culturels, sous le thème « Nouveaux Horizons » pour repousser les frontières artistiques et renforcer les collaborations.

Le Soko Festival marque une étape importante dans son histoire en célébrant sa dixième édition du 9 au 19 janvier 2025 à Ouagadougou. Devenu un rendez-vous incontournable des arts de la scène en Afrique de l’Ouest, l’événement explore cette année le thème « Nouveaux Horizons », reflétant son ambition de repousser les frontières artistiques tout en renforçant les collaborations régionales et internationales.

Le Goethe-Institut de Ouagadougou, site principal du festival, accueille une programmation diversifiée qui s’articule autour de trois axes majeurs. Le premier volet comprend des formations et ateliers destinés aux professionnels, animés par des experts reconnus qui partagent leur expertise en gestion de carrière artistique, techniques scéniques et développement de projets culturels.

Le deuxième axe met l’accent sur les rencontres professionnelles, créant un espace de dialogue entre producteurs, artistes et agents culturels venus de toute la région. Ces échanges favorisent l’émergence de nouveaux projets et renforcent les réseaux artistiques ouest-africains, essentiels au développement du secteur.

L’initiative « Soko à l’école » constitue le troisième pilier du festival, proposant des ateliers et spectacles interactifs qui sensibilisent la jeune génération aux arts vivants. Ce programme éducatif joue un rôle crucial dans la formation du public de demain et l’émergence de nouvelles vocations artistiques.

Les spectacles vivants restent au cœur de l’événement, avec une programmation exceptionnelle mettant en vedette des artistes de renom tels que Faïty Baby, Pamika, Azel et Bassekou Kouyaté. Ces performances illustrent la diversité des expressions artistiques contemporaines africaines, du traditionnel au moderne. Le festival sert également de tremplin aux talents émergents, leur offrant une visibilité précieuse auprès des professionnels du secteur et du public.

Le choix du Goethe-Institut comme lieu central du festival n’est pas anodin. Cette institution culturelle respectée symbolise l’importance de la coopération internationale dans le développement des arts en Afrique. Son infrastructure moderne et son engagement en faveur des échanges culturels en font un cadre idéal pour les diverses activités du festival.

Au fil des ans, le Soko Festival s’est imposé comme un acteur majeur dans la structuration des industries créatives ouest-africaines. En facilitant les rencontres entre artistes, producteurs et diffuseurs, il contribue à la professionnalisation du secteur et à la valorisation des expressions artistiques africaines sur la scène internationale.

Pour cette édition anniversaire, l’accent est mis sur l’innovation et l’avenir des arts de la scène en Afrique. Le thème « Nouveaux Horizons » invite les participants à explorer des formes d’expression novatrices tout en s’appuyant sur l’héritage culturel riche du continent.

4 – Théâtre : « Arthur et Ibrahim » en tournée française

La Compagnie du Double présente « Arthur et Ibrahim », une pièce d’Amine Adjina qui aborde avec finesse et humour les thèmes de l’amitié, l’identité et l’intégration. Une tournée française à ne pas manquer.

« Arthur et Ibrahim », pièce touchante écrite par Amine Adjina et publiée aux éditions Actes Sud-Papiers, propose une réflexion profonde sur l’amitié et l’identité à travers le regard des enfants. Destinée à un public dès 9 ans, elle raconte l’histoire de deux amis inséparables dont la relation est mise à l’épreuve lorsque le père d’Ibrahim, marqué par les blessures de la colonisation, demande à son fils de ne plus fréquenter Arthur, sous prétexte qu’il n’est pas arabe.

Face à cette situation, les enfants trouvent une solution aussi naïve qu’inattendue : Arthur décide de devenir arabe. Cette décision déclenche un voyage initiatique où les deux amis explorent la signification de l’identité culturelle, tout en se confrontant aux préjugés et au communautarisme avec une innocence désarmante.

La mise en scène, assurée par Amine Adjina et Émilie Prévosteau de la Compagnie du Double, opte pour un dispositif minimaliste qui met en valeur le jeu des comédiens. Un élément central de la scénographie est la radio, symbole des souvenirs et des peurs du père d’Ibrahim, qui illustre la transmission des traumatismes historiques au sein des familles.

Le casting réunit des talents remarquables : Mathias Bentahar et Antoine Chicaud (en alternance avec Romain Dutheil) incarnent avec justesse les deux jeunes héros, tandis que Kader Kada apporte une profondeur émouvante au rôle du père. Anne Cantineau et Pauline Dubreuil complètent brillamment la distribution en alternance.

La tournée 2025 fera escale dans plusieurs villes françaises, dont le Château Rouge à Annemasse (14 et 15 janvier), le Théâtre 71 à Malakoff (8 février), Bonlieu Scène Nationale à Annecy et le Gallia Théâtre à Saintes (dates à confirmer).

D’une durée d’1h10, la pièce, inspirée de l’expérience personnelle d’Amine Adjina en tant que Français d’origine algérienne, aborde des thèmes complexes comme l’immigration et le colonialisme avec une légèreté bienvenue. L’humour et la poésie parsèment le texte, notamment lors d’une scène mémorable où Arthur présente une utopie en classe, invitant petits et grands à rêver d’un monde meilleur.

Les moments de confrontation, particulièrement entre le père d’Ibrahim et la maîtresse d’Arthur, sont traités avec réalisme, mais trouvent leur résolution grâce à la candeur enfantine. La pièce parvient ainsi à maintenir un équilibre délicat entre la gravité des sujets abordés et la fraîcheur du regard des enfants.

Les réservations peuvent s’effectuer directement auprès des théâtres participants ou via le site de la Compagnie du Double. Ce spectacle, accessible aux jeunes, mais tout aussi pertinent pour les adultes, rappelle avec force que l’amitié peut triompher des préjugés et que l’innocence des enfants offre souvent les solutions les plus sages aux problèmes les plus complexes.

5 – Dahomey, le documentaire événement de Mati Diop 

La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop livre un documentaire puissant sur le retour de 26 œuvres royales du Dahomey au Bénin, transcendant le simple récit historique pour offrir une réflexion universelle.

Pour son premier documentaire, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop livre une œuvre remarquable qui explore la restitution de 26 œuvres du royaume du Dahomey, conservées pendant plus de 130 ans au musée du quai Branly à Paris. En 68 minutes intenses, Dahomey : Le retour des trésors volés dépasse le cadre traditionnel du documentaire historique pour offrir une réflexion profonde sur l’identité, la mémoire et la justice postcoloniale.

L’originalité du film réside dans son approche narrative audacieuse. Une voix grave et distordue, s’exprimant en langue fon, incarne l’artefact n° 26, transformant les œuvres en véritables personnages. Ce choix artistique crée une connexion émotionnelle unique avec le spectateur, qui ressent viscéralement la douleur de l’exil et l’espoir du retour. À travers cette personnification, Mati Diop parvient à humaniser des questions complexes de restitution et d’héritage colonial.

La caméra suit méticuleusement le voyage des trésors, de leur emballage au musée du quai Branly jusqu’à leur installation au Palais de la Marina au Bénin. Les séquences montrant les objets dans l’obscurité de leurs caisses en bois sont particulièrement évocatrices, symbolisant les décennies de captivité loin de leur terre d’origine. Le contraste avec leur exposition finale au Bénin souligne visuellement le thème central de la réappropriation culturelle.

Le film trouve son point d’ancrage dans les discussions passionnées entre étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi. Ces jeunes Béninois partagent des perspectives diverses sur la restitution : certains y voient une réparation symbolique essentielle, d’autres questionnent son impact concret face aux défis contemporains du pays. Ces échanges, filmés avec subtilité, illustrent la complexité des enjeux de mémoire et de réconciliation.

Lauréat de l’Ours d’Or à la Berlinale 2024, Dahomey a reçu un accueil critique exceptionnel, avec une approbation de 99 % sur Rotten Tomatoes. Les critiques saluent unanimement la capacité de Mati Diop à mêler esthétisme et réflexion politique, créant une œuvre qui transcende les frontières du documentaire traditionnel.

Au-delà du récit de restitution, le film interroge l’héritage colonial et ses répercussions contemporaines. Il soulève des questions essentielles sur la suffisance des gestes symboliques pour réparer les blessures de l’histoire et sur les moyens nécessaires pour que ces objets retrouvent leur rôle dans la transmission des cultures africaines.

Dahomey : Le retour des trésors volés s’impose comme une œuvre majeure qui dépasse son sujet initial. En donnant une voix aux objets, Mati Diop parvient à créer un dialogue universel sur la mémoire, l’identité et la justice culturelle. Son approche poétique et politique offre un nouveau regard sur les relations Nord-Sud et invite à repenser les modalités de la réparation historique. Un documentaire essentiel qui confirme le talent singulier de sa réalisatrice pour aborder des thèmes complexes avec sensibilité et originalité.

6- The Last Ranger, le court-métrage choc de Cindy Lee 

Présélectionné aux Oscars 2025, ce court-métrage poignant suit une jeune fille et une gardienne de réserve dans leur lutte contre le braconnage en Afrique du Sud, alliant émotion brute et message écologique fort.

The Last Ranger, court-métrage poignant de 28 minutes réalisé par Cindy Lee, plonge le spectateur au cœur de la lutte contre le braconnage des rhinocéros en Afrique du Sud. Tourné en isiXhosa, langue vernaculaire du pays, le film transcende les frontières culturelles pour livrer un message universel sur la préservation de notre biodiversité.

L’histoire se concentre sur la relation touchante entre Litha, une jeune fille curieuse interprétée par la talentueuse Liyabona Mroqoza, et Khuselwa, une gardienne de réserve dévouée incarnée par Avumile Qongqo. Leur complicité est brutalement mise à l’épreuve lors d’une confrontation avec des braconniers, révélant un secret qui bouleversera leurs vies. Les deux actrices livrent des performances remarquables, Mroqoza apportant une authenticité saisissante malgré son peu d’expérience, tandis que Qongqo incarne avec force la détermination des gardiens de réserve.

La réalisation se distingue par sa photographie spectaculaire, capturant la beauté majestueuse des réserves naturelles sud-africaines. Cindy Lee et son équipe technique ont créé une atmosphère immersive grâce à une direction artistique soignée et un travail sonore subtil. La musique, utilisée avec parcimonie, souligne l’urgence du message sans jamais tomber dans le mélodrame.

Le film met en lumière la crise alarmante du braconnage des rhinocéros, alimentée par la demande de cornes sur le marché noir international. Il rend hommage aux gardiens de réserve, ces héros méconnus qui risquent quotidiennement leur vie pour protéger la faune sauvage, souvent avec des moyens limités. Comme l’a souligné Cindy Lee : « Ce film est ma manière de rendre hommage à ceux qui risquent leur vie chaque jour pour protéger notre patrimoine naturel. »

The Last Ranger aborde également la transmission intergénérationnelle à travers le personnage de Litha, qui représente l’espoir d’un changement positif grâce à l’éducation et la prise de conscience des jeunes générations. Le choix de l’isiXhosa comme langue du film renforce son authenticité culturelle tout en soulignant l’universalité des enjeux environnementaux.

Depuis sa sortie, le film a reçu un accueil critique exceptionnel, remportant notamment le prix du Meilleur court-métrage au Festival international du film de Durban. Sa présélection parmi les 15 meilleurs courts-métrages aux Oscars 2025 dans la catégorie Meilleur court-métrage en prises de vues réelles témoigne de son impact et de la puissance de son message.

The Last Ranger est un appel urgent à l’action pour la protection de notre biodiversité. En conjuguant narration émotive, réalisation impeccable et message environnemental fort, Cindy Lee signe une œuvre qui rappelle que la préservation de la nature est une responsabilité collective, et que même les plus jeunes peuvent contribuer au changement. Un court-métrage essentiel qui marque les esprits et incite à l’action.