Téhéran et les grandes villes du cœur de l’Iran ne sont pas les seules à être touchées par le mouvement populaire massif qui conteste le pouvoir iranien. La révolte mobilise également les minorités ethniques des provinces frontalières, soit la moitié de la population.
Les minorités ethniques non perses – Azeris, Kurdes, Arabes, Turkmènes, Baloutches et des dizaines d’autres – représentent plus de la moitié de la population iranienne et dominent de vastes régions du pays en dehors du cœur perse qui entoure Téhéran.
La plupart de ces minorités vivent dans les provinces frontalières et ont des liens avec leurs cousins de la même ethnie dans les États voisins (Irak, Azerbaïdjan, Pakistan…). Ces minorités n’ont pas le droit d’éduquer leurs enfants ou de recevoir des services gouvernementaux dans leur langue maternelle. 40% des Baloutches ou des Azeris ne parlent même pas le farsi, la langue nationale iranienne. Les médias officiels et les manuels scolaires se moquent souvent des minorités iraniennes et les désignent pas des appellations racistes. Les militants et les personnalités culturelles qui militent pour les droits linguistiques et culturels sont fréquemment arrêtés et condamnés pour des atteintes à la sécurité nationale.
Selon BBC News, la répression s’abat avec une grande férocité contre ces minorités ethniques non Perses. A Zahedan, une ville proche du Pakistan et largement peuplée de Baloutches, les forces de sécurité ont perpétré un meurtre de masse de sang froid : le 30 septembre, les forces du régime habillées en civil pour éviter d’être détectés ont d’ouvrir le feu sur les fidèles d’une mosquée. Plus de 80 personnes ont été tuées. En octobre 2018, le pouvoir iranien a tiré des missiles sur le Kurdistan iranien et en mars 2022 il a tiré des missiles sur le Kurdistan irakien.
Au Sistan-Baloutchistan, au Khouzestan, au Kurdistan iranien, en Azerbaïdjan occidental, les populations locales ne rechignent pas non plus à la confrontation. Récemment, un groupe baloutche a enlevé 12 membres des forces de sécurité au Sistan-Baloutchistan, à la frontière avec le Pakistan. Nulle part dans les provinces frontalières de l’Iran, la sécurité personnelle de la police et des membres des services de sécurité n’est assurée. En novembre 2021, des militants arabes d’Ahwaz ont tué le colonel Hadi Kanani, du Corps des gardiens de la révolution iranienne, l’un des principaux auteurs de la répression meurtrière contre les manifestants d’Ahwaz en novembre 2019 et juillet 2021.
Le régime est conscient que la haine est forte chez les minorités ethniques d’Iran. Mais il tient la bride d’autant plus serrée que les plus importantes richesses du pays se situent dans les provinces frontalières. Les principaux gisements de pétrole et de gaz se trouvent au Khouzistan, où plus de la moitié de la population est arabe, avec une longue tradition autonomiste. Le port stratégique de Chabahar en Iran se trouve dans une zone à majorité baloutche, et l’activité anti-régime dans la ville portuaire y a déjà créé de l’instabilité.
Les Ayatollahs savent que les Perses sont nombreux à détester le régime, mais ils savent aussi que tous les Perses détesteraient plus encore l’idée de perdre le contrôle des provinces. Téhéran fait donc appel au sentiment nationaliste persan pour tenter de diviser l’opposition. Le régime joue également des rivalités interethniques sachant par exemple que les Kurdes et les Azeris ont des différends de longue date sur la terre, l’eau et d’autres ressources.
Les Perses et les non-Perses peuvent bien appeler ensemble à la fin du régime, ils ne sont pas unis pour autant dans leurs objectifs. Si le régime des mollahs devait tomber, rien ne garantit que les différents groupes envisageraient leur avenir du côté de Téhéran. Déjà, en 1979, au cœur de la révolution islamique, les Kurdes, les Azeris, les Arabes ont tenté de prendre leur autonomie.
En résumé, s’il est clair que le sort du régime se joue à Téhéran, il est tout aussi évident qu’il se joue aussi à la périphérie du système, dans les provinces ethniques du régime des ayatollahs.
L’Iran à l’instar de tous les pays modernes devra faire recours au pragmatisme pour venir à bout des contradictions sociétales internes. Séparer l’État de l’éthique ferait plus fonctionnelles les institutions, qui auront ainsi plus de moyens pour garantir la juste efficacité. Les grandes prouesses technologiques disent tant de la vitalité de ce grand peuple. Les réformes politiques, nécessaires pour joindre cette avancée dans les sciences, en les couplant aux libertés intérieures pour plus de défis historiques. Morale, il est impératif de semer la cohésion entre les différentes cultures en hissant à langues officielles les autres langues. Quant au fait religieux, je crois qu’il serait sage de laisser la liberté de choix vestimentaire, cela rendra plus confiant le citoyen, ce qui de fait augmenterait l’image de l’islam iranien. En sommes, ce qu’on a en face n’est pas une crise sociétale mais bien cette crise de croissance qui caractérise les sociétés modernes et les passages anthropologiques indispensables. Séparer la croyance de la nation, ceci renforcera l’Iran et l’islam, ni les institutions ni l’islam ne gagnent en imposant l’islam comme devoir être mais changer de paradigme et sortir l’islam de cette imposition qui en fait le synonyme de l’imposition inquisition à religion individuelle faite de libre choix. Les pays arabes qui ont infantilisé leurs peuples jusqu’à leur imposer la religion et la langue officielle sont là pour dire combien c’est contre-productif de nier les libertés, de surcroit l’Iranien est solidement ancré dans son terroir par un lien solide qui va outre l’islamité, ce qui a démontré au travers les guerres subites et vaincues qu’il mérite toute la confiance de l’État espérons que la même erreur faite par les pays voisins ne soit commise en Iran par commodité.