Gabon, ce conseiller pro-Poutine nommé par Brice Oligui Nguema

Privat Ngomo (à gauche ) et Brice Clotaire Oligui Nguema ( à droite) au Palis Rénovation à Libreville.

Brice Clotaire Oligui Nguema a nommé, le 21 mars dernier, comme conseiller Privat Ngomo, un homme qui se définit lui-même contre « l’impérialisme néo-colonial français » et qui ne cache pas son pro-poutinisme. 

Le 21 mars 2024, on apprend la nomination d’un nouveau conseiller du nouveau maître du Gabon, Brice Oligui Nguema. Si jusqu’à présent rien de particulier dans ce que les mauvaises langues au Gabon appellent « l’industrie des nominations » pour désigner cette série presque discontinue de nominations de conseillers présidentiels ou ministériels dont certains laissent clairement songeur, le nom du nouveau conseiller du « Président de la transition, Président de la République, Chef de l’État » retient l’attention : il s’agit de Privat Ngomo, leader d’un mouvement politique « panafricaniste » dénommé New Power. 

Soutien de Jean ping  

Âgé de 57 ans – il est né le 20 mars 1967 – Privat Ngomo est un cadre qui connaît bien l’administration publique du Gabon, puisqu’il a travaillé d’abord au Ministère des Finances, puis au Ministère des Eaux et Forêts et enfin à l’Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences (ANINF).

Entré en politique, il s’engage résolument dans l’opposition à Ali Bongo et soutient lors de l’élection présidentielle de 2016 Jean Ping. La répression post-électorale particulièrement sanglante menée par les forces de sécurité gabonaises (avec comme fer de lance la Garde Républicaine) et le maintien d’Ali Bongo au pouvoir marquent profondément Privat Ngomo.

Idéologie confuse

La banderole déployée devant l’ambassade de France à Libreville le 12 juillet 2019 par Privat Ngomo et ses soutiens.

 

À la suite de l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo qui survient à Ryad en 2018, Privat Ngomo se tourne vers la France, à qui il demande d’intervenir dans les affaires du Gabon. Le 12 juillet 2019, devant l’ambassade de France à Libreville, il appelle à l’aide Emmanuel Macron, à qui il demande de faire « déclarer la vacance de pouvoir au Gabon » au nom de la souveraineté du Gabon. Le nom de la manifestation ? «Opération Lumumba »…Si le discours est suranné,  absurde et très abscons car il est fait d’un amoncellement de figures historiques africaines et de concepts opposés (panafricanisme, « logique victimaire », souverainisme et demande d’ingérence…), ce sont les autorités gabonaises qui vont donner à celui qui le tient une crédibilité en le jetant en prison pour « trouble à l’ordre public requalifié en entrave à la circulation routière, propagation de fausses nouvelles ».

Proche de Kemi Seba et pro-russe


Après 10 mois de prison, Privat Ngomo est convaincu – à tort – que c’est parce qu’il a dérangé à Paris que les autorités gabonaises l’ont jeté en prison. Il donc crée une organisation teintée de kémitisme dénommée New Power et se rapproche de Kemi Séba qui lui assure de son soutien. En mars 2023, lors de la venue au Gabon d’Emmanuel Macron, à qui il avait pourtant demandé d’intervenir dans les affaires du Gabon, Privat Ngomo déclare au média russe Sputnik que la France veut « empêcher la percée de la Russie » en Afrique avant d’ajouter  « La France doit maintenir son pré carré en Afrique centrale en soutenant les dictatures françafricaines du Tchad, du Congo-Brazzaville et du Gabon […] Elle doit aussi reprendre des parts de marché, aujourd’hui tenues par la Chine et d’autres puissances émergentes. Elle doit surtout empêcher la percée irrésistible de la Russie qui bénéficie du sentiment anti-françafricain ».

À propos d’Emmanuel Macron, Privat Ngomo déclare « Emmanuel Macron dit se préoccuper de l’Environnement, notamment des forêts gabonaises, alors que dans le même temps, il fait décimer celles de Guyane. Il méprise le peuple gabonais pour lequel il n’a aucun égard, notamment dans le conflit Homme/Faune qui est de plus en plus meurtrier et dramatique pour les populations autochtones ».

Après avoir annoncé qu’il serait candidat à l’élection présidentielle au Gabon en 2023, Privat Ngomo ne se présente plus et appelle à une transition pacifique au Gabon dénommée… « Opération Russie » ! La veille des élections d’août 2023, il prononce un discours avec en arrière-plan un portrait de Vladimir Poutine avec écrit au dessus du portrait du Président de la Fédération de Russie «Vladimir Poutine soutient la transition politique et pacifique» (sic)…

« Le lobby gay, après celui juif, est de plus en plus puissant en France »

Le 13 janvier 2024, Privat Ngomo réagit sur Facebook à la nomination de Gabriel Attal au poste de premier ministre en France par Emmanuel Macron  « La France change, ses us et coutumes aussi. Dans un hexagone où les valeurs traditionnelles sont battues en brèche par le Woking, où le Glogal Youth leader est à la mode et où le lobby gay, après celui juif, est de plus en plus puissant en France, la décision d’Emmanuel Macron de nommer Gabriel Attal, premier ministre, peut s’entendre aisément. L’Occident comprend fort bien ce choix qui est dans l’air du temps européen. Mais qu’en est-il-de l’Afrique qui reste un « partenaire » vital de la France ? Quel message subliminal le jeune président français envoie-t-il aux Africains ? Et quand le nouveau premier ministre nomme à un poste régalien Stéphane Séjourné, l’ex mari « pacsé » de Gabriel Attal, que faut-il y voir ? »

Reste à savoir si Privat Ngomo sera tout simplement un conseiller présidentiel trop heureux de se trouver sous les ors du Palais  Rénovation et de bénéficier des privilèges inhérents à son poste ou s’il sera la voix de Moscou auprès de Brice Oligui Nguema.

À moins que ce ne soit les deux…