Gabon, Brice Oligui Nguema menace de réprimer les syndicalistes.

Brice Oligui Nguema en Novembre dernier au Palais Rénovation à Libreville (Gabon) .

Brice Oligui Nguema, le chef de l’Etat gabonais, a menacé de réprimer durement des syndicalistes de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) à la suite d’un mouvement d’humeur qui a eu lieu dans cette entreprise  vendredi dernier.

Au Gabon, des agents de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) ont initié vendredi dernier un mouvement d’humeur né du non-paiement de leur 13 mois de salaire pourtant prévu dans leurs contrats de travail respectifs. Un 13e mois qui leur a été refusé sans raison par la hiérarchie. Face à cela, beaucoup parmi eux ces agents espéraient une intervention du chef de l’Etat le Général Brice Oligui Nguema en déplacement dans l’intérieur du pays. Ils ont été surpris.

« Ce n’est pas 2500 agents qui vont nous emmerder ! »

La réponse du nouvel homme fort du Gabon a été d’une brutalité certaine. Brice Oligui Nguema en meeting à Ndendé dans le sud du pays où il s’est rendu avec des membres de son gouvernement et de sa junte le CTRI (oui, au Gabon, les deux coexistent !) s’est montré menaçant.

Martial et un brun populiste, Brice Oligui Nguema a déclaré à propos des syndicalistes : «qu’ils coupent le courant et je vais voir où ils seront». Le tombeur d’Ali Bongo a poursuivi par des menaces à peine voilées : « J’ai ici les services de renseignement, je vais sortir les fiches sur chacun d’eux, ce syndicat se croit plus fort que l’Etat. Je veux les fiches de là où ils habitent et ils comprendront. Vous allez me les chercher maison par maison (…) ce n’est pas 2500 agents qui vont nous emmerder ! » (sic)

Non sans avoir rappelé « l’efficacité » des « services » qui avaient « réussi » à interpeller des leaders estudiantins gabonais qui avaient tenté de se cacher dans tout le pays dans les années 2000 après une grève étudiante à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM)

«Nos vies sont en danger»

Dans leur réponse, les syndicalistes se sont interrogé par la voix de M. Eric Josué Bouanga Moussavou porte-parole du Syndicat national des Travailleurs de l’Eau et de l’Électricité (SYNTEE) «c’est nous les responsables syndicaux qui avons dilapidés l’argent de la SEEG ? (…) Qu’en est-il des directeurs généraux, des directeurs généraux adjoints qui se sont succédé de 2018 à maintenant et qui ont causé la situation difficile dans laquelle nous sommes ? Pourquoi n’allez-vous pas d’abord les chercher avant de nous chercher nous ? Donc c’est nous qui allons subir la mal gouvernance ? (…) Est-ce cela la restauration des institutions?». « Nos vies sont en danger » a déclaré le leader syndical qui a rappelé que ces agents ne faisaient que réclamer le fruit de leur travail.

Les renseignements militaires de retour

Une réponse qui a fortement déplu en très haut lieu puisque le lundi 11 décembre 2023, M. Eric Josué Bouanga Moussavou et ses camarades ont été convoqués à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM- communément appelé le B2) où ils  sont – au moment où nous écrivons ces lignes – toujours « entendus ».

Lors de son discours de Ndendé mentionné précédemment, Brice Oligui Nguema a déclaré goguenard à propos de ces syndicalistes : «Ces gens-là n’ont pas compris la République!».

Qu’il se rassure, lui non plus. 

Le Gabon 100 jours après le coup d’Etat.