La junte burkinabè est arrivée au pouvoir en janvier 2022 sur les cendres de la politique sécuritaire du président Kaboré qui avait échoué dans ce domaine. Pourtant les nouvelles autorités perpétuent les mêmes erreurs que leur prédécesseur.
Une nouvelle fois le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) porte le couteau dans la plaie béante des atrocités commises au Burkina Faso. Cette association dont le leader, Daouda Diallo, vient de recevoir le prix Martin Ennals en Suisse, est réputée et reconnue pour le sérieux de ces informations. Le communiqué qu’elle a publié le 14 août est donc parfaitement crédible, il n’en est que plus douloureux.
Les exactions de l’armée …
Le CISC rapporte que depuis le 8 août dernier, dans la région du Centre-Nord de nombreux cas d’enlèvements suivis d’exécutions sommaires ont eu lieu. « Au total, plus de 40 corps ont été retrouvés plus tard le long de la route Taffogo – Bouroum entassés par lots de 10 ou de 05. » Selon les témoins, ces tueries ont été perpétrées par des Forces de Défense et de Sécurité, habillées de noir et cagoulées, elles étaient été dans leur tâches macabres par les désormais tristement célèbres volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces crimes ne sont pas isolés, ainsi le CISC a enregistré des faits similaires, les 2,4, et 11 août dans des villages de l’Est du pays.
Paul-Henri Damiba fragilisé
Toutes les victimes appartiennent à la communauté peule, stigmatisée et considérée comme « présumée terroriste ». Ces pratiques illégales de l’armée burkinabè assistée par la milice des Koglweogos ou des VDP étaient déjà en cours sous le président Marc Christian Roch Kaboré. Elles ont donné les résultats que l’on connaît bien désormais. Elles ont été le meilleur recruteur des groupes terroristes. Pour se sécuriser, sécuriser leurs familles, leurs villages, pour se venger, les jeunes peuls ont été grossir les rangs des djihadistes. Ainsi le Burkina Faso est entré dans une spirale infernale, toujours plus de Peuls dans les rangs des GAT, toujours plus de stigmatisation et d’exactions de la part de l’armée. Résultat, selon les autorités burkinabè, l’Etat ne contrôlerait plus que 45% de leur territoire, en réalité, c’est presque 70% du pays qui est livré à l’anarchie et à la violence. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, comment le président-colonel Damiba espère-t-il améliorer la situation sécuritaire ? Or, sans résultat, il a fort peu de chances de rester dans le fauteuil présidentiel pendant encore deux ans et demi, un temps que lui a gracieusement octroyés la CEDEAO. Les Burkinabè usés par six années de guerre reprendront la rue, le chef de l’Etat risque de subir le même sort que son mentor Blaise Compaoré.