Tunisie, les menaces judiciaires de Kaïs Saïed contre les députés

Le président de la République a qualifié, après sa décision de dissoudre le parlement, la dernière réunion du bureau de l’Assemblée de tentative de coup d’Etat. Lors de cette rencontre, les élus avaient appelé à une assemblée générale pour annuler les mesures prises depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kais Saied avait pris tout le pouvoir. « Tous ceux qui ont tenté ce coup d’Etat seront exclus des prochaines élections », a assuré le président tunisien.

Poursuites judiciaires

La ministre de la justice, Leila Jaffel, a demandé, ce mercredi 31 mars, au procureur général de la cour d’appel, d’ordonner au procureur du tribunal de première instance de Tunis, d’ouvrir une enquête judiciaire à l’encontre de tous les députés qui ont collaboré au complot contre la sûreté de l’Etat, en faisant référence là aussi à la dernière réunion du bureau de l’ARP;l’Assemblée nationale tunisienne.

Tel un étrangleur ottoman qui se débarrasse de ses victimes avec un lacet de soie avant de jeter les corps dans le Bosphore, le président Kais Saied détruit, par petites touches, l’ensemble de l’édifice institutionnel démocratique bâti par la société tunisienne après le départ forcé , le 14 janvier 2011, de l’ex dictateur, le général Ben Ali. Ce qui est troublant dans cette lente dérive vers un régime ultra autoritaire, c’est que la Présidence tunisienne, qui concentre tous les pouvoirs, ne dessine à aucun moment une vision solide pour un pays qui se trouve désormais au bord de l’effondrement économique.

C’est comme si le président tunisien, dans un cocktail inédit de coups d’éclat et d’inertie gouvernementale, était un dictateur à temps partiel, capable certes d’éradiquer toute forme d’opposition, mais sans parvenir pour autant à diriger effectivement un pays désormais à la dérive, sans gouvernement ni véritable capitaine.