Pour le président Aziz, le libyen Senoussi valait 123 millions d’euros

L’ancien chef du renseignement militaire du colonel Kadhafi, Abdallah Senoussi, dont le témoignage a été versé dans la procédure intentée par la justice française contre Nicolas Sarkozy, était livré en 2012 aux autorités libyennes par le président mauritanien Ould Abdel Aziz, moyennant un dessous de table de 123 millions d’euros. Révélations

Le docteur Fatma Al Hamouche, l’ancienne ministre libyenne de la santé sous le gouvernement intérimaire de 2011-2012, vient de publier dans le journal libyen almotwaset.com des documents inédits sur la procédure d’extradition en 2012 de l’ancien chef du renseignement militaire et cousin de Khadafi, Abdallah Senoussi. Rappelons que son témoignage a été largement commenté lors de l’audition de l’ancien chef d’Etat français, Nicolas Sarkozy, mis en cause pour le financement de sa campagne présidentielle de 2007.

Dans la reproduction de ces documents que nous avons traduits en français (voir ci contre), on voit que la transaction financière a été masquée sous couvert d’une demande d’extradition judiciaire signée le plus légalement du monde entre Maitre Abidine Ould El Khayr, le ministre de la Justice de la république Islamique de Mauritanie et Hmida Achour, le conseiller du ministre de la Justice de l’Etat libyen.

Des autorités mauritaniennes vénales

Ce que révèle l’ancien ministre de la santé sur ce même site en ligne, c’est que le chef du gouvernement libyen de l’époque, Abderrahim El Kip, a publiquement reconnu qu’un solide « bakchich » avait du être versé par la Libye aux autorités de Nouakchott pour obtenir cette extradition. Et peu importe que le président Aziz ait entretenu les meilleures relations avec le régime du chef de la Jamariya, le coloneil Kadhafi! Les temps changent, les autorités mauritaniennes renversent leurs alliances d’hier.

Au Congrès Général Libyen qui fait autorité en Libye en 2012 , le Premier ministre avait à l’époque été parfaitement explicite face à un député, Oumar Hemidane, représentant la ville de Zleitine et futur porte parole du gouvernement qui s’étonnait du montant de la transaction secrète- soit 200 millions de dinars libyens (123 millions d’euros). « Oui j’ai payé 200 millions de dinars libyens pour obtenir l’extradition d’Abdallah Senoussi, avait répondu Abderrahim El Kip, oui, j’ai payé et j’étais prêt à payer plus. J’étais prèt à cooecter cette somme auprès d’hommes d’affaires libyens, moi en premier lieu, car je connais qui est Abdallah Senoussi, et je mesure à sa juste valeur le poids du danger qu’l représente pour la sécurité et la stabilité de la Libye ».

Ces échanges ont été intégralement transcrits dans un livre paru en septembre 2016, « Des secrets sous le Dôme du Parlement », signé par un parlementaire du nom d’Abdel Fettah Chelewi.

Ces fonds n’ont jamais figuré dans le budget mauritanien. Certains parlementaires porches du pouvoir ont évoqué à l’époque des « dons » offerts par la Libye pour aider l’économie mauritanienne. Sans plus de précisions…

 

 

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

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