Dans les rangs du PJD, le mouvement islamiste qui possède aujourd’hui le plus grand nombre d’élus au Parlement marocain, les chicayas se multiplient entre des clans antagonistes. Un article de nos amis du site « Maghreb Intelligence »
Ancien secrétaire général de le Jeunesse du PJD (Parti de la Justice et du Développement), trois fois député et deux fois ministre, Aziz Rebbah ne compte pas en rester là. Depuis qu’il a rompu avec son mentor et ami de longue date Abdelilah Benkirane, l’ancien chef du gouvernement resté le patron des islamistes, l’actuel ministre de l’Energie et des mines ne pense qu’à une seule chose : le remplacer au poste de secrétaire général du PJD. Pour y arriver, une seule solution s’offre à lui, à savoir tuer le père. Aziz Rebbah s’y emploie avec application depuis plusieurs années déjà, avec pour seul objectif de prendre le contrôle du parti islamiste et en faire le parti favori de l’Etat, en éliminant politiquement un Abdelilah Benkirane devenu encombrant et en rupture de ban avec les hautes autorités du pays.
« Il a aujourd’hui le vent en poupe et semble avoir obtenu la confiance de plusieurs personnalités influentes », affirme un membre du secrétariat général du PJD à propos d’Aziz Rebbah. « Il ne veut pas d’un affrontement avec l’Etat qui pourrait nuire au parti et à ses acquis. Il n’en voit pas l’utilité, puisque le PJD garde le gouvernement, le rang de premier parti du royaume et la majorité des grandes villes », poursuit cette même source. Pourquoi venir alors importuner le roi et ses conseillers et mettre de la tension là où il ne faut pas, se demandent les soutiens de l’actuel ministre de l’Energie et des mines.
Vers l’apaisement avec le pouvoir?
Ils sont en effet nombreux les cadres du parti à désapprouver la stratégie de la confrontation choisie par Abdelilah Benkirane. Une nouvelle génération de militants islamistes qui aspirent à des relations apaisées avec le pouvoir, que ce soit au niveau central ou régional. Si Aziz Rebbah a l’appui du Makhzen et de bon nombre de cadres du PJD disposés à le suivre, il a toutefois quelques soucis à se faire. Abdelilah Benkirane et ses amis sont décidés à livrer bataille jusqu’au bout, et voient dans « l’option Rebbah », une sortie de route qui risque de banaliser leur formation politique et de la dénaturer, ce qui pourrait condamner le PJD à un avenir semblable à celui de l’Istiqlal ou de l’USFP.
Autre source d’inquiétude pour Rebbah, la méfiance à son égard de l’actuel chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, ainsi que la direction du Mouvement pour l’unicité et la réforme (MUR). Saâdeddine El Othmani, qui a succédé à Benkirane voici six mois, n’a en effet jamais porté Aziz Rebbah dans son coeur, il n’apprécie ni sa soif de pouvoir ni les relations qu’il entretient avec certaines personnalités très haut placées.
Mustapha Ramid à la rescousse
Mais le maire de Kénitra a un atout majeur en la personne de Mustapha Ramid devenu l’un de ses grands alliés. Les deux hommes se parlent souvent et coordonnent leurs sorties. Un ticket aussi bien improbable qu’explosif, mais qui paraît le seul à même de « déraciner » du PJD un Benkirane au faîte de sa popularité au sein de la base du parti islamiste.