Fête de la Musique 2025 : Oumou Sagaré fait vibrer la Seine-Saint-Denis

Le 21 juin, Saint-Denis et Pierrefitte accueilleront deux figures majeures des musiques africaines : Oumou Sangaré et Jessy Matador. Entre traditions mandingues et rythmes urbains, la banlieue parisienne se transformera en scène d’Afrique plurielle et populaire.

La Fête de la Musique est, chaque année, une promesse de chaos joyeux, de concerts en plein air, de danses improvisées et de brassages inattendus. Mais à Saint-Denis et à Pierrefitte-sur-Seine, ce 21 juin 2025, la fête prendra des accents puissamment africains. Deux artistes majeurs y sont attendus : la grande Oumou Sangaré, surnommée la « diva du Wassoulou », et Jessy Matador, ambassadeur de l’afro-pop urbaine aux sonorités congolaises. Deux figures radicalement différentes, mais unies par un même désir : faire danser, faire penser, faire communauté.

À Saint-Denis, sur le parvis de la Basilique, les premiers spectateurs s’installeront bien avant le début du concert. Certains viendront pour la musique, d’autres pour la rencontre. Car voir Oumou Sangaré en live, dans un cadre aussi symbolique, relèvera du privilège rare. La chanteuse malienne, prix UNESCO de la musique en 2001 et militante infatigable pour les droits des femmes, offrira un concert tissé de griotisme moderne et d’engagement. Ses chansons, comme « Seya » ou « Moussolou », feront frissonner les spectateurs et résonneront comme autant de manifestes contre le silence et l’effacement des femmes. Et dans le public, nombreux seront ceux qui en connaissent déjà les paroles par cœur.

Mais la musique d’Oumou Sangaré ne se résume pas à une cause. Elle est une fête, une transe, une élégance. Son orchestre, composé de jeunes musiciens maliens mêlant kora, balafon et basse électrique, emportera la foule dans un tourbillon de rythmes traditionnels et d’arrangements contemporains. Le set s’achèvera par un hommage vibrant à toutes les « mères d’Afrique », tandis que le ciel dionysien s’illuminera lentement de lueurs estivales.

« Décalé Gwada », « Mini Kawoulé »

À quelques kilomètres de là, à Pierrefitte-sur-Seine, changement de décor mais même ferveur. Sur une grande scène montée pour l’occasion près de la mairie, Jessy Matador enchaînera les tubes avec une énergie débordante. « Décalé Gwada », « Mini Kawoulé », « Allez Ola Olé » : la foule, attendue en majorité jeune, chantera à l’unisson, smartphones en main, corps en mouvement.

Artiste à la croisée du zouk, du coupé-décalé et du dancehall, Matador fera de sa prestation un véritable show populaire. Derrière les refrains festifs et les pas de danse syncopés, c’est une certaine idée de la banlieue qui s’exprimera : fière, diverse, bruyante, vivante.

Ce que cette soirée promet de démontrer, c’est que la Fête de la Musique peut encore être autre chose qu’un brouhaha de rue. Elle peut devenir un espace de transmission, de mémoire, et de reconnaissance. À Saint-Denis, les discours féministes d’Oumou Sangaré trouveront un écho immédiat dans les luttes locales pour l’émancipation, l’égalité et la visibilité. À Pierrefitte, les vibrations afro-caribéennes confirmeront que la banlieue est aujourd’hui l’un des épicentres des cultures africaines en France.

Il faut saluer aussi l’audace des programmateurs et le soutien des municipalités. Dans un contexte de repli identitaire et de crispation sur les questions migratoires, proposer une scène 100 % africaine un soir de fête nationale musicale relève d’un acte politique. C’est rappeler que la France, et tout particulièrement la Seine-Saint-Denis, est un creuset culturel, un territoire d’hybridations fertiles, un espace où la musique n’est pas une décoration, mais une langue commune.

Le public ne s’y trompera pas. Intergénérationnel, multiculturel, attentif et enthousiaste, il répondra présent à ces deux rendez-vous. Il y aura là des familles, des étudiants, des enfants, des anciens – tous venus écouter, danser, et surtout partager. L’Afrique ne sera pas une « invitation » dans cette édition : elle en sera l’hôte principal, l’âme battante, la cadence collective. Il ne s’agira pas d’une simple présence symbolique, mais d’une réalité sonore, incarnée, populaire.

En ce 21 juin, la Seine-Saint-Denis deviendra le théâtre d’une célébration africaine qui ira bien au-delà de la musique. Elle dira l’enracinement des diasporas, la richesse des circulations culturelles, et l’irrépressible vitalité des voix du Sud. À travers Oumou Sangaré et Jessy Matador, c’est toute une mémoire vivante, toute une puissance créative qui s’exprimera. Et dans une époque saturée de bruit, ces voix-là porteront loin. Très loin.

Informations pratiques :

Lieu : Saint-Denis (parvis de la Basilique) et Pierrefitte-sur-Seine (devant la mairie)
Date : samedi 21 juin 2025
Entrée : gratuite
Programmation africaine :
– Oumou Sangaré à Saint-Denis, 19h
– Jessy Matador à Pierrefitte, 20h30
Organisateurs : villes de Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine, en partenariat avec le ministère de la Culture
Accès : RER D ou ligne 13, stations Basilique ou Pierrefitte-Stains