Le Maroc, pierre angulaire de la politique de Trump en Afrique et en Europe

La nouvelle administration américaine a envoyé un message codé au Maroc. L’aide publique au développement et les actions de l’USAID en particulier voient le Maroc traité comme la plupart des autres pays de la planète. Mais la coopération militaire n’est en rien interrompue et se voit au contraire accélérée.

Mohammed El Abbouch

Plusieurs facteurs expliquent cet investissement en équipements et formation pour la guerre alors que les Etats-Unis ont freiné leur appui à l’Ukraine et aux alliés européens de l’OTAN.

En premier lieu le nouveau président américain est un vieil ami de la maison royale chérifienne. Donald Trump, désormais surnommé Trump II se voit dynastique comme son ancien ami Feu Hassan II roi du Maroc qui accueillait en 1992 le jeune américain qui deviendra 33 ans après le 47° Président des ÉtatsUnis d’Amérique. Ainsi dès le 5 mars 2025, le Général d’Armée Michael Langley, Commandant du Commandement américain pour l’Afrique US AFRICOM s’est déplacé au Maroc pour célébrer un événement spécial dans la zone sud de la méditerranée. La cérémonie s’est tenue à la 1ère Base aérienne des Forces Royales Air (BAFRA) à Salé non loin de Rabat, la capitale ; là où s’est opérée la livraison officielle du premier lot composé de 6 hélicoptères d’attaque Apache AH-64E sur une commande de 36 appareils. La chargée d’Affaires de l’Ambassade des États-Unis au Maroc, Aimée Cutrona se trouvaitaux cotés de Michael Langley qui a souligné l’impact de cette livraison sur la structure de défense du Maroc. « Avec l’acquisition de ces hélicoptères « Apache », le Maroc fait un grand bond en avant en termes de capacités, renforçant ainsi sa sécurité et sa position stratégique dans la région », a-t-il déclaré, rappelant le rôle clé de Rabat en tant qu’important allié non-membrede l’OTAN des États-Unis.

Les médias espagnols ( voir EL INDEPIENDENTE du 06/03 et LA RAZON du07/03) proches de l’armée espagnole et des milieux conservateurs, ont vite marqué le coup considérant qu’il s’agit là d’un défi stratégique pour l’Espagne car l’acquisition des Apache AH-64E par le Maroc souligne le « talon d’Achille » de l’Espagne qui est celui de son déficit d’hélicoptères.

Pour sa part, le Général de Corps d’Armée Mohammed Berrid, Inspecteur Général des Forces Armées Royales et Commandant de la Zone Sud, a préparé d’avance sa réponse à toutes les critiques en soulignant le jour de la cérémonie tenue à Salé que  « La livraison officielle du premier lot d’hélicoptères d’attaque Apache AH-64 marque une avancée majeure dans le renforcement du partenariat stratégique et de la coopération militaire solide entre le Royaume du Maroc et les États-Unis d’Amérique ».Pour tranquilliser lesinquiétudes éventuelles et clarifier la primauté de la coopération espritsmalveillants, il ajoute que l’acquisition de ces hélicoptères est une «nouvelle pierre ajoutée à l’édifice de nos relations solides et profondément enracinées ».

L’Africom à Kenitra

De plus , le 1 février 2025 , le journal espagnol LA RAZON a révélait que les États-Unis, dans le cadre du renforcement des relations avec le Maroc sous la présidence de Donald Trump, le commandement de l’AFRICOM, de Stuttgart, en Allemagne, pourrait être transféré dans la ville de Kénitra, au Maroc..

Les militaires américains ont en tous cas étudié la question sur le terrain. À l’époque, il était question de la base de Rota, en Espagne, mais cette possibilité a perdu de son attrait avec la nouvelle administration américaine.

Rappelons que Le Maroc accueille régulièrement des exercices militaires conjoints, tels que « African Lion», l’une des plus importantes manœuvresmilitaires du continent, sous la houlette des armées américaines et marocaines coorganisatrices.

Le siège de la zone Sud des Forces Armées Royales ( FAR) du Maroc à Agadir a abrité du 24 au 28 février la réunion finale de planification de la 21ème édition de l’exercice militaire « African Lion 2025 », prévue du 12 au 23 mai, se déroulera à Agadir, Tan-Tan, Tiznit, Kénitra, Benguerir et Tifnit.

Une pointure comme ambassadeur américain 

Par ailleurs, le magazine Politico, bien informé tient que John Peter Pham serait candidat pour devenir le prochain envoyé des États-Unis en Afrique de la nouvelle administration du président Donald Trump. Si la nomination de l’ambassadeur M. John Peter Pham au poste stratégique de Secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique, se confirmait, elle pourrait marquer un tournant géopolitique dans l’approche américaine, non seulement du dossier africain,mais également celui du flanc sud de l’Europe. M. Pham est connu pour sa connaissance approfondie de cet espace à risques multiples et pour son soutien indéfectible au Maroc.

Le samedi 8mars,mars 2025, Donald Trump a annoncé, sur son réseau social privilégié , Truth Social, la nomination de Mr. Duke Buchan III au poste d’ambassadeur des États-Unis auprès du Royaume du Maroc. C’est une personnalité d’une loyauté remarquable à Trump , président des finances du comité national républicain , ambassadeur des États-Unis en Espagne et en Andorre, entre 2017 et 2021, qui va observer minutieusement l’attitude du Sud européen envers le pays africain le plus proche.  

Est-ce un simple hasard ou une opération diplomatico-politique américainequi aligne en ce début d’année tant d’éléments où le Maroc rivalise avec l’Europe et s’affirme comme la partenaire stratégique d’un retour de Washington dans cette partie du monde qui jouxte Méditerranée, Atlantique et bande sahélo-saharienne.