Du Festival des cinémas africains dans la Sarthe (France) célébrant une décennie de récits engagés, au concert enflammé de Morijah à Abidjan, en passant par l’exposition mémorielle « Le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale » à Cologne et l’énergie créative de Wakaliwood, le cinéma indépendant ougandais qui défie les codes, notre sélection met en lumière la vitalité des expressions artistiques africaines à travers le monde.
Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique
« Le Festival des cinémas africains 2025 » : dix ans de récits engagés
Du 5 au 18 mars 2025, La Flèche dans la Sarthe (France) accueille la 10ᵉ édition du Festival des cinémas africains, célébrant la richesse et la diversité des récits du continent. Avec huit films porteurs de regards puissants, des débats et des rencontres, l’événement promet une immersion profonde dans le cinéma africain contemporain.
Depuis une décennie, le Festival des cinémas africains de La Flèche met en avant des œuvres venues de tout le continent, bousculant les représentations souvent réductrices de l’Afrique. Organisé par l’association Monde Solidaire, il s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles et passionnés de cultures africaines. À travers une programmation exigeante et engagée, il donne la parole aux cinéastes qui racontent leur monde avec force, nuance et authenticité.
L’édition 2025 propose huit films abordant des thématiques sociales, politiques et culturelles essentielles. Parmi eux, Mami Wata (Nigéria), projeté les 7 et 12 mars, revisite avec une intensité visuelle hypnotique le choc entre tradition et modernité dans un village ouest-africain. Réalisé en noir et blanc par C.J. Obasi, ce film mystique plonge le spectateur dans un univers où les croyances ancestrales se heurtent aux bouleversements du présent.
Le 14 mars, Le village aux portes du paradis, de Mo Harawe, transporte le public en Somalie, où une famille tente de survivre entre guerre civile et catastrophes naturelles. Ce drame, à la fois intime et universel, capte avec une sensibilité rare la résilience d’un peuple confronté à l’adversité. D’autres œuvres viendront enrichir cette sélection, notamment Fahavalo (Madagascar), qui revient sur les insurrections de 1947 contre la colonisation française, ou encore Résistances (Niger/Égypte/Sénégal/Éthiopie), un documentaire croisant plusieurs trajectoires de lutte et d’émancipation.
Les jeunes spectateurs au rendez vous
Le festival ne se limite pas aux projections. Il s’ouvre aussi aux jeunes spectateurs avec une matinée gratuite destinée aux enfants, prévue le 15 mars à 10h, proposant des films d’animation inspirés des contes africains. Une exposition parallèle présentera des œuvres réalisées par des écoliers locaux, témoignant de leur vision artistique de l’Afrique. Cette approche pédagogique, au cœur du festival, invite à déconstruire les stéréotypes et à découvrir le continent autrement que par le prisme de l’exotisme ou de la misère.
Le Festival des cinémas africains est avant tout un espace d’échange et de réflexion. En donnant une visibilité essentielle aux réalisateurs africains, souvent sous-représentés sur la scène internationale, il contribue activement à la diffusion de ces œuvres auprès d’un public plus large. Chaque projection devient une opportunité de débattre, de partager et de confronter des points de vue, faisant du festival bien plus qu’un simple événement cinématographique : un véritable acte culturel et politique.
L’édition 2025 s’achèvera le 18 mars avec l’annonce du prix du public, une reconnaissance symbolique qui souligne le rôle des spectateurs dans le succès de ces films.
Morijah en concert au Parc des Expositions à Abidjan le 8 mars
Le 8 mars 2025, Morijah, étoile montante du gospel ivoirien, investit le Parc des Expositions d’Abidjan pour un concert exceptionnel. Portée par des titres à succès comme Allô Allô et Mon Ami, elle promet un moment inoubliable où musique et spiritualité se rejoindront dans une communion intense avec son public.
Le gospel ivoirien connaît un essor sans précédent, et Morijah en est l’une des figures les plus marquantes. Avec une voix à la fois puissante et empreinte d’émotion, elle a su conquérir des milliers de fans bien au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire. Son style unique, mêlant gospel, sonorités afro et influences urbaines, fait d’elle une artiste à part, capable d’émouvoir autant que d’enthousiasmer. Son concert à Abidjan s’annonce comme un événement d’ampleur.
Son ascension fulgurante repose sur un talent brut et un message universel. Depuis ses débuts, Morijah ne cesse de toucher les cœurs à travers des chansons qui transcendent les générations et les croyances. Son premier grand succès, Allô Allô, a marqué un tournant dans sa carrière, imposant son nom parmi les plus grandes voix du gospel africain. Avec des titres comme Shilo et Mon Ami, elle continue de bâtir un répertoire qui mêle profondeur spirituelle et mélodies captivantes. Son authenticité et son engagement font d’elle bien plus qu’une simple chanteuse : elle est une voix qui porte un message d’espoir et de persévérance.
L’annonce de ce concert a déclenché un véritable engouement. Se produire au Parc des Expositions d’Abidjan, une scène emblématique qui a accueilli les plus grands, est une consécration pour Morijah et un symbole de l’ampleur qu’a pris son parcours. Le choix de la date du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, n’est pas anodin : l’artiste incarne une figure d’inspiration pour de nombreuses jeunes femmes, prouvant que talent et détermination peuvent mener au sommet.
Avec une scénographie soignée, une équipe de musiciens talentueux et une setlist où alterneront louanges envoûtantes et refrains fédérateurs, Morijah entend offrir une soirée mémorable.
Les billets, disponibles à partir de 5 000 F CFA, se vendent déjà à un rythme soutenu, et les organisateurs s’attendent à un guichet fermé bien avant la date du concert. Grâce à la plateforme Tikerama, les fans peuvent réserver leurs places en quelques clics, garantissant ainsi leur présence à cet événement unique.
Au-delà de la musique, ce concert sera une déclaration de gratitude de Morijah envers son public, une occasion de partager son parcours et de témoigner de son engagement. Des surprises sont à prévoir, des collaborations inédites aux moments d’échanges intimes avec le public.
Morijah, par sa voix et sa foi, est en train d’écrire une nouvelle page du gospel africain. Ce concert à Abidjan marque une étape majeure dans sa carrière.
Le 8 mars 2025, le Parc des Expositions résonnera au son de sa musique, et son public repartira transformé, le cœur empli d’énergie et de lumière.
« Le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale », une mémoire oubliée honorée à Cologne
Du 8 mars au 1er juin 2025, le Centre de documentation sur le national-socialisme de Cologne braque les projecteurs sur un pan trop souvent éclipsé de l’histoire avec l’exposition « le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale ». Dans le cadre de l’africologneFESTIVAL, cette initiative sera accompagnée d’une performance de danse-théâtre qui résonne comme un hommage aux oubliés du conflit.
La Seconde Guerre mondiale est généralement racontée à travers le prisme des grandes puissances, des batailles décisives et des figures emblématiques. Pourtant, derrière ces récits dominants, des millions d’hommes et de femmes issus des colonies d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes ont joué un rôle essentiel dans l’effort de guerre. Soldats enrôlés, travailleurs forcés, résistants ou populations civiles victimes de l’occupation, ils ont payé un lourd tribut à un conflit qui n’était pas le leur, souvent sans que leur engagement ne soit pleinement reconnu.
L’exposition « le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale », organisée par le NS-Dokumentationszentrum, ambitionne de réparer cet oubli en mettant en lumière leur contribution et les conséquences du conflit sur les territoires colonisés. À travers des documents d’archives, des témoignages poignants et des objets d’époque, elle restitue la réalité de ces combattants et civils mobilisés au service des puissances européennes.
Des champs de bataille d’Afrique du Nord aux théâtres d’opérations en Europe, des régiments de tirailleurs sénégalais aux forces indiennes engagées contre le Japon, des milliers d’hommes ont combattu dans des conditions extrêmes. Beaucoup ont été poussés à s’engager sous la contrainte ou par des promesses jamais tenues. À la fin de la guerre, nombre d’entre eux ont été abandonnés, laissés sans reconnaissance ni compensation par les pays qu’ils avaient défendus.
Mais la guerre ne s’est pas limitée aux combats. Dans les colonies, l’effort de guerre s’est traduit par le pillage des ressources, la répression de mouvements indépendantistes naissants et des famines meurtrières. Si la victoire des Alliés a marqué la fin du conflit, elle a aussi accéléré la prise de conscience des peuples colonisés, nourrissant les revendications d’émancipation qui éclateront après 1945.
Pour prolonger cette exploration historique, la performance « à nos morts / les libérateurs oubliés », programmée les 28 et 29 mai 2025 au Bürgerzentrum Nippes – Altenberger Hof, viendra donner corps et voix à ces combattants invisibilisés. Mêlant danse hip-hop et théâtre, cette création exprime par le mouvement la douleur, le courage et les espoirs de ces soldats et travailleurs coloniaux plongés dans un conflit qui ne leur a laissé que peu de place.
Cette performance, portée par des artistes engagés, réinvestit l’histoire sous une forme émotionnelle et universelle. À travers la musique, la narration et l’énergie de la danse, elle interroge également les inégalités et le racisme structurel dont ces combattants ont été victimes. Considérés comme des soldats de seconde classe, souvent mal équipés et sous-payés, ils ont subi une double peine : celle du front et celle de l’oubli.
Ces événements s’inscrivent dans la programmation de l’africologneFESTIVAL, qui se tiendra du 11 au 22 juin 2025. Ce festival, dédié aux arts et aux cultures africaines, propose spectacles, conférences et performances pour interroger les liens entre l’Europe et l’Afrique à travers une approche artistique et historique.
En réhabilitant ces récits occultés, « Le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale » et « À nos morts / Les libérateurs oubliés » rappellent que la mémoire du conflit ne saurait être complète sans l’inclusion de ceux qui ont combattu dans l’ombre. Alors que les débats sur la reconnaissance des anciens combattants coloniaux se multiplient, ces initiatives apportent un éclairage essentiel sur un passé qui façonne encore les luttes d’aujourd’hui.
Pour ceux qui souhaitent approfondir ces thématiques, le site officiel de l’africologneFESTIVAL propose un programme détaillé et des ressources complémentaires. Ce printemps 2025 à Cologne sera ainsi marqué par une plongée dans une mémoire trop longtemps marginalisée, mais dont la transmission est indispensable pour construire une histoire partagée.
« L’histoire de Souleymane », un film coup de poing sur l’exil et la survie
Présenté à Cannes en 2024 et couronné aux César 2025, L’histoire de Souleymane de Boris Lojkine plonge au cœur du quotidien d’un migrant sans papiers à Paris. Entre réalisme brut, tension dramatique et performance bouleversante d’Abou Sangaré, cette œuvre coup de poing s’impose comme un moment de cinéma essentiel.
Dans le paysage contemporain, rares sont les films qui capturent avec autant de justesse une réalité souvent reléguée à la marge. L’histoire de Souleymane, réalisé par Boris Lojkine, appartient à cette catégorie d’œuvres qui marquent les esprits et bousculent les consciences. Ce drame social suit Souleymane, un jeune Guinéen sans papiers travaillant comme livreur à vélo dans Paris. Alors qu’il tente de survivre dans une ville où chaque jour est une épreuve, il dispose de 48 heures pour préparer un entretien crucial avec l’OFPRA, l’instance qui décidera de son avenir. Ce compte à rebours haletant, filmé avec une intensité quasi-documentaire, plonge le spectateur dans une immersion saisissante au cœur du parcours de ceux que l’on croise sans voir.
Dès sa présentation à Cannes 2024, dans la section Un Certain Regard, le film s’est imposé comme l’un des plus percutants de la sélection. La mise en scène de Boris Lojkine, qui avait déjà exploré des thématiques similaires avec Camille (2019), s’appuie sur un réalisme brut, une caméra au plus près des visages, captant l’épuisement, la peur et l’espoir de son protagoniste. Abou Sangaré, incandescent dans son premier rôle au cinéma, livre une interprétation sidérante qui lui vaut le Prix du Jury et le Prix d’interprétation masculine.
Ce succès s’est confirmé aux César 2025, où le film, nommé dans huit catégories, décroche quatre prix majeurs : Meilleur espoir masculin pour Abou Sangaré, Meilleur acteur dans un second rôle pour Nina Meurisse, Meilleur scénario original pour Boris Lojkine et Delphine Agut, et Meilleur montage pour Xavier Sirven. Une consécration pour une œuvre qui dépasse le cadre du cinéma pour interroger le regard porté sur les migrants et les travailleurs précaires.
L’un des points forts de L’histoire de Souleymane réside dans sa capacité à éviter tout misérabilisme ou caricature. Lojkine ne moralise jamais, ne cherche pas à faire de son personnage une figure sacrificielle. Il capte au contraire avec une justesse saisissante la brutalité d’un quotidien invisible, entre course contre la montre pour les livraisons, précarité extrême, humiliations ordinaires et indifférence généralisée. La bureaucratie kafkaïenne à laquelle il est confronté est mise en lumière dans une scène suffocante : le face-à-face avec la fonctionnaire de l’OFPRA, interprétée par Nina Meurisse. Pendant 45 minutes, chaque mot, chaque silence de Souleymane peut sceller son destin.
Abou Sangaré, dont le parcours personnel résonne avec celui de son personnage, livre une performance d’une intensité rare. Son regard, son corps marqué par la fatigue et ses silences en disent souvent plus que n’importe quel dialogue. Son César du meilleur espoir masculin salue non seulement un talent brut, mais aussi une incarnation poignante d’une réalité encore trop peu montrée à l’écran.
Si L’histoire de Souleymane frappe si fort, c’est aussi parce qu’il s’inscrit dans une actualité brûlante. Alors que l’immigration est au cœur des débats politiques en France et en Europe, que les migrants sont réduits à des statistiques ou à des discours populistes, ce film rappelle avec force qu’il s’agit avant tout d’histoires humaines. Il donne un visage, une voix et une dignité à ceux que l’on laisse trop souvent dans l’ombre.
Le film entre également en résonance avec les récentes mobilisations des livreurs précaires, exploités par les plateformes numériques dans des conditions inhumaines. En choisissant comme protagoniste un de ces travailleurs invisibles, Lojkine va au-delà du seul récit migratoire pour questionner les inégalités sociales et économiques qui structurent nos sociétés.
Désormais disponible en streaming sur Apple TV, FILMO, UniversCiné et Amazon Video, L’histoire de Souleymane continue d’élargir son audience bien au-delà des salles obscures.
Par sa force documentaire et son intensité dramatique, Boris Lojkine signe une œuvre magistrale, portée par un Abou Sangaré inoubliable.
Wakaliwood, l’incroyable studio ougandais qui réinvente le cinéma d’action
Dans un bidonville de Kampala, un studio de fortune bouscule toutes les normes du cinéma. Avec des budgets dérisoires mais une créativité débordante, Wakaliwood s’est imposé comme un phénomène mondial, prouvant que la passion et l’ingéniosité peuvent surpasser les moyens financiers.
À première vue, Wakaliga, un quartier populaire de Kampala, n’a rien d’un haut lieu du septième art. Pourtant, c’est ici qu’est né Wakaliwood, un studio de films d’action ultra-fauchés, fondé en 2005 par Isaac Nabwana, cinéaste autodidacte. Sans grands moyens mais avec une imagination sans limite, Wakaliwood a su capter l’attention des amateurs de cinéma du monde entier, imposant son style unique, entre action survoltée, humour décalé et effets spéciaux faits maison.
L’essence de Wakaliwood repose sur une approche artisanale et décomplexée du cinéma. Ici, pas de gros studios ni de CGI sophistiqués. Tout est bricolé sur place : les armes sont taillées dans du bois et du métal de récupération, les explosions sont simulées avec de la farine, et les caméras elles-mêmes sont souvent montées à partir de pièces détachées. Mais loin d’être un handicap, cette approche radicale donne aux films de Wakaliwood une identité visuelle et narrative unique, où chaque plan respire l’énergie et la débrouillardise.
C’est Who Killed Captain Alex?, sorti en 2010, qui a propulsé Wakaliwood sur le devant de la scène. Ce film d’action délirant, réalisé avec un budget de 200 dollars, est devenu viral sur internet grâce à son esthétique improbable et son rythme effréné. Mélange explosif de kung-fu, de fusillades exagérées et de répliques cultes, il incarne parfaitement l’esprit Wakaliwood : faire beaucoup avec très peu, et surtout s’amuser.
Mais ce qui distingue Wakaliwood, c’est avant tout son ingéniosité. Là où d’autres voient des limites, Isaac Nabwana voit des opportunités. Il détourne les contraintes budgétaires pour créer un cinéma où l’exagération devient un style, où l’absence de moyens se transforme en force créative. Cette philosophie do-it-yourself est devenue l’ADN du studio, séduisant des milliers de spectateurs à travers le monde.
Wakaliwood, c’est aussi une aventure humaine et collective. Les acteurs, techniciens et figurants sont des habitants de Wakaliga, un quartier où le cinéma a apporté un souffle d’espoir et une opportunité de s’exprimer. Des jeunes, qui n’auraient jamais imaginé jouer dans un film, se retrouvent à incarner des héros d’action, découvrant un univers qui leur était jusque-là inaccessible.
Le succès international du studio doit beaucoup à Alan Hofmanis, un programmateur de festivals new-yorkais tombé sous le charme de Who Killed Captain Alex?. Fasciné par l’audace du projet, il quitte tout pour s’installer en Ouganda et aider Isaac Nabwana à faire connaître son travail. Grâce à lui, Wakaliwood commence à tourner dans les festivals internationaux, attirant l’attention des médias et du public hors d’Afrique.
Très vite, la fièvre Wakaliwood gagne le monde entier. Bad Black, sorti en 2016, remporte le Prix du public au « Fantastic Fest » au Texas. Ce film, qui mêle action et satire sociale, met en scène une femme issue des bas-fonds de Kampala devenant une impitoyable justicière. Avec ses fusillades absurdes, son doublage explosif et son énergie brute, il confirme l’identité unique du studio.
Mais au-delà du buzz, Wakaliwood incarne une révolution du cinéma africain. À mille lieues des standards formatés, il propose une alternative authentique, inspirée des réalités locales et affranchie des règles de l’industrie classique. Isaac Nabwana ne cherche pas à imiter Hollywood, il invente son propre Hollywood.
Et l’impact dépasse largement le cadre du divertissement. Wakaliwood prouve qu’il est possible de faire du cinéma avec peu de moyens mais beaucoup de passion.
Avec l’essor du numérique et des plateformes de streaming, l’avenir du studio semble prometteur. Ses films continuent d’attirer des fans à travers le monde, et Isaac Nabwana explore de nouvelles collaborations internationales. Son rêve ultime ? Tourner un film avec un budget plus conséquent, sans perdre l’essence même de Wakaliwood : un cinéma libre, spontané, et fait avec le cœur.
Rita Alaoui explore la nature et l’humain à Marrakech
Jusqu’au 15 mars 2025, la Galerie Siniya28 à Marrakech accueille The Water Under My Skin, exposition de Rita Alaoui. L’artiste marocaine interroge la relation entre l’homme et la nature à travers des œuvres alliant peinture, végétation et empreintes humaines.
Dans le paysage artistique contemporain, certaines œuvres transcendent la simple contemplation esthétique pour nous plonger dans une réflexion profonde sur notre place dans le monde. C’est exactement ce que propose Rita Alaoui avec son exposition « The Water Under My Skin », présentée à la Galerie Siniya28 à Marrakech jusqu’au 15 mars 2025. Cette exposition, qui coïncide avec la 1-54 Marrakech Art Fair, s’inscrit dans une démarche à la fois écologique et philosophique, où l’eau, la terre et l’humain cohabitent dans une tension permanente.
Née au Maroc, Rita Alaoui s’est imposée comme une artiste incontournable de la scène contemporaine grâce à son travail subtil et métaphorique. À travers « The Water Under My Skin », elle explore l’interconnexion entre les mondes naturels et artificiels, invitant le spectateur à un voyage sensoriel et introspectif. Cette nouvelle exposition se compose de deux séries d’œuvres, chacune offrant une approche unique de cette thématique centrale.
La première série présente des peintures de paysages oniriques, où l’eau et la terre semblent fusionner dans un équilibre fragile. Ces œuvres, à la fois abstraites et évocatrices, montrent des environnements où les traces humaines apparaissent sous forme d’éléments effacés : terrains de tennis à moitié submergés, objets abandonnés, silhouettes évanescentes. Par ce jeu d’apparition et de disparition, Alaoui pose une question essentielle : quelle empreinte l’homme laisse-t-il réellement sur son environnement ? Ce dialogue entre la nature et l’empreinte humaine est omniprésent, rappelant que nous sommes à la fois acteurs et spectateurs des transformations du monde qui nous entoure.
La seconde série est constituée de grandes peintures sur papier réalisées à base de henné naturel. Ces œuvres délicates et organiques mettent en avant des fleurs en pleine éclosion, symboles de renouveau et de résilience. En utilisant le henné, une matière profondément enracinée dans les traditions culturelles marocaines, l’artiste ancre son travail dans une dimension à la fois intime et universelle. Le végétal devient ici le reflet du vivant, illustrant à la fois la fragilité et la force de la nature face aux mutations du temps.
L’exposition « The Water Under My Skin » propose une immersion sensorielle, où le spectateur est invité à ressentir la matière, la texture et la fluidité de chaque œuvre. Les jeux de couleurs et de transparence évoquent l’eau comme un élément vital mais menacé, soulignant la nécessité d’un équilibre entre l’homme et son environnement. L’eau, omniprésente dans l’œuvre d’Alaoui, est ici perçue comme un symbole de mémoire et de transformation, à la fois fluide et insaisissable.
Si Rita Alaoui parvient à captiver, c’est aussi grâce à sa capacité à mêler esthétique et engagement. Derrière la beauté de ses compositions, se cache un questionnement écologique et philosophique sur le devenir de notre planète. Comment préserver notre environnement tout en cohabitant avec lui ? Comment maintenir un lien authentique avec la nature à une époque où la modernité tend à nous en éloigner ? Ses peintures, loin d’apporter des réponses définitives, ouvrent des pistes de réflexion qui résonnent avec les préoccupations contemporaines.
L’exposition prend tout son sens dans le contexte de Marrakech, ville où la relation à l’eau est profondément ancrée dans l’histoire et l’architecture. Dans ce cadre, « The Water Under My Skin » s’inscrit comme une résonance poétique avec le paysage marocain, où l’eau est une ressource précieuse, un élément de vie et un vecteur de mémoire.
Pour les amateurs d’art contemporain et les passionnés de réflexions écologiques, cette exposition est une expérience incontournable. Elle permet d’explorer, à travers les yeux de Rita Alaoui, un monde où l’eau, la terre et l’homme se croisent dans une danse subtile et fragile. En mêlant matières naturelles et représentations abstraites, l’artiste offre une vision où l’impermanence et la transformation deviennent les fils conducteurs de notre existence.
Disponible jusqu’au 15 mars 2025 à la Galerie Siniya28, l’exposition « The Water Under My Skin » est une occasion rare de découvrir une artiste dont l’œuvre dialogue avec les questions essentielles de notre époque.