À l’approche de la Présidentielle algérienne de septembre 2024 qui provoque de sérieux rêglements de compte au sein du pouvoir, les menaces se multiplient en France contre toutes les voix indépendantes, qu’il s’agisse du lanceur d’alerte corrosif Amir DZ ou du site « Mondafrique ». La semaine dernière, un des contributeurs de notre media a été agressé verbalement dans un bar de la région parisienne, après avoir été suivi à la sortie de son travail, par un gros bras qui prétendait être envoyé par un des patrons des services algériens, Abdelkader Haddad.
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Un des contributeurs de Mondafrique, le lundi 13 mai, était tranquillement installé à une terrasse de café en train de partager un café avec des amis quand un barbouze algérien du nom de Hassan Saghir est entré dans l’établissement et l’a menacé: « On te retrouvera, tu as intérêt à te tenir tranquille ». Et d’ajouter: « Ce n’est pas n’importe qui m’envoie, j’ai bu un café la semaine dernière avec le général Abdelkader Haddad dans son bureau, je t’ai à l’oeil et je te mettrai à genoux ».
À la tète du Centre Principal Opérationnel Militaire d’Investigation » (CPOM) chargé de combattre toutes les activités subversives en Algérie, ce haut gradé, surnommé Nacer El Djinn », est connu pour les méthodes particulièrement brutales qu’il a utilisées pendant la décennie noire (1992-1998) contre les groupes islamistes armés. Ce militaire réfugié en Espagne durant le court règne du général Gaïd Salah en 2018 et revenu aux affaires depuis, fut à deux doigts, cet hiver, d’être nommé à la tète du contre espionnage algérien (DCSI). Mondafrique avait raconté comment cette nomination largement annoncée à Paris comme à Alger fut bloquée au dernier moment par la Présidence algérienne soucieuse d’apaisement.
Une plainte devrait être déposée par « Mondafrique » dans les jours qui viennent contre ces menaces inadmissibles et d’un autre temps.
Un lanceur d’alerte menacé
Très suivi depuis douze ans par la diaspora en France et au Canada, le site Mondafrique n’est pas le seul à se trouver dans le viseur de la police politique algérienne. Tout opposant est dénoncé comme un traitre à la patrie. et risque des peines de prison démesurées pour atteinte à la sureté de l’État La police judiciaire de Villejuif (Val-de-Marne) a ouvert, début mai, une enquête pour enlèvement, violences et séquestration du blogueur et opposant algérien Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme d' »Amir DZ ». Cette information a été révélée nos confrères de la lettre confidentielle « Africa Intelligence » informés aux meilleures sources sécuritaires françaises qui, semble-t-il, suivent ce dossier de très près.
Selon les premiers éléments livrés par l’avocat d’Amit DZ condamné à mort en Algérie, Amir Boukhors rejoignait son domicile, en région parisienne, dans la nuit du 29 au 30 avril, lorsqu’il a été bloqué dans sa rue par un véhicule avec à son bord quatre personnes, dont certaines portaient des cagoules, et d’autres des brassards de police ». Toujours selon le récit d’Amir Boukhors repris par Africa Intelligence, le véhicule a ensuite dépassé la commune de Créteil, et l’intéressé a compris qu’il n’avait pas affaire à des policiers, mais qu’il était victime d’un enlèvement avant d’être drogué, puis relâché en pleine forêt après avoir été menacé par ces nervis, dont certains venus d’Alger (et renvoyés depuis vers leur pays d’origine par une justice française réactive).
Les services français vigilants
Amir DZ a obtenu, voici deux ans, un statut de réfugié politique en France. Et cela malgré les demandes faites par le pouvoir algérien d’extrader cet opposant vers son pays d’origine. L’Algérie avait notamment mis en avant les relations que ce lanceur d’alerte suivi par des milliers de « followers » sur les réseaux sociaux, pouvait entretenir avec certains youtubers de la mouvance islamiste réfugiés à Londres.
Les services français sont très attentifs à ce que le sol français ne devienne pas le terrain d’affrontement violent entre diverses factions algériennes. Cette position constante irrite au plus haut point les services algériens, formatés par une culture du secret et obsédés à ce titre par les nombreuses fuites à l’étranger sur les coulisses et les conflits au sein d’une institution militaire divisée.
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