Les islamistes ont gagné la bataille de Tripoli, mais pas la guerre

Les forces islamistes ont pris un certain avantage dans la bataille pour le pouvoir en Libye. La tribu de Misrata, proche des Frères Musulmans et largement aidée par le Qatar (voir la photo ci dessous), l’a emporté sur ses rivaux de Zenten, après une sanglante bataille de rue qui a causé des dizaines de mort. Apparemment un accord passé entre les frères ennemis n’aurait pas été respecté par les hommes de Misrata. Mais surtout, la production de pétrole, que contrôlent pour l’essentiel les milices islamistes et dont est le chef incontesté est l’ancien jihadiste Abdelhakim Belhadj, a triplé en un mois

Dans un pays où les diplomates étrangers sont menacés et  où rêgnent le chaos, l’insécurité et l’anarchie, les tribus restent la seule véritable ossature de la société libyenne et se livrent, pour l’instant, une âpre bataille pour la conquête du pouvoir. A l’Ouest du Pays, les milices de Misrata se sont battues depuis un mois contre celles de Zenten pour prendre le contrôle de la ville de Tripoli. Les frères ennemis qui se sont mobilisé ensemble pour détrôner Kadhafi ne partagent plus du tout le même projet pour la Libye. A Misrata, on milite pour une république islamiste, avec l’aide de la Turquie et du Qatar et une alliance solide avec les combattants d’Abdelakim Belhadj, l’homme fort des Frères Musulmans àdans l’Ouest du pays. A Zenten, où est détenu avec beaucoup d’égards le fils ainé de Kadhafi, Saif al-Islam Kadhafi, le propos est autre. Des passerelles sont lancées vers les anciens kadhafistes, une trentaine d’anciens kadhafistes viennent d’être libérés et les alliances sont nouées plutôt avec la Russie, avec qui des liens ont été noués et avec l’Italie, seul pays de l’Europe occidentale à avoir accepté la main tendue par les notables de cette tribu de guerriers (100000 personne sen tout). En revanche, la France a reçu avec les honneurs en mai dernier Abdelhakim Belhadj qui fédère sous son autorité d’ancine jihadiste les milices isamsites dans l’ouest du pays.

Soutenue notamment par les 1500 mercenaires arrivés du Soudan et par leurs alliés locaux, les hommes de Misrata  semblent avoir pris l’avantage pour controler ces derniers jours la ville de Tripoli sur la tribu concurrente, malgré des bombardements d’orignie inconnue qui ont touché deux grandes casernes militaires islamsites. Depuis; au sein de Zenten, une fracture s’est produite tout récemment entre le conseil des notables, hostile aux islamistes de tous poils, et la structure militaire, souvent très jeune, soucieuse d’un compromis avec les frères ennemis de Misrata.

Des islamistes sur un tas d’or

S’il fallait aujourd’hui un signe fort de l’ascendant pris aujourd’hui par les islamistes, ce serait la forte progression, depuis deux mois, de la production pétrolière contrôlée désormais par les milices de Belladj, le chef , dans l’ouest du pays, de plusieurs milliers d’hommes armés.  200000 barils étaient extraits chaque jour jour au début du mois d’aout, 650000 aujourd’hui et probablement près d’un million à la fin de septembre. Autant dire que les forces islamistes s’appuient aujourd’hui sur un énorme trésor de guerre. De quoi soigner les fins de mois des combattants djihadistes venus d’ailleurs. Ainsi un ancien ministre des finances proche des Frères Musulmans et ,arrèté récemment par des milices tribales était en possession de quatre millions d’euros en petites coupures. Interrogé, il a reconnu que ces fonds devaient rémunérer les miliciens étrangers, ces soldats perdus du Jihad venus du Soudan, de Syrie, d’Algérie ou encore de la Tunise toute proche.

Sur près de 9000 tunisiens candidats au départ pour lutter contre Assad, près de 5500 sont parvenus à leurs fins. Beaucoup sont rentrés dujihad syrien, dont une minorité seulement sont revenus en Tunisie. Des centaines campent à la frontière tuniso-libyenne près à se battre.Combien? Des centaines ou des milliers? Pesonne ne le sait exactemetn

Un pouvoir en carton pâte

Pour autant, les forces islamistes sont loin d’avoir gagné la guerre sans fin qui semble s’amorcer en Libye pour prendre définitivement l’avantage En effet, le conseil des tribus, comme « Mondafrique » l’avait raconté, est vent debout contre les milices d’Abdelhakim Belhadj. En tout cas, près de 20000 combattants ont été rassemblés par les notables traditionnels des tribus prèts à intervenir.Des passerelles ont été jetées vers les anciens kadhafistes ainsi que vers le général Khalifa Hafta, qui surgi de nulle part mais grace au soutien des Américains, qui l’ont accueilli pendant vingt ans et des Egyptiens qui l’hébergent parfois aujourd’hui, tente de combattre dans l’Est du pays les foyers jihadistes.

Au delà de ces guerres fratricides, c’est surtout le chaos qui règne désormais dans tout le pays. Une certitude en effet, le parlement élu par une infime minorité de la population et les gouvernements fantoches qui se succèdent à Tripoli ne représentent en rien la réalité du peuple libyen. Les chancelleries étrangères font mine de croire à la représentativité de ce pouvoir en carton pate, en appelant le 4 aout, lors de l’installation du nuveau parlement, à « une gouvernance démocratique ». Voeu pieux, qui rappelle que les occidentaux ne savent vendre aux pays africains et arabes qu’un vulgaire kit démocratique qui n’a aucun écho ni aucun enracinement dans des pays comme la Libye, mais aussi le Mali ou la Centrafrique.. « La transition en Libye est un échec, il faut la repenser », explique Moncef Djaziri, politologue et spécialsite de la Libye, qui dans « le Monde », craint une « somalisation » du pays. «  »Cotesté par les islamistes et par le groupe des rebelles de Misrata, écrit-il, le nouveau parlement ne dispose pas de la légitimité suffisante pour gouverner le pays ».

« La Libye n’existe plus »

Un employé  libyen de l’antenne à Misrata d’une ONG, « Handicap international » confie à un correspondant de Mondafrique : « Tous les organismes opèrent en Libye ont quitté le pays par crainte de l’insécurité qui règne dans le pays ceux ont préféré pour la plus part se refugié en Tunisie en attendant la fin des hospitalités ». Un jeune enseignant témoigne lui aussi : « Les islamistes sont présent dans toute la Libye,  ils font la loi, les populations se trouvent coincées ».  Sur fond de pénurie de vivres et de carburant ! Les Libyens se rendent à Janet en Algérie pour s’approvisionner en produits de première nécessité.

« La Libye n’existe plus » . Le titre de l’excellent reportage paru cet été dans le Monde (11/08/204) et signé Florence Aubenas, résume à lui seul la situation tragique de l’ex Jamariya.