Au milieu du chaos libanais survit, comme un radeau dans la tempête, la petite armée libanaise, respectée par le peuple. La dernière, toute dernière institution qui tient encore debout. Et à sa tète, se trouvait le commandant en chef de l’armée libanaise désigné le 8 mars 2017, le général Joseph Aoun devenu le Président du pays et aujourdhui à la tète du pays
Ce militaire consensuel, 58 ans, a la réputation d’un homme intègre et honnête, une denrée rare au Liban. Pas de fortune personnelle, ni de propriétés hollywoodiennes, aucune affaire de corruption. Un homme simple, qui collectionne les couteaux et poignards en souvenir de sa formation dans les forces spéciales, qui ne sort pas et vit très modestement.
Joseph Aoun qui vient de la communauté maronite d’où le Président de la République doit être originaire a toujours été apprécié par l’ensemble des forces politiques. Ce haut gradé dirige une armée composée d’une bonne moitié d’officiers chrétiens. Encore que ces dernières années, le Président Michel Aoun, allié du Hezbollah, qui a quitté le pouvoir en octobre 2022, a fait pression pour que des militants de son mouvement, le Courant Patriotique Libre (CPL), grossissent les rangs de ses sympathisants au sein de l’institution militaire.
Le général Joseph Aoun doit compter également avec des sous-officiers sunnites pour 35% et chrétiens pour 28%. Un quart seulement de la hiérarchie militaire intermédiaire est chiite, mais pas nécessairement sous l’influence du Hezbollah. « Ces dernières années, observe un officier, l’accent mis par l’armée sur le recrutement des femmes a été certainement un moyen habile d’éviter la venue de militaires qui soient des musulmans fondamentalistes ».
Au Liban, tout a été ces dernières années affaire de dosage. Des gradés au sein de l’armée sont connus pour leur proximité avec le Hezbollah comme le général Malek Chamas, qui fut longtemps membre du conseil militaire et directeur général de l’administration. Ses fonctions précédentes comme commandant adjoint du secteur du Sud du Litani, directeur adjoint des Renseignements et coordinateur du gouvernement Libanais près de la FINU, montrent à quel point les équilibres communautaires sont respectés au sein de l’institution militaire.
Lorsque le Hezbollah, ces deux dernières années, s’employait à imposer son propre candidat cà la Présidence libanaise, les forces chrétiennes n’étaient pas loin de se rallier au général Aoun. Depuis la décapitation du mouvement chiite par l’armée israélienne, les chefs de clans, Samir Geagea à la tète des Forces Libanaises et d’autres, se sont ralliés à son panache