Ahmedou Ould-Abdallah est un diplomate mauritanien, ancien ambassadeur de son pays aux Etats-Unis. Il a occupé plusieurs postes au plus haut niveau au sein des Nations Unies. Pour cet habitué des coulisses des relations internationales, c’est « l’arrogance » des élites africaines pillant sans vergogne les ressources naturelles qui constituent le principal frein au développement des relations d’affaires entre l’Afrique et les Etats-Unis. Un entretien vidéo
Ahmedou Ould-Abdallah est un des diplomates africains qui connaît le mieux les Etats-Unis. Après avoir été ancien directeur général de la Société nationale de l’industrie et des mines de Mauritanie et occupé plusieurs postes d’ambassadeurs dans des pays occidentaux, ce jeune homme de soixante quatorze ans, à l’esprit brillant et acéré, a occupé plusieurs fonctions importantes à Washington. De 2002 à 2012, il est ambassadeur de l’ONU en Afrique de l’Ouest puis en Somalie.
Dans l’entretien qu’il accorde à Mondafrique, ce diplomate courageux, qui, il y a deux ans encore lors des élections présidentielles maliennes se trouvait à Kidal, déplore les dégâts de la corruption au sein des élites africaines. « L’arrogance » de ces dirigeants, selon lui, n’a jamais été aussi grande. Désireux de se situer « non d’un point de vue moral, pourtant important, mais surtout au niveau de l’efficacité », il juge que le « hold-up » commis par les politiques est un obstacle non négligeable au développement du continent noir. À Ali Bongo qui déclare dans « Jeune Afrique » que « l’impunité c’est fini » M Ould-Abdallah répond qu’il n’en est rien.
Contrairement à l’opinion commune qui présente l’Afrique comme le terrain de l’affrontement économique entre la Chine et les Etats Unis, le diplomate mauritanien juge que les grandes sociétés américaines n’ont pas vraiment investi sur le continent africain. En effet, selon lui, ces sociétés de droit anglo-saxon sont bridées par une légalité scrupuleuse en matière de corruption et sous la menace de sanctions pécuniaires très lourdes en cas de dérapage. A une réserve près, les groupes pétroliers américains sont présents en Afrique depuis trente ans, concurrençant notamment les intérêts français.
ENTRETIEN AVEC AHMEDOU OULD-ABDALLAH