L’Ougandais qui court du Cap à Londres par anti racisme

L’Ougandais Deo Kato résidant à Londres s’est lancé en juillet 2023 dans un projet fou: courir toute la longueur de l’Afrique et même un peu plus, depuis la pointe sud de l’Afrique du Sud jusqu’à la capitale britannique pour montrer le continent au monde entier. Au nom du combat contre le racisme. 

Mateo Gomez.

L’idée a germé en 2020, après le meurtre brutal par la police du noir américain George Floyd dans la ville de Minneapolis, aux Etats-Unis. Indigné par le racisme et la méconnaissance de l’histoire noire et africaine autour du monde, il décide de se lancer dans une des campagnes de sensibilisation les plus impressionnantes au monde, celle de cette course intercontinentale. Il commence dès lors à s’entraîner avec une équipe d’experts et une sponsorisation d’Adidas, célèbre fabricant de vêtements sportifs. Il pratique le “ultra-running”, qui malgré un nom impressionnant veut simplement dire qu’il pratique l’endurance sur de très longues distances. Ainsi, il ne court pas très vite, mais il court loin: en 2020, il tente de faire un minimum de 10 kilomètres par jour. Finalement, après trois ans d’entraînement, il commence son périple de 15 000 kilomètres le 24 juillet 2023.

L’arrivée à Londres est prévue pour août 2024. Avec un départ en juillet 2023, le trajet est sensé durer exactement 381 jours. Deo Kato, ougandais, qui a étudié l’anthropologie à l’université d’Oxford, en Angleterre, longe l’Afrique au rythme moyen de 40 kilomètres par jour si tout se passe bien, et transmet son voyage à travers ses comptes sur les réseaux sociaux, tous nommés @DeoRuns. Il en est aujourd’hui au Kénya, après avoir traversé l’Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe, la Zambie, la Tanzanie et son Ouganda natif. La suite du programme: l’Ethiopie, le Soudan, l’Egypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie, et puis l’Europe.

La lutte contre le racisme

Et pourquoi 381 jours? La durée n’est pas anodine. Elle fait référence au célèbre boycott des bus de Montgomery, en 1955 aux États-Unis, dans l’état ségrégationniste de l’Alabama, lorsque les communautés afro-américaines ont refusé de monter dans les bus ségrégués pendant 381 jours, au bout desquels ces derniers ont été considérés comme illégaux, et furent donc déségrégués. Moment fondateur des luttes anti-racistes, il sert d’inspiration à Kato, et donne une idée des raisons de son projet. Car chaque fois qu’il explique l’idée derrière son projet, il donne une déclinaison différente: combattre le racisme, montrer l’Afrique dans toute sa diversité, raconter l’Histoire des premières migrations humaines… le cœur du projet semble être néanmoins une démonstration de la variété du continent. A travers les aléas climatiques, les rencontres diverses et variées, les paysages changeants et les obstacles qu’il surmonte, Deo Kato présente un continent éloigné des stéréotypes.

Il compte transformer cette belle aventure humaine en documentaire une fois la course terminée, en août de cette année – et le plus dur est encore devant lui: les chaleurs écrasantes du nord aride du continent, et les conflits qui déchirent le Soudan et la Libye… Un projet d’une telle envergure ne mérite sûrement pas moins qu’un film dédié.

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