Soudan - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/soudan/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 14 Apr 2025 10:15:48 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Soudan - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/soudan/ 32 32 Soudan, l’impunité des Emirats arabes unis https://mondafrique.com/a-la-une/soudan-limpunite-des-emirats-arabes-unis/ Mon, 14 Apr 2025 08:28:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=131746 L’impunité des Emirats s’explique également par des raisons géopolitiques.  Le Soudan occupe une position stratégique en Afrique à la croisée de la mer Rouge et du monde arabe.

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L’armée soudanaise a poursuivi ses avancées et libéré Khartoum, ce qui a donné lieu à des scènes de liesse dans tous les pays où se trouvent des réfugiés, principalement au Caire où ils sont les plus nombreux. Des centaines de milliers d’entre eux sont déjà rentrés. Mais la joie du retour a un goût de cendres devant l’ampleur des exactions commises par les Forces de soutien rapide dirigées par Hemedti et soutneus par les Émirats Arabes Unis.

Une enquête de Leslie Varenne

Les FSR jouent leurs dernières cartes en attaquant Al-Fasher, la capitale du Darfour. Il espère ainsi compter encore politiquement en faisant de cette région une base de repli. Mais avant même que la guerre ne soit terminée, le gouvernement soudanais, dirigé par le général Al-Burhan, a ouvert un nouveau front en poursuivant les Emirats arabes unis, soutiens de cette milice, devant la Cour de Justice internationale. Khartoum s’attaque à forte partie…

Les forces armées soudanaises dirigées par le général Al-Burhan combattent les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dogolo dit Hemedti

C’est un bien triste anniversaire que le Soudan fête ce 15 avril. Depuis deux ans jour pour jour, les forces armées soudanaises dirigées par le général Al-Burhan combattent les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dogolo dit Hemedti. Si au début du conflit, les deux généraux putschistes pouvaient être renvoyés dos à dos, au fil du temps, Al-Burhan a incarné l’Etat soudanais, la légalité en dirigeant l’armée soudanaise, puis la légitimité en étant soutenu par une majorité de la population en grande partie en raison des exactions commises par les FSR, ces successeurs des Janjawid de sinistre mémoire[i].

Les supplétifs des FSR sans foi ni loi

 

Il est vrai que ces derniers se sont surpassés. Lors des libérations des villes où des villages, les rescapés des camps de tortures, des prisons improvisées, racontent lorsqu’ils le peuvent encore, les privations, les tortures moyenâgeuses, les humiliations. Leurs corps décharnés et leurs regards hagards laissent sans voix. Par dignité, ils omettent de décrire les viols qu’ils ont subis.

Depuis vendredi 11 avril, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont exécuté au moins 56 civils, selon un bilan provisoire.

Le 10 avril, Amnesty international a publié un rapport sur les violences sexuelles commises envers les femmes, cependant cette pratique a concerné également les hommes, preuve qu’elle a été utilisée comme arme de guerre. D’autres témoignages reçus de Soudanais relatent parfois l’indicible comme l’enfermement de dizaines de personnes vivantes dans des containers saupoudrés de piment jusqu’à ce que mort s’ensuive. Dans quels cerveaux malades peut naître une telle imagination macabre ?

Si ces faits sont mis en lumière par la force des témoignages des survivants, les exactions des FSR ne sont pas nouvelles, de nombreuses étaient déjà fort bien documentées. Cependant, tout au long de ces deux années, les condamnations n’ont pas été à la hauteur des drames humanitaires vécus par le peuple soudanais. Cette frilosité s’explique par le soutien que le groupe paramilitaire reçoit des Emirats arabes unis, un pays qui, pour plusieurs raisons, jouit d’une incontestable impunité.

Le 6 mars, afin de mettre la pression sur Abou Dhabi pour qu’elle cesse son soutien au FSR, le gouvernement soudanais a engagé une procédure devant la Cour Internationale de Justice. Khartoum accuse les Emirats de complicité de génocide au Darfour envers la communauté Massalit. Lors de la première journée d’audience, le 10 avril, les Emiratis ont balayé ses accusations d’un revers de main en les qualifiant de  « de théâtre politique ». Ils ont nié les faits bien qu’ils soient indéniables, établis, documentés(1)[ii]. Comme l’écrit le gouverneur du Darfour Mini Minawi sur X ; « Le monde n’a pas besoin de preuves supplémentaires pour condamner les FSR et l’Etat qui les finance. »  Mais même si cette Cour se déclarait compétente et prenait des décisions contraignantes, elle ne dispose d’aucun moyen de les faire respecter, comme l’a démontré le cas de la Palestine.

L’impunité de MBZ

Donald Trump avait fait, durant son premier mandant, son interlocteur privilégié au Moyen Orient.

Mohamed Ben Zayed, le chef de l’Etat de ce pays du golfe, ne craint donc pas la justice internationale et pas non plus les réactions de ses partenaires et alliés occidentaux. Depuis deux ans, les Etats-Unis, comme l’Union européenne et la France se sont bien gardés de les pointer du doigt. L’administration Biden a toujours pris soin de renvoyer les deux camps dos à dos. Et avant lui, Donald Trump avait fait, durant son premier mandant, son interlocteur privilégié au Moyen Orient.

Si Bruxelles, a plaidé pour un renforcement des enquêtes de la Cour Pénale internationale ou a exhorté au respect de l’embargo sur les armes, violé sans interruption depuis deux ans par les Emirats, aucun document officiel ne les mentionne. Idem à Paris, qui a condamné à plusieurs reprises les attaques des FSR contre les civils et soutenu les sanctions du Conseil de Sécurité contre les généraux d’Hemedti, mais sans jamais nommer leurs parrains. Cette hypocrisie, ces doubles standards ne sont pas nouveaux, cependant ils renforcent la crise de légitimité que vivent aujourd’hui les Occidentaux.

Ces dizaines de milliards qui ruissellent

Emmanuel Macrn n’a cessé de tamoigner de son soutien aux Emirats Arabes Unis. Lesquels à coup de milliards le lui rendent bien

Cette difficulté à prononcer un nom s’explique par la puissance tentaculaire du soft power émirati et de leurs fonds qui irriguent les économies dans tous les secteurs. Pour ne prendre que le cas de la France, les 30 à 50 milliards d’euros d’investissement dans l’intelligence artificielle pour la construction de data center dans l’Hexagone, promis en février dernier, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Paris a signé des partenariats avec Abu Dhabi dans la culture avec le Louvre, l’université avec la Sorbonne, la Défense avec la base militaire et les ventes de matériels militaires etc. Les situations sont identiques au Royaume-Uni, en Allemagne, à Bruxelles, aux Etats-Unis. Qui prendrait le risque de fâcher un si puissant partenaire et ainsi tuer la poule aux œufs d’or ?

L’impunité des Emirats s’explique également par des raisons géopolitiques.  Le Soudan occupe une position stratégique en Afrique à la croisée de la mer Rouge et du monde arabe. Si la guerre qui fait rage depuis deux ans a bien évidemment des dynamiques internes, elle a aussi des influences extérieures avec des enjeux pour nombre de puissances. Ce conflit est un prolongement des crises du Proche et Moyen-Orient. D’ailleurs, comme l’a rappelé le professeur Jeffrey Sachs devant le Parlement européen en mars, puis de nouveau cette semaine lors d’un colloque en Turquie, le Soudan figurait sur la liste des sept  pays avec l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye et la Somalie, à attaquer et à détruire selon un responsable du Pentagone (1)[iii].

Si les raisons économiques sont invoquées pour justifier l’implication des Emirats, leur poids réel reste limité. Ils achetaient l’or et la gomme du Soudan avant 2023, ils n’avaient pas besoin d’un conflit pour continuer à le faire. En revanche, comme lors de la guerre au Yémen, les Emirats cherchent à étendre leur influence sur les ports stratégiques de la mer rouge, une région clé pour le commerce mondial et les routes pétrolières et pour leurs ambitions maritimes. Abu Dhabi cherche également à renforcer sa position dans la Corne de l’Afrique et à contrer d’autres puissances régionales comme la Turquie ou l’Egypte qui soutiennent l’armée soudanaise.

Les Israéliens courtisés

Dans cette stratégie, comme pendant les dix ans de guerre au Yémen, ils bénéficient du soutien à minima tacite de leurs alliés occidentaux. Tout comme ils bénéficient de leur alliance avec Israël. Signataires des accords d’Abraham depuis 2020, ils entretiennent des liens économiques et stratégiques avec ce pays qui n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit du Soudan, comme de tous les Etats qui ont accès à la mer rouge. Bien conscient de ces enjeux, le général Al-Burhan a envoyé un émissaire à Tel-Aviv dans la première semaine d’avril. Cette rencontre avait plusieurs objectifs : demander des livraisons d’armes en échange d’une normalisation avec Israël; justifier la récente coopération soudano-iranienne ; demander une médiation avec les Emirats arabes unis et enfin obtenir le soutien des Etats-Unis. Cette réunion qui devait être secrète a néanmoins largement été médiatisée par la presse israélienne (2)[iv].

Dans cette équation où la normalisation avec Israël, comme les data center en France, financent l’hypocrisie des capitales occidentales et où les alliances stratégiques priment sur le droit international, l’impunité reste encore une monnaie d’échange diplomatique. Dans ce grand jeu où tout est permis, qui arrêtera les Emirats ? Hier la tragédie yéménite, aujourd’hui le drame soudanais et demain ?

[i] Les Janjawid sont une milice soudanaise qui s’est illustrée par sa violence lors des guerres du Darfour à partir de 2003. Soutenues alors par le gouvernement soudanais elle a perpétré massacres, viols, pillages et déplacement forcés contre les populations non-arabes de la région. 

[ii] https://adf-magazine.com/2024/11/uae-support-for-rsf-blamed-for-prolonging-war-in-sudan/
https://www.middleeastmonitor.com/20250304-the-uae-should-stop-its-violations-of-the-un-arms-embargo-in-darfur/

https://x.com/SudanTrends/status/1910716777094668378
https://www.middleeastmonitor.com/20250304-the-uae-should-stop-its-violations-of-the-un-arms-embargo-in-darfur/
https://adf-magazine.com/2024/11/uae-support-for-rsf-blamed-for-prolonging-war-in-sudan/

[iii][iii] https://x.com/KevorkAlmassian/status/1911494598708379802

[iv] https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/artc-le-representant-du-dirigeant-soudanais-aurait-effectue-une-visite-secrete-en-israel

https://www.jpost.com/israel-news/politics-and-diplomacy/article-849304
https://www.radioj.fr/actualite-27417-l-envoye-du-dirigeant-soudanais-s-est-rendu-en-israel-pour-des-discussions-secretes

 

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Au Soudan, le conflit gagne Port Soudan https://mondafrique.com/limage-du-jour/au-soudan-le-conflit-gagne-la-cote/ Sat, 23 Sep 2023 20:01:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=97226 Des combats ont éclaté entre l’armée Soudanaise et une milice tribale dans la ville de Port Soudan, sur la côte de la mer rouge. Jusque là la région avait été relativement épargnée par le conflit qui dure depuis cinq mois. Mateo Gomez En début de semaine, des habitants de cette ville côtière de 500 000 […]

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Des combats ont éclaté entre l’armée Soudanaise et une milice tribale dans la ville de Port Soudan, sur la côte de la mer rouge. Jusque là la région avait été relativement épargnée par le conflit qui dure depuis cinq mois.

Mateo Gomez

En début de semaine, des habitants de cette ville côtière de 500 000 habitants ont témoigné d’échanges de tirs entre l’armée et une milice locale dirigée par Sheba Darar, chef de la tribu des Béja. Le calme serait retourné dans la soirée, avec le déploiement intensif de soldats de l’armée dans la région. Cette brève éruption de violence a de quoi inquiéter l’armée: depuis le 15 avril, le conflit qui l’oppose au groupe paramilitaire des Forces de Support Rapide (RSF), unité dissidente du pouvoir, se déroulait surtout à Khartoum et dans la région occidentale du Darfour.

Port Soudan sert depuis fin août de nouvelle base pour le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, après que le QG de Khartoum soit assiégé par le RSF. C’est de là qu’il a réalisé six déplacements à l’étranger dans des efforts diplomatiques pour rénover son image. La ville est de surcroît la seule du pays avec un aéroport encore opérationnel, et accueille le centre logistique de l’ONU. Sheba Darar était pourtant du côté de l’armée au début du conflit, avant de se rebeller contre les représentants du gouvernement qui avançaient dans l’est du Soudan. Néanmoins il n’a pas annoncé d’alliance avec les paramilitaires du RSF. Les Béja sont parmi les premières tribus à se rebeller ouvertement contre l’armée: la plupart ont annoncé leur soutien au général Burhane.

Tirs d’artillerie à Khartoum

Le conflit a fait près de 7 500 morts, selon une estimation prudente de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project. Les combats se sont intensifiés à Khartoum depuis samedi, incendiant plusieurs bâtiments clés du centre de la capitale, comme le ministère de la justice ou la tour de la Greater Nile Petroleum Oil Company, avec les deux parties s’accusant mutuellement des dégâts. Selon les RSF, ils ont été détruits par des « attaques ciblées » de l’armée de l’air, tandis qu’un communiqué du ministère des Affaires étrangères, allié au général Burhane, a qualifié lundi les incendies de « campagne diabolique et systématique des rebelles » d’une milice visant à détruire la capitale. Des témoins à Omdourman, une banlieue au nord-ouest de la ville, ont rapporté que l’armée avait attaqué des bases paramilitaires avec des « tirs d’artillerie ». De leur côté les RSF ont, pour la troisième journée consécutive, attaqué le quartier général de l’armée dans le centre de la capitale, tandis que l’armée a répondu par des frappes aériennes et des drones.

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L’Or finance les groupes armés au Sahel https://mondafrique.com/economie/lor-finance-les-groupes-armes-au-sahel/ Thu, 21 Sep 2023 02:51:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=97034 Au Sahel, un terrorisme violent, désormais durable, ainsi que des coups d’états militaires détournent l’attention d’une situation qui sans doute les renforce. Il s’agit de l’Or et de ses productions et ventes formelles et informelles. Il ne doit plus être exclu, que les islamistes du Sahel ont des politiques plus proches de celles de leurs […]

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Au Sahel, un terrorisme violent, désormais durable, ainsi que des coups d’états militaires détournent l’attention d’une situation qui sans doute les renforce. Il s’agit de l’Or et de ses productions et ventes formelles et informelles. Il ne doit plus être exclu, que les islamistes du Sahel ont des politiques plus proches de celles de leurs frères Afghans, Somaliens et d’ailleurs qu’on ne le pense, en s’autofinançant par la vente d’un produit local ou d’une activiste lucrative locale. Qu’il s’agisse de l’ exportation d’opium pour les talibans, de la piraterie maritime pour les Al Shabab et de ventes d’or pour les groupes du Sahel

Au Sahel Central, en l’occurrence au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le boom aurifère représente une nouvelle source de financement, voire un terrain de recrutement pour divers groupes armés, y compris djihadistes.

Limam NADAWA, consultant centre4s.org

De nombreux pays sahéliens regorgent d’or. Ce métal jaune, qui est une richesse mondialement convoitée, constitue aussi un facteur de conflits internes aux États et entre états à l’échelle internationale. La filière or provoque des périls immenses : conflits entre pouvoir central, multinationales et populations riveraines des sites, trafic d’êtres humains, concurrence entre terres arables et sites d’orpaillage, insécurité sur et dans ces sites d’orpaillage résultant du contrôle déficitaire des États, fraude à la commercialisation, recrutement de jeunes jihadistes sur les sites, financement de guerres et de réseaux criminels, équipements inadaptés, etc.

L’or est une des principales richesses du Sahel. Des chiffres officiels qui, bien qu’en-dessous de la réalité, en témoignent. En 2022, le Soudan a exporté environ 42 tonnes d’or, qui lui ont rapporté près de 2,5 milliards de dollars. Depuis 2022, l’or du Tibesti, Tchad, a un potentiel minier estimé à plus de 50 milliards de francs CFA (76 millions d’euros) par semaine.

Au même moment, le Mali a consolidé son statut de grand producteur de ce métal, en vendant près de 70 tonnes, soit une hausse de 8,4%, par rapport à 2021. Ces exportations ont généré 2001 milliards de FCFA, ou 3,4 milliards de dollars US ; la hausse représente 134 milliards de FCFA. L’or industriel pèse 25% des recettes fiscales du pays auxquels il faut ajouter 5% au titre de l’orpaillage.

Au 31 décembre 2022, le Burkina Faso comptait treize mines d’or, dont quatre sont en arrêt, pour une production totale de 57,645 tonnes d’or. En 2021, ce métal a rapporté 2172 milliards de FCFA à l’État, soit sa première recette d’exportation. Le secteur artisanal génère une production annuelle supplémentaire d’environ 10 tonnes, selon le ministère des Mines. En outre, le Fonds minier de développement local (FMDL), auquel les sociétés minières contribuent depuis 2019, a collecté environ 100 Milliards, à la date du 31 décembre 2022.

En Mauritanie, les exportations d’or ont généré 780 millions de dollars, contre 564 millions de dollars pour le fer, qui passe à la deuxième position, en 2020. Le Niger a produit 44 tonnes d’or en 2021.

Les États grands perdants

Les États sahéliens font face à la problématique de la répartition des revenus entre acteurs privés et États. Les sociétés minières, pour la plupart des multinationales, sont accusées de pratiquer l’érosion fiscale via le transfert des bénéfices et des importations des combustibles minéraux. Dans certains pays, on constate, en effet, un décalage entre, d’un côté, l’importance de l’industrie minière dans les économies, les montants considérables d’investissements réalisés, le poids du secteur dans les exportations et, de l’autre, la faiblesse des recettes perçues par l’État.

Les pays sahéliens producteurs d’or tombent dans un piège fiscal. Pour attirer ces multinationales et sécuriser les investissements étrangers, des États réduisent le taux d’imposition pratiqué dans le secteur, ce qui alimente une concurrence fiscale régionale déséquilibrée. Ils accélèrent aussi les procédures administratives en faveur de ces firmes. Ainsi, un permis minier peut s’obtenir en un an, contre au moins cinq ans aux États-Unis et au Canada. Ces multinationales utilisent le transfert international de bénéfices pour réduire les charges fiscales dont elles doivent s’acquitter, en principe, sur le lieu de production. Par le biais de la corruption, entre autres, des gouvernements contournent leur propre Code minier, en signant, officiellement ou en catimini, des conventions d’exonérations d’impôts avec des opérateurs. Ces négociations, mine par mine, sont une brèche dans laquelle s’engouffrent de nombreux acteurs. Il arrive aussi que l’évaluation du prix des minerais exploités ne soit pas en ligne avec celui du marché mondial. Quant aux sociétés minières, elles déplorent le déficit en énergie et la cherté de l’électricité au Sahel. Les financements publics font encore défaut dans ces domaines. Elles se plaignent aussi de l’activité des mines artisanales, autrement appelées orpaillage, qui grèvent leurs revenus et aussi les recettes fiscales des États.

La région du Tibesti convoitée

Au Tchad, la région du Tibesti, située au nord et limitrophe de la Libye, est l’objet de convoitises de divers groupes armés, attirés par l’or. De 2015 à nos jours, des conflits meurtriers s’y sont développés, à telle enseigne que des autorités estiment que la région « constitue un réservoir de recrutement pour le mercenariat ». Les 40. 000 orpailleurs qui écument les sites d’exploitation sont considérés comme des migrants internationaux et nationaux. Pèle mêle, on y recense ‘’des aventuriers, des trafiquants d’or, de drogue et des voyous de la république qui sont des Tchadiens, des Soudanais, des Libyens, des Chinois, des Nigériens…’’

Des jeunes, recrutés dans d’autres localités du Tchad y sont échangés contre 10 grammes d’or par personne. Les 10 grammes d’or équivalent à 250.000 FCFA, soit environ 464 dollars.

Les populations autochtones dénoncent l’appétit du clan gouvernemental pour l’or, et exigent son exploitation régulière, dans un cadre légal, en accord avec le code minier. Entre 2016 et 2023, des affrontements sanglants ont eu lieu entre l’armée tchadienne et les populations locales puis des groupes armés.

Au Mali, le travail des enfants mineurs sur les sites d’orpaillage, soumis aux produits de traitement de l’or comme le mercure, est dénoncé. Ils sont employés dans le terrassement et les tunnels de trente mètres de profondeur. Certains sont chargés de remonter la terre à l’aide de seaux, ou de la transporter au sortir des trous jusqu’au lieu de lavage et du tri. Leurs outils de travail sont rudimentaires : des pioches, des seaux, des marteaux. Ils ne bénéficient d’aucun équipement de protection ni de sécurité. Un grand nombre a abandonné l’école pour s’adonner à ces activités. Fillettes et garçonnets sont aussi exploités sexuellement. Ces fléaux sont également subis par les sites d’orpaillage du Burkina Faso et du Niger.  Par ailleurs, le régime de Transition au Mali a diligenté une récente enquête sur son secteur minier qui a révélé une série d’irrégularités ayant entraîné un manque à gagner substantiel pour l’État, estimé entre 300 et 600 milliards de francs CFA. La mise à nu des nombreuses failles dans l’application du code minier de 2019 pourrait permettre au Mali de recouvrer au moins la moitié de ce pactole.  

Au Burkina Faso, les incidents sont fréquents sur les sites aurifères où les populations des localités abritant ces mines estiment que les retombées pour les communautés locales sont très faibles. Elles réagissent par des saccages et des pillages qui ont, parfois, contraint des sociétés minières à des arrêts momentanés. Une d’entre elles, Centamin PLC, qui avait déjà investi environ 74 milliards FCFA, a même été poussée, en partie par ces incidents, à renoncer à la poursuite de ses activités, en août 2022, à Batié, dans le Sud-Ouest. À ces occasions, les autorités invitent les populations riveraines à se tourner vers l’administration afin d’exposer leurs préoccupations. En ce début septembre 2023, plus d’un millier d’orpailleurs ont été déguerpis d’une forêt du Nord-Ouest. Ils y avaient abattu des arbres, creusé de grands trous à ciel ouvert, construit des centaines de hangars, jeté dans la nature des tonnes de déchets plastiques et des produits polluants.

 Le financement de la guerre au Soudan.

Au Soudan, les violences ont éclaté, le 15 avril 2023, entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane, président du pays depuis le coup d’État le 25 octobre 2021, et son adjoint, le général Mohammed Hamdan Dagalo dit Hemetti, patron des miliciens des Forces de soutien rapide (FSR). Elles sont en partie alimentées par le trafic d’or. En 2017, les recettes d’or représentaient 40% des exportations du Soudan. Hemeti, déjà opérateur dans le secteur, avait créé une société commerciale, Al-Junaid. Il s’empare, par la force, des mines d’or les plus lucratives du pays. Il devient, dès lors, le plus grand négociant d’or du Soudan, en contrôlant, notamment, les frontières de Libye et du Tchad. Avec cette richesse, il s’est trouvé au carrefour d’un vaste réseau de népotisme, d’accords secrets de sécurité et de financements politiques, devenant un « parrain » donc. C’est, en partie, cette immense fortune qui lui permet de mener cette guerre. Il s’appuie, ainsi, sur toute une chaîne d’obligés, au sein de la police, de l’administration, dans l’enseignement et dans la chefferie des tribus. Il s’est aussi attaché les services de mercenaires tchadiens, bien payés.

En Mauritanie, l’État encadre les miniers artisanaux et s’offre de nouvelles recettes fiscales. Sur le plan industriel, le gouvernement incite certaines compagnies à la « mauritanisation » des effectifs, et travaille aussi à augmenter sa part sur les revenus engendrés par le métal jaune. D’autres ont plus de marges de manœuvre pour opérer sans grande transparence ou inquiétudes ns environnementales. Des questions sanitaires sont mises en exergue, avec l’apparition du VIH Sida sur certains sites.

L’insécurité partout

Au Niger, la filière or est considérée comme un bon levier de croissance de l’économie, quand bien même elle est confrontée à des problèmes de gouvernance. Elle est aussi une source de problèmes écologiques, sanitaires, sécuritaires et de droits humains. En outre, l’afflux de population a entrainé une forte pression sur les quelques ressources ligneuses.

L’insécurité est le lot commun des sociétés aurifères du Sahel. Les attaques terroristes, ou autres, amènent certaines à observer des arrêts, voire à fermer. En avril 2022 le président de la Chambre des mines du Burkina (CMB), Adama Soro, a estimé que l’avenir minier du pays pourrait être hypothéqué par l’insécurité. Certaines mines, dans les régions du Nord, du Sahel et de l’Est ne peuvent plus transporter leur personnel par voie terrestre. Les mines investissent aussi beaucoup de moyens dans la sécurisation de leurs sites. Plusieurs attaques ont eu lieu, courant 2022, entrainant la fermeture de quatre d’entre elles. L’autre impact est que, pour leurs activités d’exploration et de recherche, les géologues ne peuvent plus accéder à ces régions.

Les dangers de l’orpaillage.

 

En marge du développement de l’industrie aurifère, la pratique de l’orpaillage a elle aussi connu une forte croissance au cours des dernières décennies. Les autorités estiment que plus d’1,3 million de personnes – soit environ 6 % de la population burkinabè – travaillent sur quelque 700 sites miniers artisanaux exploités dans le pays, le plus souvent en-dehors de tout contrôle de l’État. Peu sécurisés, ces sites sont des cibles de choix pour les groupes armés. Ils constituent également un terreau fertile de recrutement de « jeunes combattants ».

 

L’autre grand défi est la commercialisation de cet or des pays du Sahel. Une bonne partie est vendue de façon frauduleuse, permettant à des trafiquants d’échapper aux contraintes administratives de traçage puis aux impôts et taxes. Dès 2014, la Suisse avait importé au moins 7 tonnes d’or venues du Togo… alors que ce pays n’en produit pas. Des investigations avaient permis de remonter la filière jusqu’à des mines artisanales burkinabè.

Ce trafic entre les deux pays voisins se poursuit de plus belle, les pertes fiscales pour le Burkina Faso se chiffrent à des milliards de FCFA.

 

Les multinationales qui exploitent l’or sahélien sont essentiellement australiennes, canadiennes, russes et sud-africaines associées à des nationaux des pays et d’influents partenaires internationaux.

À côté, une partie importante de l’or sahélien emprunte des circuits clandestins, via des nationaux, en passant, entre autres, par des Libanais, et d’autres acteurs basés en Suisse, en Turquie, à Dubaï, à Singapour et en Chine. Il faut compter également avec les opérateurs russes qui ont inventé de nouvelles méthodes de transfert de leur or, du Sahel vers diverses destinations, afin d’échapper aux sanctions occidentales.

Dans tout le Sahel, l’orpaillage artisanal progresse en général en dehors du contrôle des États. Selon l’OCDE, cette activité génère plus de deux milliards de dollars US par an.

 

Au Sahel, l’exploitation de l’or, industriel et artisanal, se développe, enrichissant dans son sillage des multinationales, des états et des officiels locaux, engendrant, en même temps, des périls et se renforçant de défis.

 

 

 

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Soudan, quatre hopitaux sur cinq hors service https://mondafrique.com/confidentiels/soudan-quatre-hopitaux-sur-cinq-hors-service/ Thu, 14 Sep 2023 03:03:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=96540 Les attaques répétées envers le personnel et les infrastructures médicales causent l’effondrement du système de santé du Soudan. Les docteurs et infirmiers fuient vers des régions plus sûres alors que 80% des hôpitaux majeurs du pays sont hors-service. Mateo Gomez     Depuis le début du conflict armé interne le 15 avril, les attaques sur […]

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Les attaques répétées envers le personnel et les infrastructures médicales causent l’effondrement du système de santé du Soudan. Les docteurs et infirmiers fuient vers des régions plus sûres alors que 80% des hôpitaux majeurs du pays sont hors-service.
Mateo Gomez
 
 
Depuis le début du conflict armé interne le 15 avril, les attaques sur les infrastructures et personnel de santé soudanais se sont multipliés selon un rapport publié par reliefweb, le portail d’informations humanitaires de l’ONU. L’OMS a raporté 11 morts et 38 blessés lors de diverses attaques envers des hôpitaux, ambulances, laboratoires et hangars.
 
Ces attaques, auxquels s’ajoutent les retards sérieux de paye, causent la désertion massive des hôpitaux par le personnel compétent, laissant 80% des hôpitaux hors service. Les 20% restants font face à des pénuries graves de matériel et personnel. Ces problèmes s’étendent également aux infrastructures sanitaires supportées par le ONG, qui ont vu au cours du mois d’août leurs provisions médicales s’écouler sans perspective de renflouage.
 
 

Choléra et dengue

 
Difficile de faire pire… Et pourtant. Certaines maladies ont proliféré au-delà des normes estivales à cause des graves disruptions dans le système de santé. Le Soudan est bien familier des épidémies saisonnières qu’accompagnent la saison des pluies, mais le conflit a exacerbé les risques (https://mondafrique.com/limage-du-jour/un-risque-majeur-depidemie-au-soudan/)  d’une généralisation de maladies telles que le choléra et la dengue.

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Le Soudan, la plaque tournante des trafics en Afrique https://mondafrique.com/libre-opinion/le-soudan-plaque-tournante-de-tous-les-trafics/ Thu, 10 Aug 2023 15:05:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=91063 Depuis plus d’une décennie, la majeure partie du financement du terrorisme au Sahel a été générée ou a transité par l’ouest et le nord-ouest du Soudan, qui connait aujourd’hui une situation chaotique alimentée par l’argent du commerce de l’or, des armes et des êtres humains. Sur donf d’un silence coupable de la communauté internationale qui […]

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Depuis plus d’une décennie, la majeure partie du financement du terrorisme au Sahel a été générée ou a transité par l’ouest et le nord-ouest du Soudan, qui connait aujourd’hui une situation chaotique alimentée par l’argent du commerce de l’or, des armes et des êtres humains. Sur donf d’un silence coupable de la communauté internationale qui tente, sans sucès, d’éteindre l’incendie

Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre des Affaires Etrangères mauritanien et ancien ambassadeur de l’ONU en Somalie, aujourd’hui président centre4s.or, est l’auteur de cet article

Nous y voici! les trafics de drogues comme des migrants, des combattants comme des armes, étaient prospères aux frontières occidentales du Soudan, en particulier celles avec la Libye chaotique et la Centrafrique incertaine.

Ces activités s’autofinançaient, probablement bien au-delà, grâce à de nombreux profits liés notamment à l’orpaillage officiel ou illicite ainsi qu’aux ventes d’or. Dans toute la région et au-delà, l’exploitation formelle et surtout informelle de l’or est et demeure une source  considérable de revenus.

Un conflit débutant

La nouvelle guerre civile, structurellement violente, qui se déroule au Soudan – opposant l’armée régulière – les Forces Armées Soudanaises à leurs anciennes  milices alliées- les Forces Rapides de Soutien – n’est qu’à ses débuts. Attisera-t-elle davantage le chaos sahélien ou sera-t-elle moins contagieuse? Une communauté internationale débordée et divisée, déjà immobilisée par la guerre en Ukraine, pourrait-elle faire plus pour les peuples et les pays du Sahel? Que devraient faire de plus ces états pour eux-mêmes ? Naturellement, l’affaissement continu de la Libye devrait être un dur rappel pour tous. En effet, certains peuvent penser qu’au vu de l’éventail des problèmes – locaux, régionaux et internationaux – il n’y a guère d’alternative à une inattention provisoire du Soudan.

Les conséquences de l’effondrement de la Libye, il y a plus de dix ans, continuent d’avoir un impact profond sur les Sahéliens, les gouvernements et en particulier sur les populations des frontières sud et sud-ouest de ce pays. La Libye a poursuivi sa lente autodestruction à travers un statu quo politique alimenté par des séparatismes locaux enracinés et évidemment par les ingérences de sponsors étrangers. Ingérences acceptées par des dirigeants nationaux intéressés et non ignorées par la communauté internationale.

La catastrophe libyenne a provoqué la fin des mouvements traditionnels et légitimes de personnes et de biens entre ce pays et ses voisins du sud, en particulier le Tchad, le Niger et le nord du Darfour. Les difficultés actuelles de la Libye ont eu un impact profond et souvent tragique sur tous ces malheureux voisins. Leur région, déjà dévastée par des années de sécheresses et de brutales guerres civiles au Darfour, servait d’ailleurs de corridor incontrôlé aux migrants fuyant vers l’Europe. C’est sans parler de tous les effets destructeurs des trafics de drogue et du commerce légal et illégal d’équipements pour l’extraction de l’or au Sahel.

Les Émiratis participent à la commercialisation de l’or du Soudan

Une insécurité structurelle

Les partenaires européens de la Libye continuent de consacrer plus de temps et d’énergie à des réprimandes diplomatiques internes, en particulier sur les questions de migration, qu’à aider à prévenir sa ‘’Yéménisation/Somalisation’’. Et encore plus d’émigrés. En d’autres termes, la violence armée perpétuelle et les intérêts des groupes et individus qui en résultent. Aider à s’attaquer à ces causes profondément enracinées afin de trouver des réponses possibles devrait être plutôt plus bénéfique pour toutes les parties.

Malheureusement, l’insécurité est devenue structurelle et est donc considérée par les populations comme faisant partie d’une vie normale. Le traitement inhumain des personnes déplacées et des réfugiés a dépassé les limites en Libye. C’est également vrai de tous les trafics, y compris celui de la drogue.

L’extrême fragilité des États du Sahel central se cache parfois, sinon toujours, derrière un discours politique idéologique. Un discours anti-occidental, visant en particulier la France pour l’instant, et encourageant la renaissance des anciens systèmes tribaux, fragilise davantage toute la région. Une relance intempestive face à des terroristes et autres groupes armés plus motivés et mieux équipés. Cependant, aucun effort de développement structurel convaincant, y compris une lutte décisive contre la corruption avérée, n’est suffisamment crédible pour mobiliser les citoyens pour une cause honorable. La cause de l’unité nationale à travers un gouvernement capable et respecté reste un souhait permanent.

Compte tenu de la situation géographique du Soudan et de la diversité des origines de sa population, sa présente guerre civile très contagieuse et renforcée par une haine profondément enracinée entre ses nombreuses communautés, contient tous les ingrédients d’un chaos régional durable. Deux grands pays, l’Égypte et l’Éthiopie – en désaccord sur le barrage du Millénaire sur le Nil – et d’autres états exposés aux flux de réfugiés ne peuvent éviter d’être sévèrement affectés.

L’effondrement du Soudan, après celui de la Libye, serait un nouveau désastre de grande envergure pour le pays lui-même, pour le Sahel et pour de nombreux autres états, y compris en Europe. Une réponse préventive reste cependant encore possible.

Arrêter la catastrophe ?

Dans les conflits internes, un règlement pacifique est plus difficile à atteindre et encore plus ardu à mettre en œuvre que dans une guerre entre des États ayant des gouvernements officiels. De fait, la cause principale d’une guerre civile est la perte de confiance entre partis et groupes politiques dont les dirigeants se connaissent depuis longtemps. La méfiance qui en résulte conduit du passage du combat politique, verbal, au combat armé avec ses morts, blessés, réfugiés et déplacés. La guerre est en grande partie la poursuite armée de ce différend politique. Chaque parti a le même objectif : gagner totalement, sans concession, la nouvelle guerre. Aussi, pour parvenir à un règlement pacifique, les négociations doivent elles vaincre cette méfiance très ancrée dans le passé.

La simple signature d’un accord de paix ne suffit pas à ramener une paix durable. Cet accord a besoin d’un soutien continu de la part des parrains des négociations ainsi que de la communauté internationale dans son ensemble. De plus, et cela n’aide pas le Soudan, plus un conflit civil se prolonge et plus il devient en soi une activité commerciale rentable pour de nombreux individus et communautés. La corruption devient omniprésente…car il s’agit officiellement de financer la noble cause de chaque groupe ! Par ailleurs, les activités parallèles de négociateurs auto-mandatés polluent tout processus de paix. Non vigilants, les gouvernements étrangers et une médiation, honnête ou intéressée, peuvent également conduire au même résultat.

Dans l’ensemble, bien que plus aisé à conclure qu’un accord avec des groupes terroristes, un règlement de paix crédible, pacifique et durable au Soudan ne semble pas proche. Pire, la perspective de luttes internes de longue durée devrait encore aggraver l’insécurité dans le centre du Sahel et plus particulièrement au Burkina Faso et au Mali.

La zone frontalière Mali Burkina.

Déjà la zone du Sahel la plus vulnérable à la présence et aux attaques terroristes, la région frontalière du Burkina Faso et du Mali, avec des combattants profondément implantés, ne devrait pas rester épargnée par les combats sanglants qui se déroulent au Soudan.

En particulier, l’intéressante exploitation informelle de l’or devrait y prospérer. Malgré leur prétention d’être simplement et uniquement des combattants religieux, toute autre rébellion armée dans la région devrait alimenter leur budget, remonter leur moral et renforcer leur détermination à gagner. De plus, toute crise ayant des racines profondément ancrées et de larges retombées régionales, telle celle du Soudan, ne pourrait qu’affaiblir l’attention de la communauté internationale et les efforts de soutien aux autres gouvernements en guerre contre le terrorisme. Plus précisément, la situation sécuritaire au Burkina Faso et au Mali devrait s’aggraver davantage du fait de nouveaux dommages collatéraux liés à la guerre civile soudanaise.

Dans les prochaines semaines, profitant de l’approche de la saison des pluies, les rebelles sahéliens devraient recevoir de plus d’armes de contrebande et de beaucoup moins de contrôles sur leurs trafics. Ainsi, un lien informel mais organisé les relierait aux larges stocks d’armements, bien moins chers, du Soudan en crise.

Un nouveau flux informel d’armements et d’autres activités illégales devrait prospérer du Soudan vers la majeure partie du Sahel occidental et le reste de l’Afrique de l’Ouest. Déjà déstabilisée, cette zone devrait recevoir plus d’armes, d’équipements et de revenus grâce à ces stocks militaires incontrôlés et au commerce illégal de l’or. Une insécurité généralisée devrait s’étendre tout en approfondissant ses racines.

Des gouvernements locaux et régionaux affaiblis, une communauté internationale fragilisée et des opinions publiques désabusées, tant au nord qu’au sud, constituent des ingrédients favorables à l’augmentation de l’insécurité et donc de la pauvreté et des flux migratoires vers et au-delà de leurs destinations traditionnelles en Europe. De plus en plus les Etats Unis et le Etats du Golfe sont les objectifs.

Dans ce contexte dangereux, le secteur privé et les ONG devraient être invités à apporter leur contribution à la sécurité et à la stabilité.

In fine, la longue crise du Soudan, elle dure au moins depuis le coup d’état d 11 avril 2019, devrait être l’occasion de regarder au-delà des habituels horizons. Si elle n’est  pas traitée rapidement et vigoureusement, ses conséquences cumulées avec celle du Sahel, qui date d’au moins 2012, se propageront bien au-delà des frontières de la région. A coup sûr, les victimes collatérales, y compris l’effondrement d’états, seront bien plus nombreuses et leur impact international bien plus destructif.

 

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Vest of Wagner (volet 5), Prigojine s’invite dans la guerre au Soudan https://mondafrique.com/decryptage/le-russe-wagner-dans-la-guerre-des-generaux-au-soudan/ Sat, 01 Jul 2023 06:55:10 +0000 https://mondafrique.com/?p=89448 Officiellement, le groupe de mercenaires russes Wagner n’a aucun rôle dans les combats qui ont éclaté au Soudan entre les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti ». « Aujourd’hui, pas un seul combattant de Wagner n’est au Soudan », a affirmé mardi 18 avril Evgueni Prigojine, fondateur et dirigeant de […]

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Officiellement, le groupe de mercenaires russes Wagner n’a aucun rôle dans les combats qui ont éclaté au Soudan entre les généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti ». « Aujourd’hui, pas un seul combattant de Wagner n’est au Soudan », a affirmé mardi 18 avril Evgueni Prigojine, fondateur et dirigeant de Wagner sur Telegram. « Et c’est comme ça depuis deux ans ». La réalité serait beaucoup moins tranchée.

Des liens étroits semblent exister entre le général Mohamed Dagalo, dit « Hemedti », patron des Forces de soutien rapide en guerre contre le chef de l’armée soudanaise et le groupe de mercenaires de Wagner. Ce général contrôle en effet le commerce de l’or ainsi que les mines du Soudan avec l’aide discrète du groupe russe. Ce qui n’avait pas échappé aux Américains qui avaient fait pression ces derniers ois sur le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de ses forces armées du Soudan,  pour qu’il expulse le groupe Wagner du Soudan. Au motif qu’e ce dernier utilise les recettes des mines d’or soudanaises pour financer la guerre de la Russie en Ukrainel et pour préparer le terrain pour l’établissement d’une base militaire russe au Soudan.

Des missiles fournies par Wagner

Dans les affrontements meurtriers actuels, le général Dagalo a trouvé une oreille attentive auprès de Evgueni Prigogine, le patron de Wagner. CNN affirme ainsi que le groupe de mercenaires russes a fourni des missiles aux Forces de soutien rapide du Soudan pour les aider dans leur combat contre l’armée du pays.

Ces missiles sol-air auraient considérablement renforcé les paramilitaires des Forces de soutien rapide

Le général Haftar en embuscade

Des images satellites analysées par le groupe open source « All Eyes on Wagner » montrent un avion de transport russe faisant la navette entre deux bases aériennes libyennes appartenant au général Haftar, ce militaire libyen soutenu par les Émiratis qui se prépare à venir en aide aux Forces de soutien rapide du général Dagalo. 

Pendant des années, Dagalo a été l’un des principaux bénéficiaires de l’implication russe au Soudan, en tant que principal destinataire des armes et de l’entraînement de Moscou. La veille du lancement par la Russie de son invasion de l’Ukraine en 2022, Dagalo dirigeait une délégation soudanaise à Moscou pour « faire progresser les relations » entre les deux pays.

Les Forces de soutien rapide ont nié avoir reçu l’aide de la Russie et de la Libye.

Le rôle trouble des Émiratis

Enfin les Émirats arabes unis sont devenus le plus gros investisseur extérieur au Soudan. Il y a quelques jours, ils ont acheté pour 1,5 milliard de dollars d’or soudanais, que le général Hemedti contrôle, ainsi que des millions d’hectares de terres agricoles. Les deux parties sont manifestement très proches. Le FSR de Hemedti a combattu aux côtés des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen, en y envoyant des milliers de ses combattants.

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Guerre des généraux au Soudan: l’Arabie Saoudite sous pression https://mondafrique.com/a-la-une/guerre-civile-au-soudan-larabie-saoudite-sous-pression/ Wed, 17 May 2023 06:26:58 +0000 https://mondafrique.com/?p=90390 Le conflit entre les deux généraux soudanais est alimenté et aggravé  par des parrains internationaux la crise, l’alimentent et la font perdurer. Leslie Varenne, directrice d’IVERIS  La guerre au Soudan a commencé le 15 avril. Depuis un mois les deux généraux qui s’affrontent, Al-Burhan et Hemedti, ont plongé le pays dans le chaos. Les deux […]

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Le conflit entre les deux généraux soudanais est alimenté et aggravé  par des parrains internationaux la crise, l’alimentent et la font perdurer.

Leslie Varenne, directrice d’IVERIS 

La guerre au Soudan a commencé le 15 avril. Depuis un mois les deux généraux qui s’affrontent, Al-Burhan et Hemedti, ont plongé le pays dans le chaos. Les deux anciens complices, devenus ennemis, n’ont aucune intention de mettre fin à leur confrontation, chacune des parties espérant l’emporter militairement. 

Depuis la chute d’Omar el-Béchir en avril 2019, on ne compte plus le nombre de négociations, accords, dialogues qui au final n’ont réussi qu’une seule chose : réunir les conditions de l’explosion. Les pourparlers qui se sont tenus à Djeddah entre le 5 et le 11 mai, sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite, entre les émissaires des deux camps ont été dans la même veine : une plaisanterie de mauvais goût. Tout indique que cette guerre s’inscrit dans la durée, et cet énième échec en est la preuve. Selon le New York Times, pour Joe Biden, le Soudan était un test important de son objectif principal de politique étrangère qui consistait à renforcer les démocraties dans le monde. Et le journal de se demander si les Etats-Unis ont bien mesuré les difficultés…

En attendant, la catastrophe est là, les 46 millions de Soudanais vivent un enfer, plus de 600 morts, des milliers de blessés. Les plus riches sont déjà partis et les pauvres se retrouvent au centre du cataclysme. Tous les pays voisins se préparent au pire, l’Egypte s’attend à accueillir plus d’un million de réfugiés, le Tchad est inquiet et l’Arabie Saoudite sous pression.

Mensonges et mauvaise foi

En arrivant à Djeddah les émissaires d’Abdel Fattah al-Burhan à la tête de l’armée (SAF) et ceux de Mohammed Hamdan Dagolo dit Hemedti, patron d’une force paramilitaire (FRS) n’avaient aucune intention de parapher une trêve ou un cessez-le-feu. Leurs équipes y sont allées pour soigner leur image, se présenter comme des hommes de dialogue et de paix afin d’engranger des soutiens à l’international. C’est moins onéreux que les cabinets de communicants qui tournent à plein régime en ce moment, surtout du côté des FRS. Il suffit de lire l’engagement qu’ils ont signé pour prendre la mesure de la mystification. Tous les points de ce document sont en réalité des articles du Droit Humanitaire International (DIH) et de la convention des Droits de l’Homme que les deux parties sont de toute façon tenues de respecter !  S’ils ne le font pas, ce n’est pas la signature en bas d’une feuille qui changera leur manière d’agir. D’ailleurs dès le 12 mai au matin, dans la ville d’Al-Geneina au Darfour, les civils se trouvaient pris au milieu des combats.

Pourtant, après la signature, Volker Perthes, le représentant des Nations Unies pour le Soudan a salué « ce premier pas important ». Pour mémoire, c’est le même homme qui, pour se féliciter des avancées diplomatiques, déclarait un mois avant la déflagration : « Le retour à la paix est proche » ! Puis quelques jours après le début du conflit, il se justifiait en disant « Nous n’avons pas vu d’alerte précoce », alors que depuis six mois, les deux camps recrutaient et s’armaientAnthony Blinken a, lui, eu « le plaisir d’annoncer (…) une déclaration d’engagement à protéger les civils soudanais ». 

De son côté, selon une source proche du dossier, Mohamed Ben Salmane (MBS), las de ce manège et de ces discussions inutiles a, dans son style sans fioriture, demander à tout le monde de partir et décidé de poursuivre ses efforts sous un autre format.

Les Etats-Unis en embuscade

Ces jours de négociations étaient d’autant plus délicats que la Secrétaire adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, est arrivée à Djeddah avec sa délégation, alors que les tensions entre Ryad et Washington n’ont jamais été aussi fortes. Certes, les Etats-Unis font partie du Quad pour le Soudan, aux côtés de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et du Royaume-Uni. Mais ce format a été créé avant que MBS ne décide de se tourner vers les BRICS et d’être partenaire de dialogue de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). C’était aussi avant que le Royaume ne signe à Pékin un accord de paix avec l’Iran, un accord que Washington ne digère toujours pas.

A la mi-avril 2023, quelques jours après cette annonce en Chine, William Burns, le directeur de la CIA, s’est rendu à Djeddah. Après avoir patienté deux jours avant que MBS ne daigne le recevoir, le patron de Langley a tenté de faire pression sur la monarchie. Au cours de cette visite « secrète » qui a opportunément fuitée dans le Washington Post, tous les dossiers chauds du moment ont été mis sur la table : rapprochement avec la Chine, la Syrie, pétrole, Yémen. Pourtant, malgré les injonctions, MBS n’a pas dévié d’un iota de sa ligne. L’ambassade saoudienne va rouvrir à Damas et le pays de Bachar al-Assad a été réintégré au sein de la Ligue arabe. Il sera présent lors du Sommet de la Ligue à Ryad le 19 mai prochain. Idem, sur la Chine, le pétrole ou le Yémen.

La Maison Blanche n’abandonne pas la partie pour autant. Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité  Nationale s’est invité à Djeddah pendant les pourparlers pour évoquer une nouvelle fois ces dossiers. Anthony Blinken devrait se rendre à Ryad en juin. Ils n’abandonnent jamais…

Le frère ennemi

A ces pressions américaines, s’ajoutent les tensions avec Mohamed Ben Zayed (MBZ). Les relations entre MBS et son homologue des Emirats sont notoirement mauvaises. La guerre au Soudan n’arrange rien. L’Arabie Saoudite qui veut se concentrer sur son projet Vision 2030, a décidé de faire la paix avec ses voisins. Or, même si Abou Dhabi ne l’affiche pas publiquement, il alimente le feu en soutenant Hemedti. Leur accord sur les mines d’or du Darfour, détenu par le patron des FRS et dont la production est entièrement vendue aux Emirats sert à payer les troupes. Tous les réseaux d’influence d’Abu Dabi, cabinets de conseils, think tank, en collaboration parfois avec ceux d’Israël qui n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit du Soudan, œuvrent pour le rival du général Burhan. Selon une source sécuritaire tchadienne, peu de temps avant la guerre, les Emirats auraient fait livrer, via la Libye, 3000 Land Rover au clan d’Hemedti… et personne n’a rien vu passer et personne n’a rien vu venir.

Le 11 mai, MBZ a dîné à l’Elysée, si rien n’a fuité de ses conversations avec Emmanuel Macron, il y a fort à parier que le premier a plaidé la cause de son poulain. Mais pour l’instant, la France, victime du syndrome de Fachoda, laisse les anglo-saxons à la manœuvre dans cette ancienne colonie britannique.

Qui pour ramener la paix ?

La guerre au Soudan est un coup dur pour l’Arabie Saoudite qui a beaucoup à y perdre. Khartoum assure la sécurité alimentaire du Royaume qui s’est offert des centaines de milliers d’hectares de terres cultivables d’où proviennent la presque totalité de ses ressources agricoles, il est aussi le premier acheteur de bétail de ce pays. Cela signifierait également la fin de son plan pharaonique Vision 2030, raison pour laquelle MBS a opté pour la politique de « zéro problème » avec ses voisins afin de se concentrer sur les questions économiques. C’est aussi le désordre assuré dans la très stratégique mer rouge où les deux protagonistes se disputent les ports. Comme l’Egypte et le Tchad, l’Arabie Saoudite fait partie des pays qui courent le plus de risques, d’où sa tentative de trouver une issue à ce conflit. Elle a essayé, elle a été torpillée, la guerre va durer. Pire, elle risque de s’intensifier avec les myriades de groupes armés qui existent depuis des décennies au Soudan et qui vont venir renforcer l’un ou l’autre camp.

Quelle solution pour mettre fin à la catastrophe en cours ?  Pour Michel Raimbaud, ancien ambassadeur à Khartoum et auteur du livre « le Soudan dans tous ses états« , la clé se trouve dans les mains des pays arabes, la recomposition du monde leur offre cette chance.

*Source : IVERIS

Leslie Varenne, journaliste d’investigation, est directrice de l’IVERIS (Institut de Veille et d’Etude des Relations Internationales et Stratégiques).

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Le président soudanais al-Burhane, héritier de l’ex dictateur Omar el Bechir https://mondafrique.com/politique/le-president-soudanais-al-burhane-heritier-de-lex-dictateur-omar-el-bechir/ https://mondafrique.com/politique/le-president-soudanais-al-burhane-heritier-de-lex-dictateur-omar-el-bechir/#comments Tue, 18 Apr 2023 10:11:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=89352 La volonté du chef de la junte militaire, héritier de l’ancien dictateur évincé en 2019, de freiner à tout prix la transition vers une société civile, semble être la principale raison des affrontements actuels. Mohamed Hamdan Daglo, le chef des Forces de Soutien Rapide (FSR) et son principal adversaire, oeuvrait, ces derniers mois, pour rétablir […]

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La volonté du chef de la junte militaire, héritier de l’ancien dictateur évincé en 2019, de freiner à tout prix la transition vers une société civile, semble être la principale raison des affrontements actuels. Mohamed Hamdan Daglo, le chef des Forces de Soutien Rapide (FSR) et son principal adversaire, oeuvrait, ces derniers mois, pour rétablir l’état de droit au Soudan.

Abdel Fattah al-Burhane est accusé désormais par ses adversaires d’utiliser les moyens les plus brutaux pour se maintenir au pouvoir. Des bombardements de civils à la mobilisation d’anciens combattants de l’État Islamique. 

La crise a éclaté au sein du pouvoir entre le président al-Buhrane et Mohamed Hamdan Daglo, dit MHD, vice-président et chef des Forces de Soutien rapide

Depuis samedi, la capitale du Soudan, Khartoum, est plongée dans une spirale de violence qui a déjà coûté la vie à des dizaines de civils et fait des centaines de blessés, selon un réseau de médecins soudanais. Les habitants, privés d’eau et d’électricité, vivent au rythme des raids aériens et des tirs d’artillerie qui font trembler les immeubles, ainsi que des combats de rue aux armes automatiques.

Le conflit, qui couvait depuis des semaines, a dégénéré samedi en des affrontements armés qui se poursuivent jusqu’à présent. Alors que les FSR ont annoncé avoir pris le palais présidentiel et l’aéroport, l’armée régulière assure tenir le QG de son état-major, principal centre du pouvoir soudanais.

La transition civile en jeu

Alors que depuis plusieurs mois, l’ONU et une partie de la communauté internationale oeuvraient pour imposer une transition civile au Soudan (voir l’article ci dessous), une nouvelle crise a éclaté au sein du pouvoir entre le président al-Buhrane et Mohamed Hamdan Daglo, dit MHD, vice-président et chef des Forces de Soutien rapide. 

Deux jours après le début de la crise, HMD traitait le président en titre, dans un tweet, de « dangereux islamiste extrémiste qui bombarde des civils depuis les airs ». Il l’accusait également de poursuivre l’œuvre de l’ancien tyran, Omar el Béchir et de tout mettre en place pour empêcher la transition civile d’opérer au plus vite et de redistribuer le pouvoir.

 L’État Islamique en renfort

Menacés par l’armée ces derniers jours, les Forces de Soutien Rapide de Hamedti, et qui cherchent depuis de longs mois à sécuriser la transition politique, ont décidé de prendre le contrôle du Palais présidentiel, de l’aéroport de Karthoum et comptent prendre l’ensemble des bases militaires du pays. Depuis des semaines, les tensions montaient entre les deux hommes : MHD, qui cherche à se ranger depuis longtemps du côté des civils, accusant Al Buhrane de mettre en danger le pays en retardant toutes les dernières mesures qui auraient dû permettre de parvenir à un accord final il y a déjà plusieurs semaines.

Désormais, les FSR ont étendu leur contrôle et cherchent à mettre un terme au régime de l’ancien Président, jusqu’au commandement de l’armée et la maison d’Al Buhrane.

MHD a récemment accusé le Président de faire appel à des éléments d’Al Qaïda et de l’Etat islamique pour venir en aide à l’armée régulière pour essayer de défaire ses forces. Pire : Al Buhrane aurait récemment libéré de dangereux terroristes des prisons et des prisonniers du régime d’Omar El Béchir pour les envoyer combattre contre les FSR. Hamedti a appelé la Communauté internationale à réagir à ces dangereuses dérives du pouvoir.

Des avions de guerre à l’oeuvre

Depuis deux jours, l’armée régulière a utilisé des avions de guerre et balancé de l’artillerie lourde directement dans des zones résidentielles à forte densité de population. Du côté des FSR, elles affirment avoir abattu de nombreux avions de combats et pris possessions de 200 chars de combat pour les neutraliser. Les premières victimes du pouvoir sont désormais bel et bien les civils pris entre deux feux. On parle désormais de 97 morts. Des couloirs humanitaires ont été ouverts dimanche pour faciliter l’évacuation des civils au plus vite.

L’ensemble de la communauté internationale appelle au retour du calme. Les ministres des Affaires étrangères du G7 se réunissent au Japon et devraient évoquer la situation actuelle au Soudan. Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, appelait à un « cessez-le-feu immédiat et un retour aux pourparlers ». Quand à l’Union Africaine, elle se rend dans le pays pour tenter de jouer le rôle de médiateur entre les parties. Il est en effet urgent de revenir au calme d’une part, mais de reprendre sur de nouvelles bases solides, le dialogue national et le processus de transition civile mis en danger depuis plusieurs jours.

Les Nations Unies encouragent l’avancée de l’Etat de droit au Soudan

 

 

 

 

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Soudan, la junte militaire sur le chemin de la dictature https://mondafrique.com/confidentiels/soudan-la-junte-militaire-reprime-a-tout-va/ Wed, 10 Nov 2021 09:56:32 +0000 https://mondafrique.com/?p=58129 La junte militaire conduite par le général Abdel-Fattah Al Bourhane et soutenue par l’Égypte multiplie les arrestations depuis sa prise de pouvoir du 25 octobre et fait revenir au pouvoir les cadres de l’ex dictateur Omar Al-Bachir Les méthodes utilises pour réprimer les manifestations de rue font penser à celles qu’utilisait l’ancien dictateur Omar Al-Bachir […]

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La junte militaire conduite par le général Abdel-Fattah Al Bourhane et soutenue par l’Égypte multiplie les arrestations depuis sa prise de pouvoir du 25 octobre et fait revenir au pouvoir les cadres de l’ex dictateur Omar Al-Bachir

Les méthodes utilises pour réprimer les manifestations de rue font penser à celles qu’utilisait l’ancien dictateur Omar Al-Bachir chassé du pouvoir voici deux ans: tirs à balles réelles, lacrymogènes dans les maisons, passages à tabac. En face, des comités de résistance se dont formés sur le modèle utilisé pendant la Révolution de 2019 qui mit fin provisoirement à la dictature ont commencé à se constituer à nouveau pour faire face à la répression.

Sissi au Forum pour la paix à  Paris 

Amdallah Hamdok qui avait pris la tète du gouvernement de transition a été placé en résidence surveillée et subit les pressions des militaires pour aller quémander de l’aide aux bailleurs de fonds habituels du Soucan. Ce qu’il a refusé pour l’instant..

Une nouvelle « marche du million » est annoncée pour le samedi 13 novembre, au lendemain du Forum pour la paix organisé à Paris en présence d’une délégation égyptienne conduite par le président Sissi, l’inspirateur du coup d’Etat qui s’est produit au Soudan et le grand ami de Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires Etrangères.   

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Emmanuel Macron veut fermer la porte du Soudan à Vladimir Poutine https://mondafrique.com/international/emmanuel-macron-veut-fermer-la-porte-du-soudan-a-vladimir-poutine/ Mon, 17 May 2021 13:56:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=50619   Un peu plus de deux ans après la chute d’Omar el-Béchir, la « conférence des Amis du Soudan » qui se tient à Paris les lundi 17 et mardi 18 mai 2021, montre à quel point le Soudan méconnu est devenu un enjeu majeur de la diplomatie française. Pour cause de lutte acharnée contre […]

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Un peu plus de deux ans après la chute d’Omar el-Béchir, la « conférence des Amis du Soudan » qui se tient à Paris les lundi 17 et mardi 18 mai 2021, montre à quel point le Soudan méconnu est devenu un enjeu majeur de la diplomatie française. Pour cause de lutte acharnée contre l’influence russe en Afrique, une priorité absolue d’Emmanuel Macron
 
Plusieurs chefs d’État se réuniront à Paris pour discuter des investissements au Soudan et négocier sa dette afin d’aider le gouvernement du Premier ministre Abdalla Hamdok
 
Après un forum d’affaires organisé dans la matinée du lundi 17 mai par le MEDEF sur le Soudan, une conférence qui réunit quelques dirigeants influents, dont le Prince héritier d’Arabie Saoudite, doit se tenir, l’après-midi même, sur la restructuration de la dette soudanaise.
Le lendemain mardi, un petit-déjeuner d’affaires est organisé par la Chambre de commerce européenne au Soudan au campus de start-ups « Station F » dans la Halle Freyssinet avant qu’une soirée débats « Voix de la révolution soudanaise » ne se tienne à l’Institut du Monde Arabe (IMA), qui joue parfois efficacement l’émissaire discret du Quai d’Orsay.

La diplomatie du portefeuille

« Emmanuel Macron au chevet du Soudan », titre RFI. Comment expliquer ce soudain intérêt pour un pays si peu connue en France? Pourquoi tant de compassion?  La véritable raison, la voici: en mai 2019 et à peine un mois après la chute d’Omar el-Béchir, la Russie avait signé deux accords militaires avec le Soudan, notamment dans le domaine naval. En novembre 2020, rebelote. Vladimir Poutine obtient concession sur Port Soudan, la porte d’entrée stratégique vers la Mer rouge, et delà, vers le canal de Suez. La Russie ambitionne désormais d’établir une base militaire dans la région, une façon de reprendre pied dans la corne de l’Afrique.
 
À l’occasion de la levée des sanctions contre le Soudan, Donald Trump accorde un milliard de dollars à ce pays. Sous réserve que régime de transition soudanais reconnaisse Israel. Ce qu’il a fait sans ciller. La France de Macron et Le Drian tente, elle aussi, cette diplomatie du portefeuille, mais avec moins de marges financières, hélas, que les Américains. 

La dette, levier essentiel

 
Quelques mois après être sorti de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, le Soudan qui était coupé des marchés financiers depuis plus de vingt ans négocie des accords-cadres avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et doit prochainement réintégrer le Fond Monétaire Internationale (FMI).
 
Le Premier Ministre soudanais Abdallah Hamdok vient aussi à Paris pour obtenir un rééchelonnement de la dette du Soudan qui s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars et dont la France qui organise cette conférence est l’un des principaux créanciers. 
 
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France entendent à travers les annulations de créances qui devraient découler de cette restructuration sécuriser une part importante sur le marché soudanais longtemps fermé à toute technologie occidentale.
 

Un nouveau statut sous-régional.

 
La position géographique du Soudan (frontalier avec le Tchad, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, avec un littoral sur la Mer Rouge) en fait un pays stratégique.Les Etats-Unis semblent désormais porter un nouveau regard sur le Soudan. Après les récentes tensions avec Ethiopie-Soudan dans la zone frontalière d’Al-Fashaqa, le secrétaire d’Etat US Antony Blinken avait durci le ton à l’égard de l’Ethiopie, alliée de longue date tandis que les relations avec le Soudan semblaient elles se réchauffer.
 
La récente nomination Mary Catherine Phee – qui a passé une large partie de sa carrière au Soudan – comme secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines est l’illustration du nouveau statut du Soudan dans la sous-région.
 
Autre signe de cet activisme français dans la corne de l’Afrique, Jean Yves Le Drian, qui s’appuie beaucoup dans la sous-région sur son allié et ami égyptien, le maréchal Sissi, suit de très près le projet de Grand Barrage de la Renaissance, source de tensions entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. 
 

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