France - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/france/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 23 Nov 2025 06:58:27 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg France - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/france/ 32 32 Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Sun, 23 Nov 2025 03:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain

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Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain. Depuis le début des guerres en Ukraine et au Moyen Orient, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux qui ne peuvent pas manquer de se répercuter sur le mode africain et maghrébin. 

Notre positionnement critique vis à vis des pouvoirs en place, la diversité des contributeurs du site -journalistes, diplomates, universitaires ou simples citoyens-, la volonté enfin d’apporter des informations et des analyses qui tranchent avec la reste de la presse ont été nos seules lignes de conduite.  

Notre indépendance est totale.

Nous revendiquons une totale transparence. Deux hommes d’affaires et actionnaires du site, l’un mauritanien et l’autre libanais,  nous permettent de disposer de ressources pour faire vivre le site. Qu’ils en soient remerciés.

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Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour notre site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhattsApp (Afrique, Liban, Niger, Gabon, Algérie, Maroc, Tunisie, la Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar ), « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux. 

Notre positionnement critique vis à vis des pouvoirs en place, la diversité des contributeurs du site -journalistes, diplomates, universitaires ou simples citoyens-, la volonté enfin d’apporter des informations et des analyses qui tranchent avec la « grande presse » (ou supposée telle)  ont été nos seules lignes de conduite. 

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L’Algérie accorde la grâce à Boualem Sansal après une médiation allemande https://mondafrique.com/a-la-une/lalgerie-accorde-la-grace-a-boualem-sansal-apres-une-mediation-allemande/ Wed, 12 Nov 2025 18:39:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=142547 Après un an d’incarcération, l’Algérie a accepté, pour raisons humanitaires, de gracier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Cette décision intervient après une demande officielle de l’Allemagne, ouvrant la voie à son transfert pour soins médicaux.  Boualem Sansal, écrivain franco-algérien L’annonce était attendue, elle est désormais officielle : mercredi 12 novembre 2025, la présidence algérienne a confirmé, […]

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Après un an d’incarcération, l’Algérie a accepté, pour raisons humanitaires, de gracier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Cette décision intervient après une demande officielle de l’Allemagne, ouvrant la voie à son transfert pour soins médicaux.


 Boualem Sansal, écrivain franco-algérien

L’annonce était attendue, elle est désormais officielle : mercredi 12 novembre 2025, la présidence algérienne a confirmé, par communiqué, qu’elle accordait une grâce à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu depuis un an à Alger. À la demande du président allemand Frank-Walter Steinmeier, le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, a décidé de répondre favorablement à cette sollicitation, invoquant des « motifs humanitaires ». Ce geste d’ouverture met un terme à plusieurs mois de tensions diplomatiques entre l’Algérie, la France et l’Allemagne autour du sort d’une des figures majeures de la littérature maghrébine contemporaine.

Boualem Sansal, 76 ans, avait été arrêté en novembre 2024 à son arrivée à Alger en provenance de Paris. L’auteur de Le Village de l’Allemand et 2084 : La fin du monde était accusé d’« atteinte à l’unité nationale », de « mise en danger de l’intégrité du territoire » et d’« intelligence avec une puissance étrangère ». Son procès, tenu en mars 2025, s’était soldé par une condamnation à cinq ans de prison ferme, verdict confirmé en appel en juillet. De nombreuses voix, en France, en Allemagne et parmi la communauté intellectuelle internationale, avaient dénoncé une atteinte flagrante à la liberté d’expression et un procès politique visant à réduire au silence un écrivain critique du pouvoir algérien.

L’affaire Sansal a rapidement pris une dimension diplomatique, exacerbée par les relations souvent complexes entre Alger et Paris, et plus récemment avec Berlin. La mobilisation en faveur de la libération de l’écrivain, gravement malade, s’est intensifiée à mesure que son état de santé se dégradait, poussant ses soutiens à alerter l’opinion publique sur l’urgence d’un geste humanitaire.

L’Allemagne à la manœuvre, la France soulagée

C’est finalement l’Allemagne, via l’intervention directe du président Steinmeier, qui a débloqué la situation. Lundi 10 novembre, ce dernier avait exhorté son homologue algérien à faire preuve de clémence envers Boualem Sansal, mettant en avant son âge avancé et sa santé fragile. Dans sa lettre, le président allemand proposait explicitement le transfert de l’écrivain en Allemagne afin qu’il puisse y recevoir des soins médicaux appropriés.

Le communiqué algérien, publié mercredi, entérine cette issue : « Le président Abdelmadjid Tebboune a répondu favorablement à la demande de son homologue allemand concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal. Il a réagi à cette demande, qui a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires. »

En France, la réaction n’a pas tardé. Premier responsable politique à commenter la nouvelle, le Premier ministre Sébastien Lecornu a exprimé son « soulagement », saluant un « dénouement rendu possible par une méthode faite de respect et de calme ».

Une décision à portée politique et symbolique

La libération prochaine de Boualem Sansal dépasse largement le cas individuel. Elle constitue un signal politique adressé aux partenaires européens de l’Algérie, qui subissait une pression croissante sur le terrain des droits humains. Pour Alger, il s’agit de montrer son ouverture à un dialogue avec l’Europe, tout en affichant une gestion souveraine de ses affaires intérieures.

Ce geste humanitaire intervient également dans un contexte délicat : la situation des libertés publiques en Algérie reste source d’inquiétude, et la société civile continue de réclamer davantage de garanties pour la liberté d’expression. Le cas Sansal, symbole de la répression des voix critiques, met en lumière les marges de manœuvre mais aussi les limites du régime algérien face à la mobilisation internationale.

Un transfert à organiser

Si la décision de grâce est officielle, le calendrier du transfert de Boualem Sansal en Allemagne n’a pas été précisé. Les modalités concrètes de sa libération et de son accueil à l’étranger devraient faire l’objet d’une coordination étroite entre les autorités algériennes, allemandes et françaises.

En attendant, la famille, les soutiens et la communauté littéraire internationale espèrent désormais que l’écrivain pourra se rétablir et retrouver la liberté de parole qui a toujours été la sienne. Au-delà de son cas, l’histoire de Boualem Sansal rappelle à quel point la défense des droits humains et de la liberté d’expression demeure un combat d’actualité, en Algérie comme ailleurs.

 

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Un procès Sarkozy baclé et un témoin libyen clé, Souheil Rached, ignoré https://mondafrique.com/a-la-une/temoin-cle-des-largesses-de-kadhafi-souheil-rached-vit-desormais-en-egypte/ Mon, 10 Nov 2025 17:45:00 +0000 http://www.mondafrique.info/?p=3372 Le procès contre Nicolas Sarkozy qui avait débuté le lundi 6 janvier dans l’épais dossier d’un éventuel financement libyen des comptes de campagne de ce dernier s’zqt terminé par une condamnation brutale à cinq ans de prison ferme et par un placement en détention dans les semaines qui viennent sans attendre la prcédure en appel. […]

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Le procès contre Nicolas Sarkozy qui avait débuté le lundi 6 janvier dans l’épais dossier d’un éventuel financement libyen des comptes de campagne de ce dernier s’zqt terminé par une condamnation brutale à cinq ans de prison ferme et par un placement en détention dans les semaines qui viennent sans attendre la prcédure en appel.

Nicolas Sarkozy, sans surprise, a été mis en liberté, lundi 10 novembre, par la cour d’appel de Paris, sous un étroit contrôle judiciaire. Si sa détention a été « un cauchemar », l’audience, en visioconférence de la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, a été pénible. Mais l’ancien chef de l’Etat, condamné à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans l’affaire libyenne, a obtenu l’essentiel. Il est sorti de prison vers 16 heures, dans une voiture aux vitres teintées, escortée par deux motards.

Indépendamment de l’intime conviction que l’on puisse avoir sur les possibles frasques financières de Nicolas Sarkozy, les condamnations que vient de prononcer la justice française en première instance ne reposent que sur un faisceau de présomptions où les bonnes relations nouées entre Sarkozy et Khadafi, lors de l’arrivée au pouvoir du premier en 2007, jouent un rôle central.  Notons que la France n’est pas la seule alors à tendre la main aux Libyens . L’administration américaine très hostile au départ au régime libyen s’était elle aussi rapproché de la dictature libyenne tout comme l’ancien Premier ministre anglais, Tony Blair, reçu régulièrement par le Guide libyen lui même. 

Faute de tout versement direct avéré de  Mouammar Khadafi à l’ancien Président français et en l’absence de tout « pacte de corruption » que le Tribunal d’ailleurs n’a pas retenu, les magistrats se sont rabattus sur le délit d' »association de malfaiteur ». Or on connait le caractère élastique et approximatif de ce délit. Fautes de preuves irréfutables, l’accusation n’a pas fait dans le détail. Nicolas Sarkozy a oeuvré en faveur du rapprochement avec la Libye? Des intermédiaires de second rang mais proches alors de l’Élysée, dont notamment Ziad Takieddine ou Alexandre Djhouri, étaient en lien avec la Libye? Et ces dernier ont profité des bonnes relations Sarkozy/Khadafi pour toucher quelques largesses du guide libyen? C’est que l’ancien président, concluent les juges, était au coeur d' »une association de malfaiteurs » qui a organisé la distribution de largesses bien modestes au regard des dizaines de millions que Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir touché.  

Le mystérieux témoin épargné, Souheil Rached,

Mondafrique revient sur le mystérieux Souheil Rached, un agent de la Libye qui n’a jamais été entendu par la justice et qui fait partie pourtant des onze personnalités que l’ancien Président de la République et ses amis n’ont pas eu le droit de rencontrer depuis le début de l’instruction. Cet oubli est d’autant plus surprenant que ce représentant de Mouammar Kadhafi en France, au mieux avec Nicolas Sarkozy et ses proches, actif en Afrique francophone et très lié aux services français, est parfaitement au courant des relations entre le pouvoir français et le Guide libyen.

Son audition aurait permis d’éclairer utilement les coulisses de ce dossier complexe de financement politique. En privé en effet et lorsqu’il se confiait à son entourage, Souheil Rachel révélait la réalité des aides de Kadhafi à la classe politique française, de gauche comme de droite. « Onze millions, leur expliquait-il, ont été versés à Nicolas Sarkozy via l’Allemagne et en deux fois, sept millions puis quatre millions. Une dizaine de millions ont été donnés à une personnalité de gauche très en vue au Parti Socialiste ». Notons que l’ancien ministre libyen du pétrole, Choukri Ghanem, retrouvé mort noyé à Vienne, évoquait la somme de 6,5 millions versées par ses amis à Nicolas Sarkozy. On n’est pas loin des sept millions dont parle Souheil Rached dans ses confidences. La piste aurait mérité d’être creusée.

                                                                        Nicolas Beau

           Souheil Rached, le barbouze libyen qui en savait trop

Ancien photographe de presse au Liban, Souheil Rached aura été surtout dans sa jeunesse un militant courageux et déterminé du FPLP, l’organisation palestinienne de Georges Habache. C’est à ce titre qu’il rencontre, durant la guerre au Liban, les milieux de renseignement français ainsi que le colonel libyen Saleh Drouki, alors ambassadeur de Libye à Beyrouth.

Présenté à Tripoli au « Guide », le jeune Souheil débute une carrière brillante et foudroyante auprès de Moussa Koussa, qui est chargé, sous l’autorité directe de Kadhafi, de tous les dossiers sensibles à l’étranger. À ce titre, Koussa négociera avec les Anglais le dossier « Lockerbie », du nom de ce village écossais où un avion de la Pan s’écrase en 1988, victime d’un attentat meurtrier (270 morts) qui sera imputé aux Libyens. Apparemment, Moussa Koussa, adepte du double jeu, saura s’y prendre avec les services anglais. Durant la guerre franco-anglaise en Libye en 2011, ce proche parmi les proches de Kadhafi s’enfuit en Angleterre, porteur de ses secrets d’État; il y sera fort bien accueilli, avant de gagner l’Arabie Saoudite, où il séjourne.

De Paris à Bamako

Jusqu’à l’intervention en Libye en 2011, Souheil Rached, francophone et francophile, est l’homme qui connait le mieux les relations entre Tripoli et Paris, comme le raconte fort bien dans le livre « Sarkozy/Kadhafi, histoire secrète d’une trahison » (Le Seuil) la journaliste Catherine Graciet. Le domaine d’intervention de cet agent d’influence s’étend même en Afrique francophone. À l’époque, Kadhafi se veut le roi de l’Afrique sahélienne, où il déverse des dizaines de millions de dollars. Mais il s’agit de pays d’influence française. Souheil Rached déploie tout son talent pour rapprocher les hommes de Kadhafi, la diplomatie française et les chefs d’État africains, notamment au Mali et au Niger.

À Bamako encore aujourd’hui, cet homme de l’ombre est consulté par le président IBK. En revanche à Niamey, il n’est plus personna grata, car les militaires nigériens n’ont guère apprécié la façon dont il a mis en cause leur incompétence et leur corruption auprès du président nigérien Issoufou. Lors de son dernier séjour dans ce pays, il sera exfiltré par la DGSE française dès son arrivée. Les patrons de l’armée nigérienne voulaient lui faire la peau.

Bakchichs pour tous

Depuis peu, Souheil Rached séjourne au Caire où il joue un röle discret pour conseiller le pouvoir égyptien sur le dossier libyen. On peut imaginer qu’il est en phase avec son ancien patron, Moussa Koussa, qui, lui, est consulté par le régime Saoudien. À Riyad comme au Caire, on souhaite que l’ordre revienne en Libye et que les frères Musulmans soient définitivement chassés du pouvoir à Tripoli.

Fort habile, Souheil Rached a maintenu des liens étroits avec ses amis de la DGSE (services extérieurs) ou de la DGSI (contre espionnage), où il avait ses entrées. Ce qui explique que ses séjours parisiens aient toujours été discrets et protégés depuis que l’affaire du financement libyen a éclaté. À moins que les juges ne veuillent pas entendre un témoignage qui n’irait pas dans le sens de leurs à prioris. Ce qu’aurait à déclarer en effet ce témoin clé ne va pas dans le sens de ce qu’on entend généralement sur ce dossier, où seul Nicolas Sarkozy est mis en cause. En privé, Souheil Rachel n’hésitait pas à mettre en cause l’ensemble de classe politique française de gauche comme de droite.  » Onze millions, leur explique-t-il, ont été versés à Nicolas Sarkozy via l’Allemagne et en deux fois, sept millions puis quatre millions. Une dizaine de millions ont été donnés à une personnalité de gauche très en vue au Parti Socialiste ».

Cette version est à l’image du roué colonel Kadhafi, quarante deux années de rêgne, qui ne voulait jamais insulter l’avenir.

Quand Nicolas Sarkozy décida en 2011 d’intervenir en Libye

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L’obsession française sur le voile: Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter… https://mondafrique.com/video/lobsession-francaise-sur-le-voile/ Fri, 10 Oct 2025 14:06:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=32511 L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux. Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de […]

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L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux.

Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. Une phrase du poète américain Walt Whitman résume à peu près la manière dont la diversité est conçue : « Je suis grand, je contiens des multitudes ».

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de problèmes de discrimination terribles et persistants basés sur les différences (raciales en particulier) aux États-Unis ; simplement ces différences sont reconnues comme partie intégrante de l’héritage national. Elles sont relevées dans les recensements, décrites dans les collections de données institutionnelles, et comprises comme étant la source de notre richesse culturelle. Les appellations composées (« Africain-Américain », « Italien-Américain », « juif-Américain », « musulman-Américain ») disent assez l’acceptation du fait que les identités politiques et culturelles peuvent coexister sans porter atteinte à la nécessaire unité nationale. Si durant les primaires en cours de la prochaine élection présidentielle des failles majeures se sont révélées, elles sont plus fondées sur les disparités économiques que sur les différences ethniques ou religieuses. Ce sont les énormes inégalités de revenus et non les affiliations communautaires qui divisent l’électorat et nos hommes politiques en ce moment.

UNE « HYSTÉRIE POLITIQUE »

Pour toutes ces raisons, l’obsession française du voile islamique nous semble correspondre à ce qu’Emmanuel Terray nommait en 2004 une « hystérie politique ». La rhétorique déchaînée, les menaces et les lois punitives visant les vêtements féminins (hijab, voile intégral, abaya) semblent excessives, pour ne pas dire insensées. L’alarme lancée en 1989 par Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter et d’autres, prédisant que la non-interdiction du hijab dans les écoles serait le « Munich » de la République a conduit certains d’entre nous à se demander comment ces supposés intellectuels sérieux pouvaient grossir le trait à ce point. Récemment, le commentaire de Laurence Rossignol comparant le port du voile à la soumission volontaire à l’esclavage a suscité une interrogation du même ordre : avait-elle la moindre idée de l’épisode historique auquel elle faisait allusion ? Et quand Charlie Hebdo puis la rédaction de Libération ont mis en garde contre l’inévitable pente glissante conduisant du voile aux attentats terroristes et fustigé les « islamo-gauchistes » qui dénonçaient l’amalgame entre les traditions musulmanes et l’islam politique, il était difficile de ne pas lire dans leurs articles autant d’exemples de l’islamophobie qu’ils niaient si bruyamment.

Un autre aspect troublant de la focalisation sur l’habillement des femmes musulmanes est l’idée que la « laïcité » exigerait l’interdiction du voile au nom de l’égalité entre hommes et femmes. Ceux d’entre nous qui connaissent un peu l’histoire de ce mot sont surpris de le trouver invoqué comme principe de l’égalité de genre. Cela n’était certainement pas la préoccupation des anticléricaux qui ont inventé le terme en 1871, ni celle des auteurs de la loi de 1905 qui prescrit la neutralité de l’État en matière de religion et ne dit absolument rien de la façon dont les femmes doivent être traitées. C’est plutôt la « nouvelle laïcité » (ainsi nommée par François Baroin en 2003 lorsque l’interdiction du voile était en débat) qui a fait entrer l’égalité entre les hommes et les femmes dans les principes fondateurs de la République. Elle transfère l’exigence de neutralité de l’État à ses citoyens, des institutions et des représentants de l’État à tout l’espace public et à tous ses habitants. La « nouvelle laïcité » exige des individus qu’ils comprennent que la neutralité, définie comme l’absence du plus modeste signe d’affiliation religieuse, est la condition sine qua non de l’appartenance à la nation.  

Le mot « laïcité » est polémique depuis sa création en 1871 par les militants anticléricaux. À l’époque, il servait à contrer le pouvoir de l’Église catholique ; à présent, il est utilisé pour définir une identité française qui exclut les musulmans. Dans les deux cas, les femmes sont considérées comme un danger potentiel pour la République. Au XIXe et au début du XXe siècle, on soupçonnait les Françaises d’être sous l’influence des prêtres ; au XXIe siècle, ce sont les femmes musulmanes dont les foulards sont le signe d’un « défaut d’assimilation » inacceptable, et d’un refus agressif de l’égalité soi-disant caractéristique de la République. Finkielkraut l’a dit sans détour dans un entretien au New York Times1 : « la laïcité l’a emporté. Et nous ne pouvons faire aucun compromis sur le statut des femmes. (…) Tout vient de là. »

MARIANNE DÉVÊTUE

L’assimilation culturelle est une caractéristique bien connue de l’identité française. Le souci de représenter la France comme une nation homogène est ancien ; des générations d’immigrants ont ainsi été sommés de perfectionner leur pratique de la langue, s’identifier à « nos ancêtres les Gaulois » et déclarer avant tout leur loyauté envers les fondamentaux culturels et politiques du pays. Mais les partisans de l’assimilation n’ont que très rarement ciblé les femmes comme ils le font actuellement. Pourquoi sont-elles devenues l’objet d’une telle attention ? La plupart des terroristes sont des hommes ; les armées de l’organisation de l’État islamique sont complètement masculines. Pourquoi les politiciens français, notoirement rétifs à voter des lois sur la violence domestique, le harcèlement sexuel ou l’égalité salariale, et (pour la plupart) résistant activement à la mise en œuvre de la loi sur la parité en politique, pourquoi ces hommes — avec quelques soutiens féministes — sont-ils si soucieux du statut des femmes dès lors qu’il s’agit de l’islam ? Qu’est-ce que leur obsession du vêtement des femmes musulmanes nous dit sur les angoisses des républicains français ?

Certes, ils en appellent à la vieille idée d’une identité française homogène et à une vision de la laïcité dans laquelle la religion est privatisée — une question de conscience individuelle qui n’a pas à être publiquement exposée. De ce point de vue, peut-être, l’habillement des femmes musulmanes est vu comme marquant plus visiblement leur appartenance religieuse que les vêtements des hommes musulmans. On puise aussi dans les réminiscences de la « mission civilisatrice » coloniale qui vantait le traitement supérieur des femmes françaises (bien avant qu’elles aient le droit de vote ou qu’elles soient libérées des restrictions du Code napoléonien) sur celui des femmes « indigènes », dont les voiles avaient alors un attrait érotique, et n’étaient pas comme aujourd’hui un signe de répression sexuelle. Et puis, il y a la Marianne dévêtue, symbole de la nation ; poitrine nue, elle est La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix et l’icône qui figure en bonne place dans les hôtels de ville d’un grand nombre de municipalités. Dans la polémique actuelle, Marianne à la gorge offerte incarne les femmes françaises émancipées par opposition aux femmes voilées qui seraient soumises à l’islam.

ÉGALITÉ DU MÊME, INÉGALITÉ DE L’AUTRE (SEXE)

Mais je pense qu’il y a plus que tout cela. Quelque chose qu’on pourrait appeler l’inconscient politique du républicanisme français, qui alimente l’hystérie autour du vêtement des femmes musulmanes. Cette hystérie dont nous sommes témoins provient d’une contradiction inavouée, mais persistante entre l’égalité politique et la différence sexuelle. Il est possible que ce ne soit pas le motif direct dans le cas de Badinter ou de Manuel Valls, mais je pense que cela va jusqu’à entacher leur défense inflexible de la République laïque et contribue à expliquer plus généralement la fixation sur les femmes musulmanes et leurs foulards.

La contradiction est évidente depuis 1789 et n’a pas disparu quand les femmes ont obtenu le droit de vote en 1944. La citoyenneté en France est basée sur un individualisme abstrait. L’individu est l’unité essentielle, indépendamment de la religion, de l’ethnie, de la position sociale ou de la profession. Une fois ôtés tous ces éléments, les individus sont tous pareils, c’est-à-dire égaux. Mais dans la longue histoire de la politique française, la différence sexuelle a constitué le principal obstacle au « même », à la ressemblance, vue comme une distinction naturelle et donc impossible à éliminer. La nature a décrété un manque de similitude (donc une inégalité de ce point de vue) que la société ne peut pas corriger. Il y a une profonde incompatibilité entre la promesse universelle d’égalité dans la théorie politique républicaine et la différenciation sexuelle créée par la nature. Cela n’entre pas dans la logique républicaine.

Quand les femmes ont obtenu le droit de vote, ce fut en tant que groupe particulier, non en tant qu’individu(e)s. Dans les débats sur la parité, l’argumentation qui a finalement permis à la loi de passer a été celle qui a remplacé l’individu par le couple hétérosexuel. Sylviane Agacinski a ainsi affirmé (pour la parité et contre le PACS en 1999) qu’il ne pouvait pas y avoir de Parlement monosexué comme il ne pouvait y avoir de familles monosexuées. La complémentarité s’est ainsi substituée à l’égalité des individus. Dans l’éloge de la séduction comme trait de caractère national, la complémentarité est asymétrique : les femmes « consentent amoureusement » à leur subordination aux hommes.

L’accent mis sur le jeu de séduction ouvert entre hommes et femmes, et en particulier l’affichage public du corps des femmes, sert à démontrer leur différence et la nécessité de les traiter autrement. En ce sens, le problème que pose le sexe à la théorie politique républicaine est nié. Paradoxalement, l’« objétisation » de la sexualité féminine sert à « voiler » une contradiction inhérente au républicanisme français : son incapacité à réconcilier la différence sexuelle « naturelle » avec la promesse d’égalité pour tous.

LE VOILE AU PIED DE LA LETTRE

Le voile des femmes musulmanes semble présenter un défi de ce point de vue, menaçant d’exposer la contradiction niée ou réprimée de la théorie républicaine. L’habillement « modeste » répond directement aux problèmes posés par le sexe et la sexualité dans les relations sociales et la politique. Il atteste que les relations sexuelles sont interdites sur la place publique. Certaines féministes musulmanes affirment que c’est ce qui les libère en fait, mais que ce soit le cas ou non, ou que chaque femme qui met un voile en comprenne le symbolisme de cette manière ou pas, le voile signale l’acceptation de la sexualité et même sa célébration, mais seulement dans des circonstances particulières — en privé, au sein de la famille. Le paradoxe ici est que le voile rend explicites — visibles pour tous — les règles de l’interaction de genre qui déclarent que les échanges sexuels se font hors de l’espace public.

C’est la reconnaissance explicite d’un problème que la politique française veut nier qui rend le voile « visible » au sens sexuel du terme. Le vêtement des femmes musulmanes est la preuve des difficultés que présente le sexe pour les échanges dans la sphère publique — difficultés que les républicains français veulent nier. Leurs pieuses déclarations sur l’égalité sont en totale contradiction avec leur profond malaise dès qu’il s’agit de partager le pouvoir avec l’autre sexe. La séduction est pour eux une alternative préférable.

Je ne veux pas nier les aspects patriarcaux des pratiques musulmanes, mais nous ne devons pas ignorer non plus le fait qu’il n’y a pas d’égalité de genre parfaite en France. Les femmes sont objétisées dans les deux systèmes, quoique différemment. Je veux simplement dire que l’hystérie politique sur le voile doit être comprise non pas comme une réponse simple et logique au terrorisme, ni comme la défense de l’égalité de genre. C’est plutôt une façon de nier la persistance d’inégalités à l’intérieur de la société française (inégalités qui vont du genre à la race et à l’ethnie). Ces inégalités ne sont pas accidentelles ; elles sont consubstantielles à un système politique qui fait du « même » abstrait le fondement de l’égalité, et de la différence sexuelle concrète l’exception et la justification d’une inégalité qui, parce qu’elle est « naturelle », ne peut pas être nommée.

C’est peut-être une autre manière de dire que toute l’attention portée à l’inégalité qui caractériserait le sort des seules femmes musulmanes est un moyen d’évacuer les problèmes concernant les femmes françaises en général — différents bien sûr, mais qui n’ont pas été résolus par la loi (le vote, les modifications du Code civil, la parité) ni par d’autres moyens. Une chose est sûre, si l’inégalité de genre existe également dans le monde anglo-américain, elle n’a pas pris la forme de cette obsession des femmes musulmanes et de leurs voiles dont on peut dire qu’elle est une singularité française.

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Notre video avec Ziad Takieddine qui vient de disparaitre https://mondafrique.com/limage-du-jour/nicolas-sarkozy-a-prostitue-la-france-au-qatar-ziad-takieddine/ Wed, 24 Sep 2025 06:39:00 +0000 http://www.mondafrique.info/?p=2590 Ziad Takieddine, réfugié au Liban et contre lequel le parquet financier avait requis six ans de prison dans le dossier du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy vient de décéder. Cet homme d’affaires libanais qui a toujours fonctionné à dix bandes restera « l’intermédiaire» mêlé aux turpitudes de la droite en général et à […]

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Ziad Takieddine, réfugié au Liban et contre lequel le parquet financier avait requis six ans de prison dans le dossier du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy vient de décéder. Cet homme d’affaires libanais qui a toujours fonctionné à dix bandes restera « l’intermédiaire» mêlé aux turpitudes de la droite en général et à celles de l’ancien Préident français  en particulier. Dans un entretien à Mondafrique en 2017, il expliquait comment l’ex chef de l’Etat français a déroulé le tapis rouge au Qatar, richissime et minuscule émirat qui pèse de tout son poids sur la politique français.

Spécialiste de l’anathème et de la fulgurance, Ziad Takieddine était comme un volcan, de temps en temps il entrait en éruption. C’est le cas dans l’interview qu’il donne à Jacques Marie Bourget en 2017 et que publie Mondafrique. A ceux qui affirment que « l’intermédiaire » a beaucoup trop menti, devant la presse et les juges, on peut répondre qu’arrivé au bout d’un processus de défense, où il se voyait très seul et poursuivi dans des dossiers qui recèlent pourtant de multiples coupables, Takieddine est contraint de dire sa part de vérité. Pour tenter de se sauver. Après des mois de tergiversation et de changement de cap, le druze en colère semble avoir compris, dit-il,  l’origine de ses déboires : ils proviennent de Nicolas Sarkozy, de son fidèle Claude Guéant et du Qatar. Si l’on en croit  « l’intermédiaire » menteur invétéré, ce petit pays  aurait tout simplement, par le biais de l’ex-président, « acheté la République ».

Entretien avec Ziad Takieddine

Première partie

Deuxième partie

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Patrimoine africain (volet 6), la résistance des musées contre toute restitution! https://mondafrique.com/loisirs-culture/lart-africain-vole-restitue-a-lafrique-sauf-les-plus-belles-pieces/ Wed, 10 Sep 2025 03:10:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=49830  Malgré la mise en scène orchestrée ces jours ci par l’Élysée sur la restitution au Bénin de quelques vingt six pièces des collections du musée du Quai Branly, les pays occidentaux, dont la France, rechignent à restituer les plus belles œuvres pillées pendant la colonisation comme la statue du Dieu Gou exposée au Louvre. Ce […]

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 Malgré la mise en scène orchestrée ces jours ci par l’Élysée sur la restitution au Bénin de quelques vingt six pièces des collections du musée du Quai Branly, les pays occidentaux, dont la France, rechignent à restituer les plus belles œuvres pillées pendant la colonisation comme la statue du Dieu Gou exposée au Louvre. Ce que révélait  une récente enquête sur France.tv.

Une chronique d’Olivier Toscer 

Quelque 80 % du patrimoine artistique africain est détenu hors du continent noir. Ir le  président Macron avait solennellement promis devant des étudiants à l’université de Ouagadougou en 2017  que les oeuvres volées seraient restituées. La France s’engageait à rendre, en cinq ans les oeuvres d’art récupérées pendant la colonisation et exposées dans les musées français. Un an plus tard, un rapport explosif remis au président Macron fin 2018 suggère d’accélérer le rythme de ces restitutions à tous les pays qui en feraient la demande. 

Trois ans après où en est-on de cette promesse ? C’est la question épineuse que pose Laurent Védrine dans un film important diffusé en France et sélectionné dans plusieurs festivals.

Piratage en règle

Le film se propose de suivre la destinée d’une pièce parmi les plus remarquables de l’art africain tel qu’on le connaît en Europe : la statue du Dieu Gou. Exposé au Louvre, cette sculpture en acier d’un dieu de la guerre avait été raflée par l’armée française, à l’issue de la conquête du Royaume de Dahomey (le Bénin, aujourd’hui) en 1892. Elle représente la prise de guerre la plus emblématique du pillage en règle de l’ancien palais royal du roi Behanzin, souverain du Dahomey envoyé en exil aux Antilles après sa défaite.

A Porto Novo aujourd’hui, l’absence du Dieu Gou représente une blessure jamais cicatrisée dans l’âme du peuple béninois. « Nous priver de nos oeuvres culturelles, c’est nous empêcher de nous reconstruire, explique un historien béninois. Nous avons besoin de ces œuvres pour renforcer notre cohésion nationale ». Aussi, le président béninois Patrice Talon a-t-il fait une demande officielle de restitution dès octobre 2016. Sans résultat pour l’instant. Si, en octobre 2020, la France a effectivement communiqué une liste d’œuvre volées lors du pillage de 1896 qu’elle acceptait de restituer au Benin, la statue du Dieu Gou n’y figure pas.

La France accepe le retour du tout venant de l’art africain sur le Continent noir, mais qu’elle considérait que les plus belles pièces devaient rester dans l’Hexagone.

Circulez, il n’y a rien à voir

C’est la thèse du film renforcée par le fait qu’aucun responsable français, ministres actuels ou passés, n’a accepté d’évoquer le sujet devant la caméra de Laurent Védrine. L’hypothèse est, en tous les cas, accréditée par les propos embarrassés de plusieurs conservateurs de musée occidentaux qui s’interrogent à demi-mot sur le devenir et la conservations des œuvres si elles retournaient en Afrique. « Il ne faut pas nous dire ce qu’on doit faire avec, tranche Hamady Bocoum, le directeur du musée des civilisations noires de Dakar. On fera ce que l’on voudra ». Quitte éventuellement à les exposer en plein air, les brûler ou les enterrer, suggère-t-il, en rappelant le caractère sacré et vaudou de la plupart des oeuvres.

L’art africain, quand il retrouve ses latitudes originelles, doit-il être conservé et exposé à l’occidentale ou retrouver ses fonctions spirituelles ancestrales, quitte à devenir éphémères ? C’est un des non-dits des affaires des restitutions de l’art africain. Ce n’est pas le seul. La résistance des musées à ce projet présidentiel est, hélas, quasi générale

Stéphane Martin vent debout

Emmanuelle Cadet est directrice de l’association Alter Natives, qui travaille à la sensibilisation de jeunes aux histoires d’acquisition d’objets non-européens, dans le cadre d’un programme développé depuis 2014. L’ancienne conservatrice-restauratrice de biens culturels a observé qu’à la suite de la parution du rapport commandé par Emmanuel Macron, un front des conservateurs s’est constitué pour entraver la restitution. « Je n’avais pas imaginé qu’il y ait une telle grogne contre les résultats du rapport.» 

La prise de parole la plus remarquée a été celle de Stéphan Martin, le président du quai Branly. Le musée recense 70.000 œuvres d’art africain sur les quelques 90.000 des collections publiques françaises. Selon lui, le rapport Sarr-Savoy  « met beaucoup trop les musées sur la touche au profit des spécialistes de la réparation mémorielle », avait-il déclaré le 27 novembre 2018 à l’AFP. La restitution ne peut être «la voie unique ». Ce président de la plus grande collection d’art africain en France a peur de voir les musées européens « vidés » et « d’entrer dans une logique où le patrimoine devient l’otage de la mémoire. » Mais la majorité des conservateurs de musée préférant garder le silence.

Emmanuelle Cadet explique que certains conservateurs refusaient de parler de butin de guerre, avant que le terme ne s’impose: « C’est un  terme qui les dérangeaient et qui remettait en cause leur collection ». Aujourd’hui elle observe que ces histoires doivent être plus largement connues et travaillées par la société civile et les acteurs socio-culturels et jeunesse .

Apparemment, la restitution du butin promise par Emmanuel Macron lors de son discours à Ouagadougou le 28 novembre 2017, attendra encore un peu.

 

 

 

 

 

 

 

Restituer l’art africain : les fantômes de la colonisation, documentaire réalisé par Laurent Védrine, disponible jusqu’au 24 juin 2021 sur france.tv

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Le suicide en direct de François Bayrou https://mondafrique.com/a-la-une/le-suicide-en-direct-de-francois-bayrou/ Tue, 09 Sep 2025 09:55:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138387 Le premier ministre François Bayrou n’a pas obtenu la confiance des députés (194 voix pour, 364 voix contre) et va remettre sa démission au président de la République Emmanuel Macron. Ce dernier devra choisir un nouveau chef de gouvernement ou avoir recours à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Comment interpréter la chute du gouvernement […]

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Le premier ministre François Bayrou n’a pas obtenu la confiance des députés (194 voix pour, 364 voix contre) et va remettre sa démission au président de la République Emmanuel Macron. Ce dernier devra choisir un nouveau chef de gouvernement ou avoir recours à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Comment interpréter la chute du gouvernement Bayrou ? Quels scénarios pour une sortie de crise ? Entretien sur le site « The Conversatin » avec le politiste Frédéric Sawicki.

professeur de science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne


The Conversation : François Bayrou vient de démissionner. Quel bilan tirez-vous de son action et de sa méthode ?

Frédéric Sawicki : Comment comprendre un tel fiasco ? Comment comprendre ce suicide politique qu’est ce vote de confiance choisi par le premier ministre alors qu’il ne dispose pas de majorité ?

En refusant de s’engager depuis sa nomination dans une négociation ayant pu déboucher sur une espèce de contrat de gouvernement, notamment avec le Parti socialiste, François Bayrou s’est privé de toute possibilité de survie politique. C’est là un paradoxe pour ce démocrate-chrétien qui, tout au long de sa carrière politique, n’a cessé d’appeler au dépassement du clivage droite-gauche (rappelons qu’il avait à ce titre refusé de rejoindre l’UMP en 2002 et appelé à voter François Hollande en 2012) et à la recherche de compromis.

Sa gouvernance a en outre été marquée par une succession d’échecs et de maladresses qui n’ont pu que creuser la distance avec la gauche, à commencer par la désastreuse gestion des révélations concernant Bétharram, épisode au cours duquel François Bayrou a peiné à clarifier son rôle mais surtout guère montré de compassion pour les victimes, apparaissant comme un homme d’un autre temps. Auparavant, en janvier, il y a eu l’impasse totale faite sur les enjeux climatiques et environnementaux dans sa déclaration de politique générale suivie par l’utilisation de l’expression « submersion migratoire », deux lourds signaux envoyés à la droite et à l’extrême droite. Si celles-ci pouvaient applaudir des deux mains à l’unisson de la FNSEA l’adoption de la loi Duplomb, le PS et la CFDT ne pouvaient que constater de l’autre côté s’être fait rouler dans la farine après l’échec du « conclave » sur les retraites en juin dernier.

Enfin, après avoir ainsi humilié la gauche, le premier ministre a porté le coup de grâce en annonçant un plan d’économies de 44 milliards supporté pour l’essentiel par les salariés et les retraités, avec cette mesure ubuesque concernant la suppression deux jours fériés qui lui a définitivement aliéné le Rassemblement national.

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Au-delà de la personne de François Bayrou, quelles sont les causes structurelles de cet échec ?

F. S. : Il faut relativiser la responsabilité individuelle de François Bayrou, malgré ses bévues.

La première raison de cet échec réside dans le choix du président de la République de ne pas tenir compte du nouveau rapport de forces au sein de l’Assemblée nationale élue en juillet 2024. Celui-ci, rappelons le, aurait dû conduire à la nomination d’un premier ministre du Nouveau front populaire (NFP) quitte à ce que ce gouvernement échoue et que le président nomme alors un autre premier ministre. Au lieu de cela, Emmanuel Macron a choisi de s’appuyer sur le groupe LR et ses 48 députés, jusqu’ici dans l’opposition, en nommant Michel Barnier. En décembre il n’a même plus fait semblant de prendre acte de sa défaite en nommant François Bayrou qui, avec le groupe MoDem (36 députés), fait partie de sa majorité depuis 2017.

Pour réussir, Bayrou ou Barnier étaient condamnés à élargir leurs soutiens au-delà de leurs partis et du bloc central. Si la France était dans une démocratie parlementaire « classique », on en serait sûrement passé par une grande négociation entre les partis prêts à participer au gouvernement. Cette négociation aurait sans doute pris plusieurs semaines mais elle aurait permis une certaine stabilité autour de quelques mesures de compromis. En nommant un premier ministre à sa guise, en interférant dans la composition du gouvernement et en leur laissant le soin de bricoler une stratégie de balancier (un coup à gauche, deux ou trois coups à droite et à l’extrême droite) Emmanuel Macron a condamné celui-ci à l’échec.

On a beaucoup critiqué l’absence de culture du compromis des partis politiques. Est-ce également une raison de cet échec ?

F. S. : En effet, mais c’est moins la culture que nos institutions qui ne poussent pas les acteurs à se montrer responsables. L’élection présidentielle est toujours pensée comme le moment décisif permettant d’engager une nouvelle orientation pour cinq ans. Du coup, accepter de passer des compromis, revenait à risquer de se « griller » pour l’élection présidentielle suivante. C’est ce qui explique par exemple l’attitude de LR en 2022 qui refuse de rejoindre la majorité alors même que le programme d’Emmanuel Macron est largement convergent avec le sien.

L’hyper-présidentialisation empêche le compromis. La liberté laissée au président de nommer le premier ministre sans tenir pleinement compte du résultat du vote et son intrusion dans la politique du gouvernement même désavoué par les urnes illustrent la perversion de nos institutions. Elles garantissent l’irresponsabilité totale d’Emmanuel Macron. Même si des voix commencent à se faire entendre pour appeler à sa démission ou sa destitution, rien ne l’y oblige. Le revers de la médaille de cette irresponsabilité est qu’elle crée des partis tout aussi irresponsables : ces derniers renvoient la balle au président – à lui de se débrouiller pour trouver des réponses et rendez-vous à la prochaine élection présidentielle !

Enfin, le mode d’élection des députés au scrutin majoritaire à deux tours n’incite pas non plus les partis à trouver des compromis. D’un côté la gauche modérée doit s’associer à la gauche radicale pour avoir des députés, de l’autre la droite est concurrencée de plus en plus par l’extrême droite dans de nombreuses circonscriptions.

Quelles solutions permettraient de sortir de cette impasse ?

F. S. : Je plaide pour un scrutin proportionnel qui permettrait de rendre les partis politiques et les parlementaires plus responsables. Notre régime excessivement présidentialisé et le scrutin majoritaire à deux tours non seulement ne permettent pas une bonne représentation de la diversité des idées politiques et des intérêts sociaux mais ils ne permettent plus aujourd’hui de déboucher sur des majorités claires. Il existe des divisions sociologiques, politiques et idéologiques qui fracturent le pays bien au-delà de l’ancien clivage droite-gauche. La bipolarisation n’est pas près de se reproduire, c’est d’ailleurs un constat qui vaut pour de très nombreux pays aujourd’hui.

Aujourd’hui, ces divisions ne sont pas correctement reflétées au sein de l’Assemblée car les Français sont souvent contraints de voter pour éliminer tel ou tel parti. Le scrutin proportionnel incite au contraire à voter pour le programme dont on est le plus proche. Elle empêche qu’un seul parti ne gouverne et amène plus facilement les responsables politiques à négocier des orientations programmatiques.


À lire aussi : Notre démocratie est-elle minée par l’élection du président de la République au suffrage universel ?


Mais une réforme du scrutin législatif sera-t-elle suffisante ? L’un des enjeux n’est-il pas également de réduire le pouvoir du président de la République ?

F. S. : Effectivement, il existe sans doute d’autres chantiers à entreprendre. Certains considèrent qu’il faut revenir à un mandat unique de sept ans pour le président, d’autres qu’il faudrait lui retirer le pouvoir de nomination du premier ministre en rendant obligatoire le vote de confiance de l’Assemblée nationale, comme c’était le cas pour la troisième et la IVe République. D’autres souhaitent développer les référendums d’initiative partagée ou les référendums d’initiative citoyenne. Tout cela devra être discuté lors de la prochaine élection présidentielle, mais dans l’immédiat, pour remettre la Ve République sur des rails plus démocratiques et sortir de l’impasse actuelle, la proportionnelle me semble être la première réforme à envisager. Le politiste Bastien François propose un référendum sur la proportionnelle puis une dissolution qui permettrait d’élire une nouvelle assemblée. On peut aussi envisager cette réforme comme un élément de négociation pour construire un futur gouvernement entre le centre et la gauche.

Quelles solutions s’offrent à Emmanuel Macron aujourd’hui ?

F. S. : Emmanuel Macron peut désormais dissoudre l’assemblée mais ce choix serait risqué : il ferait perdre des voix à son camp. Par ailleurs, dans un contexte social inflammable – avec le mouvement Bloquons tout – une dissolution peut amplifier le vote de rejet du président.

Seconde hypothèse : Emmanuel Macron poursuit dans la même logique en espérant qu’un premier ministre de son camp fasse passer le budget au 49.3. quitte à dissoudre ensuite. Mais le Rassemblement national ne semble plus prêt à jouer le jeu de la neutralité et les socialistes ne devraient pas être plus cléments. Ce choix reviendrait donc à reculer pour mieux sauter et l’on arriverait très probablement à une nouvelle censure dans quelques semaines et à priver la France de budget.

Troisième hypothèse : Emmanuel Macron donne sa chance à Olivier Faure ou à un premier ministre de gauche. Il peut ainsi penser réussir à lever l’hypothèque socialiste comme on disait sous la Troisième. Il me semble qu’il s’agirait de la seule décision rationnelle pour éviter une dissolution. Les socialistes pourraient faire passer quelques réformes de gauche comme la taxe Zucman, des mesures prenant en compte la pénibilité en matière de retraite, voire des mesures en faveur de l’hôpital et l’éducation, qui sont largement soutenues par les Français. Ce serait sans doute difficile à avaler pour Macron mais ce dernier peut toujours espérer que le Conseil constitutionnel censure la taxe Zucman ou que LFI torpille le PS. Il peut aussi essayer de diviser les socialistes en proposant un ancien du PS comme Bernard Cazeneuve, mais les socialistes semblent aujourd’hui plus unis qu’en décembre dernier et risquent de refuser cette manœuvre.

Si dissolution il y a, le Rassemblement national est-il de plus en plus proche du pouvoir ?

F. S. : On peut penser que les principales victimes d’une dissolution seront les députés du camp présidentiel. La gauche, pour l’instant, semble se maintenir dans les sondages. Le RN également, autour d’un tiers des votes. La question, c’est que vont faire les partis ? Est-ce que LR va définitivement basculer vers une alliance avec le RN ? La gauche partira-t-elle unie (comme en 2022 et en 2024) à ces élections ou divisée ? Est-ce qu’une partie des électeurs, déçus du macronisme, vont se tourner vers les socialistes, finalement jugés plus responsables et raisonnables ? Il est difficile de prédire les rapports de forces actuels, tels que les mesurent les sondages, dans un contexte d’élection majoritaire à deux tours et avec autant d’incertitudes.


Propos recueillis par David Bornstein.

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La restitution du patrimoine africain (volet 2): le temps des conventions https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-restitution-des-oeuvres-a-lafrique-volet-2-le-temps-des-conventions/ Wed, 27 Aug 2025 03:31:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=70396 Les Africains à partir des Indépendances n’ont pas cessé de réclamer ces objets pillés. Après un traité en 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, l’UNESCO propose un texte en 1970 « pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété de biens illicites des biens culturels ». […]

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Les Africains à partir des Indépendances n’ont pas cessé de réclamer ces objets pillés. Après un traité en 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, l’UNESCO propose un texte en 1970 « pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété de biens illicites des biens culturels ». [1]

Une chronique d’Alexandre Vanautgaerden.

Alexandre Vanautgaerden est historien et historien d’art. Il a travaillé et dirigé plusieurs institutions culturelles (musées, bibliothèques) en Belgique, Suisse et France. Il a publié de nombreux livres sur l’humanisme et Érasme, et travaille actuellement sur l’évolution des lieux d’exposition au regard du développement des projets numériques. Il est Honorary Reader au Centrum for the Study of the Renaissance de l’Université de Warwick en Angleterre.

Le président Mobutu s’adresse le 4 octobre 1973  aux États membres de l’ONU lors d’une réunion de l’Assemblée générale à New York, sous le regard du Secrétaire général Kurt Waldheim (assis à gauche), et réclame le retour des objets pillés pendant la colonisation. Photo ONU/Yutaka Nagata.

La Convention de l’UNESCO entre en vigueur en 1972 avec trois États parties : Bulgarie, Équateur et Nigeria. Elle distingue les pays « exportateurs » des pays « importateurs».

Le professeur Abdoulaye Camara de l’Université Senghor d’Alexandrie nous rappelle qu’un an plus tard, le président de la République démocratique du Congo (Zaïre à l’époque) Mobutu Sese Seko prononce un vibrant discours aux Nations Unies au cours duquel il ne manque pas de réclamer le retour des biens pillés :

Parmi les revendications des pays sous-équipés, principalement les pays anciennement colonisés, il existe un domaine d’importance capitale, car il se rapporte au patrimoine culturel de nos pays. Pendant la période coloniale, nous avons subi non seulement le colonialisme, l’esclavagisme, l’exploitation économique, mais aussi et surtout un pillage sauvage et systématique de toutes nos œuvres artistiques. C’est ainsi que les pays riches se sont approprié nos meilleures et uniques pièces artistiques. Et nous sommes pauvres non seulement économiquement, mais aussi culturellement.

Ces œuvres qui se trouvent dans les musées des pays riches ne sont pas nos matières premières, mais des produits finis de nos ancêtres. Ces œuvres, gratuitement acquises ont subi une telle plus-value qu’aucun de nos pays respectifs ne peut avoir les moyens matériels de les récupérer.

Ce que je vous dis est fondamental. Car tout pays riche, même s’il ne possède pas la totalité des chefs d’œuvre de ses meilleurs artistes, en possède au moins une grande partie. C’est ainsi que l’Italie possède des Michel-Ange, la France des Renoir, la Belgique des Rubens, la Hollande des Rembrandt ou des Vermeer. Et l’autre fait qui montre la justesse de mes propos est que, pendant la seconde guerre mondiale; Hitler avait pillé le musée du Louvre et emporté les magnifiques œuvres qui s’y trouvaient. Quand la libération intervint, avant même de songer à la signature de l’armistice, la France recherchait, par tous les moyens, li récupérer ses œuvres d’art, ce qui était normal. C’est pourquoi je demande également que cette Assemblée générale vote une résolution demandant aux puissances riches qui possèdent des œuvres d’art des pays pauvres d’en restituer une partie afin que nous puissions enseigner à nos enfants et à nos petits-enfants l’histoire de leur pays.[2]

Le Zaïre sera le vingtième pays à ratifier (ou accepter) la convention en 1974.Il faudra attendre 1997 pour que la France ratifie la convention après la piteuse affaire du bélier Djenné de Jacques Chirac (voir l’épisode 1), et les années 2000 pour que des pays importateurs parmi les plus importants l’acceptent (comme le Japon, le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord en 2002, ou la Suisse en 2003) : ou la ratifie (comme la Belgique en 2009).

Bronze Ife vs Gaston Lagaffe (Etat belge)

La Belgique qui, non contente d’être une plaque tournante du commerce illicite, se singularise par un sens aigu du cafouillage, digne de Gaston Lagaffe, le personnage de BD inventé par André Franquin. Un « bronze d’Ife » avec d’autres pièces est volé le 14 janvier 1987 dans le Musée national de Jos, une ville du Nigeria. Un gardien du musée est mortellement blessé lors du cambriolage. La pièce est déclarée à Interpol et le Conseil international des musées (ICOM) la publie sur sa liste rouge. Le bronze est saisi en Belgique dans des circonstances inconnues (le Tribunal de Bruxelles a égaré le dossier). Le 14 novembre 2007, le Service public fédéral Finances organise une vente publique de biens saisis à Molenbeek. Un « lot d’art africain », contenant le bronze d’Ife, passe sous le marteau : l’Etat Belge met donc aux enchères un chef-d’œuvre nigérian volé d’une valeur de plusieurs millions d’euro, et la vend à un antiquaire belge pour la somme de 240 euros ! Dix ans plus tard, le bronze est envoyé à la maison de vente aux enchères Woolley & Wallis à Londres, où la justice britannique le saisit. Une querelle juridique commence. L’affaire est dans l’impasse car la Belgique considère qu’il il ne s’agit pas d’une affaire entre deux pays, mais entre un individu (l’antiquaire) et un autre pays (le Nigeria).

Selon M. Babatunde Adebiyi, de la Commission nigériane des musées et des monuments : « La Belgique ne veut pas aider car, au moment de la vente, elle n’avait pas encore signé la Convention de l’UNESCO de 1970 sur le trafic illicite de biens culturels. Cela ne s’est produit qu’en 2009, deux ans après la vente de la pièce. » Espérons que l’Etat belge finira par entendre raison et entendre le conseil de Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale, qui pense que : « le gouvernement belge peut résoudre cette affaire rapidement en payant 60 000 euros au propriétaire actuel de la tête [qui en réclamait dans un premier temps 5 millions au gouvernement du Nigéria]. C’est une bagatelle par rapport à sa valeur réelle. » Personne ne contestant que la pièce a été commercialisée illégalement. Espérons que le bon sens l’emportera.[3]

L’appel d’Amadou-Mahtar M’Bow en 1978

On me permettra, malgré cette histoire rocambolesque, d’être moins pessimiste que Philippe Baqué à l’égard de ces conventions internationales.[4] Si j’ai bien conscience qu’une convention ne change pas le réel, elle permet de faire prendre conscience du problème, médiatise et sensibilise les professionnels du monde des musées.

Aujourd’hui, après les conventions, les codes éthiques, les listes rouges des objets volés, plus aucun conservateur de musée ne peut dire qu’il n’est pas au courant quand il entreprend l’acquisition d’un objet archéologique sans provenance, et que cet achat, s’il l’effectue le met en contradiction avec le code de déontologie auquel il a adhéré.

M. Amadou Mahtar M’Bow, Directeur Général de l’UNESCO (1974-1987). Photo : UNESCO / Dominique Roger.

« Ne plus faire du malheur des autres peuples l’ornement de notre patrie » Amadou Matar M’Bow.

L’UNESCO ne s’arrête pas de combattre le trafic illicite après 1970. En 1978, la Conférence générale de l’UNESCO crée le Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale. Ce mécanisme vise à traiter la question de la restitution ou du retour des biens culturels perdus lorsque aucun instrument international ne s’applique – par exemple, les cas survenant avant l’entrée en vigueur de la Convention de 1970. Une des principales critiques à l’encontre de la convention est son aspect non rétroactif. Comme on le sait, une grande partie des biens illicites est sortie du continent africain avant 1970.

C’est en juin 1978 que Amadou-Mahtar M’Bow lance un appel solennel « pour le retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable ».  La place manque ici pour le citer en entier, même si chacune des phrases de cet appel est mûrement méditée. On peut le retrouver sur le site de l’UNESCO, qui offre aussi l’occasion de l’entendre in extenso ou de le visionner dans une version abrégée.[5] Offrons ici trois paragraphes :

Le génie d’un peuple trouve une de ses incarnations les plus nobles dans le patrimoine culturel que constitue, au fil des siècles, l’œuvre de ses architectes, de ses sculpteurs, de ses peintres, graveurs ou orfèvres de tous ses créateurs de formes qui ont su lui donner une expression tangible dans sa beauté multiple et son unicité. Or, de cet héritage où s’inscrit leur identité immémoriale, bien des peuples se sont vus ravir, à travers les péripéties de l’histoire, une part inestimable.

[…] Les peuples victimes de ce pillage parfois séculaire n’ont pas seulement été dépouillés de chefs-d’œuvre irremplaçables : ils ont été dépossédés d’une mémoire qui les aurait sans doute aidés à mieux se connaître eux-mêmes, certainement à se faire mieux comprendre des autres.

[…] C’est pourquoi, au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, qui m’en a confié le mandat, J’appelle solennellement les Gouvernements des États membres de l’Organisation à conclure des accords bilatéraux prévoyant le retour des biens culturels aux pays qui les ont perdus ; à promouvoir prêts à long terme, dépôts, ventes et donations entre institutions intéressées en vue de favoriser un échange international plus juste des biens culturels ; à ratifier, s’ils ne l’ont pas encore fait, et à appliquer avec rigueur la Convention qui leur donne les moyens de s’opposer efficacement aux trafics illicites d’objets d’art et d’archéologie. […]

Et il terminait par ces mots :

Il y a deux mille ans, l’historien grec Polybe nous invitait à ne plus faire du malheur des autres peuples l’ornement de notre patrie. Aujourd’hui, tous les peuples étant reconnus égaux en dignité, je suis convaincu que la solidarité internationale peut au contraire aider concrètement au bonheur général de l’humanité. Restituer au pays qui l’a produit telle d’art ou tel document, c’est permettre à un peuple de recouvrer une partie de sa mémoire et de son identité, c’est faire la preuve que, dans le respect mutuel entre nations, se poursuit toujours le long dialogue des civilisations qui définit l’histoire du monde.

La convention de UNIDROIT, 1995

Afin d’être plus efficient dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, l’UNESCO demande à l’Institut international pour l’unification du droit privé (UNIDROIT) d’étudier les questions relatives au droit privé qui ne sont pas directement traitées par la Convention. La Convention sur les biens culturels volés ou illicitement exportés de UNIDROIT voit le jour en 1995, elle complète ainsi celle de 1970 au niveau du droit privé.[6]

À la suite de l’UNESCO, le Conseil international des musées (ICOM) s’est impliqué de manière régulière pour lutter contre le trafic illicite des biens culturels à partir des années quatre-vingt-dix. Nous avons vu dans le premier épisode que c’est à partir d’une liste d’objets pillés éditée par l’ICOM en 1994, que le bélier Djenné offert à Jacques Chirac a pu être restitué au Mali ou le bronze d’Ife vendu par l’Etat belge identifié à Londres. Le travail avait été entamé plus tôt par la réflexion portée sur le code de déontologie dès 1974.[7] Le premier Code of Professional Ethics est approuvé en 1986, et sera maintes fois revu. Ce comité de réflexion sur l’éthique a joué un rôle important dans le positionnement extrêmement clair de l’ICOM à l’égard du trafic illicite, et par sa volonté de publier régulièrement ces « Listes rouges » d’objets dérobés.[8] Encore moins que l’UNESCO, l’ICOM n’a aucun pouvoir de décision, mais par la force de son réseau, nous pouvons considérer qu’il a grandement participé à faire changer les mentalités chez les professionnels des musées. Le débat sur le musée universel, au début des années 2000, a vu de nombreuses prises de position au sein de l’ICOM contre ce concept, perçu comme un alibi justifiant le refus des restitutions, nous y reviendrons.

L’actualité de la convention de 1970

En 2020, l’UNESCO fêta les 50 ans de cette convention.[9] En mars 2020, la Convention compte désormais 140 États parties à la convention de 1970. Selon Philippe Baqué, la convention de 1970 ayant montré pendant trente ans qu’elle ne menaçait pas les « pays importateurs », la plupart d’entre eux décidèrent de la ratifier. Quelques années plus tôt, en 2012, Florain Shyllon, vice-président de l’Université Olabisi Onabanjo du Nigeria, soumit à l’assemblée un document au titre explicite : « La mise en œuvre de la convention de l’UNESCO de 1970, cette étape décisive que les États africains n’ont pas su franchir. » C’est un document à la fois passionnant et inquiétant à lire sur le peu de motivation d’une grande partie des responsables africains pour lutter contre ce trafic illicite. Il est complété par un autre document à destination des participants à la réunion des 15 et 16 mars 2011, du Professeur australien Lyndel V. Prott. Ces textes n’ont (malheureusement) pas perdu leur actualité et contiennent, tous deux, nombre de positions pragmatiques qu’il est toujours utile de relire aujourd’hui.[10]

Il est certain que la difficulté de contrôler des frontières poreuses et le faible investissement des dirigeants africains dans leurs musées n’incitent pas à l’optimisme. Et, dans bien des exemples de l’ouvrage de Philippe Baqué ressort le sentiment que le marché est plus fort que les États. Malgré tout, on le verra dans l’entretien que nous avons eu avec Abdoulaye Camara, dans le prochain épisode, grâce à l’École du patrimoine africain à Porto-Novo au Bénin, et l’Université Senghor d’Alexandrie et sa formation en Gestion du patrimoine culturel, une nouvelle génération de professionnels voit le jour en Afrique. Ces conventions, si imparfaites soient-elles, dans leur rédaction ou leur application, constituent une base de réflexion et un socle stable à partir desquels cette nouvelle génération pourra interpeller le pouvoir en place.

Restituer l’Art africain… aux Français…

Je voudrais terminer ce deuxième épisode en évoquant la vente organisée par la maison Salorges-Enchères à Nantes, le 23 mars 2019. Y étaient proposés des armes issus de « collectes » coloniales[11]; et des récades (sceptre royal de l’ancien royaume du Dahomey, en forme de crosse ou de hache), réunies à la fin du XIXe siècle par Alfred Testard de Marans, chef des services administratifs du corps expéditionnaire dirigé par le général Alfred Amédée Dodds durant la guerre contre le roi Béhanzin et la conquête du royaume du Dahomey (1892-1894), dans l’actuel Bénin.

Une Récade (ou makpo) à tête d’oiseaux. Peuple Fon. Ancien Dahomey actuel Bénin. Date de collecte : 1948, bois, et laiton, 51 x 23 x 6 cm. Muséum de Toulouse (MHNT ETH.AC 450). Photo: Didier Descouens.

Les objets étaient demeurés depuis plus d’un siècle en possession des descendants des administrateurs, militaires ou des missionnaires ce qui conféraient à ces objets une valeur historique importante. C’est pourquoi le Collectif des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés, se porta acquéreur des récades. Parfaitement légale, la vente fut contrariée par l’association Afrique-Loire qui alerta plusieurs ambassades de pays africains de la tenue de la vente. Seul le gouvernement du Bénin interpella le ministère de la culture français pour qu’il suspende la vente, espérant que ces bâtons de commandements lui soient restitués. Le ministère de la culture n’ayant pas de pouvoir légal pour suspendre la vente, il demanda à la salle de vente (qui accepta) de retirer les objets provenant du Dahomey des enchères afin que le gouvernement béninois put s’en porter acquéreur.

Thomas Bouli, porte-parole de l’Association Afrique-Loire, lors de la vente de la Maison Salorges-Enchères, le 23 mars 2019. Photo : Samira Houari-Laplatte.

Thomas Bouli, porte-parole de l’association, prit la parole avant que ne commence la vente et interpella les futurs enchérisseurs :

La France a émis le principe de restitution des biens culturels [à l’Afrique] et voici qu’aujourd’hui nous sommes dans une vente de ces biens mal acquis. Personne ne va vous montrer les certificats de vente de ces objets que vous allez acheter et qui ont été pillés. Vous aurez sûrement un reçu, lors de votre achat, mais les fabricants de ces objets, eux, n’ont rien reçu, certains n’ont reçu que la mort.[12]

Poursuivant avec un brin d’ironie, il ne manquait pas de remercier les futurs acquéreurs :

… car l’acte que vous faites aujourd’hui valorise le savoir-faire de ceux qu’on estimait barbares au début de la colonisation. Désormais, leur art est devenu si prisé que les colonisateurs européens fabriquent des lois pour les conserver en Europe.

Après la vente, le gouvernement béninois renonça à acheter ces œuvres au prix fixé en fonction des offres reçues.L’avocat du Collectif des antiquaires, Yves-Bernard Debie, tourna en dérision l’intervention de Thomas Bouli avec esprit (et mauvaise foi). [13] Ce dernier, en mars 2020, constatait, désappointé :

L’Etat béninois aurait pu acheter les objets. Que représente cette somme pour lui ? Nous commençons sérieusement à douter de la volonté des Etats africains de sauvegarder leur patrimoine. Il existe en leur sein tellement d’intérêts divergents que ceux des pays passent en dernier.[14]

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Collectif des antiquaires se porta finalement acquéreur des récades auxquels le gouvernement béninois avait renoncé, pour se lancer dans une opération de communication aux dépens de l’État français, embourbé, nous le verrons bientôt dans un prochain épisode, dans la mise en œuvre du discours d’Emmanuel Macron.

Vue du Petit Musée de la Récade, Cotounou, Bénin. Photo : Carolle Lecentre

En effet, le 17 janvier 2020, alors qu’aucune œuvre béninoise n’est encore restituée par la France, le Collectif offre au Petit Musée de la Récade à Cotounou les 28 pièces acquises à Nantes. Offrande faite à lui-même, car ce musée a été créé en décembre 2015 par le Collectif des antiquaires parisiens.

Robert Vallois, membre du Collectif, pouvait déclarer avec fierté, en présence de l’Ambassadeur de France et d’un représentant du ministre de la Culture béninois, et des membres de la famille royale d’Ahomey : « Pour nous, la restitution des œuvres, c’est du concret. » Le sémillant avocat Yves-Bernard Debie ne put que confirmer qu’il s’agissait d’un don franco-français à un musée franco-français. Chercher l’erreur.

NOTE

[1] On trouvera sur le site de l’UNESCO l’ensemble des textes juridiques applicables : https://fr.unesco.org/fighttrafficking/legaltexts et un observatoire très utile (et commode) des législations nationales : https://fr.unesco.org/node/277505.

[2] Allocution de Son Excellence le général Mobutu Sese Seko, Président de la République du Zaïre. Nations Unies, Assemblée générale, 28e session. 2140e séance pléniaire, jeudi 4 octobre 1973, New York. On peut écouter le discours de Mobutu sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=ogdKOnJawJE.

[3] L’enquête a été menée par des journalistes de la VRT et De Tijd. Voir l’article (en néerlandais) de Lars Bové,

[4] Le chapitre dans son livre Un nouvel or noir, 2021, p. 145-158 est intitulé « Convention Unesco de 1970 : une convention pour rien ? ».

[5] Pour la version audio du discours : https://www.unesco.org/archives/multimedia/document-168; la version vidéo abrégée de l’allocution : https://www.unesco.org/archives/multimedia/document-4856; pour le texte :  « Pour le retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable: un appel de M. Amadou-Mahtar M’Bow, Directeur Géneral de l’UNESCO », Le Courrier de l’UNESCO: une fenêtre ouverte sur le monde, XXXI, 7 (1978), p. 4-5.

[6] Sur ce sujet, voir sur le site d’UNIDROIT : https://www.unidroit.org/fr/instruments/biens-culturels/convention-de-1995; et l’ouvrage et les commentaires de Lyndel V. Prott, Biens culturels volés ou illicitement exportés: commentaire relatif à la Convention d’UNIDROIT, 1995, 2000. Disponible sur l’Internet : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000122865?posInSet=1&queryId=380266d7-8c96-4d20-9173-51d428b227ab.

[7] Voir l’article de Geoffrey Lewis, « The ICOM Code of Ethics for Museums: Background and objectives”, in Museums, Ethics and Cultural Heritage, Londres, Routledge, p. 45-54. Disponible sur l’Internet: https://www.academia.edu/28966068/The_ICOM_Code_of_Ethics_for_Museums_Background_and_Objectives.

[8] Voir la Liste rouge d’urgence des biens culturels en péril – Afrique : https://fr.unesco.org/news/celebrez-50-ans-lutte-contre-trafic-illicite.

[9] Voir sur le site de l’UNESCO l’état des lieux et les événements organisés à l’occasion de cette commémoration : https://fr.unesco.org/news/celebrez-50-ans-lutte-contre-trafic-illicite.

[10] Voir les deux documents : « La mise en œuvre de la convention de l’UNESCO de 1970, cette étape décisive que les États africains n’ont pas su franchir ». Document de référence préparé par Folarin Shyllon à l’intention des participants à la Deuxième réunion des États parties à la Convention de 1970, Paris, Siège de l’UNESCO, 20-21 juin 2012. Dispoinble à l’adresse suivante: https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000245270_fre; et, « Forces et faiblesses de la Convention de 1970 : un bilan 40 ans après son adoption ». Document de référence préparé par Lyndel V. Prott à l’intention des participants à la réunion La lutte contre le trafic illicite des biens culturels. La Convention de  1970 : bilan et perspectives, Paris, Siège de l’UNESCO, 15-16 mars 2011. Disponible sur l’Internet: https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000191880_fre.

[11] Ces armes avaient été collectés notamment par le caporal Mazier lors de la mission d’exploration au Moyen-congo de Pierre Savorgnan de Brazza en 1875, et par l’Abbé Le Gardinier au début du XXe siècle.

[12] La vidéo de l’intervention de Thomas Bouli est disponible sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=GQO8J1u6-Kg (consulté le 28 juin 2022).

[13] Dans un post publié d’abord sur LinkedIn le 31 août 2019: « La Vente aux enchères des Salorges du 23 mars 2019 : une tragi-comédie en trois actes »: https://www.linkedin.com/pulse/la-vente-aux-ench%C3%A8res-des-salorges-du-23-mars-2019-une-debie; puis dans Tribal Arts, 93 (automne 2019).

[14] Entretien avec Philippe Baqué, cf. Un nouvel or noir, p. 336.

https://mondafrique.com/la-restitution-des-oeuvres-a-lafrique-volet-i-le-nouvel-or-noir/

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Notre série sur la restitution des biens culturels à l’Afrique (volet 1) https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-serie-sur-la-restitution-des-biens-culturels-a-lafrique-6/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-serie-sur-la-restitution-des-biens-culturels-a-lafrique-6/#comments Tue, 26 Aug 2025 08:14:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=72673 Nous avons rencontré Jean-Yves Marin, l’un des premiers conservateurs en France à avoir œuvré dès les années 1990 pour une vraie collaboration avec les professionnels africains,[1] et le juriste Vincent Négri qui a collaboré avec Bénédicte Savoy et Felwine Sarr pour la rédaction du rapport remis au président Emmanuel Macron en 2018. Avec eux nous […]

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Nous avons rencontré Jean-Yves Marin, l’un des premiers conservateurs en France à avoir œuvré dès les années 1990 pour une vraie collaboration avec les professionnels africains,[1] et le juriste Vincent Négri qui a collaboré avec Bénédicte Savoy et Felwine Sarr pour la rédaction du rapport remis au président Emmanuel Macron en 2018. Avec eux nous faisons le point sur le mouvement mondial autour des restitutions et sur l’évolution de la situation juridique en France.

L’auteur de cette série sur « Mondafrique » est Alexandre Vanautgaerden, historien et historien d’art

 

Jean-Yves Marin est consultant en Musée et Patrimoine basé à Genève. Il a été successivement directeur du Musée de Normandie à Caen et des Musées d’art et d’histoire de Genève jusqu’en 2019. Président du comité français de l’ICOM de 1992 à 1998 il est l’un des auteurs du Code de déontologie des musées (ICOM). Il enseigne la muséologie et les relations internationales du patrimoine à l’université Senghor d’Alexandrie.

La restitution du patrimoine africain ne concerne pas que l’Afrique

 

Skanda sur un paon, Xe siècle. Cette sculpture fait partie des 30 biens culturels remis officiellement à l’ambassadeur du Cambodge aux États-Unis le 8 août 2022.

Les digues sont en train de céder. Partout, on sent que la procrastination qui était la règle de conduite dans de nombreux musées ne tient plus. Ce problème des restitutions, nous l’avons traité essentiellement à partir du point de vue africain, mais la question est beaucoup plus générale, nous dit Jean-Yves Marin.

L’Amérique du Sud depuis longtemps est particulièrement active dans ce domaine. Les différents présidents des Mexicains se déplacent lors de leurs voyages diplomatiques avec des conservateurs de musées qui réclament des restitutions. Le président actuel du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador, en a fait un cheval de bataille depuis sa prise de fonction en 2018. En 2021, l’exposition « La grandeur du Mexique » (« La Grandeza » de México), présentait 1500 pièces sur deux sites, dont le musée national d’Anthropologie.

Près de la moitié des œuvres étaient exposées pour la première fois dans leur pays d’origine, prêtées ou restituées par des pays ou des collectionneurs européens. L’exposition organisée dans le cadre du bicentenaire de son indépendance, marquait aussi les 500 ans de la conquête de Tenochtitlan-Mexico par les Espagnols en 1521.

La réflexion des Mexicains est identique à celle des Africains : l’histoire de ce pays n’a pas commencé [avec l’arrivée des Occidentaux] il y a à peine 500 ans. Cette lutte des Mexicains, comme des Africains, répond à ce phénomène d’acculturation bien décrit par Amadou Hampaté Bâ :[2]

Une entreprise de colonisation n’est jamais une entreprise philanthropique, sinon en paroles. L’un des buts de toute colonisation, sous quelques cieux et en quelque époque que ce soit, a toujours été de commencer par défricher le terrain conquis, car on ne sème bien ni dans un terrain planté, ni dans la jachère. Il faut d’abord arracher des esprits, comme de mauvaises herbes, les valeurs, les coutumes et cultures locales pour pouvoir y semer à leur place, les valeurs, les coutumes et la culture du colonisateur, considérées comme supérieures et seules valables.

Le long travail qui débute avec les indépendances consiste à replanter ces « mauvaises herbes », incarnées aujourd’hui par les artefacts des musées. En 2021, après trois années, le Mexique avait récupéré déjà 5746 biens du patrimoine historique. [3] Les plaintes du gouvernement mexicain lors de ventes publiques sont maintenant devenues systématiques. Elles n’aboutissent pas encore, car deux logiques bien connues s’affrontent : le droit et la morale, qui évoluent dans deux mondes qui se chevauchent rarement.[4] Les législations occidentales exigent la démonstration de la provenance illégale des pièces mises en vente, tandis que les Mexicains déclarent que c’est peut-être légal, mais ce n’est certainement pas éthique. Parfois, cette logique est inversée, ainsi aux États-Unis, un Tribunal de Floride a jugé le 7 octobre 2009 que le propriétaire d’un sarcophage égyptien avait à charge de prouver que cet objet n’était pas volé.[5] C’est un cas isolé.

Un mouvement international

Les États-Unis ont été la première nation à établir une législation nationale complète exigeant que les musées et les agences fédérales rapatrient les objets culturels aux communautés indigènes. Les efforts visant à promulguer une loi fédérale sur le rapatriement aux États-Unis ont commencé en 1986, lorsque le chef religieux cheyenne William Tallbull a découvert que le Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution détenait les restes de 18 500 Amérindiens.[6] La justice de l’État de New York s’est récemment engagée dans une vaste restitution d’œuvres : de l’été 2020 à la fin 2021, plus de 700 pièces ont été rendues à 14 pays, dont le Cambodge, l’Inde, le Pakistan, l’Égypte, l’Irak, la Grèce ou l’Italie. Le collectionneur américain Michael Steinhardt a ainsi été forcé de restituer en 2021 environ 180 antiquités volées ces dernières décennies, d’une valeur totale de 70 millions de dollars. Pas plus tard que la semaine dernière, le 8 août, la justice américaine a restitué au Cambodge 30 œuvres d’art khmères volées dans les temples d’Angkor.

Ce mouvement est également intra-européen. L’Islande, par exemple, après près de sept siècles de colonisation, a déclaré son indépendance en 1944 à la faveur de l’occupation nazie de sa métropole le Danemark. Les manuscrits des sagas ont immédiatement fait l’objet d’une demande de restitution à laquelle les autorités danoises ont opposé les arguments traditionnels, bien connus des Africains, dans ce type de conflit postcolonial : l’incompétence de l’Islande pour leur conservation et leur mise en valeur ainsi que l’inaliénabilité des trésors nationaux danois. La volonté politique aura cependant raison de ces obstacles et les sagas ont été rendues progressivement à l’Islande à partir de 1971. Cette aventure de la restitution des sagas à Reykjavik est connue dans le pays comme « La patrie des manuscrits ».[7]

Utimut, « le retour » : l’exemple du Groenland

Représentations sculptées de tupilaks (êtres maléfiques) exposées au Musée national du Groenland à Nuuk.

Il est intéressant de se pencher sur un autre cas de restitution de la part du Danemark. Utimut, ou « retour » en groenlandais, est le processus pluriannuel suivi par le Danemark et le Groenland pour établir une répartition équitable de l’art et des artefacts groenlandais entre le Danemark et son partenaire du Commonwealth danois. Le Musée national danois (Nationalmuseet) est le siège des plus grandes collections au monde de ces artefacts, non seulement des habitants scandinaves du Groenland de l’ère viking, mais aussi de vestiges inuits anciens et de matériel ethnographique du XIXe siècle. Ce « processus Utimut » a permis de ramener au Groenland une part équitable du matériel culturel groenlandais et d’établir le musée national et les archives modernes du Groenland à Nuuk.[8] Le retour initialde 204 aquarelles au Groenland par le musée national du Danemark en 1982 n’était que la première étape, symbolique, d’un processus de coopération qui a abouti au transfert légal de milliers d’artefacts.

Les premières demandes du Groenland pour le retour des matériaux collectés dans le Musée national ont été faites dès 1913. Une deuxième demande officielle a également été refusée en 1953. En 1979, le Groenland est devenu un territoire autonome au sein du Royaume du Danemark. Un gouvernement a été établi, représentant tous les habitants du Groenland, dans lequel les peuples d’origine inuit représentent plus de 80 % de la population. Le corps législatif a immédiatement voté la création d’un musée national, mais le Groenland manquait d’objets, de documents et d’un espace physique approprié pour les stocker. La législation a toutefois permis d’entamer un dialogue avec le musée national du Danemark, qui a débouché sur le processus Utimut.

L’une des raisons pour lesquelles le processus a réellement fonctionné est qu’il était organisé en comités au sein desquels les membres des musées et les universitaires, et non les personnes nommées par le pouvoir politique, détenaient la majorité et empêchaient le processus de s’enliser en cas de problème. Le transfert effectif d’objets, d’archives et d’informations s’est fait de manière progressive, en traitant une région ou une période historique à la fois. Entre le début du processus Utimut et 2001, environ 35 000 objets ont été transférés aux institutions groenlandaises, couvrant toute la préhistoire du Groenland jusqu’en 1900. Bien qu’il reste au Danemark environ 100 000 objets archéologiques et ethnologiques provenant du Groenland, les collections groenlandaises sont complètes et entièrement représentatives. Des copies des documents d’archives associés aux objets sont conservées à la fois par le Danemark et le Groenland.

L’ouvrage Utimut, Past Héritage – Future Partnerships – Discussions on Repatriation in te 21st Century documente une conférence internationale sur le rapatriement en 2007. Sa publication en ligne est une enquête mondiale sur les questions de rapatriement, avec des contributions de vingt et un auteurs. Daniel Thorleifsen, qui a organisé la conférence d’Utimut, y décrit dans la préface du volume son origine culturelle comme celle d’« un Inuit groenlandais, membre de la communauté mondiale » (being a Greenlandic Inuit and a member of the world community) :

Aujourd’hui, j’ai choisi de croire que cette appropriation d’artefacts à l’époque coloniale au Groenland a été faite de bonne foi, manifestement avec la volonté de sauver de l’oubli un patrimoine culturel inuit en voie de disparition. Cette appropriation devait en outre profiter à la science dans l’étude du développement et de l’évolution de l’homme.

Le fait que cette appropriation ait en réalité contribué à l’effacement progressif de la culture inuit est une autre histoire que je n’aborderai pas en détail ici, car notre objectif pour la conférence sur le rapatriement du patrimoine culturel n’est pas de faire des reproches aux anciennes puissances coloniales. Nous voulons plutôt envisager une collaboration et un partenariat futurs sur ces questions.

Dans l’ouvrage Utimut, l’objectif premier du rapatriement ne devrait jamais être le transfert lui-même, mais l’établissement d’une relation de travail qui puisse être bénéfique à toutes les parties, dont le partage des connaissances dans le cadre de futurs projets de recherche ou d’expositions. Les auteurs yexplorent une variété de structures alternatives pour le rapatriement et le partage des objets et des ressources. Plusieurs articles s’attachent à élargir le concept de rapatriement afin d’englober des avantages non tangibles tels que le partage de l’autorité sur les objets et la manière de les expliquer. Un autre article traite des défis que le rapatriement pose à l’archéologie et aux autres sciences lorsque la communauté d’origine détourne ou détruit les objets rapatriés. La publication traite également des situations de rapatriement dans la pratique, des informations utiles qui sont absentes de nombreuses discussions sur la politique des biens culturels. La publication fournit des informations et des leçons qui peuvent être appliquées, directement ou indirectement, à une grande variété de problèmes de rapatriement dans le monde.[9]

Comme l’exprime Jean-Yves Marin, il y a un bien un réveil mondial sur ces questions de restitution, dans lequel l’Afrique a pris le leadership, alors que jusqu’il y a peu elle était à la traîne.

Une visite immersive (et subversive) du British Museum, racontée par les peuples à qui les objets ont été dérobés.

Présentation sur l’Internet de l’application « The Unfiltered History Tour ».

Ce mouvement qui s’amplifie tous les jours a même obligé le British Museum en juin dernier à entrouvrir la porte d’une discussion sur le partage des marbres du Parthénon avec la Grèce, après des décennies de refus obstiné.[10] La pression populaire en Angleterre contre la position du British Museum est tangible. Le journal The Guardian qui ouvre ses colonnes à ses lecteurs a publié en juin dernier un billet du libraire David Simmonds, qui relate avec esprit sa visite chez un ancien conservateur du British Museum, l’archéologue Harold Plenderleith en 1997. Après avoir commis « l’erreur » de lui demander son avis sur le rapatriement des marbres du Parthénon, M. Plenderleith s’emporta avec tellement de véhémence qu’il dut regagner le lit.[11] Le British Museum finira lui aussi par céder. Il ne pourra plus faire illusion longtemps. Dan Hicks avait titré avec ironie son ouvrage en 2020 sur les « bronzes » du royaume du Bénin au Nigeria conservé à Londres : The Brutish Museums. À l’heure du mouvement Black Lives Matter, l’opinion publique aura raison, tôt ou tard, du Board of Trustees qui régente le British Museum, et oppose une injustice légale à une juste réclamation.

Un des projets de contestation les plus stimulants a été récemment de concevoir un guide numérique de visite en réalité augmenté, portant un regard provocant et anticolonial sur la collection du British Museum. C’est une visite du musée racontée par les communautés dont les artefacts exposés ont été pillés. « The Unfiltered History Tour » est un guide du musée de Londres, qui propose aux visiteurs une expérience immersive au travers des objets contestés du musée, de leur origine et de la manière dont ils ont été obtenus. Les visiteurs du musée sont ainsi invités à scanner les objets exposés – comme la pierre de Rosette – pour être transportés à l’heure et au lieu de provenance via des filtres Instagram AR. Grâce à cette expérience, les utilisateurs peuvent également écouter des guides audio racontés par des personnes des pays d’où proviennent les artefacts.[12]

#BringBackNgonnso : les réseaux sociaux au cœur du principe de restitution

Un manifestant camerounais demandant le retour de la statue Ngonnso se tient devant le Forum Humboldt lors de l’ouverture du Musée ethnologique Humboldt et du Musée d’art asiatique, le 22 septembre 2021 à Berlin, en Allemagne. Photo : Sean Gallup/Getty image.

La pression populaire qui oblige les États à considérer l’éthique et non plus seulement le droit est à l’œuvre dans la restitution prochaine par l’Allemagne au Cameroun de la statue connue sous le nom de Ngonnso, statue de la fondatrice et première reine mère du royaume Nso. Pendant trois décennies, la sculpture a été réclamée en vain au musée Dahlem à Berlin, puis au Humboldt Forum aujourd’hui.

Les Nso et leurs sympathisants et sympathisantes ont envisagé plusieurs options pour ramener la statue chez eux, y compris la voler au musée allemand ou demander son prêt. Les appels à la restitution lancés par le chef suprême des Nso, le NSODA et l’action des activistes comme Sheey Shiynyuy Gad et Joyce Yaya Sah n’ayant donné lieu à aucune réaction concrète, il a été décidé de changer de stratégie.

Sylvie Njobati, l’initiatrice de la campagne sur les réseaux sociaux #BringBackNgonnso, qui avait pour but de toucher directement la société civile en Allemagne, sans passer par leur représentant politique.

Une campagne sur les réseaux sociaux a été lancée par Sylvie Njobati en mai 2021 : #BringBackNgonnso. Son raisonnement était le suivant :

Notre idée était que la campagne en ligne crée la connexion entre le peuple Nso et les Allemands afin qu’ils se parlent entre eux. Je me suis rendu compte que le peuple Nso ne s’adressait pas directement aux bonnes personnes, ni à une personne en particulier, mais écrivait des lettres adressées à « qui de droit ». C’est donc grâce à Twitter que nous avons pu entrer en contact avec d’autres interlocuteurs en charge des collections et du contexte colonial.

Nous avons utilisé Twitter pour la communauté allemande parce qu’ils sont surtout sur ce réseau. Comme il était également nécessaire de sensibiliser le peuple Nso, les Camerounais et Camerounaises et l’Afrique dans son ensemble, nous nous sommes concentrés sur Facebook.

Il y a eu suffisamment de pression de la part des gens, notamment la société civile allemande, sur les réseaux sociaux. Il ne s’agissait pas seulement du post mais de l’utilisation d’outils multimédias pour influencer le débat.

Le mois dernier, la Stiftung Preußischer Kulturbesitz (Fondation du patrimoine culturel prussien, SPK) a permis le retour de Ngonnso, faisant de ce retour la toute première restitution au Cameroun. La Fondation a également indiqué qu’elle allait restituer 23 pièces à la Namibie et quelques objets à la Tanzanie. Twitter en Allemagne, Facebook en Afrique, deux réseaux sociaux alliés pour obtenir en quelques mois ce que des années de lettres diplomatiques n’avaient pu obtenir…[13]

Au tour des collectionneurs privés maintenant !

André Breton dans son atelier au 42, rue Fontaine à Paris. Juin 1965. Photo : Sabine Weiss

Pour l’instant dans cette chronique, j’ai relaté essentiellement ce qui se déroulait dans les collections publiques. Il y a pourtant un continent oublié, qui est celui des collections privées. C’est, selon Jean-Yves Marin, le thème de l’avenir.

En 2003, la restitution volontaire d’un masque de cérémonie aux indiens Kwakwa-ka waks du nord-ouest des États-Unis par Aube Elleouet, la fille d’André Breton, marqua un tournant dans la relation entre collectionneurs et pays sources. Elle porte désormais un nouveau nom, elle a été rebaptisée « U’Ma » (« Celle-qui-a-rendu »), par les descendants de la tribu indienne originaire des îles situées au nord-est de Vancouver.[14] L’une des plus importantes collections au monde d’art africain en mains privées se trouve à Genève : la Fondation Barbier-Mueller. Comme les collections publiques, elle possède de nombreuses œuvres arrivées de façon illicite en Europe. Si pour l’instant rien ne bouge pour cette collection depuis les décès récents de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller, ailleurs, certains collectionneurs passent à l’acte. Le 26 juillet dernier une collection imposante de 2522 objets pré-hispaniques a été restituée au Mexique par une famille de Barcelone.[15] La plus vaste collection d’art khmer en mains privées va bientôt, elle aussi, retourner au pays. Nawapan Kiriangsak, la fille du collectionneur Douglas Latchford, va restituer une centaine de sculptures, bijoux, couronnes d’or, d’une valeur de plus de 50 millions de dollars, acquise durant la guerre civile, puis sous le régime des Khmers rouges. Décision courageuse qui met fin à l’errance d’objets qui n’auraient jamais dû quitter le Cambodge. Cette collection trouvera place dans un musée public à Phnom Penh, dans lequel sera distinguée la mémoire de Douglas Latchford qui, en homme de son temps, s’estimait « sauveur d’objets perdus dans la jungle ».[16]

Certains collectionneurs commencent à se poser des questions, et si ce n’est eux ce sont leurs héritiers. Parfois, d’un point de vue éthique, parfois par embarras. Il ne sert pourtant à rien de culpabiliser ces héritiers, des actions de médiation sont plutôt à mener pour leur expliquer que ces collections ont été constituées à une époque dans laquelle l’on cohabitait avec « innocence » avec une partie du marché de l’art qui importait des œuvres pillées. Mais, aujourd’hui, notre « innocence » a disparu. Nous devons accorder nos actes avec le monde, en conformité avec l’esprit du temps.

Il faut maintenant s’allier avec ces grands collectionneurs, pour qu’ils puissent envisager la voie de la restitution. Il est inutile de juger nos aînés, qu’ils aient officié dans le monde privé ou dans l’administration publique, à partir de ce que nous vivons et savons en 2022. Pendant longtemps, il y a eu à la tête des musées des hauts fonctionnaires français qui, de bonne foi, ont défendu en priorité les intérêts de la France. Leur attitude était identique qu’ils négociaient des tomates, des armes, des haricots verts ou des œuvres d’art. C’est pourquoi la transgression du discours du président français à Ouagadougou est bien un acte fort. Il fallait oser le prononcer. Emmanuel Macron a-t-il mesuré à quel point il allait à l’encontre de ses troupes en « provoquant une rupture avec la doctrine française qui jusqu’alors reposait sur l’inaliénabilité et l’imprescriptibilité des collections publiques, arrimées au droit de la domanialité publique » ?[17]

Quid des pays africains qui ne réclament rien ?

Certains pays africains pour l’instant ne réclament rien, comme le Gabon, ou le Cameroun, bien qu’une part importante de leur patrimoine soit conservée à Genève dans la collection de Jean Paul Barbier-Mueller, grand collectionneur de masques et fervent opposant aux restitutions. Ces deux États ont conservé, pour leur part, de nombreuses collections au pays. Leur position actuelle est de vouloir d’abord s’occuper de celles.ci, pour les réclamations, on verra après. D’autres, comme le Congo-Brazzaville, qui ne se préoccupait pas de restitution, sont dans une démarche de valorisation de leur patrimoine qui, tôt ou tard, posera la question. Le Musée national du Congo (fermé) a été pillé lors de la guerre civile de 1997. Beaucoup d’œuvres ont été perdues, il faut reconstituer ce patrimoine national. Mais depuis, plusieurs musées ont été créés. Fin 2018, le Musée du Cercle africain est inauguré à Pointe-Noire, parrainé par l’Unesco. Il a été financé par une compagnie pétrolière, Eni. Une autre compagnie pétrolière, Total, a financé la même année le Musée Mâ Loango de Diosso.

L’année précédente, le musée Kiebe-Kiebe était inauguré sur le domaine présidentiel de N’Gol’Odoua, près d’Édou, le village natal de Denis Sassou Nguesso.[18] L’aménagement de ces musées, et la restauration du musée national du Congo feront naître certainement une nouvelle dynamique.

Les solutions juridiques discutées actuellement en France

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Vincent Négri est juriste, chercheur à l’Institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220), École Normale Supérieure Paris-Saclay. Ses travaux et publications portent sur le droit international et le droit comparé de la culture et du patrimoine, ainsi que sur les interactions entre normes et cultures. Il est engagé dans des travaux interdisciplinaires entre droit, anthropologie et philosophie. Il intervient comme expert auprès de l’UNESCO, de l’UNIDROIT, de l’ICCROM, de l’ICOM et de la CEDEAO.

 

Pour terminer ce panorama, échangeons avec Vincent Négri à propos de la situation juridique en France, quatre ans après la remise du rapport Sarr-Savoy, auquel il collabora en sa qualité de juriste. Rappelons que toute la problématique au niveau du droit repose sur le système de domanialité publique en France qui rend les biens inaliénables et imprescriptibles.[19] Ce sont deux verrous qui cadenassent la problématique depuis 1792. Et même au-delà, certains juges n’hésitant pas à considérer que le domaine de la couronne, devenu le domaine public, fait partie du même ensemble. La question auquel répond le rapport est la suivante : doit-on restituer en s’affranchissant de ce régime de domanialité publique ou en le préservant ? Avant 2018, les décisions en France ont fait appel à un régime d’exception, qu’il s’agisse du retour des têtes maories ou de la dépouille mortelle de Saartjie Baartman en Afrique du Sud[20]. Les auteurs du rapport ne désiraient pas poursuivre dans cette voie, même si elle fut adoptée encore pour la restitution du Trésor de Béhanzin ou du sabre avec fourreau dit d’El Hadj Omar Tall.[21]

Dans le rapport de 2018, Vincent Négri avait proposé une alternative intéressante.[22] Le système juridique est souvent présenté comme une pyramide, avec au sommet la constitution qui pose les grands principes du système, institutionnels et juridiques ; de ces principes découlent les lois qui doivent être conformes à la constitution ; et, des lois, découlent les règlements d’application. La proposition de recourir à des traités internationaux présente l’avantage de se nicher entre la constitution et la loi. Dans un tel système pyramidal, si un État conclut un traité international (et qu’il accepte donc d’être lié juridiquement avec un autre État), les obligations juridiques qui découlent du traité sont proches du sommet de la pyramide.

Un traité international qui traite de restitution ne supprime pas la domanialité, il l’enjambe. Sans toucher au statut des collections publiques, on considère que ce statut ne s’applique plus parce qu’on restitue l’objet. La solution du traité aurait permis de nouer un processus de restitution qui laisse intact, dans son libellé et dans sa perception publique, la notion de collection publique.

Cette proposition a été perçue comme beaucoup trop ouverte. On a craint un effet d’entraînement, et pensé qu’en introduisant cette fluidité, il aurait suffi à un État de revendiquer une restitution pour que, automatiquement, s’enclenche le processus. Personnellement, nous dit Vincent Négri, je pense que cela n’aura jamais été le cas. Dans un processus de négociation bilatérale il y a deux parties. Si la France considère qu’une demande de restitution n’est pas justifiée, disproportionnée ou inadéquate, libre à elle de décliner. Il n’y a pas d’obligation de discuter une restitution. Mais, les mentalités ne sont peut-être pas encore mûres. Dans le code du patrimoine on encadre les acquisitions dans l’idée qu’elles entrent dans le domaine public, jamais on n’a pensé qu’il fallait encadrer la sortie. Il y a donc un changement de paradigme qui doit être opéré. Cela prendra plus de temps que ce que l’on pensait.

Le Sénat introduit une proposition de loi

Le parlement, inquiet de savoir qui exercera le contrôle sur la décision de restituer (le parlement ou le gouvernement), décida de refuser la solution des accords bilatéraux. De leur point de vue, ils craignaient que ces restitutions soient le fait du prince. On peut comprendre l’argument, mais un accord bilatéral n’est pas le fait du prince, c’est une procédure négociée. Il est fatalement co-construit avec l’État qui interpelle la France. Quoi qu’il en soit, le Sénat a adopté en janvier 2022 une proposition de loi relative à la circulation et au retour des biens culturels appartenant aux collections publiques. La proposition est constituée de deux articles : le premier instaure un Conseil national de réflexion sur la circulation et le retour de biens culturels extra-européens, le second traite des restes humains patrimonialisés.[23] La proposition a été transmise à l’Assemblée nationale.

Un projet de loi-cadre préparé par le président français

Pendant ce temps, le président Emmanuel Macron a projeté une loi-cadre qui permettrait de sortir de l’impasse des procédures d’exceptions adoptées jusqu’à présent, car sinon il faudrait plusieurs dizaines d’années pour répondre aux demandes de restitution. Le président a confié à l’ancien directeur du Musée du Louvre Jean-Luc Martinez, devenu ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, une mission de réflexion sur cette loi-cadre et sur le trafic illicite. Mais, à la surprise générale, le 23 mai 2022, Jean-Luc Martinez est mis en garde à vue dans le cadre d’une affaire de trafic d’antiquités et mis en examen peu de temps après pour « blanchiment et complicité d’escroquerie en bande organisée » ; il lui est reproché d’avoir manqué de vigilance face aux incohérences qui apparaissent dans les certificats accompagnant une stèle en granit rose gravée au nom du pharaon Toutânkhamon et exposée au Louvre Abu Dhabi, et quatre autres objets.[24] Même relevé de sa mission sur le trafic illicite, il y a fort à craindre que son rapport sur la loi-cadre ait perdu toute autorité dans ce contexte.[25] Heureusement, pour la question des restitutions, on est en début de mandature pour Emmanuel Macron, il pourra relancer ce projet à l’automne quand les choses se seront tassées. Remarquons que la proposition de loi du Sénat d’instituer un organe consultatif, si elle est approuvée par l’Assemblée nationale, ne s’oppose pas au projet de loi-cadre. Il est d’ailleurs fort probable que ce Conseil national soit inséré dans le projet de loi-cadre du président.

Le temps du pragmatisme

Nous avons souligné l’impact et l’audace du discours de Ouagadougou, mais aujourd’hui, il convient d’être pragmatique pour que les restitutions se concrétisent. Ne pas empiler les démarches, projets et résolutions comme l’UNESCO a pu le faire. Depuis la fameuse intervention du président Mobutu Sese Seko en 1973, évoqué dans le second volet de cette série,[26] il y a eu pas moins de 29 résolutions de l’UNESCO traitant du retour et de la restitution de biens culturels. En 1973, pour Vincent Négri, le Président Mobutu parle d’abord au continent africain. Dans le texte de la résolution 3187 (XXVIII) du 18 décembre 1973, on parle de juste réparation du préjudice commis.[27] Sur le plan du droit international, le président du Zaïre se frappe la tête contre un mur, car la réparation ne peut intervenir qu’en conséquence d’un acte illégal. Cela suppose qu’un jour le droit contemporain déclarera de façon rétroactive que la colonisation a été illégale. On peut le souhaiter, mais juridiquement, cela n’arrivera jamais, sinon cela remettrait en cause le système sur lequel s’est bâti les Nations Unies depuis 1945. Dans le même esprit, quand Emmanuel Macron déclare à Alger que la colonisation est un crime contre l’humanité, d’un point de vue moral on peut être d’accord avec lui, mais d’un point de vue juridique c’est sans effet. Il peut être séduisant qu’un candidat en campagne ait l’aplomb de proclamer cela, mais après son discours, Emmanuel Macron sait pertinemment que juridiquement ce n’est pas vrai. Il ne vient pas à Alger pour faire du droit, il s’y rend pour afficher des positions politiques, ce n’est pas pareil.

Il faut donc que l’on profite de la médiatisation qu’a apportée ce discours de 2017 au sujet des restitutions pour, enfin, mettre en œuvre un partenariat équitable, et tirer parti du nouvel élan qui souffle dans la société civile, et chez les jeunes conservateurs du patrimoine. Vincent Négri rapporte que lorsqu’il travaillait avec Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il pensait naïvement que les forces politiques de gauche seraient favorables aux restitutions, contre les opinions des partis de droite. Cette vision est erronée. Les partisans ou les adversaires des restitutions se retrouvent dans les deux camps (ainsi qu’au centre). Les prises de position dans ce débat sont plus générationnelles que politiques. Vincent Négri rapporte que lorsqu’il donne cours à l’Institut national du patrimoine, pour les jeunes conservateurs, cette question des restitutions n’est plus un sujet de crispation.

Dans son article « Restituer le patrimoine culturel africain », Vincent Négri propose une représentation inédite de la figure de Dame Justice. Une allégorie nouvelle qui porterait les attributs de l’injustice légale et du droit supralégal pour illustrer le conflit suivant : comment mettre en question la validité juridique de normes qui produisent une injustice. Des actes ont été commis dans le passé en toute légalité, mais nous éprouvons aujourd’hui l’intensité du conflit qu’ils génèrent entre ce que nous ressentons moralement, comprenons intellectuellement, et savons juridiquement. Ce dilemme est bien illustré dans le texte célèbre de Gustav Rabruch écrit en 1946 à propos du positivisme juridique et de l’injustice évidente des lois arbitraires et criminelles du Troisième Reich.[28]

Voir le monde avec les yeux de l’Autre

Eloy du Mont dit Costentin, François 1er tenant les mains de Justice et Paix s’embrassant, Bibliothèque nationale de France, 1530-1531, manuscrits français 2237, fol.2r.

Il y aurait bien des sujets à évoquer ici encore, comme cet ensemble de « guidelines » rédigé à destination des musées, en Allemagne, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Angleterre ou Amérique.[29] Ce sera pour un article futur. Il faudrait évoquer aussi le monde bouillonnant des artistes et le lien, que l’exposition du Bénin a créé avec beaucoup de naturel, entre patrimoine et création contemporaine. On peut s’attrister aussi, c’est un cercle sans fin, que chaque nouvelle guerre, comme celle que nous observons aujourd’hui en Ukraine, rejoue les mêmes scènes de pillages de biens culturels.[30] Mais, malgré l’exemple tragique de l’Ukraine, chaque jour apporte une histoire nouvelle incroyable à propos des restitutions qui nous permet d’espérer. Selon la belle formule de Vincent Négri, les restitutions permettent de « voir le monde avec les yeux de l’Autre », j’espère qu’il en a été de même pour vous. À chaque rencontre, à chaque lecture, un souffle immense, un vortex, qui charrie une énergie trop longtemps contenue. Et qui, de fleuve en fleuve, avance et vient heurter les digues que nous avions dressées pendant un siècle. Entendez-vous ces craquements ? Oui ! Elles cèdent.

NOTES

[1] Sur le colloque de l’ICOM qui s’est tenu au Bénin, Togo et Ghana en 1991, voir : https://mondafrique.com/notre-serie-sur-la-necessaire-restitution-du-patrimoine-africain-volet-3/.

[2] Amadou Hampaté Bâ fut membre du Conseil exécutif de l’UNESCO de 1962 à 1970, il décrit ce processus d’acculturation dans ses mémoires, voir Amkoullel l’enfant peul, Arles, éd. Actes Sud, 1991, p. 382, cité par Vincent Négri, « Restituer le patrimoine culturel africain aux peuples africains : apories d’un débat juridique », in Clémentine Bories et alii (dir.), Les restitutions des collections muséales. Aspects politiques et juridiques, [Le Kremlin Bicêtre], Mare & Martin, 2021, p. 71-83.

[3] Voir la présentation officielle de l’exposition La Grandeza de México : https://www.youtube.com/watch?v=9gs0gN0pjnA&t=163s et la chronique de Emmanuelle Steels sur France culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaire-a-suivre/affaire-a-suivre-du-lundi-13-decembre-2021-5303041. La collaboration entre le Mexique et l’Italie est particulièrement positive, et le jour de l’inauguration, le président Andres Manuel Lopez Obrador a d’ailleurs octroyé la plus haute distinction du pays, l’Ordre mexicain de l’aigle Aztèque, à un carabinieri italien, Roberto Riccardi. Ce militaire, à la tête d’une brigade pour la « sauvegarde du patrimoine culturel », avait saisi plusieurs ensemble de biens culturels mexicains sur le point d’être vendus aux enchères en Italie. L’Italie est probablement le pays européen le plus touché par le pillage de son propre patrimoine.

[4] Sur le droit et la morale, voir le commentaire de Vincent Négri à la réponse du gouvernement français aux demandes de restitutions formulées par le gouvernement béninois en 2016 : « Voir le monde avec les yeux de l’Autre. Le rapport Sarr/Savoy sur la restitution du patrimoine africain », in Laurick Zerbini (dir.), L’objet africain dans les expositions et les musées missionnaires. Dépouiller, partager, restituer, Paris, Maisonneuve-Larose et Hémisphères, 2021, p. 565-581.

[5] Voir l’article de Olivier Savelli, « Art : on a frôlé le ‘vrai’ casse du siècle ! », Le Monde du droit,  1 juillet 2010  : https://www.lemondedudroit.fr/decryptages/779-art-on-a-frole-le-qvraiq-casse-du-siecle.html.

[6] Sur la législation concernant la loi américaine sur le rapatriement du patrimoine amérindien, voir l’article de C. Timothy McKeown, « Considering Repatriation Legislation as an Option: The National Museum of the American Indian Act (NMAIA) & The Native American Graves Protection and Repatriation Act (NAGPRA) », in Utimut: Past Heritage – Future Partnerships, Discussions on Repatriation in the 21st Century, ed. Mille Gabriel and Jens Dahl, Copenhagen, Work Group for Indigenous Affairs & the Greenland National of Museum and Archives, 2007, p. 134-147.

[7] Voir la série d’émissions sur les restitutions réalisées en 2018 pour l’émission La Fabrique de l’histoire, dont le quatrième épisode est consacré aux sagas : « Les sagas d’Islande : histoire d’une restitution post-coloniale réussie » sur France culture : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-objets-de-la-discorde-comment-restituer-les-tresors-culturels-spolies. Le premier épisode est consacré à l’Afrique, le second aux marbres du Parthénon, le troisième aux restes humains.

[8] Sur le retour des objets groenlandais, et sur la problématique générale des restitutions, on consultera l’excellent volume Utimut: Past Heritage – Future Partnerships, Discussions on Repatriation in the 21st Century, ed. Mille Gabriel and Jens Dahl, op. cit., consultable ici: https://www.iwgia.org/en/resources/publications/305-books/2567-utimut-past-heritage-future-partnerships.html.

[9] Voir l’article, « Successful Repatriation: The Utimut Process in Denmark & Greenland. Workable Model of Restitution Continues to Benefit Communities » sur le site américain, très utile pour notre problématique, Cultural Property News : https://culturalpropertynews.org/successful-repatriation-the-utimut-process-in-denmark-greenland/#_ftn1. La conférence Utimut était organisée par l’IWGIA (International Work Group for Indigenous Affairs), une organisation située à Copenhague, et le Musée national et les Archives du Groenland. 

[10] Sur l’idée d’un partenariat entre le British Museum et le Musée de l’Acropole, voir l’article du 31 juillet 2022 du Guardian, « British Museum calls for ‘Parthenon partnership’ with Greece over marbles » : https://www.theguardian.com/artanddesign/2022/jul/31/british-museum-calls-for-parthenon-partnership-greece-marbles. Pour la lettre  de David Simmonds, voir le 1er juin 2022: « It is dishonourable for the British Museum to keep the Parthenon marbles” : https://www.theguardian.com/artanddesign/2022/jun/01/it-is-dishonourable-for-the-british-museum-to-keep-the-parthenon-marbles.

[11] Peu de temps après la visite du libraire chez le conservateur du British Museum, les musées de Glasgow ont décidé de restituer un costume de Ghost dance à la communauté sioux, à la suite de quoi la poétesse britannique Anna Crowe écrivit ce poème : We still believe some form of words, / or ritual will come between / us and another’s anger. Not seeing / that our invisibility’s what’s required. (« Nous croyons encore qu’une forme de mots, / ou de rituel s’interposera entre / nous et la colère d’autrui. Sans voir / que c’est notre invisibilité qui est requise. »)

[12] Le guide « The Unfiltered History Tour » a été créé par le groupe média Vice World News, en collaboration avec Dentsu Creative. Vous pouvez effectuer cette visite virtuelle dans les salles du musée ou depuis chez vous, il est consultable ici : https://theunfilteredhistorytour.com/. Voir la présentation du projet : https://www.youtube.com/watch?v=138kSdE63-Y&t=65s.

[13] Sur la campagne menée par Sylvie Ndjoboti sur les réseaux sociaux pour récupérer la statue Ngonnso, voir l’article de Amindeh Blaise Atabong, « Germany to return looted goddess statue to Cameroon’s Nso people », Quartz Africa, 20 juillet 2022 : https://qz.com/africa/2186423/bringbackngonnso-returned-a-looted-statue-of-a-cameroonian-goddess/.

[14] Sur le masque rendu par la fille d’André Breton, voir l’article d’Harry Bellet, « Le masque d’André Breton rendu aux Kwakwaka’wakws », Le Monde, 27 septembre 2003, et sur la collection d’André Breton, voir l’article de Gérard Toffin, « André Breton, précurseur du musée du quai Branly », Les Temps Modernes, Numéro 686 (2015/5), p. 174-197.

[15] Les objets restitués par la famille du collectionneur de Barcelone au Mexique sont exposés depuis la fin juillet dernier au musée du Templo mayor, en plein centre historique de Mexico, sous la tutelle de l’Institut national d’Anthropologie et d’histoire (INAH), le bras armé de la politique de sauvegarde du patrimoine.

[16] Voir le billet de Jean-Yves Marin dans la Tribune de Genève du 11 mars dernier : « Le retour d’une collection d’art ».

[17] Sur le discours d’Emmanuel Macron, voir une analyse détaillée de celui-ci dans l’article de Vincent Négri, « Voir le monde avec les yeux de l’Autre. Le rapport Sarr/Savoy sur la restitution du patrimoine africain », in Laurick Zerbini (dir.), L’objet africain dans les expositions et les musées missionnaires. Dépouiller, partager, restituer, Paris, Maisonneuve-Larose et Hémisphères, 2021, p. 565-581.

[18] Sur la situation des musées au Congo Brazzaville, voir l’article de Jean-Baptiste Mondze, « Congo-Brazzaville: le patrimoine monte en gamme grâce à de nouveaux musées », Jeune Afrique, 10 septembre 2019.

[19] En 2008, Jacques Rigaud a remis un rapport à la ministre de la culture Christine Albanel sur « l’inaliénabilité des collections publiques en France », dans lequel il réaffirma la nécessité de l’inaliénabilité des œuvres, même s’il émettait la possibilité d’une déclassification d’une partie des collections récentes acquises par les FNAC et les FRAC.

[20] Voir la loi n° 2002-323 du 6 mars 2002 relative à la restitution par la France de la dépouille mortelle de Saartjie Baartman à l’Afrique du Sud, Journal Officiel, 7 mars 2002 et la loi n° 2010-501 du 18 mai 2010 visant à autoriser la restitution par la France des têtes maories à la Nouvelle-Zélande et relative à la gestion des collections, Journal Officiel, 19 mai 2010.

[21] Voir la loi n° 2020-1673 du 24 décembre 2020 relative à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal, Journal Officiel, 26 décembre 2020.

[22] Les réflexions et recommandations juridiques du rapport ont été mûries notamment dans le cadre d’un atelier juridique tenu le 26 juin 2018 au Collège de France, coordonné par Isabelle Maréchal et Vincent Négri. Voir dans le rapport Sarr-Savoy, les pages 61 à 69. Voir aussi l’article de Vincent Négri, « Restituer le patrimoine culturel africain aux peuples africains : apories d’un débat juridique », art. cit.

[23] On trouvera l’examen en commission de la proposition de loi relative à la circulation et au retour des biens culturels appartenant aux collections publiques, le 15 décembre 2021, à l’adresse suivante : http://www.senat.fr/rap/l21-302/l21-3025.html. Le lundi 10 janvier 2022, le Sénat a adopté la proposition de loi présentée par Catherine Morin-Desailly, Max Brisson, Pierre Ouzoulias et plusieurs de leurs collègues (demande de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication). Voir les étapes de la discussion et les éléments clés, ici : www.senat.fr/espace_presse/actualites/202112/circulation_et_retour_des_biens_culturels_appartenant_aux_collections_publiques.html.

[24] Sur la mise en examen de Jean-Luc Martinez, voir l’article de Roxana Azimi, « Jean-Luc Martinez, ancien patron du Louvre, mis en examen dans une affaire de trafic d’antiquités », Le Monde, 25 mai 2022.

[25] Le président Emmanuel Macron a signalé dans sa conférence de presse avec Patrice Talon au Bénin le 27 juillet 2022 qu’il avait réceptionné le rapport de M. Martinez sur la loi cadre. Celui-ci n’a pas encore été rendu public.

[26] Pour le discours du Président Mobutu Sese Seko à l’ONU en 1973, voir : https://mondafrique.com/la-restitution-des-oeuvres-a-lafrique-volet-2-le-temps-des-conventions/.

[27] Le texte des résolutions de l’UNESCO en faveur du retour et de la restitution de biens culturels est consultable ici : https://fr.unesco.org/fighttrafficking/legaltexts. Pour le commentaire de la résolution 3187 sollicitée par le président Mobutu Sese Seko « qui produit sa propre impasse », voir l’article de Vincent Négri, « Restituer le patrimoine culturel africain aux peuples africains : apories d’un débat juridique », art. cit., principalement le chapitre « S’égarer dans le droit international de la responsabilité ».

[28] Gustav Radbruch, « Gesetzliches Unrecht und übergesetzliches Recht », Süddeutsche Juristenzeitung, 1 (1946), p. 105-108, traduit en français par Michael Walz, « Injustice légale et droit supralégal », Archives de philosophie du droit, t. 39, 1994, p. 309-318.

[29] Plusieurs pays ont publié des directives à l’attention des musées qui conservent des collections issues de contextes coloniaux. L’Association des musées allemands (Deutscher Museums Bund) est déjà à la 3e réédition de son guide en 2021 (première édition en 2018), voir son Guide relatif au traitement des biens de collections issus de contextes coloniaux, consultable, ici : https://www.museumsbund.de/publikationen/guide-consacr-aux-collections-musales-issues-de-contextes-coloniaux/. Un groupe informel d’experts issus des mondes académique, professionnel ou associatif en Belgique a publié en juin 2021 les Principes éthiques pour la gestion et la restitution des collections coloniales en Belgique : https://restitutionbelgium.be/fr/rapport ; l’Association des musées suisses à publier cette année une brochure sur les Recherches de provenance dans les musées II. Collections liées aux contextes coloniaux. Notions de base et introduction à la pratique : https://www.museums.ch/fr/publications/standards/recherche-de-provenance-collection-coloniale.html. En décembre 2021, l’ICOM a publié son Guidance for Restitution and Return of items from university museums and collections: http://umac.icom.museum/wp-content/uploads/2022/03/UMAC-Guidance-Restitution-2022.pdf. Ce document est le résultat du projet UMAC-ER : The Ethics of Restitution and Repatriation (2020-2021) soutenu par l’ICOM et impliquant des partenaires tels que le Committee for Professional Ethics de l’ICOM (ETHCOM). Dernier en date en Angleterre, il y a dix jours le 5 août 2022, l’Arts Council England (un organisme financé par le gouvernement, et rattaché au Department for Digital, Culture, Media and Sport) vient de publier Restitution and Repatriation: A Practical Guide for Museums in England : https://www.artscouncil.org.uk/publication/restitution-and-repatriation-practical-guide-museums-england ; ce guide a été élaboré par l’Institute of Art and Law. Certains musées, au rayonnement national et international, ont adopté une politique sur les retours éthiques. Le Nationaal Museum van Wereldculturen (Musée national des cultures du monde) aux Pays-Bas, a été l’un des premiers musées d’Europe à mettre en place des mécanismes de restitution des objets issus des anciennes colonies. En 2016, la publication Treasures in Trusted Hands (« Des trésors bien gardés »), de la thèse de doctorat du chercheur Jos van Beurden a relancé le débat néerlandais sur les objets datant de l’époque coloniale. Des directives ont été adoptées en 2019 et publiées dans un document intitulé Principles and Process for addressing claims for the Return of Cultural Objects: https://www.tropenmuseum.nl/en/about-tropenmuseum/return-cultural-objects-principles-and-process#. La Smithsonian Institution à Washington , le plus grand complexe de musées, d’éducation et de recherche au monde, qui chapeaute 21 musées et le National Zoo, a adopté en mai 2022 sa Policy on Ethical Returns :https://www.si.edu/newsdesk/releases/smithsonian-adopts-policy-ethical-returns.

[30] Sur les pillages de biens culturels en Ukraine dès le début de la guerre, voir l’article de Pjotr Sauer, « Ukraine accuses Russian forces of seizing 2,000 artworks in Mariupol », The Guardian, 29 avril 2022 : https://www.theguardian.com/world/2022/apr/29/ukraine-accuses-russian-forces-of-seizing-2000-artworks-in-mariupol et le l’article de Brian I. Daniels sur le site Just security : https://www.justsecurity.org/81212/how-can-we-protect-cultural-heritage-in-ukraine-five-key-steps-for-the-intl-community/.

LES AUTRES VOLETS DE NOTRE SERIE

Épisode 1 : Un nouvel or noir (6 juillet 2022)

https://mondafrique.com/la-restitution-des-oeuvres-a-lafrique-volet-i-le-nouvel-or-noir/?fbclid=IwAR3qD8JyOH5S6sqi4iL0ymZjEwA9om8ImpnuZirPutd4bH_-HE2IUVhQy4k

Épisode 2 : Le temps des conventions (8 juillet 2022)

https://mondafrique.com/la-restitution-des-oeuvres-a-lafrique-volet-2-le-temps-des-conventions/

Épisode 3 : Pour qui sont pensés les musées en Occident ? (17 juillet 2022)

https://mondafrique.com/notre-serie-sur-la-necessaire-restitution-du-patrimoine-africain-volet-3/

Épisode 4 : Le Bénin expose les œuvres restituées par la France (27 juillet 2022)

https://mondafrique.com/serie-patrimoine-africain-la-restitution-du-dieu-gou-au-coeur-du-voyage-demmanuel-macron/

Épisode 5 : Vers la coresponsabilité ! (8 août 2022)

https://mondafrique.com/notre-serie-sur-la-restitution-des-biens-culturels-a-lafrique-volet-5/

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