Chine - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/chine/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Thu, 05 Sep 2024 09:07:18 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Chine - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/chine/ 32 32 Sommet Chine Afrique (3), Pékin promet d’investir 51 milliards de dollars https://mondafrique.com/international/sommet-chine-afrique-3-pekin-promet-dinvestir-51-milliards-de-dollars/ Thu, 05 Sep 2024 09:02:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=117604 Le président chinois Xi Jinping, a déclaré jeudi, à l’ouverture à Pékin du sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), que son pays était disposé à travailler avec l’Afrique pour mettre en œuvre dix plans d’action de partenariat au cours des trois prochaines années, afin de promouvoir la modernisation. Il a promis 50 […]

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Le président chinois Xi Jinping, a déclaré jeudi, à l’ouverture à Pékin du sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), que son pays était disposé à travailler avec l’Afrique pour mettre en œuvre dix plans d’action de partenariat au cours des trois prochaines années, afin de promouvoir la modernisation. Il a promis 50 millions de dollars pour créer un million d’emplois.

Un tiers de la population mondiale vit en Chine et en Afrique. « Il n’y aura pas de modernisation mondiale sans modernisation de la Chine et de l’Afrique », a affirmé le Président chinois  dans son discours inaugural. 

Les dix plans d’action de partenariat couvriront les domaines de l’apprentissage mutuel entre les civilisations, de la prospérité du commerce, de la coopération sur la chaîne industrielle, de la connectivité, de la coopération au développement, de la santé, de l’agriculture et des moyens de subsistance, des échanges culturels et entre les personnes, du développement vert et de la sécurité commune, a-t-il énuméré. La vision chinoise du développement du continent repose, en effet, sur trois axes : l’industrialisation, la modernisation de l’agriculture et le développement des talents.

Ouverture du Forum de coopération Chine-Afrique le 5 septembre à Pékin

Le Président chinois a dit vouloir relever les relations sino-africaines au niveau de communauté d’avenir partagé Chine-Afrique. Il a également proposé de porter au niveau stratégique les relations bilatérales entre la Chine et tous les pays africains ayant des relations diplomatiques avec elle. La coopération Sud-Sud est une grande priorité dans la coopération de la Chine, qui veut rééquilibrer les rapports de force mondiaux au Sud et renforcer son influence diplomatique dans l’arène globale. 

« La meilleure période de l’histoire »

Grâce à près de sept décennies d’efforts assidus, les relations sino-africaines se trouvent aujourd’hui dans la meilleure période de l’histoire, a affirmé Xi Jinping.  

Selon l’agence nationale de presse Xinhua, la Chine est devenue, en 2023, le partenaire commercial le plus important de l’Afrique sur quinze années consécutives, avec une augmentation rapide du volume des importations et des exportations. Selon les dernières données de l’Administration générale des douanes (AGD) de Chine publiées lundi, le commerce entre la Chine et l’Afrique a augmenté de 5,5% en glissement annuel à 1 190 milliards de yuans (166,6 milliards de dollars) de janvier à juillet 2024, soit un record historique pour la même période.

De 2000 à 2023, les échanges commerciaux ont progressé de moins de 100 milliards de yuans (environ 14,08 milliards de dollars) à 1 980 milliards de yuans, avec un taux de croissance annuel moyen de 17,2%, selon la douane chinoise. 

Les exportations chinoises de navires, d’automobiles et de turbines éoliennes vers l’Afrique ont respectivement augmenté de 44,8%, 35,8% et 253,1% en base annuelle au cours de la période. Dans le même temps, les importations chinoises de sésame, de tabac jaune et de noix de macadamia en provenance d’Afrique ont respectivement augmenté de 38,8%, 32,7% et 106,2% par rapport à l’année précédente.

Plus de 50 dirigeants africains participent à ce sommet, qui marque l’influence accrue de la Chine sur le continent, dans un contexte de désamour à l’égard de l’Occident et de sa politique de coopération, souvent perçue comme paternaliste et dirigiste. 

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Sommet Chine Afrique (2), les mercenaires chinois à l’assaut https://mondafrique.com/international/chine-afrique-iii-les-societes-privees-a-lassaut/ Thu, 05 Sep 2024 06:26:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=39295 Ce 4 septembre s’ouvre à Pékin la neuvième édition du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). L’Afrique se révèle incontournable dans l’ambitieuse initiative chinoise “la Ceinture et la Route”. La presse africaine note l’empressement des pays africains à participer à cette grand messe où cinquante chefs d’état se sont rendus. Mais le continent africain pris à […]

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Ce 4 septembre s’ouvre à Pékin la neuvième édition du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). L’Afrique se révèle incontournable dans l’ambitieuse initiative chinoise “la Ceinture et la Route”. La presse africaine note l’empressement des pays africains à participer à cette grand messe où cinquante chefs d’état se sont rendus. Mais le continent africain pris à la gorge par son endettement à l’égard de la Chine appelle à un rééquilibrage des relations avec le géant mondial.

Une certitude, la Chine qui refuse de s’impliquer sur le fonctionnement interne des régimes africains développe une stratégie militaire agressive, commenous l’avons vu dans un précédent papier (voir ci dessous). On assiste à un développement des sociétés privées de sécurité sur l’initiaitive de pékin comme c’est le cas pour Blackwater, le mercenaire américain associé aux Chinois

Une enquête de Michael Pauron

La Chine, qui compte plus de 5000 entreprises et des millions de travailleurs sur le continent, est de plus en plus exposée aux menaces, comme le terrorisme et le banditisme. Depuis une dizaine d’années, ses ressortissants sont d’ailleurs régulièrement pris pour cible. En 2011, l’APL a dû évacuer 35 000 chinois de Libye. En 2015, elle a renouvelé l’opération au Yémen, pour 600 de ses compatriotes. La même année, trois d’entre eux ont été tués lors d’une attaque dans un hôtel, à Bamako.

Plusieurs mineurs ont été enlevés au Nigeria en 2016 et en 2019. Pendant la crise du Covid19, alors que la Chine a été accusée d’être responsable de la pandémie, les relations entre les locaux et les ressortissants chinois se sont tendues, et trois entrepreneurs ont été assassinés à Lusaka, capitale de la Zambie, au cours du week-end des 23 et 24 mai 2020.

Beaucoup d’anciens militaires

Ces évènements ont poussé Pékin à réagir. Non seulement l’APL s’est déployée sur le terrain à plusieurs reprises, mais la sécurité privée est encouragée à se développer. Déjà bien occupé par les Américains, les Israéliens, les Russes et les Sud-africains, ce marché attire des acteurs chinois, qui ont l’avantage d’être jusqu’à douze fois moins chers.

La plupart des dirigeants de ces sociétés sont issus de la sécurité publique, et leurs liens avec l’État chinois ne sont pas très clairs, bien qu’ils soient supposés importants. « En ce qui concerne le recrutement, la pratique d’employer d’anciens militaires par les sociétés chinoises est la norme tout comme elle l’est dans le reste de l’industrie mondiale de la sécurité », précise une étude du Cari sur le sujet publié en mars 2020. Et, comme dans tous les autres domaines, les États-Unis y verraient une menace : « Les principaux acteurs américains craignent que, dans un avenir pas trop lointain, le marché chinois de la sécurité ne fournisse des concurrents mondiaux, comme cela s’est déjà produit dans plusieurs secteurs industriels chinois », poursuit le Cari.

Parmi les sociétés déjà actives, la société HXZA se concentre sur la sécurité maritime, en particulier le long de la côte est-africaine. Toujours selon l’étude du Cari, « les principaux services de HXZA comprennent la sécurité maritime armée, la réponse aux kidnappings, la protection des cadres, la sécurité statique des sites, la formation à la sécurité, l’évaluation des risques et l’intégration des technologies de sécurité. L’expansion de HXZA à l’étranger a été déclenchée par l’exigence de suivre le processus d’internationalisation de ses clients chinois, en particulier les entreprises publiques dans les secteurs de l’extraction de pétrole et de gaz. »

L’irruption de Blackwater

Un autre acteur s’est fait particulièrement remarqué. Considéré comme l’un des principaux  mercenaires américains, Erik Prince, le fondateur de Blackwater, a créé à Hong Kong Frontier Services Group (FSG), en partenariat avec le conglomérat financier chinois CITIC group. Doté d’un bureau à Pékin, FSG est arrivé en 2014 au Soudan du Sud, où l’entreprise soutient le secteur extractif chinois. En 2018, le périmètre d’activité de FSG s’est élargi avec le projet de construction de centres de formation à destination des entreprises chinoises de sécurité privée. L’étude du Cari estime que,« FSG devrait tirer parti de l’expansion économique de la Chine en Afrique et de leurs besoins de sécurité. »

Les activités de coopération entre la Chine et FSG en Afrique iraient de la sécurité en Somalie, à la gestion d’évacuations sanitaires par les airs à partir du Kenya, en passant par le soutien aux opérations minières chinoises en RD Congo et en Guinée. Mais les experts alertent sur les risques du développement de cette nouvelle activité chinoise, qui pourrait conduire certaines sociétés privées paramilitaires à nourrir des conflits et développer le trafic illégal d’armes.  « Les entreprises de sécurité privée sont une réponse à certaines menaces, mais si elles ne sont pas encadrées, elles peuvent attirer d’autres acteurs qui risquent de déclencher des conflits supplémentaires et inattendus », prévient l’étude du Cari.

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Afrique, la Chine ne veut pas restructurer sa dette   https://mondafrique.com/economie/la-chine-ne-veut-pas-restructurer-sa-dette-a-legard-des-pays-du-sud/ Wed, 04 Sep 2024 03:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=89256 La Chine a prêté plus de 500 milliards de dollars aux pays en développement. Sauf que de nombreux pays débiteurs ne peuvent ni rembourser leurs dettes, ni assurer le service de cette dette. La hausse des taux d’intérêt, les prix des importations alimentaires et énergétiques qui flambent ont créé les conditions de la faillite, notamment […]

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La Chine a prêté plus de 500 milliards de dollars aux pays en développement. Sauf que de nombreux pays débiteurs ne peuvent ni rembourser leurs dettes, ni assurer le service de cette dette. La hausse des taux d’intérêt, les prix des importations alimentaires et énergétiques qui flambent ont créé les conditions de la faillite, notamment en Afrique.

L’Afrique toute entière a vu sa dette multipliée par cinq au cours des vingt dernières années, soit 700 milliards de dollars et les prêteurs chinois représentent 12% de ce total, selon Chatham House, le London Policy Institute.

Les États-Unis et d’autres pays occidentaux, ont fait pression sur la Chine pour lui demander de jouer le jeu de la restructuration de dettes, c’est-à-dire d’accepter de perdre de l’argent. Mais depuis deux ans, Pékin bloque le système en exigeant que les institutions financières multilatérales (Banque mondiale, FMI) soient intégrées dans les négociations sur la restructuration de la dette.

Cette demande a été rejetée par les autres pays créanciers dans la mesure ou elle bouleverse une règle vieille de plusieurs décennies : les institutions multilatérales sont exemptées de participation aux processus d’allègement de la dette, en raison de leur statut de bailleurs de fonds de dernier recours et des taux d’intérêt très bas qu’elles pratiquent.

Sauf changement d’attitude de Pékin, des millions de personnes qui résident dans des pays vulnérables quitteront la pauvreté pour plonger dans l’extrême pauvreté. Concernant la Zambie, le Sri Lanka et le Ghana, des cotes mal taillées ont été trouvées pour alléger la dette et permettre à ces pays de souffler.

Mais les autres pays pauvres, ceux qui doivent environ 200 milliards de dollars aux pays riches, aux banques multilatérales de développement et aux créanciers privés, ceux-là sont bloqués. Ils ne peuvent ni rembourser, faute d’argent, ni réemprunter faute d’accord.

La Zambie a fait défaut en 2020 et tente de restructurer une dette de 8,4 milliards de dollars dont 6 milliards de dollars dus aux prêteurs chinois. La dette totale de la Zambie approche les 20 milliards de dollars. Faute d’accord de restructuration, la Zambie devient un paria sur les marchés financiers internationaux.

Idem pour le Ghana qui a besoin d’un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international, mais qui ne peut obtenir cet argent tant que Pékin bloque la restructuration d’une dette de 30 milliards de dollars, dont 2 milliards de dollars dus à la Chine.

Le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, a affirmé que 33 pays africains payaient en intérêts des sommes supérieures aux budgets santé et éducation de chacun de ces pays.

Un assouplissement de l’attitude chinoise sur le cas du Sri Lanka amène les observateurs à généraliser : la Chine va changer d’attitude. Mais en réalité, nul ne sait le niveau de pertes que la Chine a les moyens ou l’envie d’encaisser.

L’attitude rigide de la Chine s’explique aussi par le fait que le système bancaire chinois est lourdement endetté et doit faire face à de très lourde pertes dans le secteur immobilier.  Le gouvernement chinois n’a pas envie d’éponger les dettes du tiers monde en même temps que les dettes de son système bancaire.

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Le rapprochement entre le Niger et la Chine (suite et fin) https://mondafrique.com/a-la-une/le-rapprochement-entre-le-niger-et-lachine-suite-et-fin/ Mon, 26 Aug 2024 08:31:27 +0000 https://mondafrique.com/?p=117099 La reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Niger a été officialisée le 19 août 1996 par le Président Ibrahim Baré Mainassara, plusieurs années avant les initiatives de l’actuel Président Mamadou Tandja, comme nous l’avons relaté dans le cinquième volet de notre série Niger (voir ci dessous). Nous revenons sur ce rapprochement entre […]

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La reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Niger a été officialisée le 19 août 1996 par le Président Ibrahim Baré Mainassara, plusieurs années avant les initiatives de l’actuel Président Mamadou Tandja, comme nous l’avons relaté dans le cinquième volet de notre série Niger (voir ci dessous). Nous revenons sur ce rapprochement entre Pékin et Niamey après avoir reçu un courrier très instructif de Djirila Baré Mainassara, le frère du défunt président Baré parvenu au pouvoir par un coup d’Etat et assassiné par le chef de sa garde en 1999. 

Série Niger (5/5) : la Chine, premier partenaire stratégique

Le rapprochement avec Pékin dès 1996 n’est pas anecdotique. Il éclaire des dynamiques internationales qui poussaient, déjà, le Niger dans les bras de la Chine. Officiellement rétablies le 19 août 1996, dix jours seulement après la prestation de serment du Président Baré en tant que Président élu, ces relations avaient fait l’objet de démarches discrètes dès le lendemain du coup d’Etat.

Taïwan ou le chaos !

Or Djibrilla Baré Mainassara, le frère du Président d’alors et à ce titre témoin de ce rapprochement privilégié, nous livre un certain nombre de détails. « Les négociations devaient être rapides et confidentielles, nous écrit-il, en raison des possibilités de contre-offensive diplomatique de Taiwan, disposant de ressources financières non négligeables et ralliée par une frange importante de la classe politique nigérienne ». Et de poursuivre:  «Les députés issus des deux législatures de 1993 et 1994 étaient largement acquis à Taiwan, comme les syndicats des travailleurs soucieux d’assurer les salaires de leurs membres.»

Dans ces années-là, profitant du tarissement des ressources financières des démocraties ouest-africaines émergentes, sous l’effet des programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions financières internationales, puis de la dévaluation qui s’ensuivit, Taïwan avait déroulé une diplomatie agressive dite « du carnet de chèque ». Cette période est restée célèbre au Niger à travers le slogan «Taïwan ou le chaos !», apparu en 1992. 

Avec l’aide de la Chine, le Président pensait aussi pouvoir mettre en oeuvre «un programme de développement économique ambitieux et cohérent en faveur des populations qui l’avaient élu et bénéficier de la puissance de la diplomatie chinoise ».

Dans ses positions pro-chinoises, Ibrahim Baré Mainassara assumait un double héritage : celui de son père, militant indépendantiste du parti Sawaba (écrasé par son rival pro-occidental du Rassemblement Démocratique Africain qui dirigea le Niger à l’indépendance) et celui du lieutenant-colonel Seyni Kountché, chef de l’Etat dont il fut le premier aide de camp, qui renversa le régime précédent le 15 avril 1974.

Petite et grande histoire du Niger

Pour comprendre la valse diplomatique du Niger, il faut en effet revenir aux luttes politiques intérieures de la fin des années 1950.

Le régime RDA de Diori Hamani, premier Président du Niger, s’est affirmé pro-Taïwan dès l’indépendance, la République populaire de Chine ayant soutenu la lutte armée menée par son rival et cousin du Sawaba, Djibo Bakary.

Logiquement, le Conseil Militaire Suprême (CMS) tombeur de Diori, rompit avec Taïwan pour se tourner vers la Chine. «Seyni Kountché savait qu’il pouvait compter sur ce grand pays travailleur pour réaliser la politique d’autosuffisance alimentaire qui lui était chère, au sortir de la grande famine de 1974», estime Djibrilla Baré Mainassara.

Visite officielle du Président Ibrahim Baré Mainassara en Chine, 1997

Dans sa jeunesse, le jeune officier avait, dit son conseiller, «lu et relu le Livre rouge de Mao Tsé Toung». Jeune officier, aux côtés du Président Kountché, Ibrahim Baré Mainassara avait visité la Chine. En tant que ministre de la Santé à la fin des années 80, «il avait apprécié l’efficacité de la mission médicale chinoise au Niger.»

 « Sans remettre en cause les efforts fournis dans les années 2000 par le gouvernement de Tandja Mamadou au nom de la continuité de l’Etat», l’ancien conseiller présidentiel affirme que les travaux pour l’approvisionnement en eau de la ville de Zinder ont commencé sous le régime du général Baré, «dès la reprise des relations diplomatiques en août 1996.» Les études en vue de régler le problème d’approvisionnement en eau de la ville de Zinder, débutées dès la reprise des relations diplomatiques, ont été menées à terme. En effet la recherche hydrogéologique avec la coopération chinoise a mis en évidence deux (2) champs de captage très productifs au nord de Zinder, Aroungouza et Ganaram, pouvant couvrir les besoins en eau de la ville jusqu’à l’horizon 2025, et les ouvrages ont été inaugurés en 1998.»  

La reprise de la coopération avec la Chine offrait, à en croire le conseiller du Président défunt, beaucoup de promesses, facilitées par le faible coût et la qualité de la main d’oeuvre chinoise et les capacités financières et technologiques de ce pays : l’exploitation du pétrole brut, qui verrait le jour longtemps plus tard, la construction d’infrastructures de BTP et de transport, l’équipement militaire – qui a permis de renforcer les capacités  offensives de l’armée nigérienne contre la rébellion touareg en 1996 et 1997 – le développement de la filière coton, le transfert de technologies…

Fête anniversaire à l’ambassade de Chine 

Le rôle joué par le Président défunt dans le rapprochement avec Pékin a été évoqué à l’occasion du cinquantenaire de la coopération entre les deux pays, célébré le 18 mai dernier lors d’une cérémonie à l’ambassade de Chine à Niamey. Les familles de Seyni Kountché, Baré Maïnassara et Tandja Mamadou y étaient invitées.

L’ambassadeur de Chine à Niamey, Jiang Feng, a rendu successivement hommage aux trois Présidents, tous officiers de carrière. Après avoir salué la vision du général Seyni Kountché auquel on doit la naissance de la «légendaire amitié» entre les deux pays, l’ambassadeur s’est attardé sur Ibrahim Baré Maïnassara, pour avoir, en 1996, «restauré ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine après quatre ans de rupture déplorable». «Grâce à la décision sage et clairvoyante du Président Baré Maïnassara, une nouvelle page d’amitié a pu être écrite entre la Chine et le Niger jusqu’à nos jours. La vision partagée qui a recommencé en cette année, s’est élargie à de nombreux domaines, jetant les bases d’une coopération solide et durable», a dit le diplomate.

Jiang Feng a, enfin, salué la contribution de Mamadou Tandja, dont le mandat «a été marqué par une intensification de liens entre la Chine et le Niger, avec des investissements significatifs dans divers secteurs, d’où naquît le fleuron industriel du Niger, le champ pétrolier d’Agadem.»

Le coup d’Etat d’Ibrahim Baré Mainassara était intervenu suite à un blocage institutionnel au sommet de l’Etat. L’officier avait ensuite été élu Président de la République, dans le cadre d’un scrutin contesté, après six (6) mois de transition militaire. Son assassinat, sur le tarmac de l’aéroport de Niamey par le chef de sa garde, a bénéficié de complicités au sein de la classe politique. 

 

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Série Niger (5/5) : la Chine, premier partenaire stratégique https://mondafrique.com/decryptage/serie-niger-5-5-la-chine-premier-partenaire-strategique/ Thu, 08 Aug 2024 16:49:09 +0000 https://mondafrique.com/?p=115835 Le 26 juillet 2023, c’est un coup d’Etat sans coup de feu qui fait tomber le Président Mohamed Bazoum, chose inédite dans le monde et même au Niger. Celui qui s’empare du Président est l’homme chargé de sa sécurité, le général Abdourahamane Tiani, qui commande la Garde Présidentielle. En ce matin de saison des pluies, nul […]

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Le 26 juillet 2023, c’est un coup d’Etat sans coup de feu qui fait tomber le Président Mohamed Bazoum, chose inédite dans le monde et même au Niger. Celui qui s’empare du Président est l’homme chargé de sa sécurité, le général Abdourahamane Tiani, qui commande la Garde Présidentielle. En ce matin de saison des pluies, nul ne peut encore imaginer les conséquences considérables à venir pour le Niger et pour l’ensemble de la région du Sahel. En cinq épisodes, Mondafrique vous raconte comment une révolution de Palais a dessiné les nouveaux rapports de force au Sahel. 

Pour achever notre série, ce dernier volet aborde la place clé de la Chine dans le nouveau jeu nigérien. Pékin consolide sa position de partenaire stratégique grâce à l’exportation du pétrole brut et la promesse d’une croissance à deux chiffres, malgré la crise.

Olivier Vallée et Nathalie Prevost

Lorsque survient le coup d’Etat du 26 juillet 2023, les travaux d’achèvement de l’oléoduc le plus long d’Afrique (près de 2000 km de long) sont quasiment achevés. Le pipeline construit et financé par la Chine a coûté environ 4,5 milliards de dollars. Il doit acheminer le brut extrait à l’est du pays vers la plateforme de Sémè, au Bénin, pour exportation. Cette perspective aiguise les appétits, en particulier au sein du parti socialiste (le Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme, PNDS) au pouvoir depuis douze ans. Les familles de Mahamadou Issoufou et de Mohamed Bazoum se disputent alors âprement la gouvernance et le business du pétrole.

Pourtant, lorsqu’en 2008 le Président Mamadou Tandja signe avec la Chine, après avoir retiré à l’Américaine Exxon Mobil son permis d’exploitation dont elle ne faisait rien, les opposants socialistes se gaussent de sa promesse. «Ce pétrole, c’est de l’eau !», disent-ils en riant. A l’ambassade de France, à la même époque, on se dit convaincu que ce pétrole nigérien est décidément de piètre qualité, comme pour se consoler d’avoir, comme Exxon Mobil, laissé échapper la concession. Avant d’être chinoise, Agadem avait été couchée sur un permis français, puis américain. Et elle n’a échu à la Chine que parce que ni la France, ni les Etats-Unis ne l’ont mise en valeur.  

La place que la Chine s’est construite au Niger, c’est celle-ci : le dernier recours. La diplomate Aïchatou Mindaoudou, qui a été plusieurs fois ministre de 1995 à 2010, raconte volontiers cette histoire dans les réunions internationales pour rendre justice à Pékin. Au portefeuille des Affaires étrangères de Mamadou Tandja de 1999 à 2010, elle en a été l’un des acteurs.

La solution miracle du manque d’eau à Zinder

«La Chine a toujours été présente aux côtés du Niger sur des dossiers importants pour le gouvernement d’alors: l’approvisionnement en eau de la ville de Zinder, le deuxième pont de Niamey, le pétrole qui, comme l’uranium, tenait à cœur le Président Tandja», a raconté la ministre à Mondafrique.

Le Pont de l’Amitié à Niamey

Le problème d’eau de l’ancienne capitale de l’est, région dont Mamadou Tandja était originaire, semblait insoluble. «Les partenaires nous posaient des conditions financières hors d’atteinte. Le Président y tenait beaucoup et le sujet revenait toujours sur la table du conseil des ministres. Un jour, il s’est impatienté et m’a demandé d’aller ‘voir avec les Chinois.’ Je me suis rendue à Pékin. J’ai rencontré le ministre du Développement économique juste après mon arrivée. Je lui ai transmis la demande du Président Tandja. Le ministre m’a répondu que son pays aussi, à un moment, avait fait face à ces problèmes et qu’il comprenait parfaitement la situation. Le lendemain, nous avons signé un accord de prêt sans intérêt pour financer l’approvisionnement en eau de la ville de Zinder. Pour ce faire, l’équipe chinoise est venue au Niger et a résolu le problème en raccordant la ville à une nappe phréatique qu’ils ont trouvée à 50 km de Zinder. L’année suivante, l’accord de prêt que nous avions signé a été transformé en don. La Chine a souvent eu cette attitude pragmatique dans des dossiers concernant l’amélioration des conditions de vie de nos populations. »

«En ce qui concerne le pétrole, à l’occasion d’un voyage à Washington, le Président Tandja s’est entretenu avec le directeur d’Exxon Mobil et lui a dit ceci : ‘on répète que le Niger est le pays le plus pauvre du monde. J’ai été démocratiquement élu sur la base d’un programme pour améliorer les conditions de vie des populations. Je ne peux pas accepter d’être assis sur du pétrole alors que ma population est pauvre. Je vous donne un délai d’un an pour commencer l’exploitation du pétrole nigérien. Si vous ne faites pas, je me considérerai libre de chercher d’autres partenaires.’ Et l’année suivante, le Président Tandja a envoyé une délégation en Chine pour explorer la possibilité d’exploiter le pétrole», poursuit Mme Mindaoudou.

Un maquis de sociétés chinoises

La raffinerie de Zinder

Quinze ans plus tard, c’est le domaine pétrolier qui fait, plus que jamais, l’actualité. Plusieurs entités chinoises sont désormais impliquées. La société nationale de pétrole chinoise (China National Petroleum Corporation, CNPC) est en charge de la production à Agadem et elle coiffe le raffinage confié à la joint venture sino-nigérienne SORAZ (Société de Raffinage de Zinder). La production et le raffinage ont démarré, modestement, au tout début du premier mandat de Mahamadou Issoufou. La raffinerie de Zinder, une exigence du Président Tandja, permet au Niger de produire sa consommation nationale d’essence, le surplus étant vendu dans les pays voisins. Son rendement est de 20 000 barils/j.

La découverte de réserves beaucoup plus abondantes qu’imaginé initialement a conduit par la suite le Niger à développer avec la CNPC une production de brut pour l’export. Le premier pipeline, qui reliait le site d’Agadem à Zinder, a été prolongé jusqu’au golfe de Guinée. Cette infrastructure a été construite, comme les précédentes, sur financements chinois.

La règle chinoise de non-ingérence dans les affaires intérieures politiques d’un pays tiers s’adapte au contexte et n’ignore pas l’entrelacs d’enjeux que l’accès aux ressources naturelles développe. L’épouvantail d’une implantation russe au Niger aura sans doute dissimulé l’attraction mutuelle de Pékin et de Niamey, enracinée de longue date et relancée à l’aune d’un souverainisme réinventé.

 

Pas d’interférence dans les affaires intérieures

Dès le mois de septembre 2023, l’ambassadeur de Chine au Niger transmet au Premier ministre un message de soutien de son pays et il réaffirme le principe de « non-interférence » de la Chine dans les affaires internes des autres pays. Pékin entend aussi préserver ses intérêts, sans déconnecter sa coopération avec le Niger de son passé.

Après des retards liés au coup d’Etat et au blocage de la frontière avec le Bénin dans le cadre des lourdes sanctions imposées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, les travaux du pipeline ont pu être achevés et le pétrole injecté à l’intérieur. Le premier tanker et son chargement d’un million de barils ont quitté le port de Sémè le 19 mai. C’est le seul à ce jour, suite à de nombreux épisodes de tension entre Niamey et Cotonou qui ont finalement abouti à l’arrêt de la production. La Chine s’est activée pour tenter de régler le différend. Si la crise n’est pas encore résorbée, elle semble toutefois en voie de règlement. Au-delà de leurs intérêts respectifs, le Niger et le Bénin ne peuvent pas se permettre indéfiniment l’inertie, au risque de perdre leur crédit auprès de la grande puissance chinoise.

Signature à Niamey de l’accord sur la commercialisation du brut, en présence du Premier ministre du Niger

Pékin a également permis au Niger de desserrer l’étau financier résultant des sanctions de la Communauté ouest-africaine. En avril 2024, le Premier ministre Lamine Zeine a négocié directement avec la CNPC une avance sur la part du pétrole revenant à Niamey. La société chinoise a ainsi accordé un prêt de 400 millions de dollars au Niger décidé à lever les hypothèques que les partenaires occidentaux continuaient à poser. Lamine Zeine a transformé l’avance chinoise en un quasi-programme financier de substitution à un accord avec le Fonds monétaire international. Avec Zhou Zuokun, le président de la CNPC, il a signé à Niamey un accord sur la « commercialisation conjointe de pétrole brut » par lequel le Niger confie la commercialisation de sa part à son grand partenaire.

Le Niger remboursera l’avance grâce aux recettes du brut à venir, sur douze mois, avec un taux d’intérêt de 7%. Il s’agit de conditions de financement légèrement au-dessus du marché et en aucun cas d’une aide publique au développement. « Sur les 90 000 barils produits par jour qui seront acheminés vers l’Atlantique via le Bénin, le Niger touchera 25,4% des recettes, soit celles de 22 860 barils par jour », a précisé le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire au pouvoir, dans une interview télévisée, révélant les termes de l’accord sur la répartition des bénéfices.

L’avance chinoise n’est pas destinée prioritairement à la trésorerie de l’État. Le Premier ministre nigérien a assuré que ces fonds seront dédiés à la défense et à la sécurité du pays, au remboursement de la dette du Niger sur le marché régional des titres publics et à des investissements dans le domaine du développement agricole et de l’offre médicale. Une fois de plus, Pékin démontre sa capacité d’intervention décisive et rapide, dans un contexte apparemment bloqué.

Le fusil et la diplomatie

Début juin, le ministre nigérien de la Défense, le général Salifou Modi, s’est rendu en Chine en vue d’y dessiner un large partenariat stratégique débordant les questions sécuritaires qu’il pilote d’habitude et correspondant aux trois priorités du gouvernement : défense, agriculture et santé. Sur ces trois questions, le Niger espère que le partenaire chinois fera mieux que ses prédécesseurs européens et américains.

C’est ainsi, rapporte la télévision nationale, que le général Modi a pu mener des entretiens bilatéraux et visiter des industries de la défense et du secteur du pétrole et se rendre au camp de production agricole et de construction de Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.

Visite de Salifou Modi en Chine

Au ministère des Affaires étrangères, la délégation nigérienne a été reçue par le vice-ministre chargé de l’Afrique, Chen Xiadong. A nouveau, le renforcement « de la coopération multisectorielle » a été souhaité, le Chinois saluant et félicitant « les efforts du gouvernement nigérien pour les initiatives développées pour briser l’isolement et le blocus imposés au Niger au lendemain de l’avènement du CNSP au pouvoir. » 

Salifou Modi a ensuite enchaîné sur une série de visites des industries de production de la défense et du pétrole, retrouvant ses préoccupations habituelles.  

Plus étonnant, la délégation nigérienne s’est rendue dans le nord-ouest de la Chine, à Urumqi, où elle a rencontré, le 5 juin, la 8e division du corps d’armée de production agricole et de construction de Xinjiang. Le Xinjiang, région désertique du nord-ouest, est le berceau des Ouigours musulmans. En 1954, la Chine y a créé une unité paramilitaire, le Corps de production et de construction du Xinjiang, souvent appelé Bingtuan, dans la tradition des soldats agriculteurs des frontières. Au fil du temps, les régiments agricoles ont étendu leurs activités agricoles, industrielles et de soutien logistique, notamment par de grandes campagnes de  défrichement, allant jusqu’à occuper plus de deux millions de personnes. Cette expérience pourrait-elle être répliquée aux zones frontalières exposées aux assauts djihadistes ? 

Certains observateurs, pas toujours bien intentionnés, ont estimé que l’exportation de pétrole via l’oléoduc était la ligne de vie du Niger. Certes, c’est une ressource appréciable mais il ne faut pas exclure que la Chine, au-delà de l’image bienfaisante d’amie de la paix, compte poursuivre la relation avec le Niger dans plusieurs autres domaines, car les 100 000 barils par jour du Niger comptent peu dans la masse de l’approvisionnement pétrolier chinois.

Le dragon chinois a réussi à passer en dessous des radars de nombreuses institutions sauf peut-être de l’ambassade américaine de Niamey qui, en 2020, comptait la Chine comme le deuxième investisseur extérieur au Niger. En effet, si le pétrole attire l’attention aujourd’hui, l’uranium mobilise la Chine depuis longtemps.

La saga nucléaire

En 2007, la société d’État China National Nuclear Corporation (CNNC) scelle un partenariat avec le gouvernement nigérien pour développer la mine d’uranium d’Azelik, dans le nord du pays. Après un début d’exploitation, le projet est stoppé suite à la catastrophe de Fukushima et la chute des cours du minerai. En juillet 2023, China Nuclear International Uranium Corporation accepte de reprendre l’exploitation de la mine au profit de l’industrie nucléaire chinoise. Pour l’instant, le port d’évacuation du métal fissile serait au Bénin. Une raison de plus de ne pas compromettre la relation avec Cotonou.

Il plait à la diplomatie chinoise de voir reconnu son rôle de médiateur neutre en face de la menace et de l’agressivité européennes. Mais il s’agit aussi de ne pas mettre en péril une stratégie de l’uranium déployée depuis 1990. Il ne fut pas aisé pour China National Nuclear Corporation (CNNC) d’arracher la mine d’Azelik en 2007, du temps de la suprématie d’Areva sur la région.

En janvier 2008, alors que l’uranium va mal, la Chine devient le partenaire de référence pour le pétrole du Niger. C’est PetroChina qui va extraire le pétrole régi par un contrat de partage de production (CPP) avec la partie nigérienne. Dans le cadre global de ce partenariat entre les deux pays, la raffinerie de Zinder est construite à la demande du président Tandja, à 460 kilomètres du gisement pétrolier. Un premier oléoduc voit le jour. En 2019, PetroChina signe un accord avec l’État du Niger pour la réalisation du pipeline géré et édifié par WAPCO. Avant même la sortie du brut par le Bénin, grâce à la raffinerie, le Niger était devenu un pays exportateur de produits pétroliers et de gaz liquéfié, en particulier vers son voisin nigérian, tandis que Zinder bénéficiait de la centrale électrique construite par les Chinois.

Le réacteur ?

Les montants investis directement par la Chine comme ceux prêtés par diverses entités des secteurs de l’uranium et des hydrocarbures sont très élevés. La patience de la Chine avec les précédents gouvernements du Niger en matière de gestion et de remboursement reflète sa constance dans la conduite d’une stratégie à bas bruit. En 2022, plus d’une trentaine de permis d’exploration et d’exploitation de mines d’uranium avaient été accordés par le gouvernement de Mohamed Bazoum. La nouvelle équipe au pouvoir depuis juillet 2023 entend les redistribuer à ceux qui ont su apporter leur soutien dans le passé et qui, à présent, partagent l’avenir. Malgré les annonces du Russe Rosatom, il semble bien que la Chine sera la première bénéficiaire des licences minières, y compris pour le lithium et d’autres minerais rares.

Loin d’avoir été ébranlée par le coup d’État, la présence chinoise semble chercher à Niamey un centre de gravité entre sécurité des investissements et rayonnement sur la région. 

Seyni Kountché lors d’une visite en Chine

Les relations entre la Chine et le Niger remontent au régime d’exception du colonel Seyni Kountché, en 1974. Elles n’ont été interrompues que suite à la reconnaissance de Taïwan par le gouvernement de transition de Cheiffou Amadou, après la Conférence nationale. Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de ce gouvernement était Mohamed Bazoum. Quand les relations avec la Chine ont repris, avec l’élection de Mamadou Tandja, en 1999, «le Président a renoué tout simplement pour rester dans la continuité de la position nigérienne, comme il nous a instruit de le faire sur le Sahara occidental», explique Aïchatou Mindaoudou.

Au coeur des turbulences du grand jeu mondial au Sahel, la Chine incarne ainsi pour le Niger un pôle de stabilité rassurant, y compris en tant que grande puissance siégeant au Conseil de sécurité.

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Le Niger ferme la vanne du pétrole destiné au Bénin https://mondafrique.com/decryptage/le-niger-ferme-la-vanne-du-petrole-destinee-au-benin/ Tue, 11 Jun 2024 22:02:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=112523 Le Niger a fermé jeudi la vanne de la station de Koulélé, près de N’Gourti, qui alimente l’oléoduc acheminant son pétrole brut jusqu’à la plateforme béninoise de Sèmè-Kpodji, a appris Mondafrique de source gouvernementale.  Le ministre du Pétrole, Barké Bako Mahaman Moustapha avait annoncé cette décision lors d’un point de presse le même jour, faisant […]

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Le Niger a fermé jeudi la vanne de la station de Koulélé, près de N’Gourti, qui alimente l’oléoduc acheminant son pétrole brut jusqu’à la plateforme béninoise de Sèmè-Kpodji, a appris Mondafrique de source gouvernementale. 

Le ministre du Pétrole, Barké Bako Mahaman Moustapha avait annoncé cette décision lors d’un point de presse le même jour, faisant suite à l’arrestation la veille, sur la plate-forme, d’une délégation nigérienne venue contrôler les opérations de chargement. « Le chef de l’Etat nous a donné des instructions fermes. Si à 17h00 aujourd’hui, nos équipes ne sont pas libres de leurs mouvements (…) nous allons arrêter la station initiale de Koulélé. (…) Nous n’allons plus envoyer notre pétrole dans le pipeline jusqu’à ce que les Béninois décident de respecter leur engagement et jusqu’à ce que le partenaire chinois les amène à respecter leur engagement, parce que, apparemment, c’est la seule partie qu’ils écoutent », avait déclaré le ministre.

Le nouvel imbroglio nigéro-béninois s’est produit lors du chargement du deuxième tanker de brut nigérien, après un premier chargement débloqué in extremis par le Président béninois Patrice Talon après la visite du patron chinois de la holding partenaire des deux pays : la West African Oil Pipeline Company (WAPCO). La WAPCO est une filiale de la China National Petroleum Corporation (CNPC), la société nationale du pétrole de Chine, qui exploite et transporte le brut nigérien, le Méleck, à travers plusieurs filiales locales. 

Incidents à répétition

Les accords signés en 2019 entre le Niger, le Bénin et la Chine prévoient les conditions d’acheminement du pétrole à travers l’oléoduc de 2000 km qui permet d’exporter le brut sur les marchés internationaux. En vertu de ces accords, les autorités nigériennes doivent pouvoir accéder au compteur du terminal de WAPCO Bénin pour contrôler les chargements. Mais la tension persiste entre les deux pays voisins. La frontière reste fermée du côté nigérien, malgré la levée des sanctions internationales qui ont placé, pendant six mois, le Niger sous blocus total à partir du Bénin. Niamey reproche à Cotonou d’accueillir des soldats français dans son septentrion. Et Cotonou exige la réouverture de sa frontière pour pouvoir reprendre ses lucratives opérations commerciales vers le Niger et les Etats du nord du Nigéria. 

Dans un communiqué publié jeudi, le procureur spécial près la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme de Cotonou, Elonm Mario Metonou, a confirmé l’arrestation de la délégation de la WAPCO-Niger, l’accusant de s’être introduite frauduleusement sur le site de la station terminale. « Cinq ressortissants nigériens se sont introduits sur le site sans décliner leur identité. Au lieu d’emprunter l’entrée principale et de s’enregistrer à la guérite, ces personnes ont préféré utiliser une entrée dérobée. Dans cette manoeuvre, elles ont bénéficié de la complicité de l’administrateur général de WAPCO-Bénin. » 

Un contexte de méfiance réciproque 

Le procureur spécial a accusé deux des membres de la délégation d’être des « agents nigériens au service du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) » s’étant « fait confectionner pour la circonstance de faux badges d’employés de WAPCO Niger » dans un contexte de menace « contre la sûreté de l’Etat du Bénin. » 

Le ministre nigérien du Pétrole a répondu le même jour dans un point de presse que la WAPCO avait été la courroie de transmission entre le Niger et les autorités béninoises, comme lors de la récente venue à Niamey du ministre béninois de l’Energie, des Mines et de l’Eau. Il a précisé que Cotonou avait tenté de convaincre le Niger de renoncer à son droit de contrôle des chargements et de le déléguer à la Chine, ce que le Niger a refusé, acceptant finalement « que cette opération soit menée par WAPCO Niger et Bénin ». Mais WAPCO Bénin ne disposant pas d’inspecteurs pétroliers, « nous leur avons dit que nous allions temporairement mettre à leur disposition deux inspecteurs de chez nous. » Ils ont été arrêtés alors que les opérations de mesurage et de contrôle des échantillons avaient commencé, a indiqué le ministre.  

 

Aminou Hadiza Ibra, la DGA de WAPCO-Niger arrêtée à Cotonou

Samedi soir, alors que la délégation dirigée par la directrice adjointe de WAPCO Niger, Mme Aminatou Hadiza Ibra, était toujours retenue, le porte-parole des autorités militaires nigériennes a dénoncé « les multiples violations (béninoises) des accords relatifs à l’exploitation du pétrole nigérien. » Il a rappelé que les accords ne prévoyaient « aucune entrave possible », même en cas de guerre entre les deux pays et il a déploré l’attitude du Président béninois Patrice Talon qui « discrédite sa signature ». 

Après une première tentative de blocage au Bénin, a poursuivi le porte-parole, « sur proposition de la partie chinoise, acceptée par les autorités nigériennes, le ministre béninois de l’Energie, de l’Eau et des Mines était à Niamey le 27 mai dernier dans le cadre de la 3e réunion du comité inter-Etats de pilotage du système de transport par pipeline, conformément à l’article 10.4 de l’accord du gouvernement hôte. »

« En marge de cette réunion, le ministre béninois a dit être porteur d’un message du Président Patrice Talon au chef de l’Etat. Sous prétexte que le Président du CNSP, le général Abdourahamane Tiani, n’a pas accordé une audience au dit ministre, ce sont les inspecteurs nigériens basés sur la plateforme de chargement des navires que la police béninoise a chassés de leur poste de supervision et de contrôle. Pire, le mercredi 5 juin, c’est une équipe de WAPCO Niger en mission officielle de supervision et de contrôle des chargements sur demande expresse et insistance de la CNPC qui est kidnappée par les autorités béninoises, au mépris des dispositions de l’article 29.6 de l’accord du gouvernement hôte. »

Les soldats français de la discorde

Le porte-parole du CNPC précise que la délégation nigérienne a emprunté « un vol régulier en accomplissant toutes les formalités aéroportuaires au départ de Niamey comme à l’arrivée à l’aéroport international de Cotonou. » Et d’ironiser sur les accusations béninoises : « Les Nigériens et les Chinois se seraient ainsi associés en terre béninoise pour porter atteinte à la sûreté d l’Etat du Bénin en sabotant leurs propres biens ! » 

La junte campe sur sa position en reprochant à Patrice Talon de refuser « de prendre en compte les impératifs de sécurité nationale du Niger », et de ne « dire mot des bases abritant des forces françaises subversives de déstabilisation installées au Bénin le long de notre frontière commune, bases à partir desquelles les vrais terroristes formés et équipés par des puissances étrangères mènent des raids meurtriers contre nos forces de défense et de sécurité et nos populations civiles. » 

Finalement, pour sortir de l’impasse, le Niger se tourne vers la Chine, « partenaire stratégique dans l’exploitation du pétrole nigérien » qu’il invite à « prendre ses responsabilités en s’engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles. » 

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La première cargaison de brut du Niger vendue à une raffinerie en France https://mondafrique.com/confidentiels/la-premiere-cargaison-de-brut-du-niger-vendue-a-une-raffinerie-en-france/ Thu, 23 May 2024 08:08:57 +0000 https://mondafrique.com/?p=111071 La première cargaison de près d’un million de litres de pétrole brut nigérien a été achetée par la raffinerie de Lavera, un grand complexe pétro-chimique près de Martigues, dans le sud de la France, a révélé Afrique Intelligence. Cette raffinerie a été acquise en 2005 par le Britannique Ineos, qui s’est finalement associé avec Petrochina […]

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La première cargaison de près d’un million de litres de pétrole brut nigérien a été achetée par la raffinerie de Lavera, un grand complexe pétro-chimique près de Martigues, dans le sud de la France, a révélé Afrique Intelligence. Cette raffinerie a été acquise en 2005 par le Britannique Ineos, qui s’est finalement associé avec Petrochina en 2011 dans une joint venture sino-britannique dénommée Petroineos.

Le pétrolier, qui a quitté le port béninois de Sèmè le 19 mai dans l’après-midi, malgré une menace de blocage du Président béninois Patrice Talon, arrivera à destination le 28 mai. 

Selon une source nigérienne jointe par Mondafrique, le Niger a été informé par le président de la China National Oil and Gas Exploration and Development Corporation (CNODC), détenue à 50% par Petrochina, que la première cargaison serait acheminée à une raffinerie chinoise, sans que la localisation de cette dernière ait été précisée.

Un détail pour le Niger, qui cherche avant tout à négocier son pétrole au meilleur prix malgré les tensions diplomatiques consécutives au renversement du Président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier. La vente de ce pétrole a été confiée au trader Britannique Sennen,  proposé au Niger par son partenaire chinois. La China National Petroleum Corporation (CNPC), le géant public chinois, exploite depuis 2011 le pétrole brut d’Agadem et la raffinerie de Zinder en partenariat avec le Niger. 

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Le Niger confie la vente de son brut à la Chine https://mondafrique.com/economie/le-niger-confie-la-vente-de-son-brut-a-la-chine/ Mon, 22 Apr 2024 20:07:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=107816 L’accord, signé pour un an vendredi en présence d’un aéropage chinois et nigérien, permettra à la China National Petroleum Corporation de commercialiser la part nigérienne du pétrole brut qui sera exporté dans les prochaines semaines à partir du port de Sémé, au Bénin. En contrepartie, la Chine versera au Niger une avance de 400 millions […]

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L’accord, signé pour un an vendredi en présence d’un aéropage chinois et nigérien, permettra à la China National Petroleum Corporation de commercialiser la part nigérienne du pétrole brut qui sera exporté dans les prochaines semaines à partir du port de Sémé, au Bénin. En contrepartie, la Chine versera au Niger une avance de 400 millions de dollars US.

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Le contrat a été paraphé publiquement par le PDG de la compagnie nationale chinoise, Zhou Zuokun, et le Premier ministre nigérien Lamine Zeine.  « La Chine est un grand ami pour le Niger. On ne le dira jamais assez », a dit Lamine Zeine. Evoquant ces derniers mois de sanctions et de pressions contre son pays, il a ajouté que « dans ce contexte difficile », le Niger avait reçu « énormément de propositions par rapport à ce brut-là », dont le volume est évalué, dans un premier temps, à 90 000 barils/jour. Il a précisé que le chef de l’Etat, le général Abdourahmane Tiani, avait « donné des instructions très claires »: « il fallait que nous soyons très attentifs sur les conditions financières, les conditions politiques, les exigences environnementales et même la position géostratégique du Niger. Il fallait qu’on respecte ça. » 

L’avance de 400 millions de dollars US sera remboursée sur douze mois à un taux d’intérêt de 7%. « Il n’y a aucune ombre là-dessus dans la mesure où nous avons sauvegardé les intérêts de notre pays », a poursuivi le Premier ministre. Ces fonds seront alloués au renforcement de la sécurité du territoire, au remboursement de plusieurs engagements financiers du pays, à des investissements dans le domaine du développement agricole et de l’offre médicale, a-t-il conclu. 

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Le pétrole aplanit le contentieux entre le Niger et le Bénin https://mondafrique.com/a-la-une/le-benin-fera-fonctionner-loleoduc-niger-benin-malgre-les-sanctions-ouest-africaines/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-benin-fera-fonctionner-loleoduc-niger-benin-malgre-les-sanctions-ouest-africaines/#comments Thu, 07 Dec 2023 15:38:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=101361 À Gaya, dans le sud-ouest du Niger, à la frontière du Bénin, l’oléoduc le plus grand d’Afrique était menacé d’être gelé en raison de la dégradation des relations entre les deux pays après le coup d’Etat à Niamey. Long de près de 2.000 km – dont 1.250 km au Niger – le tuyau doit relier […]

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À Gaya, dans le sud-ouest du Niger, à la frontière du Bénin, l’oléoduc le plus grand d’Afrique était menacé d’être gelé en raison de la dégradation des relations entre les deux pays après le coup d’Etat à Niamey. Long de près de 2.000 km – dont 1.250 km au Niger – le tuyau doit relier les puits pétroliers d’Agadem au port béninois de Sèmè. Or la surprise, la voici : le Bénin, qui soutenait l’intervention militaire prônée par la France contre le Niger en appui à certains pays ouest-africains, a tourné casaque. Le ministre béninois de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, a officiellement confirmé que l’oléoduc devant exporter le pétrole brut nigérien serait mis en service malgré les sanctions ordonnées le 30 juillet par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest contre Niamey.

Des ouvriers chinois et nigériens, masqués et casqués, hissent des tuyaux géants en acier au-dessus de monticules de terre. Plus loin, de la fumée s’échappe des chalumeaux. Camouflés dans les champs de mil, des soldats lourdement armés sont aux aguets.

Avec une modeste production de 20.000 barils par jour, le Niger, un des États les plus pauvres au monde, est devenu producteur de pétrole en 2011.

L’or noir extrait par la China National Petroleum Corporation (CNPC) est jusqu’ici acheminé par des pipelines jusqu’à Zinder (centre-sud du Niger), où il est raffiné. Le Niger avait initialement envisagé d’évacuer son brut par le port camerounais de Kribi via le Tchad voisin, avant d’opter pour le corridor béninois.

La Cedeao isolée

Dans une lettre à l’administrateur général de la West African Oil Pipeline (Bénin) Company SA, parvenue à Mondafrique, le ministre «réaffirme l’engagement du Gouvernement de la République du Bénin à respecter pleinement les termes des accords conclus dans le cadre du projet PENB (Projet de Pipeline Export Niger-Bénin).»«Aussi, poursuit le ministre, prenant en compte le caractère transfrontalier du Projet PENB, la partie béninoise réitère-t-elle son engagement à fournir à WAPCO Bénin et aux participants au Projet tout le soutien et l’accompagnement nécessaires à la mise en oeuvre des activités transfrontalières».

Cette lettre datée du 17 novembre répond à la demande d’éclaircissement «sur l’application des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA au Bénin et d’exemption de l’application des sanctions», adressée au ministre le 9 octobre précédent par l’administrateur général de WAPCO Bénin.

Le ministre y évoque les «inquiétudes légitimes» de son interlocuteur sur «les répercussions défavorables découlant de l’application des sanctions imposées à la République du Niger depuis le 26 juillet 2023 en ce qui concerne (…) la mise en oeuvre du Projet de Pipeline d’Exportation Niger-Bénin.»

Shell et Chevron sortis vainqueurs

La West African Gas Pipeline Company Limited (WAPCo) est une joint-venture internationale pilotée par le géant américain Chevron, en association avec Shell et plusieurs entreprises publiques et privées du Nigeria, du Bénin, du Togo et du Ghana. Elle exploite le West African Gas Pipeline (WAGP) qui exporte du gaz naturel nigérian à partir de plusieurs ports du golfe de Guinée.

Elle assure également sur le territoire du Bénin la construction de l’oléoduc de 1980 km de long qui évacuera dès janvier prochain le pétrole brut produit à l’est du Niger vers le marché international à partir du port de Sèmè. Le Niger compte porter de 20 000 à 110 000 barils/jour sa production, fruit du partenariat avec la CNPC (China National Petroleum Corporation), la nationale pétrolière chinoise.

Suite aux sanctions financières et commerciales très dures prononcées contre le Niger le 30 juillet dernier, les transactions financières et commerciales avec le Niger sont interdites, les avoirs de la République du Niger gelés dans les banques centrales de la CEDEAO et les frontières terrestres et aériennes avec le Niger fermées.

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L’Asie très modérée dans ses critiques contre le Hamas https://mondafrique.com/decryptage/lasie-tres-moderee-dans-ses-critiques-contre-le-hamas/ Mon, 23 Oct 2023 05:06:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=98646 Les pays d’Asie-Pacifique ont payé un lourd tribut humain lors de l’attaque du Hamas contre Israël, avec davantage de morts, de disparus ou d’otages que l’Europe ou l’Amérique du Nord. Pour autant les déclarations de soutien à Israël sont restées discrètes et peu nombreuses. Un article d’Hubert Testard sur le site Asialyst https://asialyst.com/fr/   Seuls […]

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Les pays d’Asie-Pacifique ont payé un lourd tribut humain lors de l’attaque du Hamas contre Israël, avec davantage de morts, de disparus ou d’otages que l’Europe ou l’Amérique du Nord. Pour autant les déclarations de soutien à Israël sont restées discrètes et peu nombreuses.
Un article d’Hubert Testard sur le site Asialyst https://asialyst.com/fr/
 
Seuls le Japon et l’Australie désignent officiellement le Hamas comme une organisation terroriste, tandis que les opinions publiques prennent de plus en plus ouvertement parti contre l’offensive israélienne à Gaza. Les quatre principales raisons de cette divergence avec les gouvernements occidentaux tiennent à la solidarité religieuse pour un certain nombre de pays, un sentiment anticolonial très ancré, l’importance des liens économiques et commerciaux avec les pays arabes, que ceux avec Israël ne compensent pas, et les calculs stratégiques de certains, en particulier la Chine, l’Inde et le Pakistan.
La violence inhumaine de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre n’a pas suffi à créer en Asie un élan de solidarité avec Israël, en dépit des atrocités commises contre la population civile et des conséquences humaines directes pour certains pays. La contre-offensive israélienne et la catastrophe humanitaire qu’elle provoque suscitent en revanche une indignation croissante des populations et de certains gouvernements.

UN LOURD TRIBUT POUR LES RÉSIDENTS ASIATIQUES EN ISRAËL

Un article de RFI publié le 18 octobre donne un recensement précis des morts, des disparus ou des otages étrangers liés à l’attaque du Hamas. Le bilan est lourd pour l’Asie-Pacifique, avec 50 morts et 25 disparus (probablement pour l’essentiel des otages), soit davantage que l’Europe (39 morts et 37 disparus) ou l’Amérique du Nord (37 morts et 15 disparus). Les deux pays les plus touchés sont la Thaïlande et le Népal. La Thaïlande envoie depuis longtemps des dizaines de milliers de travailleurs agricoles en Israël pour travailler notamment dans les Kibboutz. Elle déplore trente morts et dix-sept disparus. Le Népal avait quinze étudiants travaillant dans le Kibboutz d’Aloumim, proche de la frontière avec Gaza. Dix d’entre eux sont morts, quatre sont blessés et un a probablement été enlevé.
D’autres pays asiatiques sont également touchés. La Chine recense quatre morts et deux disparus, les Philippines trois morts et trois disparus, le Sri Lanka deux disparus, le Cambodge et l’Azerbaïdjan un mort chacun.

LES ALLIÉS ASIATIQUES DES ÉTATS-UNIS DISCRETS LES JOURS SUIVANT L’ATTAQUE DU HAMAS

Pays très proche des États-Unis, le Japon n’a pas qualifié l’attaque du Hamas de terroriste. Le Premier ministre Fumio Kishida s’est contenté de « condamner les attaques qui ont durement touché les civils innocents », et le Japon ne s’est pas associé au communiqué conjoint du 9 octobre signé par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie portant une « condamnation sans équivoque du Hamas et de ses effroyables actes de terrorisme ».
En Corée du Sud, le président Yoon Seok-yeol a attendu la visite d’une délégation du Sénat américain dirigée par Chuck Shumer pour condamner seulement le 11 octobre les « attaques indiscriminées contre Israël depuis la bande de Gaza », sans citer le Hamas directement et sans prendre d’engagements sur la sécurité d’Israël.
À Singapour, Le Premier ministre Lee Hsien Loong est plus explicite. Dans une lettre de condoléances adressée à Benjamin Netanyahu le 8 octobre, il évoque « les attaques terroristes du Hamas » et souligne que Singapour « condamne fermement ces attaques, la mort ou l’enlèvement de civils innocents », en soulignant que de tels actes ne peuvent avoir aucune justification.
Aux Philippines, Ferdinand Marcos Jr. a confirmé à l’Ambassadeur d’Israël le 11 octobre que les Philippines se tenaient aux côtés de l’État hébreu dans le conflit à Gaza, avant d’appeler le 20 octobre à une désescalade lors d’un sommet entre l’Asean et le Conseil de Coopération du Golfe. En parallèle, le parlement de l’île de Mindanao (à majorité musulmane) a voté une résolution appelant à faire cesser la « punition collective » du peuple palestinien à Gaza avec pour slogan « nous sommes la Palestine, et la Palestine, c’est nous ».

L’INDE ET LA CHINE À FRONT RENVERSÉ

Le soutien le plus clair à Israël n’est finalement pas venu d’un allié des États-Unis. Il a été exprimé par le Premier ministre indien Narendra Modi dans un tweet du 9 octobre : « Je suis profondément choqué par les nouvelles d’une attaque terroriste en Israël. Nos pensées et nos prières vont aux victimes innocentes et à leurs familles. Nous exprimons notre solidarité avec Israël en cette heure difficile. » Cette déclaration chaleureuse a laissé place par la suite à des propos plus neutres et diplomatiques. Narendra Modi a déploré le bombardement de l’hôpital de Gaza sans en attribuer la responsabilité, se contenant de déclarer que les auteurs des pertes civiles dans ce conflit devront rendre des comptes – un propos qui peut désigner autant le Hamas qu’Israël.
La Chine par contraste s’est contentée de positions initiales lénifiantes, appelant les parties au conflit à « rester calmes, se retenir, et mettre immédiatement fin aux hostilités en protégeant les civils », sans jamais citer le Hamas ni parler de terrorisme. Le ton des interventions du ministres des Affaires étrangère chinois, Wang Yi, s’est par la suite durci contre Israël : « Les actions d’Israël vont au-delà de l’auto-défense et ce pays devrait tenir comptes des appels de la communauté internationale et du secrétaire général des Nations Unies à mettre un terme à la punition collective du peuple de Gaza », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique avec le ministre saoudien des Affaires étrangères le 15 octobre.

POUR LES PAYS MUSULMANS D’ASIE, LA SOLIDARITÉ AVEC LES PALESTINIENS PRIME, AVEC DES NUANCES

Le Premier ministre de Malaisie, Anwar Ibrahim, est le plus explicite. Il déclare devant le parlement le 16 octobre que « les représentants des pays occidentaux m’ont demandé à plusieurs reprises de condamner l’attaque contre Israël. Je leur ai indiqué que nous avons des relations de longue date avec le Hamas, et ceci continuera. » Il ajoute dans un tweet : « La communauté internationale maintient des positions inéquitables à l’égard de toutes les formes de cruauté et d’oppression du peuple palestinien. La confiscation des terres et des propriétés appartenant au peuple palestinien est poursuivie sans relâche par les sionistes. » Des prises de position jugées « molles » par plusieurs responsables de l’opposition parlementaire en Malaisie.
Quant au président indonésien Joko Widodo, il a appelé dès le 10 octobre à un « arrêt immédiat de la guerre et des violences pour éviter davantage de pertes humaines et de destructions » sans condamner l’attaque du Hamas. « La racine du conflit, à savoir l’occupation du territoire palestinien par Israël, soutient « Jokowi », doit être immédiatement résolue selon les paramètres définis par les résolutions des Nations Unies. »
Le Pakistan a lui aussi réagi avec beaucoup de mesure, compte tenu des relations conflictuelles entretenues dans le passé avec Israël. Son Premier ministre s’est contenté d’exprimer dans un tweet qu’il avait « le cœur brisé par l’explosion de violence », demandant aux deux parties d’assurer la protection des populations civiles. Le chef du principal parti islamique au Pakistan (le Jamiat Ulema-e-Islam) est allé jusqu’à demander aux Palestiniens de respecter les droits humains des Israéliens.
Le ton des commentaires dans les trois pays s’est durci après la contre-offensive israélienne et la catastrophe humanitaire qu’elle déclenche. Le bombardement de l’hôpital de Gaza a été immédiatement attribué à l’armée israélienne.

ISRAËL PERÇU AVANT TOUT COMME UNE PUISSANCE COLONIALE

Au-delà de la solidarité islamique qui touche une partie de l’Asie, la fibre anticoloniale des populations et des gouvernements est un puissant facteur d’hostilité à Israël. C’est en particulier le cas en Indonésie, en Malaisie et à Bruneï. La menace perçue aujourd’hui d’une nouvelle « nakba » (la « catastrophe » du déplacement forcé de la population palestinienne) entre en résonance avec ce sentiment anticolonial.
Aux Philippines, une partie de la population est sur une ligne similaire, comme le montre la participation active des Philippins à une série de manifestations anti-israéliennes à Manille et aux États-Unis.

PRÉOCCUPATIONS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES DÉTERMINANTES

La dépendance structurelle de l’Asie à l’égard des importations de pétrole et de gaz du Moyen-Orient explique une volonté de ne pas entrer en conflit avec les principaux pays arabes, tandis que les liens avec Israël conduisent certains pays à un délicat jeu d’équilibre. Les ambitions diplomatiques du Japon au Moyen-Orient expliquent la retenue de Fumio Kishida tandis que les liens dans la high-tech entre la Chine et Israël compliquent l’équation diplomatique de Pékin. La Corée du Sud souhaite se positionner sur le vaste projet saoudien de cité intelligente appelé NEOM et cherche à attirer davantage d’investissements saoudiens et qataris sur son territoire.
Le Pakistan ne veut pas heurter les alliés occidentaux d’Israël au moment où il se trouve dans une situation financière extrêmement fragile. La Thaïlande se déclare « neutre » dans ce conflit. Elle constitue la première destination des touristes israéliens en Asie du Sud-Est, et la coopération, notamment agricole, avec Israël est ancienne et active. Mais le rapprochement (récent) avec l’Arabie saoudite constitue également un axe important de la diplomatie thaïlandaise.

CALCULS STRATÉGIQUES BOUSCULÉS

La guerre entre Israël et le Hamas remet en cause la politique chinoise d’un axe stratégique avec l’Iran et l’Arabie saoudite. La coopération économique active de Pékin avec Téhéran, et surtout les financements chinois considérables (avec en 2021, 400 milliards de dollars promis sur 25 ans pour développer le secteur pétrolier iranien) posent question lorsque l’on sait que l’Iran est le principal soutien financier et militaire du Hamas. Par ailleurs, le rapprochement entre Téhéran et Riyad orchestré sous l’égide de la Chine est compromis tant qu’un risque d’embrasement régional existe. Enfin, la volonté chinoise de jouer à terme un rôle d’honnête courtier pour favoriser un règlement durable du conflit israélo-palestinien se heurte à l’image d’un pays pratiquant une « neutralité pro-palestienne », selon l’expression utilisée par Tuvia Gering, chercheur au sein de l’Institut des études stratégiques nationales de Tel-Aviv, cité par Associated Press. Une neutralité biaisée qui ressemble beaucoup à l’attitude chinoise dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Le Pakistan avait, au-delà de ses préoccupations financières, un objectif de long terme partagé par l’élite politique du pays visant à établir des relations diplomatiques avec Israël. Un objectif désormais renvoyé aux calendes grecques.
En Inde, Narendra Modi a été l’artisan d’un rapprochement stratégique avec Israël, qui est devenu l’un des principaux partenaires de défense du pays. Il a été le premier chef de gouvernement indien à visiter l’État hébreu en 2017. Son parti, le BJP, pratique une idéologie antimusulmane fondée sur le rétablissement de la souveraineté hindoue face aux anciens empires coloniaux, dont l’Empire moghol musulman qui a gouverné l’Inde pendant plus de deux siècles. Le BJP se sent donc proche du Likud israélien. Mais l’Inde a aussi des liens étroits avec les pays du Moyen-Orient et sa dépendance pétrolière s’accroît chaque année. La guerre entre Israël et le Hamas ne peut donc que freiner la stratégie pro-israélienne du gouvernement indien.
Globalement, la faiblesse des soutiens dont Israël a bénéficié lors de l’attaque initiale du Hamas laisse progressivement place à la nervosité des gouvernements et à l’exaspération des opinions publiques en faveur des Palestiniens. Plus la guerre se prolonge, plus son prix humain à Gaza s’alourdit, et plus l’isolement diplomatique d’Israël en Asie va se généraliser.
 

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