Au Québec, on n’enterre pas les morts….musulmans

Les manifestations émouvantes de soutien à la communauté musulmane après l’attentat contre une mosquée le 30 janvier se poursuivent au Canada. Mais le quotidien « le Devoir », quotidien canadien de référence, regrette que la ville de Québec n’a pas de cimetière où enterrer les morts musulmans.

Les carrés musulmans proscrits

Seule la région de Montréal possède deux cimetières où peuvent reposer les musulmans. Les deux seuls pour l’ensemble de la province. Les cimetières québécois baptisés de « fabriques » sont encore gérés par les paroisses catholiques. Certaines d’entre elles notamment à l’extérieur des grandes villes sont totalement allergiques à l’idée d’un carré musulman dans leur cimetière. Plusieurs négociations entamées depuis plusieurs années n’ont jamais abouti.

Les musulmans eux mêmes sont divisés sur la question parce que les rites qui entourent les obsèques au Québec doivent obéir à des règles très strictes. Les corps doivent être obligatoirement embaumés et placés dans un cercueil quelle que soit la religion du défunt. Sans dérogation. Or l’Islam impose que les corps soient enterrés dans un linceul sans cercueil dans un délai de vingt quatre heures.

Mourir en hiver

Par ailleurs tous les cimetières ne sont pas capables de creuser les tombes en hiver. On propose alors aux familles de stocker le corps jusqu’au printemps dans ce qu’on appelle ici « un charnier » qui est en fait une morgue réfrigérée. Autant de cas où les propositions « légales » ne conviennent pas aux rites traditionnels de l’Islam.

Donc les victimes de l’acte terroriste de la mosquée de Québec seront amenées à suivre les mêmes habitudes que 70% des musulmans québécois: enterrer leur proches dans les pays d’origine. Seuls trois d’entre eux devraient être enterrés à Montréal, les autres seront inhumés dans les pays dont ils sont originaires. Pour Hadjira Belkacem, directrice de l’Association de la sépulture musulmane du Québec « de plus en plus de gens veulent etre enterrés au Québec mais il n’y a aucun lieu d’inhumation accessible en région ». Pour Yannick Boucher, chercheur à l’Université de Montréal « l’enterrement ancre l’intégration des failles au Québec. Les gens veulent etre enterrés ici, près des leurs, parce qu’ils voient que l’avenir de leur famille est ici ».

Malgré les discours officiels, les problèmes de l’intégration des immigrés se trouvent donc brutalement reposés.