En terre d’Islam, les Juifs ont souvent vécu sous le statut de dhimmi, une condition de protection assortie de certaines restrictions, mais qui leur a permis de contribuer significativement aux sociétés musulmanes. Les Juifs ont bénéficié d’une certaine mesure de protection et de liberté sous la loi musulmane, qui reconnaît les Juifs et les Chrétiens comme des « Gens du Livre », une reconnaissance qui leur a permis jusqu’à un certain point de pratiquer leur religion et de participer à la vie économique des empires islamiques, tout en contribuant de manière significative à leur essor.Des centres intellectuels comme ceux de Bagdad, de Cordoue et du Caire ont vu des érudits juifs et musulmans collaborer et échanger des idées, enrichissant mutuellement leurs cultures et leurs connaissances scientifiques
Omar Hamourit, essayiste historien
Tassadit Yacine, anthropologue à l’EHESS
La coexistence entre juifs et musulmans n’était pas exempte de difficultés. Les conditions de vie et le statut des Juifs pouvaient varier considérablement. Les auteurs juifs rapportent des périodes de grande tolérance égalée nulle part ailleurs avant l’avènement de la démocratie et la notion de citoyenneté, et de prospérité, mais aussi des épisodes de persécution et de discrimination.
Regard sur le lointain passé
Depuis les temps anciens, bien avant les conquêtes musulmanes du VIIe siècle, des communautés juives prospéraient dans la péninsule arabique, en Perse, en Asie centrale, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord[11] et dans les terres méridionales de l’Europe. Au fil des siècles, l’expansion de l’islam depuis ses origines en Arabie jusqu’aux confins du Khorasan à l’est, et jusqu’à l’Espagne à l’ouest, a profondément transformé le paysage culturel et religieux des régions touchées. Cette propagation a inclus des territoires qui correspondent aujourd’hui à l’Afghanistan et au Turkménistan, ainsi que des parties de l’Europe, notamment la Sicile et la Crète. Ces lieux ont vu naître un riche mélange culturel et religieux, témoignant de l’influence musulmane qui a apporté avec elle des traditions et une gouvernance spécifiques.
Cette vaste expansion a non seulement dessiné les frontières géopolitiques ,mais a également enrichi le tissu culturel des sociétés qu’elle a englobées. Au fil de leur expansion, les conquérants musulmans n’ont pas imposé, selon Yuval Rotman[12] de l’Université de Tel Aviv, aux juifs, vus comme détenteurs d’une part de la révélation divine – de se convertir à l’islam. Néanmoins, l’histoire témoigne occasionnellement de conversions forcées et de massacres, bien que ces incidents aient été épisodiques.
Les polythéistes, principalement des Arabes de la péninsule arabique, ont été soumis à des conversions obligatoires. Sous l’égide de l’islam, les juifs, ainsi que d’autres communautés monothéistes telles que les chrétiens et les zoroastriens, se sont vu attribuer le statut de dhimmis, basé sur un alliage variable entre « protection » et soumission.
L’avènement de l’islam
Au VIIe siècle, l’émergence de l’islam sous la direction du prophète Mohamed a marqué un tournant dans les relations entre les communautés religieuses en Arabie. Mohamed, prêchant une foi monothéiste, aspirait à être reconnu comme un prophète par les populations juives de Médine, anciennement appelée Yathrib, une ville abritant plusieurs tribus juives. Néanmoins, les juifs de Médine ne le reconnurent pas comme un prophète.
Les tensions culminèrent avec l’expulsion et l’attaque de plusieurs tribus juives médinoises, dont les Banu Qaynuqa en 624, suivis par les Banu Nadir et les Banu Qurayza. L’épisode de Khaybar en 628, où le prophète Mohamed assiégea les Banu Nadir réfugiés, aboutit à un accord permettant aux Juifs de conserver leur religion et leurs biens en échange d’une part de leur récolte, établissant ainsi le principe de protection ou dhimma. Ce modèle de traité entre musulmans et « gens du livre » (juifs et chrétiens) préfigura le statut de dhimmis, tributaires protégés.
Une tradition quelque peu légendaire attribue au calife Omar un document connu sous le nom de pacte d’Omar, qui aurait été élaboré suite à la capitulation des Chrétiens de Syrie, définissant ainsi le statut légal des dhimmis durant les premiers temps de la conquête arabo-musulmane. Ce pacte établit les droits et les devoirs des non-musulmans monothéistes. Ils sont autorisés à pratiquer leur culte en terre d’islam et bénéficient d’une certaine autonomie juridique en matière de droit privé, incluant les mariages, les successions, et la gestion des lieux de culte, entre autres.
Cependant, les dhimmis sont également soumis à diverses obligations telles que le paiement d’un impôt, le port de signes vestimentaires distinctifs (ghiyar)[13], des couleurs (interdit de porter du vert) l’interdiction d’élever des lieux de culte plus hauts que ceux des musulmans, l’interdiction de monter à cheval, ainsi que des restrictions sur la possession du Coran et même l’usage de la langue arabe.
Toutes ces prescriptions n’ont jamais été strictement appliquées dans aucun pays musulman. Même l’exigence de porter des signes vestimentaires distinctifs, considérée comme l’une des caractéristiques les plus couramment acceptées du statut de dhimmi en terre d’islam, semble n’avoir été ni rigoureusement ni uniformément mise en œuvre. L’historien S. D. Goiten, auteur de nombreux travaux approfondis sur l’histoire du judaïsme méditerranéen aux Xe et XIIe siècles, n’a trouvé aucune référence précise au ghiyar (vêtement distinctif) dans les textes juifs de cette époque, notamment dans ceux de la Gueniza du Caire. Les modalités d’application de ces règles dépendent souvent de l’équilibre des forces entre le pouvoir politique et les théologiens juristes, avec des périodes de rigorisme observées lorsque les éléments les plus fervents détiennent le pouvoir. Cette dynamique complexe est accentuée par les divergences entre les écoles d’interprétation du droit musulman, ainsi que par les divisions entre les branches chiites et sunnites de l’islam[14].
En effet, les différents courants de pensée au sein de l’islam influent sur la manière dont ces règles sont comprises et appliquées, créant ainsi un paysage juridique et social varié au sein des sociétés musulmanes. Selon la tradition musulmane, en 641, le calife Omar, successeur éminent de Mohamed, aurait promulgué un édit ordonnant l’expulsion de tous les juifs et chrétiens de la péninsule arabique, à l’exception des régions situées à ses confins méridionaux et orientaux. Cependant, l’historien Gordon Darnell Newby[15] nuance cette perception en soulignant que, dans les faits, des communautés juives ont perduré dans le Hijaz et en Arabie, peut-être jusqu’au début du XXe siècle.
Cette expulsion relève sans doute plus de l’idéologie que des faits, puisqu’au XIIe siècle encore le voyageur juif Benjamin de Tudèle dira avoir rencontré à Khaybar et Tayma’ les communautés juives locales. Dans l’imaginaire musulman, Khaybar deviendra cependant synonyme de la dernière bataille du Prophète contre les traitres juifs, qui sera réactivé dans le discours islamiste antijuif du XXIe siècle[16]. Cependant, leur présence n’a pas conservé le même éclat qu’aux premiers siècles, reflétant ainsi une évolution complexe de l’histoire et des dynamiques régionales.
Les juifs dans l’empire musulman
Avec les conquêtes et le développement de l’empire musulman, la situation s’est améliorée sensiblement. Raymond P. Scheindlin[17] rappelle que les conquêtes islamiques avaient soulagé les Juifs des persécutions, du harcèlement et des humiliations qu’ils avaient subis sous les régimes chrétiens, notamment en Palestine, en Égypte et en Espagne. De même, Michel Abitbol[18] met en lumière, à travers les chapitres dédiés à la terre d’Islam, que les Juifs, avec quelques exceptions, perçurent les conquérants arabes comme des libérateurs, eux qui étaient sous le joug de l’Empire byzantin, jouant un rôle actif dans certaines conquêtes musulmanes. Ce fut le cas dans des villes stratégiques telles que Homs en Syrie, Hébron et Césarée en Palestine, ainsi que Cordoue, Elvira et Grenade en Espagne.
Michel Abitbol ajoute que l’ère du califat Omeyyade, notamment en Andalousie,marque l’entame d’un des chapitres les plus éclatants de l’histoire juive puisque les communautés juives ont prospéré tant économiquement que culturellement. Il dit encore que l’influence des rationalistes musulmans, notamment Ibn Rochd, a donné naissance à une discipline nouvelle et florissante : la philosophie juive, portée par les contributions éminentes de figures telles que Saadia Gaon et Maïmonide. L’œuvre de ce dernier, en particulier, incarne une synthèse magistrale entre rationalisme et théologie médiévale, offrant un fondement solide aux textes théologiques et philosophiques dans les trois grandes religions monothéistes.
Le grand penseur et philosophe Maïmonide témoigne des échanges culturels profonds entre les communautés juives et musulmanes, sa philosophie étant imprégnée par les idées des grands penseurs arabes de son époque, qui se sont approprié les œuvres d’Aristote traduites du grec en arabe, traduction faite par des (ou fait) syriens chrétiens. Dans l’ensemble, les Juifs ont joué un rôle actif dans le développement scientifique au sein du monde musulman, contribuant par leurs écrits en arabe dans les domaines de la philosophie et des mathématiques, ainsi que par leurs traductions de textes médicaux et astronomiques grecs, comme l’indique Youval Rotman de l’Université de Tel-Aviv dans son ouvrage Les Juifs dans l’Islam médiéval.
Aussi, dans son ouvrage Juifs en terre d’islam, Bernard Lewis évoque une remarquable symbiose judéo-islamique, qui se distingue nettement des contextes historiques des empires romain et russe. Cette symbiose, où les Juifs et leurs voisins musulmans étaient étroitement liés sur les plans social, intellectuel et même amical, demeure sans équivalent dans l’histoire du monde occidental depuis l’époque hellénistique jusqu’aux temps modernes.
Durant de nombreux siècles, les régions sous influence islamique ont servi de havre à des milliers de Juifs européens cherchant à échapper aux persécutions, en particulier lors des vagues d’expulsion du Moyen Âge. Mark R. Cohen[19], Professeur émérite d’études juives à l’Université de Princeton, Mark Cohen s’est concentré sur la période médiévale dans le monde musulman et a comparé les conditions de vie des Juifs sous domination islamique et chrétienne, soulignant souvent la relative tolérance dont bénéficiaient les Juifs dans les sociétés musulmanes par rapport à leurs homologues européens. Bernard Lewis parle de l’existence d’épisodes de violence envers les Juifs, mais elles restaient sporadiques, C’était des manifestations d’hostilité, qui différaient notablement entre musulmans et chrétiens. Pour les musulmans, cette hostilité n’était pas ancrée dans des fondements théologiques ou liée aux récits sacrés de l’islam. Elle émanait plutôt de la dynamique classique entre une majorité et une minorité, dépourvue de la charge théologique et psychologique qui caractérise l’antisémitisme chrétien. Nous avons là un florilège d’historiens et de chercheurs, en grande partie juifs, qui ont écrit sur la position privilégiés des juifs en terre d’Islam. On peut se demander comment, dans des contextes historiques précis, de nombreux musulmans ont recours aux textes coraniques pour exprimer une hostilité envers les juifs en général, plutôt que spécifiquement envers les juifs belliqueux.
Sous le règne des Abbassides, de 750 jusqu’à la chute de Bagdad en 1258, la gestion des affaires communautaires juives était confiée à l’exilarque ou Ras al-Yahoud (Prince des Juifs), un personnage important de la cour, traité avec grande pompe et honneur. C’est un leader équivalent au calife pour les Juifs, choisi parmi les descendants de la famille de David. Avec la désintégration du califat abbasside au Xe siècle, les Juifs se trouvèrent face à de nouvelles opportunités. Un phénomène similaire se manifesta dans Al-Andalus suite à la fragmentation du califat omeyyade. Cette proximité avec le pouvoir musulman permit à certains Juifs d’accéder à des postes de haute importance. Parmi eux, Hasdaï ibn Chaprout, qui devint ambassadeur du calife omeyyade de Cordoue, Abd al-Rahman III, ou encore Samuel ibn Nagrela, vizir du calife de Cordoue. Ces figures étaient également connues sous les titres de Nasi (prince en hébreu) ou Nagid (ras al-Yahoud en arabe), bien qu’elles n’aient pas été élues par leur communauté comme l’étaient l’exilarque et les geonim. Leur ascension au sein de la communauté juive était due à leur statut personnel au sein de la cour califale, et non à leur érudition rabbinique.
Lorsqu’au XIIe siècle, les Almohades s’emparent du pouvoir en Afrique du Nord et conquièrent eux aussi l’Andalousie. Leur prise de contrôle s’accompagne en 1147 d’un massacre des Almoravides, les souverains précédents, ainsi que des Juifs et des chrétiens associés à leur cour. « Les Almohades adoptent une politique de « purification », persécutant d’abord les savants musulmans opposés à leur théologie, avant d’imposer d’anciennes restrictions aux Juifs et aux chrétiens »[20], telles que l’interdiction d’emplois publics et l’obligation de porter des vêtements distinctifs, rapporte un autre auteur. En 1162, les Juifs de Grenade se soulèvent contre les Almohades sous la conduite d’Ibn Hamushk. Face à la répression, certains choisissent le martyre, d’autres se convertissent à l’islam, tandis que beaucoup fuient vers le Maroc ou l’Égypte.
Les Megorashim contre les Tovashim
Bien avant que l’Inquisition catholique ne soit établie en Espagne en 1478, les persécutions anti-juives de la fin du 14ème siècle, avaient déjà contraint de nombreux Juifs espagnols à chercher refuge en Afrique du Nord. Accueillis favorablement par les autorités musulmanes, ces nouveaux arrivants, appelés les Megorashim, ont rapidement acquis une position de premier plan dans la vie religieuse, économique et politique locale. Cependant, cette ascension, selon Michel Abitbol, ne s’est pas faite sans créer des tensions avec les Juifs autochtones, les Tovashim.
Il est essentiel de distinguer les Mégosharim des Tovashim, deux communautés souvent confondues à tort. Contrairement aux idées reçues, les Tovashim ne sont pas des Sépharades. Ils représentent les juifs autochtones d’Afrique du Nord, ancrés dans ces terres bien avant l’arrivée des Sépharades. Ils sont en grande majorité issus des Berbères qui avaient été convertis au judaïsme. C’est ainsi que les Tovashim sont devenus les gardiens d’une tradition juive profondément enracinée dans le sol berbère, distincte et indépendante de l’héritage sépharade. Les populations juives étaient présentes tant dans les grands centres urbains que dans les campagnes et les régions sahariennes.
Les Tovashim notamment s’étaient établis par exemple dans des régions telles que Laghouat et le Touat en Algérie et la vallée du Draa et le Souss au Maroc. Ils étaient également reconnus pour leurs compétences artisanales exceptionnelles, notamment dans la fabrication de bijoux, la maroquinerie, la tannerie et la poterie, contribuant ainsi à l’économie locale par leur savoir-faire unique. Ils étaient aussi des commerçants actifs tant sur le plan local qu’international. Ils échangeaient des épices, des tissus, des bijoux et divers autres produits, jouant un rôle clé dans les réseaux commerciaux.
Istambul, alors une ville juive
L’Empire ottoman a servi de refuge majeur pour les exilés d’Espagne, surtout après la prise de Constantinople en 1453[21]. D’après Michel Abitbol, Istanbul est devenue la plus grande ville juive au 16ème siècle avec 40 000 Juifs, et à Salonique, les Juifs représentaient 10 % de la population totale de la ville. Un moment donné, la moitié des habitants de Salonique étaient juifs. Grâce à leur polyglottisme, ils ont rapidement occupé des positions dominantes dans le commerce maritime de l’Empire ottoman, rivalisant avec les chrétiens orientaux, tels que les Arméniens et les Grecs, traditionnels intermédiaires entre la Sublime Porte et l’Occident. Au XVIe siècle, l’élite médicale auprès du sultan ottoman incluait des médecins juifs séfarades, parmi lesquels figuraient des familles influentes comme les Hamon de Grenade.
Des figures juives telles que Joseph Nassi, qui a reçu le titre de duc de Naxos de la part de Sélim II, et David Passi, qui a servi de médiateur dans les conflits de Murad III, ont joué un rôle important dans la politique ottomane de l’époque. Gilles Veinstein[22], est un historien français, spécialiste d’histoire turque et ottomane, souligne que l’implication des Juifs, en particulier des Séfarades, dans divers domaines fut rendue possible par l’adhésion des sultans au statut de dhimmi, marqué par une discrimination mais aussi par une tolérance de principe, offrant des garanties et une certaine autonomie sans entraver l’intégration au sein de l’Empire ottoman. Les Marranes[23], ayant immigré dans l’Empire ottoman, sont revenus au judaïsme grâce à la dhimma.
Aussi, l’interdiction théorique de construire de nouveaux lieux de culte après la conquête musulmane a été largement contournée, comme en témoigne l’expansion des infrastructures religieuses chrétiennes durant la période ottomane. De même que l’afflux des nouveaux venus de la péninsule ibérique a rendu les anciennes synagogues insuffisantes, menant à la création de sept nouvelles à Salonique entre 1492 et 1500, en plus des trois existantes. Les historiens notent également que, dans le grand commerce, les Juifs se sont associés à des non-Juifs et que les corporations professionnelles étaient composées de membres de différentes religions, signe de leur intégration dans la société ottomane.
Au XVIIIe siècle, l’attitude des Turcs envers les Juifs s’est assombrie, un changement de mentalité qui s’est également étendu à toutes les minorités non musulmanes. Ce climat d’intolérance religieuse croissante a mené à une détérioration de la situation des dhimmis, bien que les actes de persécution soient restés relativement rares. Certains historiens soulignent que les agressions contre les Juifs étaient souvent le fait de communautés chrétiennes rivales, plutôt que de la population musulmane ou des autorités ottomanes. Selon Frédéric Abécassis et François-Georges Faü[24], les violences contre les communautés juives dans le monde musulman, et contre les minorités de manière générale, marquent l’histoire de l’ingérence européenne. Certains soutiennent que l’Europe aurait introduit un antisémitisme jusqu’alors inconnu en Orient, imposant aux communautés cherchant protection la marque infamante d’une collusion avec les puissances étrangères.
Pour d’autres, l’accroissement des échanges a amplifié les occasions de témoignages et d’appels à l’aide, tandis que les violences envers Juifs et Chrétiens ont justifié de nombreuses interventions européennes. Les rivalités entre grandes puissances, notamment entre la France et l’Angleterre, ont donné naissance à la « politique des minorités», par laquelle des nations européennes se sont proclamées protectrices de certaines minorités en Orient, y compris les Juifs.
Cette politique a grandement contribué à l’institutionnalisation des communautés, certaines d’entre elles évoluant en véritables « nations », isolées du reste de la population. Les Juifs n’étaient pas les seuls concernés par cette politique : les Grecs orthodoxes bénéficiaient du soutien de la Russie, les Druzes de celui de l’Angleterre, et les différents rites catholiques orientaux étaient protégés par la France, l’Autriche et l’Italie (le Vatican).
Au XIXe siècle, les minorités sont devenues des enjeux centraux dans le processus de fragmentation de l’Empire ottoman.
Le troisième volet de cette étude sera consacré à la vie des communautés juiges en terres d’islam mais en dehors de l’Empire ottoman
Les juifs en terre d’islam (volet 1), la dette morale de l’Europe
[11]. A Carthage on signalait déjà l’existence des Berbères et des Juifs commerçant avec les Carthaginois.
[12] Youval Rotman (Uni. de Tel-Aviv), « Les Juifs dans l’Islam médiéval », Les Juifs dans l’histoire, dir. A. Germa, B. Lellouch, E. Patlagean, Champ Vallon, 2011
[13] Nom donné à la marque distinctive que devaient obligatoirement porter sur leurs vêtements les sujets dhimmis sous la souveraineté musulmane
[14]. Sous les Fatimides les langues et cultures juives sont reconnues au même titre que les cultures arabes et musulmanes. Place particulière au chiisme et en particulier aux nizarites ismailis
[15] Les juifs d’Arabie à la naissance de l’islam”, Histoire des relations entre juifs et musulmans, sous la direction d’Abdelwahab Meddeb et de Benjamin Stora, Paris, Albin Michel, 2013.
[16] Meir Bar Asher, p56)
[17] Raymond P. Scheindlin, Marchands et intellectuels, rabbins et poètes, Paris, Éditions de l’Éclat, 2005.
[18] Dans Michel Abitbol, Histoire des Juifs de la Genèse à nos jours, Paris, Perrin, 2013.
[19] Dans son ouvrage, Under Crescent and Cross: The Jews in the Middle Ages, Princeton, Princeton University Press, 1994.
[20] Joseph Perez, « Chrétiens, Juifs et Musulmans en Espagne : le mythe de la tolérance religieuse (VIIIe – XVe siècle) [archive] », n° 137, L’Histoire, 1990
[21] . Les souverains Ottomans préfèrent des étrangers qui leur devaient tout (en réalité leur existence) qu’ils pouvaient manipuler davantage que des autochtones (nombreux démographiquement) et pouvant contester leur pouvoir. Il en a été ainsi en Algérie avec Les Juifs, les chorfas et plus tard les convertis venus de tout le pourtour méditerranéen connus sous le nom de Turcs de profession.
[22] Gilles Veinstein, Salonique, 1850-1918, La « ville des Juifs» et le réveil des Balkans, éd. Autrement, Paris, 1992
[23] Juif ou descendant de juif d’Espagne ou du Portugal, converti au christianisme, mais resté secrètement fidèle aux croyances et aux pratiques juives.
[24] F. Abécassis et F. F Faü, « Les Juifs dans le monde musulman à l’âge des nations (1840-1945) », Les Juifs dans l’histoire, direction. A. Germa, B. Lellouch, E. Patlagean, Champ Vallon, 2011,
[25] Yosef Tobi, « Les Juifs du Yémen », Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, dir. Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, Albin Michel, 2013
[26] Yosef Tobi, “Les Juifs du Yémen”, Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, dir. Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, Albin Michel, 2013, p. 250
[27] Véronique Lemberg, « Le passé juif en terre d’islam [archive] », sur CCLJ – Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind, 9 décembre 2010