Champion d’Asie en 2019, le Qatar, en ouverture du Mondial, espère devenir la première sélection asiatique à remporter son premier match en phase finale d’une Coupe du monde, ce dimanche face à l’Équateur (1). Pour se donner les moyens de ses ambitions, l’émirat a patiemment construit son équipe nationale en faisant appel à dix joueurs sur vingt-six qui sont nés en dehors du Qatar.
Le 1er février 2015 : à Doha, le Qatar est battu par la France en finale du championnat du monde masculin de handball. Sur les seize joueurs de l’équipe perdante, cinq seulement sont qatariens. Les onze autres viennent de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, d’Égypte, de Tunisie, d’Espagne, de Cuba, d’Iran, de Syrie et de… France. Ils ont été débauchés et naturalisés à coups de gazodollars.
Ce ne sera pas le cas, ce dimanche, de l’équipe de football qui va disputer à domicile le match d’ouverture de la Coupe du monde. Et pour cause : les règles de naturalisation posées par la FIFA sont beaucoup plus sévères que celles de la la Fédération internationale de handball.
Il reste neammoins que sur les 26 joueurs retenus pour le Mondial, 10 sont nés dans un autre pays que le Qatar. Avec des représentants originaires du Soudan, d’Algérie, du Ghana et même de France, l’émirat présente l’une des équipes les plus cosmopolites de cette édition 2022.
Des règles de naturalisation durcies
En football, un changement de nationalité sportive suppose soit d’être né sur le territoire du nouveau pays, soit d’y avoir une ascendance familiale, soit d’y avoir vécu trois À cinq ans consécutivement (2). Pour les joueurs entre âgés de 10 et 18 ans, il faut « démontrer que le déménagement vers le territoire de l’association n’avait pas pour but de jouer pour ses équipes représentatives »). Avec la contrainte suivante : ne jamais avoir joué pour une autre sélection en match officiel.
Si les de naturalisation ont ainsi été durcies, c’est en partie à cause du… Qatar ! Revenons en arrière. En 2004, l’émirat cherche à naturaliser des joueurs d’autres pays afin de renforcer son équipe nationale. Le sélectionneur de l’époque, Philippe Troussier, l’avait raconté à Ouest-France. « J’étais allé solliciter des Brésiliens, je voulais même prendre des joueurs français, expliquait en 2021 le technicien français. Mais la FIFA ne l’a pas entendu de cette oreille, donc il y a une loi qui a été créée disant que pour qu’un joueur soit naturalisé, il faut qu’il ait passé au moins deux ans dans le pays. Ce projet est donc tombé à l’eau. »
Dès lors, le Qatar a créé l’Académie Aspire. Établi à Doha, ce complexe sportif aux installations dernier cri accueille en son sein des techniciens de haut niveau, débauchés dans les meilleurs clubs européens. Le meilleur exemple n’est autre que l’actuel sélectionneur, Felix Sanchez. Ce coach espagnol a exercé une dizaine d’années à la Masia, le centre de formation du FC Barcelone, avant de poser ses valises à Aspire il y a plus de sept ans. Avec son bassin de population réduit (2,9 millions d’habitants dont 90% environ d’étrangers), l’émirat ne peut compter sur ses seules forces vives.
L’Académie, qui a ouvert une antenne au Sénégal, prospecte sans relâche dans le monde pour détecter des jeunes talents et les rediriger à Doha, où les meilleurs deviendront à terme des joueurs de l’équipe nationale qatarienne,
Dans le respect, naturellement et comment enn douter, du règlement de la FIFA.
(1) Dix des 11 équipes qui ont représenté le continent asiatique dans la compétition ont débuté leur parcours par une défaite. Seul le Koweït a fait mieux en arrachant le nul à la Tchécoslovaquie, au premier tour de l’édition 1982 en Espagne.
(2 )Il faut avoir vécu au moins trois ans dans le pays de naturalisation pour un joueur ayant commencé à y résider avant l’âge de 10 ans, au moins cinq ans à partir de l’âge de 10 ans
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