L’Arabie Saoudite obsédée par le Mondial de football de 2022

La perspective de voir le frère ennemi qatari abriter le Mondial de football en 2022 donne de plus en plus de cauchemars aux Séoudiens

Le tableau qui peut être dressé des droits humains et des libertés publiques en Arabie Saoudite est totalement noir, juge dans une récente édition le Financial Times, prestigieux quotidien économique britannique. Mais là n’est pas le souci premier de Mohamed ben Salmane, dit MBS, le prince héritier séoudien l’homme fort du Royaume qui découpe ses opposants en tranches. Son obsession est de voir son ennemi privilégié, le Qatar, organiser la coupe du monde de football en 2022

Arabie Saoudite, un grave déficit d’image

Malgré cette image apocalyptique qu’offre en ce moment le royaume wahhabite, Mohamed ben Salmane affiche l’ambition de co-organiser la prochaine coupe du monde avec le Qatar. Le prince héritier saoudien étant malade à l’idée de tout le prestige international que pourrait engranger le Qatar de cet événement. Alors, pour parvenir à ses fins, MBS a entrepris des actions de lobbying, à coups de centaines de millions de dollars, auprès des grandes puissances internationales, mais également au sein de la FIFA, afin de forcer Doha à partager, en 2022, l’organisation de la Coupe du monde avec d’autres pays du Golfe.


Les Saoudiens comptent un allié de poids. Il s’agit du président de la FIFA, le suisse Gianni Infantino, qui déploie des trésors d’énergie pour l’obtention de l’élargissement des pays participants au mondial qatari à 48 équipes au lieu des 32 retenues initialement dans le cahier des charges. Une étude de faisabilité commanditée par la FIFA affirme que pour l’organisation d’un mondial au Qatar avec 48 nations, il faudrait ajouter au moins deux autres grands stades dans un autre pays. Le prochain congrès de la FIFA programmé à Paris pour le 5 juin prochain devrait trancher cette question.

Le Qatar, des cartes en main

Si le Qatar ne peut s’opposer à cette décision et surtout aux centaines de millions de dollars qu’elle pourrait certainement engendrer en faveur des 200 fédérations nationales de football, il compte bien avoir son mot à dire quant aux pays qui pourraient co-organiser avec lui le mondial. Les alliés de Doha, le Koweït et Oman, ont décliné toute participation à l’organisation du mondial 2022, laissant ainsi un boulevard grand ouvert devant les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite.

Les dirigeants qataris, forts des contrats initiaux signés avec la FIFA, ont encore des cartes majeures à jouer. S’ils acceptent de céder une partie des matchs de leur coupe du monde à l’Arabie Saoudite ou aux Emirats, ils savent que ces derniers doivent lever le blocus auquel le Qatar est soumis, inefficacement, depuis des années.


Dernière difficulté pour l’Arabie Saoudite, choisie pour abriter certains matchs, lui faudra affronter les ONG des droits de l’homme et la presse internationale de mettre sous pression un régime qui se croit, en raison de sa manne de pétrodollars, définitivement intouchable.