Dans son dernier ouvrage « Les guerres du président », le journaliste David Revault d’Allonnes décrit la métamorphose de François Hollande, passé d’un homme politique « tout en rondeurs » à un chef des armées sans remords depuis son arrivée au pouvoir.
Il y a derrière la gestion quasiment sans faute assurée par le président Hollande des événements qui ont suivi les attentats meurtriers perpétrés à Paris le vendredi 13 novembre une explication : il s’y était préparé depuis bien longtemps. C’est en tout cas ce que raconte dans son livre paru quelques jours avant ces attaques terroristes le journaliste du Monde David Revault d’Allonnes aux Editions du Seuil sous le titre « Les guerres du président ».
Dans cet ouvrage de 251 pages reparties en 7 chapitres, l’auteur décrypte les coulisses de la métamorphose de Hollande en « chef de guerre et en chef de l’anti-terrorisme » ; lui que rien dans son passé ni dans son tempérament connu ne préparait à cette posture. « Le président entrait en guerre. Pour n’en plus sortir. Ce furent, après l’opération Serval au Mali, les velléités de frappe-avortées-contre le régime syrien. L’opération de police militaire en Centrafrique. La participation à la coalition internationale agissant, en Irak, pour y réduire l’Etat islamique. Le maintien durable des forces françaises au Sahel », souligne l’auteur.
Les deux visages du président
Il décrypte comment et pourquoi « l’homme de la synthèse molle » à la tête du parti socialiste est devenu « Hollande le tueur » qui dépêche les forces spéciales ou délivre quelques bombes à guidage sans le moindre complexe et sans aucun remord. Pour mieux assumer cette posture de « chef de guerre » et de « chef de l’anti-terrorisme » ce « Hollande aux deux visages » s’appuie sur un certain nombre de collaborateurs que notre confrère du Monde appelle « les faucons du président » : Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, Benoît Puga, chef d’état-major particulier à l’Elysée, Cédric Lewandowski, directeur du cabinet civil et militaire du ministre de la Défense.
Mettant à profit ses entrées privilégiées à l’Elysée et au gouvernement, David Revault d’Allonnes verse à l’ouvrage une série d’entretiens réalisés avec des acteurs au cœur du pouvoir parmi lesquels le Premier ministre Manuel Valls, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ainsi que de nombreux conseillers. Il cite également des responsables du renseignement français et des notes de leur service, attestant ainsi qu’un journaliste, fût-il africain, peut bien accéder à ces sources-là sans être un «apprenti espion».
Une addiction aux notes de renseignement
« Tous les vendredis, le président prend connaissance des inquiétantes synthèses préparées par les hommes du renseignement (…). Grâce aux notes du renseignement intérieur, il a suivi la naissance et la croissance de cette nouvelle génération de djihadistes dont le noyau dur était inconnu des services spécialisés avant leur signalement » poursuit David Revault d’Allonnes. Celui-ci ajoute que le terrorisme islamiste s’est durablement inscrit à l’agenda présidentiel depuis les attentats de janvier dernier contre Charlies Hebdo.
Présenté sous forme d’épilogue, le dernier chapitre de l’ouvrage intitulé « la dernière bataille » détaille le changement de stratégie de François Hollande dans la crise syrienne. Alors qu’il avait jusqu’ici refusé de frapper l’Etat islamique en Syrie, le président français a ordonné dans la nuit du 26 au 27 septembre dernier des frappes françaises contre des camps d’entraînement des combattants étrangers du mouvement terroriste. D’autres frappes interviendront au nom « de la légitime défense ». Pour le Premier ministre français Valls, cité dans le livre, « le problème n’est pas de savoir s’il va y avoir un attentat, mais quand et où ».
La réponse est arrivée vendredi 13 novembre avec trois attentats terroristes de grande ampleur perpétrés dans les 10 e 11 ème arrondissements de Paris et aux alentours du Stade de France à Saint-Denis.