Face à la pénurie des produits de premières nécessité, tels que l’huile, viande de poulet, et surtout l’envolée des prix des légumes à trois semaines du mois de Ramadhan, le ministre du commerce, Kamel Rezig, n’a trouvé de meilleure parade que d’imposer, par la force de loi, l’arabisation des enseignes commerciales.
C’est lors d’une séance plénière au Sénat que le tumultueux ministre annonce le projet de loi en cours d’élaboration sanctionnant tout commerçant utilisant autre que l’arabe sur son enseigne du commerce.
Comme à son habitude, le ministre du commerce use de langage de menace contre tout détaillant ou grossiste réfractaire entravant l’application de ladite loi. Il va plus loin puisqu’il promet d’élargir le texte de loi à la publicité commerciale. Le ministre se dit surpris par l’anarchie de l’usage excessif des enseignes commerciales en Français et en Anglais au détriment de l’Arabe. Son intervention devant les sénateurs fut marquée par l’empreinte idéologique aspirant à capter l’électorat perdue après les élections présidentielles du 12 12 2019.
En effet, la mobilisation de l’électorat arabophone est consubstantielle à la réussite de l’élection législative du 12 juin prochain. Il souhaite ainsi réanimer un corps électoral qui a vibré sous le slogan de la « Badissia Novembaria » sous l’ère du Gaid Salah. En répondant à la question du sénateur FLN Ghazi Djabri issu de la wilaya de Bechar, le ministre a sciemment omis d’évoquer la nouvelle constitution qui octroie à la langue amazigh le statut de langue au même titre que la langue Arabe.
Polarisation autour de la langue
Souhaitant remettre la question clivante de la langue au-devant de la scène, le pouvoir use d’un stratagème de la provocation. Cela rappelle étrangement la généralisation de la langue arabe dans l’administration menée par le président Zeroual dans les années 1995-1997 qui a mis le feu aux poudres en Kabylie. Après l’échec de stigmatisation des wilayas qui s’opposent à toute élection, la démarche du ministre s’apparente aux précédentes tentatives de polarisation autour de la langue arabe faute de rassembler les algériens sur les vrais défis auxquels ils font face.
Depuis sa nomination, le ministre promettait un contrôle strict des prix où il réalisait des descentes sur les marchés voire même vérifiait, lui même, les marchandises dans les camions des fournisseurs en présence des caméras de la télévision d’Etat. Ses démonstrations médiatiques n’ont pas réussi à endiguer la hausse des prix du lait, donnant aux fabricants le délai d’une semaine pour se conformer à un prix raisonnable. Pire encore, le lait se faisait très rare comme en ces jours ci avec l’huile. Les pénuries provoquées sont une activité sportive bien rodée dans le pays. Elles ne disparaissent pas avec l’ère du socialisme du mamelle des années 70 et 80. « La mafia est bien organisée dans le secteur commercial » avoua le ministre agitateur.
Les Algériens se sont habitués aux sorties iconoclastes d’un ministre qui a plus brillé par des échecs dans la gestion de son département que par le réformer profondément.