Des étudiants africains fuyant l’Ukraine sont victimes de graves discrimination raciale de la part des gardes-frontières et souvent repoussés des trains qui pourraient les emmener vers l’Europe. Le Président en exercice de l’Union Africaine et Président de la République du Sénégal, Macky Sall, et le Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, suivent de près l’évolution de la situation en Ukraine et sont particulièrement préoccupés par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens Africains, se trouvant du côté Ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité.
Ces deux personnalités africaines rappellent que toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit et, à ce titre, devrait bénéficier des mêmes droits de traverser la frontière pour se mettre à l’abri du conflit en Ukraine, quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale.
Un article de la rédaction de Mondafrique
Ils se sentent bien seuls les étudiants africains fuyant l’avancée russe en Ukraine. Ils sont Congolais, Somaliens, Guinéens ou Marocains et leurs tentatives de quitter l’Ukraine fût l’une des pires épreuves de leur vie.
Depuis le 25 février, la gare de Przemyśl en Pologne à la frontière ukrainienne, des familles dorment à même le sol. D’abord très blanche dès les premiers jours, la population se colore peu à peu. Et au fur à mesure des nouvelles arrivées, les histoires de discrimination, de racisme et même de la violence se font plus nombreuses. Christian, étudiant congolais, part de Lviv à Przemysl. Dans le train bondé, on lui offre de quoi manger et de quoi boire « mais on était debout, glacés, on n’a pas dormi pendant 2 jours » raconte-il. Une fois en Pologne, il se sent abandonné. Tout comme Haile (nom d’emprunt), étudiant somalien qui vient de débarquer en Pologne. Dans mon passeport j’ai un visa de 53 jours pour la Pologne, mais je n’ai personne ni nulle part où aller ». Il a demandé à plusieurs personnes un toit ou un transport, en vain
Myriam victime de coups.
Myriam (nom d’emprunt) du Congo Kinshasa raconte le calvaire et l’humiliation qu’elle a subie elle aussi après de longues heures d’exil. Les gardes-frontières de Korczowa, poste frontière coté ukrainien, ont ordonné aux réfugiés de se diviser en trois groupes: « Les femmes et les enfants d’abord, puis les hommes blancs, et enfin nous de couleur différente de peau ».
En fait, les Africains ont été mis à l’écart. Quand ils ne sont pas victimes de coups comme Myriam. Elle est fatiguée, le ventre vide, et ne sait pas où aller. Un témoignage qui ressemble à de nombreux autres et qui fourmillent sur les réseaux sociaux.
Un étudiant congolais raconte que ses amis et lui « ont hésité à partir de l’Ukraine » par manque d’argent. Mais face à l’arrivée des Russes, il fallait quitter Kiev. Arrivés au poste frontière de Medyka, ils se confrontent eux aussi à l’hostilité des Ukrainiens. Insultes, triage et enfin la Pologne. La Pologne leur offre un peu de répit et de la chaleur. Ils ont entendu que « les tickets de train » pour les grandes villes étaient accessibles gratuitement. Nouvelle douche froide : « seulement pour ceux qui ont un passeport ukrainien » oppose un préposé de la « Polskie Koleje Państwowe », la SNCF polonaise.
Une jeune journaliste témoin de la scène tente de négocier pour eux. Rien n’y fait. « Seuls les passeports ukrainiens sont admis gratuitement à bord du train » ,insiste le préposé. Les négociations se poursuivent. Le journaliste décide de prendre les Africains dans sa voiture, direction Cracovie. De là, avec un peu de chance, ils pourront retrouver des compatriotes de la diaspora.
Coté Pologne, des bénévoles s’organisent pour accueillir tous les réfugiés, sans discrimination. Certes, la municipalité de Przemyśl. a réquisitionné des écoles et les a convertis en centre d’accueil. Néanmoins, des militants polonais ont lancé de nombreux appels sur les réseaux sociaux pour trouver des francophones et des anglophones, des gens pour accueillir et aiguiller les Africains dans leur démarche en Pologne. Ils indiquent notamment que les étudiants africains francophones, à défaut d’une aide consulaire, peuvent trouver du soutien, de l’aide voire un toit sur le groupe Facebook « La French Zone de Pologne ». https://www.facebook.com/groups/161126387355923
Voici quelques témoignages sur les réseaux sociaux
Témoignage d’une étudiante en médecine https://twitter.com/korrinesky/status/1498253568410800129
autre témoignage très partagé https://twitter.com/nzekiev/status/1497805019311218689
témoignage d’une camerounaise https://twitter.com/mbeatowe/status/1497829913109352450