C’est au Comptoir des Arts sis à la célèbre rue Saint-André des Arts en plein cœur de Paris, que Mustapha Saha, sociologue, poète et artiste peintre expose, du 10 au 22 décembre, ses toiles à la technique bien spécifique qui fait sa renommée.
Il s’agit de portraits de Jeanne Moreau, célèbre actrice, chanteuse et réalisatrice française, et de Boris Vian, écrivain, poète, parolier, chanteur et critique musical français. Des portraits liés à « la propre histoire » de Mustapha Saha, cofondateur du Mouvement du 22 Mars à la Faculté de Nanterre qui acta la naissance du mouvement de révolte des étudiants, et figure historique de Mai 68.
En bichromie jaune or et rouge vermillon sur fond noir, dans une technique inédite et une stylistique propre à lui, Mustapha Saha, propose au public initié de venir découvrir ses récentes créations.
«Les deux portraits de Jeanne Moreau et de Boris Vian que j’expose actuellement sont liés à ma propre histoire. Jeanne Moreau était une amie », confie-t-il.
« En ce qui concerne Boris Vian, en Mai 68, j’avais en permanence un de ses livres dans ma sacoche, je m’inspirais de ses formules pour bricoler des slogans comme je l’évoque dans mon texte « La trompette philosophique de Boris Vian » », ajoute-t-il.
Ce sociologue à la curiosité bien aiguisée, qui porte un intérêt pour le monde qui l’entoure, partage ces récentes créations dans le cadre de « Paris Pop Up Art Collective », une exposition collective d’artistes de différentes disciplines et générations, regroupant Mike Sylla, artiste pluridisciplinaire, Agnès Malterre, céramiste et amoureuse du Maroc particulièrement la ville d’Essaouira où elle a élu domicile et les peintres Frédérique Chunga, Sébastien Ada’m N’Diaye, Agnès Coudrau et Sylo James.
Parmi ces créateurs se distingue tout particulièrement Mike Sylla, couturier, styliste et designer, dont les créations sont portées par plusieurs célébrités à travers le monde.
Né à Dakar à la Medina, Mike Sylla est un artiste aux multiples influences, il est imprégné de ce quartier populaire qui transpire la culture profonde de l’Afrique de l’Ouest et la France, et qui lui a permis de créer une belle alchimie entre l’Afrique et l’occident.
Par le biais de la peinture et de l’Art vivant, il crée le concept Baïfall Dream : la mode qui porte l’Art, avec un génie de façonner le cuir et le daim, deux matières nobles.
C’est d’ailleurs ce concept de Baïfall Dream qui a suscité l’intérêt de Mustapha Saha, le poussant à explorer une possible collaboration avec Mike Sylla: voir un de ses portraits reproduit dans une création de l’artiste sénégalais et pourquoi pas monter une exposition ensemble à Paris et au Maroc.
Une proposition accueillie favorablement par Mike Sylla, plusieurs fois primé pour ses créations y compris au Maroc où il a reçu un Awards lors de la 3ème édition du Festival International de la mode de Casablanca en 2019.
Mais les projets de Mustapha Saha, créateur bouillonnant, ne s’arrêtent pas là. Il planche sur la mise en place à la Bibliothèque nationale du Royaume à Rabat d’un espace « peinture », qu’il souhaiterait baptiser « le Panthéon » et où pourraient être accrochés des portraits d’artistes-peintres, d’écrivains, d’intellectuels…Une façon de consigner pour les générations futures les noms de ces créateurs qui ont enrichi par leur leg la culture marocaine reconnue à l’échelle mondiale.
Après avoir donné beaucoup de sa personne à la France, pays qu’il a rejoint jeune enfant, en contribuant, avec ses écrits philosophiques ou sociologiques, à la vie et au débat culturels dans l’hexagone et au-delà, et à la vie politique comme sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée sous la présidence de François Hollande, Mustapha Saha estime que le temps est venu de retourner au bercail et participer au bouillonnement créatif au Maroc. Pour autant, le pont ne sera pas coupé avec la France, pays qu’il chérit aussi tout comme son pays d’origine. Des va-et-vient incessants, assure-t-il, vont lui permettre de maintenir le contact avec le Maroc, son pays d’origine, et la France, le pays où sa création a pu éclore.
Le travail philosophique, poétique, artistique de Mustapha Saha reflète les paradoxalités complétives de son appétence créative. Il est le cofondateur du Mouvement du 22 mars à la Faculté de Nanterre et figure historique de mai 68. Il réalise, sous la direction d’Henri Lefebvre, ses thèses de sociologie urbaine (Psychopathologie sociale en milieu urbain désintégré) et de psychopathologie sociale (Psychopathologie sociale des populations déracinées), fonde la discipline Psychopathologie urbaine, et accomplit des études parallèles en beaux-arts.
Il produit, en appliquant la méthodologie recherche-action, les premières études sur les grands ensembles. Il est l’ami, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, de grands intellectuels et artistes, français et italiens. Il accompagne régulièrement Jean-Paul Sartre dans ses retraites romaines et collabore avec Jean Lacouture aux éditions du Seuil.
Il explore l’histoire du « cinéma africain à l’époque coloniale » auprès de Jean-Rouch au Musée de l’Homme et publie, par ailleurs, sur les conseils de Jacques Berque, Structures tribales et formation de l’État à l’époque médiévale, aux éditions Anthropos.
Artiste-peintre et poète, Mustapha Saha mène actuellement une recherche sur les mutations civilisationnelles induites par la Révolution numérique (Manifeste culturel des temps numériques), sur la société transversale et sur la démocratie interactive. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle pensée et de nouveaux concepts en phase avec la complexification et la diversification du monde en devenir.