Les autorités séoudiennes ont annoncé sur Twitter, le 8 décembre que les restaurants du pays ne seraient plus obligés d’avoir des entrées séparées selon le sexe. Autant dire que ces signes timides d’ouverture masquent mal la répression contre les militantes des droits des femmes
Jusqu’à présent, le plus grand pays de la péninsule arabique exigeait que tous les restaurants et cafés aient une entrée pour les familles et les femmes seules, et une autre réservée aux hommes. À l’intérieur, les femmes sont généralement isolées des hommes par des palissades.
Les chaînes internationales installées dans le pays, comme Starbucks par exemple, ne faisaient pas exception. En 2016, le géant américain avait été critiqué pour avoir interdit l’accès de l’un de ses restaurants aux femmes, faute d’un mur de séparation à l’intérieur du café.
Pour autant, ce changement de cap n’a pas d’effet contraignant et les restaurants saoudiens auront le choix de maintenir ou non ces entrées distinctes. Aucune annonce n’a été faite indiquant la fin de cette ségrégation dans les établissements publics, comme les écoles et les hôpitaux, où femmes et hommes demeurent séparé·es.
Des réformes dérisoires
Inflexible pendant des décennies, l’Arabie saoudite assouplit progressivement le très strict système de «tutorat» auquel sont soumises les femmes du royaume, notamment sous l’impulsion du roi et du prince héritier, Mohammed ben Salmane.
En dépit de plusieurs réformes –comme l’ouverture du droit de vote aux femmes, l’autorisation de conduire une voiture ou de voyager à l’étranger sans la permission d’un tuteur– il reste à l’égalité des sexes dans le pays un long chemin à parcourir.
Le système de «tutorat» qui confère aux Saoudiens quasiment tous les pouvoirs sur leurs parents de sexe féminin a été allégé, mais il est encore loin d’être aboli. Le forum économique mondial a placé l’Arabie saoudite à la 141e place sur 149 pays au classement mondial de la parité de 2018.
Par ailleurs, l’ouverture timide de l’Arabie saoudite s’est accompagnée d’une vague de répression accrue de la dissidence. Des dizaines de chefs religieux, d’intellectuel·les, de journalistes –à l’instar de Jamal Khashoggi assassiné en 2018–, mais aussi des femmes militantes ont été emprisonné·es.
Plusieurs d’entre elles ont été arrêtées alors qu’elles faisaient campagne en faveur de libertés récemment accordées. Selon Human Rights Watch, certaines sont accusées de crimes graves, comme la trahison, et auraient subi des tortures, notamment par décharges électriques et flagellation.