Alexandre Benalla interrogé par les juges d’instruction

L’ancien chef de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, mis en cause par une enquête judiciaire pour avoir frappé des manifestants à terre et usurpé une identité policière, possédait un sérieux carnet d’adresses bien avant qu’il n’accède à l’Elysée. 

Dans les innombrables papiers écrits sur l’affaire Benalla, très peu se sont penchés sur les liens que l’ancien protégé d’Emmanuel Macron a entretenus au sein de la franc maçonnerie ou encore dans les cercles de pouvoir au Maroc et en Arabie Saoudite. Autant de poins d’appui qui lui garantissent quelques sinécures dans la vie qu’il doit s’inventer après avoir été écarté de l’Elysée

Le journaliste François Koch, grand spécialiste de la franc maçonnerie, avait révélé sur son blog qu’Alexandre Benalla était membre depuis janvier 2017 de la loge des « Chevaliers de l’espérance » rattachée à la Grande Loge Nationale Française (GLNF), l’obédience de nombreux amis de Nicolas Sarkozy.

Le sixième point de « l’ordre du jour » de La Grande Loge Unie du Maroc fait apparaitre clairement les initiales d’Alexandre Benalla dont l’affiliation maçonnique doit être célébrée: le 15 avril 2015 « Passage sous le bandeau des profanes: …..M.Alexandre Ben »

Bien antérieure, son affiliation maçonnique avait eu lieu en fait en 2015 au Maroc, à l’époque où ce franco-marocains tente en 2015 de lancer une filiale de la société de sécurité « Velours », un groupe « experte en management des risques et intelligence stratégique. Cette officine qui devait mettre la clé sous la porte peu après était dirigée à l’époque par d’anciens policiers, dont un de l’Office central pour la répression du banditisme.

Comme le révélait dès juillet la lettre confidentielle « Faits et Documents » avec des documents à l’appui(voir ci dessus), Alexandre Benalla était entré en maçonnerie le 15 avril 2015 à « la Grande Loge Unie Du Maroc », affiliée à la Grande Loge Nationale Marocaine. Les documents publiés par la lettre « Faits et Documents » attestent de la cérémonie qui a bien eu lieu au Maroc, dont « l’ordre du jour, le 15 avril 2015, fait apparaitre clairement les initiales d’Alexandre Benalla: « Passage sous le bandeau des profanes: …..M.Alexandre Ben »

La protection du prince héritier`

Fort de ses relations marocaines qui l’ont amené assez naturellement à  développer également des contacts auprès des Séoudiens, Alexandre Benalla parvient, bien avant qu’il ne rencontre Emmanuel Macron, à assurer la sécurité à Paris d’un certain nombre de personnalités arabes. Parmi elles, figurent quelques marocains influents ainsi que le prince Mohammed ben Salman (dit MBS), ministre de la Défense et Premier ministre du Royaume séoudien. Cette haute personnalité qui devrait succéder à son père fit autrefois appel aux services d’Alexandre Benalla lors de ses visites très privées à Paris.

L’information avait été révélée par l’excellente publication « Intelligence on line »  qui affirmait, cet été, que  l’ami Alexandre était au mieux « avec un prince séoudien ». Ce qui lui vaut d’être invité la semaine dernière à la grande réception donnée pour la fète du Trône par l’ambassade séoudienne à Paris où il était très entouré.

 Un syrien accueillant

Mohamad Izzat Khatab, né en 1969 à Damas, traine une mauvaise réputation en Suisse où son entreprise « Arabian International Trade » a été fermée en 2008 par décision de justice

Compte tenu du rôle que Benalla joua au coeur de l’Etat chargé qu’il était des « affaires réservées » du couple présidentiel et en raison des éminentes personnalités arabes qu’il a côtoyées, le carnet d’adresses d’Alexandre Benalla intéresse diablement un certain nombre d’intermédiaires, voire de vautours. Et on s’inquiète naturellement en haut lieu des confidences que l’ami Alexandre  pourrait faire à des nouveaux protecteurs mal intentionnés.

Parmi les nouveaux amis prêts à accueillir avec effusion l’ancien chef de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla s’estse trouve l’étrange homme d’affaires syrien, Mohamad Izzad Khatab,  qui se prétend au mieux à la fois avec François Hollande,  Marine Le Pen, ou d’Emmanuel Macron et de son épouse qu’il salue avec jovialité dans les cocktails mondains où il le croise..

Un roi de l’incruste

Toujours entouré de trois gardes du corps et parfois aussi de charmantes créatures féminines, Mohamad Izzad Khatab qui joue à l’humanitaire avec son « Plan pour la Syrie  reçoit  beaucoup de monde dans son superbe appartement de la place de l’Alma.

Malgré de nombreux contentieux judiciaires en Suisse et un projet présidentiel pour la Syrie juste flou, cet homme d’influence a un certain talent pour taper l’incruste dans les Palais nationaux. A en juger en tout cas par les vidéos qu’il distribue comme autant de lettres de recommandation et où on le découvre dans des échanges chaleureux avec les puissants du moment.

Par ailleurs comme « le Canard Enchainé » l’avait révélé, on voyait ces jours ci à Londres Alexandre Benalla en compagnie d’un proche d’Alexandre Djouhri, ce formidable aventurier et ce talentueux homme de réseaux qui a réussi la performance de s’entendre aussi bien avec Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy.

Seul problème, le compagnon londonien de Benalla est fiché « S » par les services français pour « trafic d’armes avec l’Afrique » (avec il est vrai un faible degré de dangerosité présumée). Ce qui noircit encore un peu le tableau.

Apparemment Alexandre Benalla a trouvé dans la mauvaise passe qu’il traverse quelques âmes charitables. Au grand dam ses anciens amis de l’Elysée qui s’inquiètent de ces nouveaux réseaux aux intentions peu claires !

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)