Signal inquiétant sur le déroulement du scrutin présidentiel du 12 décembre, les autorités ont demandé aux grands équipements hospitaliers de dégager des lits. Au cas où….
La situation est très tendue en Algérie à l’approche du 12 décembre, date du premier tour des élections présidentielles qui restent contestées par l’ immense majorité de la population. Depuis le mois de février, les forces de l’ordre comme les millions de contestataires ont fait preuve, chaque vendredi, jour de manifestation, d’un grand sang froid: des arrestations, certes, ont eu lieu, mais pas d’effusion de sang, ni de violences gratuites. Beaucoup craignent pourtant que jeudi prochain, le climat ne se détériore gravement.
Une sécurisation maximum
Une réunion qui s’est tenue le 8 décembre au Commandement des Forces Terrestres en présence de tout le haut commandement de l’armée et de la gendarmerie, ainsi qu’en présence d’éléments de la Direction de la Police afin d’assurer la coordination de la sécurisation des lieux de vote.
Dans les grandes villes du pays, les autorités ont demandé aux hôpitaux de dégager des lits disponibles pour recevoir éventuellement dans la journée de jeudi des personnes blessées. Même certaines cliniques ont exigé dune partie de leur personnel de rester disponibles.
La populations a observé des déplacement de troupes octurnes et une concentration inhabituelle en Kabylie, ainsi qu’à Setif, Bourdj Bouariridj, Skikda, Constantine, Ananaba, Batna.
L’institution militaire isolée
Des politiques et des universitaires signent, ce mardi 10 décembre, un appel dans lequel ils déplorent l’attitude des autorité du pays d’imposer des présidentielles pour le jeudi 12 décembre sans l’assentiment de l’ensemble du peuple algérien.« Un large segment de la population, estiment ces personnalités, est hostile au contexte dans lequel s’effectue le scrutin marqué par des circonstances tendues ». Ce qui est confirmé, disent-ils, par des rassemblements de masse chaque vendredi et mardi, où » des messages de refus » sont émis contre « la tyrannie appliquée à notre vie politique. »
Parmi les signataires, figure Ahmed Taleb El Ibrahimi, vers lequel l’institution militaire s’était tournée, voici quelques mois, pour lui demander de présider une structure de transition susceptible d’organiser le processus électoral. L’ancien ministre de Boumedienne et de Chadli, sans prévention aucune à l’égard de l’armée, avait estimé que son état de santé et son âge ne lui permettaient pas d’accepter de telles fonctions.
Depuis, cet homme de consensus ne se privait pas, pour autant, de recevoir beaucoup de représentants de la vie publique algérienne, dans un esprit ouvert et consensuel. Sa prise de position contre les élections du 12 décembre est un rude coup porté au processus imposé par les militaires désormais très isolés.
Des manifestations en France
Les incident multiples ont eu lieu, ces derniers jours, dans les bureaux de vote ouverts dans les consulats algériens en France avant même la journée du 12 décembre. Des manifestations ont été organises devant les consulats de plusieurs villes françaises, comme Saint-Étienne. À Bobigny, quelque 150 manifestants étaient présents devant le consulat. Dans certains bureaux de vote, des policiers en civil s’en sont pris violemment à des manifestants qui dénonçaient « une mascarade électorale ».
Autant de signes qui rendent possible un passage en force des autorités algériennes pour imposer un scrutin contesté.