L’opposant sénégalais, Ousmane Sonko est autorisé à réintégrer les listes électorales par le tribunal de grande instance de Dakar et pourrait donc se présenter à la Présidentielle du mois de février alors qu’il est toujours emprisonné dans la capitale sénégalaise.
La campagne électorale a clairement débuté. À moins de trois mois de la présidentielle du 25 février 2024, la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY), s’active pour mobiliser ses troupes. Le Premier ministre et candidat du pouvoir, adoubé par le Président sortant Macky Sall, est en visite du 7 au 12 décembre à Paris, où il a été reçu par son homologue française, Élisabeth Borne, et le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, dont il est proche
Z. Bati Abouè
Un petit miracle dans le ciel sénégalais terni par l’affaire Sonko. Alors que le président Macky Sall semblait avoir écarté définitivement de la course à la présidentielle l’opposant en réussissant le double pari de l’emprisonner et de le faire radier des listes électorales, le tribunal de grande instance de Dakar a en effet jeté le trouble, mercredi 14 décembre, sur les prévisions du président sortant. Le tribunal a en effet confirmé le jugement qui avait été cassé par la cour suprême, mi-novembre, qui radiait l’opposant des listes électorales en raison de sa condamnation à deux ans de prison ferme pour mauvaises mœurs.
Les partisans d’Ousmane Sonko n’ont pas boudé leur plaisir et ont salué cette courte décision du tribunal qui annule la radiation de leur favori au motif qu’il y a eu une erreur dans l’application de la loi. Selon le tribunal, l’opposant n’avait pas été correctement informé de la décision qui le radie des listes électorales à la suite de son emprisonnement dans une affaire de mœurs. C’est donc sur un détail très technique que s’est appuyé le tribunal de grande instance pour redonner de l’espoir aux partisans de Sonko qui ont désormais 11 jours pour réunir le nombre de parrainages nécessaires à la candidature du patron du Pastef.
Ousmane Sonko a d’ailleurs remercié ses avocats du fin fond de sa cellule en déclarant sa « reconnaissance infinie à ce formidable peuple sénégalais ! » « C’est la victoire du droit et de la démocratie au Sénégal », a d’ailleurs répondu en échos Me Saïd Larifou, l’un des avocats de la défense, devant une centaine de supporters rassemblés dans le tribunal.
Pour autant, la bataille juridique n’est pas terminée puisque Me El Hadj Diouf, l’un des avocats de l’Etat, a promis de faire appel sitôt la décision du tribunal connue. « Ce n’est pas la peine de crier et de jubiler trop tôt », a-t-il d’ailleurs nargué les militants du Pastef en liesse.
D’ailleurs, au lendemain de cette décision qui remet Ousmane Sonko dans la course à la présidence, les avocats de l’Etat ont indiqué avoir déposé à l’agence de presse locale un communiqué qui stipule que « Ousmane Sonko reste radié jusqu’à ce que la cause soit définitivement jugée ». Mais selon Me Ciré Clédor Ly, « ce recours n’est pas suspensif de la décision du juge » puisque le code électoral assure que « lorsque le juge rend sa décision, celle-ci doit être immédiatement exécutée ».
Ousmane Sonko avait été écroué, fin juillet, sous plusieurs chefs d’accusation dont l’appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’Etat. Mais l’opposant a toujours démenti ces accusations qu’il dénonce comme des machinations destinées à instrumentaliser la justice contre lui.