Jean Ping a annoncé qu’il ne participera pas aux élections présidentielles prévues le 26 août prochain au Gabon. La fin d’une carrière politique inachevée
Il y avait songé et avait même commencé à prendre des contacts. Il y a quelques mois encore, Jean Ping qui se trouvait au Gabon, interdit de quitter son pays dans le cadre d’une procédure judiciaire fallacieuse, songeait à un « match retour » entre Ali Bongo et lui. Un match qui aurait eu lieu dans les urnes et qui aurait, pensait-on, permis à l’ancien président de la commission de l’Union Africaine d’accéder enfin au pouvoir lui qui malgré sa victoire dans les urnes en 2016 n’avait pas pu y accéder, faute de soutien de l’appareil d’Etat en tête duquel l’armée qui avait préféré soutenir Ali Bongo.
La crainte d’Ali Bongo
Après avoir été en quasi-résidence surveillée pendant 5 ans, Jean Ping avait été à nouveau autorisé à quitter le Gabon. Mais la victoire politique sans doute plus importante de celui qui fut également ministre des Affaires étrangères du Gabon, est son refus de toute rencontre avec le chef de l’exécutif du Gabon Ali Bongo. Une attitude qui lui a valu le maintien si ce n’est un accroissement de sa popularité.
Dans le camp d’en face, Ali Bongo et les siens redoutent un remake de l’élection présidentielle de 2016. Un « match retour » qui aurait pleinement été à l’avantage de Jean Ping dont les désertions dans son camp avaient renforcé sa stature d’homme d’Etat face à un Ali Bongo qui aura été très absent et qui reste physiquement très diminué.
« une élection pipée d’avance »
Le 1er juillet 2023, coup de théâtre. Jean Ping se déclare non partant pour l’élection présidentielle à venir au Gabon en août 2023 devant plusieurs dizaines de gabonais à l’hôtel Pullman de la Défense à Paris. Revenant sur la nuit d’horreur du 31 août 2016 au cours de laquelle l’armée a attaqué son Quartier Général où se trouvaient plusieurs centaines de ses partisans, il raconte à propos des militaires : « ils emportaient les corps de ceux qu’ils avaient tués au Q.G ».
Plus tard sur France 24, Jean Ping persiste et signe « Je ne peux pas être candidat à une élection pipée d’avance » après avoir déclaré « 2016 n’est pas derrière nous ».
Jean Ping et la Transition
Si Jean Ping refuse d’avoir appelé à une transition pacifique qui durerait 5 ans dirigée par lui. Ses partisans font feu de tout bois pour que cette chimérique transition se mette en place. Une transition dans les partisans n’expliquent pas comment ils la mettraient en place et surtout ce qui pousserait Ali Bongo, son clan et ses soutiens (dont le plus fort est l’armée gabonaise) à céder le pouvoir.
Refusant d’adouber un homme politique participant à cette élection (on pense notamment à Alexandre Barro Chambrier et à Paulette Missambo qui ont fait partie de ses soutiens), Jean Ping ne désespère pas de jouer un rôle politique au Gabon. Jean Ping se voit encore très certainement diriger le Gabon.
« Je suis dans le train de l’Histoire »
Alors que lors d’une interview sur RFI et France 24, le journaliste Christophe Boisbouvier lui demande s’il ne risque pas « de laisser passer le train de l’histoire », Jean Ping s’est veut rassurant : « Je suis dans le train de l’Histoire » avant d’ajouter lorsqu’on lui demande s’il a toujours l’espoir de diriger le Gabon « mais si je n’espérais pas, je ne vivrais plus ».
Si une prise du pouvoir de Jean Ping au Gabon est actuellement très hypothétique voire impossible, l’après élection présidentielle du 26 août prochain au Gabon consacrera soit sa mort politique, soit son maintien dans le jeu politique.
Tout dépendra du nouveau « Président élu » et de ce qu’il fera de sa victoire dans les urnes. Ce qui est une certitude tant le rejet d’Ali Bongo par la majorité des électeurs est fort et croissant depuis sa prise du pouvoir par les armes, il y a 14 ans après la mort de son père Omar Bongo Ondimba.
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Jocksy Ondo – Louemba