Présidentielle algérienne, une guerre ouverte au plus haut niveau de l’Etat

Le retard de la déclaration officielle du Président Bouteflika sur son éventuelle candidature à un quatrième mandat dénotait une sérieuse mésentente au sommet de l’Etat. La longue maladie du Président et son incapacité à s’adresser aux Algériens n’en est pas l’unique cause.

Amar_SaidaniPour la première fois l’armée semble divisée. L’homme du «consensus », Bouteflika, n’est si consensuel que cela ! La guerre des trachées à commencé depuis des mois sans qu’elle ne soit ouvertement déclarée. Deux clans se dressent l’un contre l’autre. Celui du chef d’Etat major Guaid Salah qui a dépassé les 80 ans et celui du Général Mohamed Mediène, dit Toufik, le puissant chef des services algériens qui trône à la tête du Département de renseignement et sécurité (DRS) depuis 1990.

La guerre entre les deux hommes est désormais au grand jour. Ebahis, les Algériens ont découvert que le secrétaire général du Front de Libération Nationale, Amar Saadani, imposé à la tête du parti depuis quelque mois, veut faire « dégager » le tout puissant général Toufik, patron incontestable et incontesté du DRS. Ce proche de Bouteflika n’a pas hésité à déclarer: «Ce département avait failli dans la protection et la sécurité du président Mohamed Boudiaf. Il n’a pas su protéger  Abdelkader Benhamouda , ni  les  moines de Tibheirine,  ni les bases de pétrole dans  le sud,  ni les employés des Nations unies en Algérie , ni le  Palais du  gouvernement. Cette direction n’a pas su  protéger le président Bouteflika à  Batna où il avait été la cible d’une tentative d’assassinat. A mon avis, Toufik  aurait dû démissionner après ces échecs».

Attaques frontales

Ces attaques frontales contre les militaires de l’ombre épargnent toutefois ceux des casernes. En mission, assurément  téléguidée, le SG du FLN a cassé l’armée des costumes au profit de l’armée des casernes. Fait inédit dans un pays où l’armée notamment celle de l’ombre n’a jamais été pointée du doigt.

Tous les Algériens se sont un peu frottés les yeux au réveil ce lundi 03 février : c’est bien ce qui est écrit ? Un des fonctionnaires officiels de la politique très officielle critique ouvertement le patron du DRS. Le rubicon a été franchi. On sonne la charge contre le DRS ? Jamais personne ne s’est attaqué ouvertement à ce département ni à son patron sauf les opposants en exil. Le personnel politique local s’est toujours rangé derrière les institutions  et leurs responsables. D’où vient cette hardiesse et bravoure soudaines chez un homme qui n’a rien du politique intègre? La bataille de la Présidentielle algérienne a franchi une nouvelle étape. Elle a atteint les hautes sphères de l’Etat. Le général Mohamed Mediene dit Toufik de 2014 sera-t-il le Général Mohamed Lamari dans la campagne de 2004 ? Paiera-t-il les frais de son opposition à l’état major et son soutien à Bouteflika ? Les choses sérieuses ont vraisemblablement commencé.

PAR NIDHAL DAÏM